approche pluridisciplinaire d'un système de production ... - IRD

Le terme Maasiua peut s’entendre de façon plus ou
moins extensive et se référer à une région plus ou
moins vaste. Au 15e-16e siècle, les conquérants peu1
Diallo-Dikko s’installent sur “la colline appelée
Mâsina” (Es-Sadi, 1981), près du village de Kéké, sur
la rive gauche du Diaka (fig. 1). Ils deviennent les
Arbé ou “rois” du Maasina, et fondent une fédération
lâche de petits Etats gouvernés par des parents, des
dépendants ou des alliés. Le centre de la fédération,
les deux petites subdivisions de Wun, Ardo A4a3v et
Wwo Ardo Togué (le fleuve et la plaine exondée, sur
les rives gauche et droite), dépendent plus étroite-
ment du Ardo Mawdo, le “vieux” ou “grand” Ardo, et
forment le Maasina en ce premier sens historique,
toujours utilisé localement. Une étymologie populaire,
séduisante à défaut d’être sûre, fait dériver le terme
de Manè siya (“se montrer et partir”), en faisant allu-
sion soit au nomadisme des Arbé, soit à l’avidité des
griots qui peuplent la zone et à la faillite rapide de
ceux qui se sont laissé flatter,.. et détrousser.
Dans les autres sous-régions deltaïques, lorsqu’on
déclare “aller pêcher dans le Maasina”, on désigne de
façon plus extensive les pourtours du Diaka moyen et
supérieur, qui correspondent à un milieu de pêche
privilégié en début de saison froide (sens “halieu-
tique”), soit une région approximativement comprise
entre Ténenkou et le lac Débo (1). Sous le règne de la
Dhza, l’empire théocratique peu1 de Sékou Ahmadou
fondé au début du 19e siècle, le Maasina est une pro-
vince correspondant aux territoires situés sur la rive
gauche du Niger (sens “militaire”). C’est enfin la totali-
té de la zone dominée par cet empire, et qui déborde
les limites du Delta Central du Niger (voir chap. 1.2),
* Ce texte reprend en partie des analyses pksentées lors
du rapport d’étape de 1990 (Fay, 1990 a et b) et intègre des
données nouvelles recueillies en 1991 et 1932, dans le cadre
du programme de recherche “Espaces et identités, histoire
du peuplement dans la boucle du Niger” - ISH-ORSTOM (MAA).
(1) Région qui incluait anciennement le Maasina à proprement
parler et quatre autres petits royaumes, le Komongallu, le Wuro
Bubu, le KumbC et Wuro N@a.
5.2 LE MAASINA
Claude FAY
qui peut être appelée IWaasina (sens “impérial”) dans
certains contextes. Dans ce qui suit, on emploiera le
terme dans le second sens (le sens halieutique) quand
on présentera les caractéristiques géncrales de la
région, et les etudes de cas (données foncières et
socio-économiques) qui seront présentées concemeront
plus particulièrement les sous-ensembles du
Kombé et du WWo 1V&a (région administrative de
Mopti, cercle de Ténenkou, arrondissements de
Jonjori et Toguéré-Koumbé).
Si les Arbé peu1 donnent son nom à la région, celle-ci
est peuplée bien avant leur arrivée, d’abord par des
Bozo (2) et des Nono-Nat&a~ ensuite par des pasteurs
eezJ et des hfalirzké, les quatre groupes se réclamant
d’ailleurs venir du Mandé (3). Les villes et villages
actuels sont peuplés par leurs descendants, ainsi que
par les descendants des hommes de castes peules, ou
sem-cas& (les commerçants : @twmbe’ OU Jambé ;
les artisans et griots : ~~yyb4, ceux de dépendants
libres ou semi-asservis des Arbé, (qui étaient respectivement
ou successivement serviteurs, guerriers et
agriculteurs : MacubP mb4, Komorgallu), et des
simples captifs de culture, agriculteurs no~o asservis
sur place ou membres de groupes plus lointains amenés
en captivité. 11 faut y ajouter quelques Somono,
tr& peu nombreux clans cette zone, puisque ce groupe
professionnel de bateliers et laptots (voir chap.
1.2 et 2.5) a préférentiellement été établi par les
empires sur les rives du Niger ou du Diüka amont,
Les Bozo, sédentarisks (dans la limite des campagnes
de pêche) par la Dina, vivent dans des vikdges riverains
pour la plupart, dans Ia plaine exondée proche
ou Ponga, pour certüins, arrives plus tardivement ou
(2) On n’insistera pas ici sur la diversité des peuplement5
appelés ‘Bozo” (voir chap. 1.21. 11 s’agit en fait de vagues
successives, ayant généralement pris le nom de “Ti?‘, l’une des
vagues les plus importantes.
(31 On ne prkente ici le peuplement que tri3 grosskrement,
pour définir les grands types d’appropriations foncières.