approche pluridisciplinaire d'un système de production ... - IRD

température des eaux de surface dans le Golfe de Guinée,
feed-back des conditions de surface (albédo, humidité) sur
la pluviométie locale, etc.
Les travaux actuels de paléoclimatologie s’orientent
donc vers l’évaluation des anomalies de circulation
atmosphériques et océaniques, des échanges sol-
atmosphère et vers la discrimination d’autres causes
hypothétiques des changements climatiques brutaux
(Fontes et Gasse, 1991).
l LES TROIS DERNIERS MILLÉNAIRES
Au cours des trois derniers milliers d’années, le climat
sahélien a été relativement stable mais ses fluctuations,
de peu d’intensité par rapport à celles du Pléistocène,
sont plus fréquentes.
Dans la première partie du dernier millénaire BC (2),
les conditions climatiques évoluent vers l’aridité. En
Mauritanie, on note un retour marqué des conditions
désertiques (Elouard, 1970, mais les zones inondées par
le Niger auraient été malgré tout beaucoup plus étendues
que ne l’est le delta vif actuel (McIntosh, 1980).
À partir du IIIe ou du IVe siècle BC des conditions
arides prévalent sur toute l’Afrique. Elles sont marquées
par la remobilisation éolienne de l’erg de Pikine
près du Cap Vert et des sables sahariens en Nubie,
dans la vallée du Nil (environ du Ier siècle), ainsi que
par la faiblesse voire l’extrême faiblesse des crues du Nil
entre le IIIe siècle BC et le IIIe siècle AD (Maley, 1981,.
A la même période la faiblesse des crues du Niger
aurait permis la colonisation permanente du Delta
Central que les fortes crues interdisaient précédemment
(McIntosh, 1980).
Surviennent alors deux périodes humides. La première
située entre le VIIe et le XIIIe siècle aurait été plus
importante et plus stable que la seconde, contemporaine
du “petit âge glaciaire” européen (du milieu du
XVIe siècle à la fin du XVIIIe) ‘IBut it is dzj%xZt to dismiss
suspicions that the mpredictible clitnate was a
fact of llf in the Inland Niger Delta jkm the begirzning
of Imz Age occupation and tbat the apparent
increase in climatic uariability siuce approximatiuely
the sikteentb Century k simply an attefact of the gtzater
awilability of detail ii1 the source material” (e.g.
Cissoko, 1968 i?z McIntosh, 1980). En effet, à mesure
qu’on se rapproche de l’actuel, des indices historiques,
voire des datations précises, s’ajoutent en
nombre croissant aux données géologiques et en
compliquent l’interprétation.
(2) Les datations des périodes préhistotique et historique sont
indiquées BC (&y% Christ), BP (Before Premd et AD (Ajer
Deus, après le Christ).
Du début du VIIe siècle et jusqu’au XIIe siècle les
conditions climatiques sahéliennes étaient favorables.
Au cours de cette période, le royaume sarakolé de
Ghana, connu des Arabes dès le VIIe siècle, se développe,
atteint son apogée au Xe siècle et s’effondre
au XIe siècle sous les coups des Almoravides (1076-
1077). Lors de son extension maximale, le Ghana qui
constituait un véritable empire tirant sa richesse de
l’or et du commerce trans-saharien, couvrait le
Bakounou, le Ouagadou et le Kaarta et contrôlait les
royaumes de Tékrour et d’Aoudaghost. Les villes
d’Aoudaghost et la capitale Koumbi-Saleh, qui était au
XIe siècle le plus important marché du monde arabe,
sont enfouies sous les sables depuis le XVIe ou le
XVIIe siècle (Mauny, 1961 ; Tamsir Niane, 1975).
Vers la fin du XIIe siècle l’ensablement d’habitations
et d’édiices religieux en Nubie, l’abandon temporaire
de la ville d’Aoudaghost au Ghana indiquent un
retour de la sécheresse qui d’après Maley (1981)
pourrait avoir favorisé, au début du XIIIe siècle,
l’extension rapide de l’empire du Mali sur l’ensemble
des populations de la vallée moyenne du Niger. Le
XIVe siècle voit I’üpogée de cet empire qui déclinera
dès 1360 (Levtzion, 1973).
Vers le debut du XVe siccle, les conditions climatiques
qui étaient redevenues plus clémentes depuis la
fin du XIIIe se péjorent à nouveau et contribuent sans
doute à l’instabilité politique qui prévaut alors. À l’Est,
l’empire du Bornou provisoirement en décadence
subit une période de guerre civile compliquée par les
attaques répétées des Touaregs de I’Aïr. L’empire du Mali
également en déclin subit, dans la région du moyen
Niger, les razzias des Mossi : pillage de Tombouctou
en 1433, pillage de tous les centres commerciaux du
Macina vers 1477-1480 (Mauny, 1961). Les Touaregs
attaquent Tombouctou en 1435, s’y installent et s’y
maintiennent jusqu’à Parrivée des Songhaï en 1468.
La correspondance entre le déclin des empires et l’aridification
du climat est marquée par les famines
décrites à Tombouctou pendant l’occupation touarègue
et la descente vers le sud des populations
haoussa de 1’Aïr.
Le retour à des conditions humides vers la fin du
XVe siècle correspond au rétablissement de l’empire
du Bomou et à l’établissement de l’empire Songhaï.
Le clinydt devait alors être notablement plus humide
que l’actuel puisque le Tarikh es Sudan relate que
Sonni Ali Ber (14611;t92) aurait fait surcreuser un
chenal continu reliant le lac Faguibine à Oualata afin
de ravitailler par pirogues l’expédition qu’il projetait
contre cette ville (Daget, 1954 b). Cet épisode témoignerait
du retour 3 I’humide qui prévaudra jusqu’au
début du XWe siècle.
Vers le milieu du XVIe siècle le climat est redevenu
sec. Les chroniques du Bomou signalent des famines
entre 1539 et 1564 et, düns la boucle du Niger, le
Environnement deltaïqur - 1.1