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approche pluridisciplinaire d'un système de production ... - IRD

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la crue et à l’étiage. À la crue, le remplissage <strong>de</strong>s<br />

<strong>de</strong>ux ouvrages entraîne un écrêtement <strong>de</strong> la crue à<br />

Sélengué et à Mdrkala qui se traduit par une baisse<br />

<strong>de</strong>s débits entrant dans la cuvette lacustre à Ké-<br />

Macina et par une diminution <strong>de</strong> l’étendue et <strong>de</strong> la<br />

durée <strong>de</strong> l’inondation. L’action <strong>de</strong>s barrages vient<br />

alors aggraver l’effet <strong>de</strong> la sécheresse en diminuant<br />

les capacités d’accueil <strong>de</strong>s plaines inondables ce qui<br />

entra^me une baisse du recrutement, une croissance<br />

pondémle plus lente et, en fin <strong>de</strong> compte, <strong>de</strong>s captures<br />

en poisson plus faibles. Avant la mise en service<br />

<strong>de</strong> Sélengué, les pertes au niveau <strong>de</strong>s captures varient<br />

<strong>de</strong> 1 600 à 4 000 tonnes, suivant les quantités d’eau<br />

utilisées par l’Office du Niger et l’importance <strong>de</strong> la<br />

crue. Après la mise en service du barrage, la <strong>production</strong><br />

perdue est estimée à 5 000 tonnes dont 2 000<br />

sont directement imputables à Sélengué. De tels phénomènes<br />

ont déjà été observés, la régulation <strong>de</strong>s<br />

cours d’eau ayant tendance à éliminer le dvnamisme<br />

hydrologique ‘et géomorphologique naturel’du <strong>système</strong><br />

et à isoler la rivière <strong>de</strong>s olaines d’alluvion.<br />

Welcomme (1985) signale ainsi iu Nigéria une perte<br />

<strong>de</strong> 6 000 tonnes <strong>de</strong> poisson due à la construction du<br />

barrage <strong>de</strong> Kainji sur le Niger. Sur la rivière Mékong,<br />

le barrage <strong>de</strong> Pa Mong empêche l’inondation sur<br />

quelques 700 km en aval causant une perte <strong>de</strong> 2 150<br />

tonnes (Pen.5 et al., 1989).<br />

Perturbation <strong>de</strong>s migrations<br />

longitudinales<br />

Aux bouleversements profonds dus au climat, sont<br />

venues s’ajouter certaines altérations résultant <strong>de</strong> b<br />

construction <strong>de</strong>s barrages. Ces <strong>de</strong>rniers interfèrent<br />

avec Ia dynamique naturelle du fleuve en perturbant<br />

la répartition spatiale <strong>de</strong> la faune piscicole qui varie<br />

<strong>de</strong> façon marquée le long <strong>de</strong>s cours d’eau. Les bar-<br />

rages peuvent stopper les migrations anadromes ou<br />

catadromes <strong>de</strong> certaines espèces provoquant leur dis-<br />

parition ou pour le moins une modification <strong>de</strong> la<br />

composition <strong>de</strong>s stocks (Welcomme et al., 1989).<br />

Cette situation ne correspond pas au cas du Delta<br />

puisque le barrage <strong>de</strong> Markala, construit en amont <strong>de</strong><br />

la zone d’inondation, ne constitue pas un obstacle<br />

pour les espèces cherchant à rejoindre les zones <strong>de</strong><br />

frayères situées en aval <strong>de</strong> l’ouvrage (Daget, 1950).<br />

Les migrations longitudinales observées aux abords<br />

,du barrage ne sont donc pas liées au processus <strong>de</strong><br />

re<strong>production</strong> <strong>de</strong>s espèces. Elles sont déclenchées et<br />

entretenues par <strong>de</strong>s stimuli d’ordre externe liés à la<br />

diminution progressive et régulière du volume d’eau<br />

disponible (Daget, 1949b). La construction d’une<br />

passe à poissons en 1946 n’a pas permis la reprise <strong>de</strong><br />

ces migrations car ces passes sont adaptées aux<br />

migrations anadromes <strong>de</strong>s géniteurs vers les zones <strong>de</strong><br />

frayère et non pas, comme c’est le cas ici, aux mou-<br />

263<br />

I<br />

vements rapi<strong>de</strong>s <strong>de</strong> bancs <strong>de</strong> poisson en quête<br />

d’espace vital. Il en résulte donc une baisse importan-<br />

te <strong>de</strong>s ren<strong>de</strong>ments <strong>de</strong> la pêche en amont du barrage.<br />

Réduction <strong>de</strong>s activités<br />

à Etiage<br />

L’impact <strong>de</strong> la sécheresse se fait également sentir en<br />

pério<strong>de</strong> d’étiage puisque la rcduction <strong>de</strong>s zones inondées<br />

dans le Delta - les surfaces couvertes à la crue<br />

fluctuent entre 35 000 et 7 000 km2 <strong>de</strong> 1966 à 1990<br />

avec une tendance mdrquée 2 la baisse - ne permet<br />

plus la mise en eau <strong>de</strong> Cert&s espaces comme les<br />

chenaux et les mares ou provoque leur assèchement<br />

rapi<strong>de</strong>. La tnddition voulait qu’ils soient mis en défens<br />

une partie <strong>de</strong> l’annr’e et qu’ils fassent l’objet <strong>de</strong><br />

pêches collectives une fois le défens levtf par le<br />

maître <strong>de</strong>s eaux (Fay, 1990 a). Leur exploitation <strong>de</strong>venue<br />

impossible ou réaliGe hâtivement, provoque une<br />

réduction considérable <strong>de</strong>s activités <strong>de</strong> pêche à I’étiage.<br />

Ces pêches constituaient autrefois un apport<br />

appréciable en protéines animales pour les communautés<br />

d’agriculteurs propriétaires <strong>de</strong>s mares.<br />

Suivant la même logique, les pêches sont interdites en<br />

certains emplacements du fleuve lorsque les eaux<br />

sont basses. Cette mesure permet aux poissons dont<br />

les déplacements sont gênés par les seuils aux basses<br />

eaux <strong>de</strong> s’établir en toute tmnquillité dans <strong>de</strong>s zones<br />

profon<strong>de</strong>s du lit mineur et <strong>de</strong> s’y concentrer. Ces pratiques<br />

ren<strong>de</strong>nt, en définitive, leur capture plus facile<br />

lors <strong>de</strong> la levée du défens (Daget, 1956). En pério<strong>de</strong><br />

d’etidge, compte tenu <strong>de</strong> bd <strong>de</strong>mdn<strong>de</strong> accrue en électricite<br />

et <strong>de</strong> la baisse du niveau d’eau dans le barrage,<br />

<strong>de</strong>s volumes d’eau plus importants doivent étre turbinés<br />

pour assurer la <strong>production</strong> d’électricité à<br />

Sélengué, ce qui assure un dcbit très appréciable en<br />

mars, avril et mai en aval du barrage (fig. 5). Les<br />

valeurs observées à Koulikoro en 1987 sont supérieures<br />

<strong>de</strong> 100 à 150 m% à ce qu’elles seraient naturellement.<br />

N&dnmoins, il semble que l’Office du Niger<br />

ait eu tendance 3 intensifier ses prGvement5 d’étiage<br />

<strong>de</strong>puis la mise en service du barrage <strong>de</strong> Sélengué<br />

puisqu’une forte proportion <strong>de</strong> ces débits supplémentaires<br />

disparaît entre la station <strong>de</strong> Koulikoro et celle<br />

<strong>de</strong> Ké-Mdcina (chap. 2.1). Malgré celà, les conditions<br />

d’étiage sont meilleures qu’elles ne le seraient en<br />

situation <strong>de</strong> régime hydrologique naturel : en 1987,<br />

d’après Chouret et Pépin (19881, le débit d’étiage à<br />

Koulikoro aurait dû tomber à 2 m?/s alors qu’il était<br />

réellement <strong>de</strong> 200 m>/s et qu’en dépit <strong>de</strong>s prélevements<br />

<strong>de</strong> Markala il restait encore à 76 m'/s à I

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