approche pluridisciplinaire d'un système de production ... - IRD

3.4 MODIFICATIONS DES APPORTS
EN EAU ET IMPACT SUR LES CAPTURES
DE POISSON
Le Delta Central du Niger est constitué par une vaste
plaine inondable dont l’alimentation en eau provient
pour 10 % des pluies sur le Mali et pour 90 % des
apports fluviaux du Niger et du Bani. Depuis le début
des années 1970, la baisse de la pluviométrie sur les
bassins versants de ces deux fleuves, situés respectivement
en Guinée et en Côte d’ivoire, a entrainé une
nette réduction de leurs débits (chap. 1.1). Aux
moyennes décennales fortes des années 1950-59 ont
succédé des débits de plus en plus faibles qui atteignent
en 1980-89 les valeurs les plus basses enregistrées
depuis le début du siècle (Chouret et Pépin,
1988 ; chap 1.1).
À ces variations naturelles du climat viennent s’ajouter
les effets des aménagements réalisés en amont du
Delta Central. En 1943, la construction d’une retenue
d’eau à Markala destinée à réhabiliter une vallée fossi-
le du Niger, a permis un développement important de
l’agriculture dans le secteur de l’Office du Niger.
L’ouvrage, un pont barrage à hausses mobiles de 813 m
de long, permet de maintenir le plan d’eau amont à
une côte voisine de celle des hautes eaux afin de
pouvoir irriguer par gravité la vaste dépression située
au Nord-Est. Destinée à l’origine à la culture du
coton, cette zone agricole produit actuellement du riz
et de la canne à sucre.
En 1980, la construction d’un deuxième ouvrage a été
achevée à Sélengué sur le Sankarani, principal
affluent du Niger situé en amont de la ville de
Bamako. Il s’agit cette fois-ci d’un barrage hydro-élec-
trique assurant l’alimentation en électricité de la capi-
tale malienne,
Tous ces changements modifient profondément le
processus d’inondation du Delta et aboutissent à une
réduction des surfaces en eau et à un raccourcisse-
ment de la durée d’inondation des plaines.
Parallèlement à ces évènements, la pêche a été mar-
Raymond LAË
255
quée par une chute importante des captures et par la
raréfaction d’especes très appréciées. L’objet de cette
étude est donc de preciser l’impact respectif de la
sécheresse et des aménagements hydro-agricoles et
hydro-électriques sur la production halieutique du
Delta Central du Niger.
MÉTHODES
Le régime hydrologique des fleuves est partagé entre
une saison de hautes eaux (juillet à décembre) et une
saison de basses eaux (janvier à juin). Dans le Delta
Central, il semble que la première période soit deter-
minante pour la production halieutique, d’où l’idée de
rechercher une relation liant les captures annuelles
(juillet à juin) et un indice d’inondation des plaines
(en l’absence d’informations précises sur les surfaces
maximales inondées à la crue).
Les données de production proviennent d’une part
des statistiques officielles de poisson frais, fumé et
séché transitant par la ville de Mopti (Ministère des
Ressources Naturelles et de l’Élevage, 1966 à 1989),
d’autre part des estimations de la consommation de
poisson dans cette zone. Des observations régulières
sont effectuées depuis 196G sur les marchés, Mopti
représentant à lui seul 90 OJ> de la commercialisation
du poisson. Les quantités de poisson consommées
localement par les populütions de pccheurs, d’agriculteurs
ou d’&veurs sont plus difficiles à obtenir. ~a
consommation joumalitw des ménages de pêcheurs
a été étudiPe à deux reprises : en 1961 elle est estimée
à 1183 @jour/m&age par Cantrelle et Laurent
(19611 contre 1365 g/jour/ménage en 1989 (Stomal et
Weigel, 1991). Compte tenu des faibles différences
relevées entre ces deux séries de mesures et de
l’incertitude liée à ces estimations, nous avons considéré
qu’aucun changement notable n’était intervenu
Modifications des apport< en eau et impact