approche pluridisciplinaire d'un système de production ... - IRD

Discussion
L’üppr&idtion des variations d’abondance spécifiques
ressenties ydr les p&heurs montre l’influence certaine
de la restriction des surfaces inondées sur la diitiution
des stocks des espèces dont la reproduction est
très lice à ce type de milieu.
L’analyse des questionnaires a donné peu d’informations
nouveIles par rapport St ce qui est déjà connu
sur b reproduction de chaque espèce. En revanche, le
traitement synthétique de cette information fournit
une représentation de l’organisation des stratégies de
reproduction des espèces du peuplement.
L’informütion fournie par les pêcheurs est un peu
focalisée sur les espèces dont le comportement reproducteur
est spectaculaire, c’est à dire celles s’occupant
particulièrement de leur descendance. Il est donc normal
que ce groupe ressorte bien individualisé par
opposition aux espèces sans soins parentaux.
Cependant, l’hét&rogénéité de ce groupe est également
bien décrite sur les axes 2 et 3. Ainsi, dans cette
stratégie de soins intensifs aux jeunes, on constate
une grddation plaine inondée/fleuve pour le milieu de
reproduction utilisé. A une extrémité un ensemble
d’espèces agressives parait très inféodé à la plaine
inondée IGym?zarccbus, Heterotis, Protopterus).
Oreocbromis tziloticus se démarque du groupe par
une certaine tendance fluviale. Sarotbel-odon galilaew
qui prodigue également des soins à ses jeunes apparalt
liée au fleuve et se trouve indiiérente j la dichotomie
mise en évidence par l’axe 1. Elle se distingue
donc comme une espèce originale par rapport aux
tendances stratégiques principales. Dans sa spécificité
elle s’oppose a des espèces sans soins parentaux qui
se singularisent égdlement dans leur groupe par une
utilisation de la plüine inondée : Hemisyuodoxtis
menh-anawus, Brycinus leuci.sc& Clarias anguillaris
et Bagrïw bayad.
Pour les facteurs inducteurs de la reproduction, il n’y
a püs d’opposition primordiale entre pluie et crue,
associées respectivement aux axes indépendants 1 et
2. Toutefois, sur l’axe 4, on note une légère opposition
entre pluie et crue en tant que facteurs inducteurs ;
la crue jouant un rôle pour les espèces qui se reproduiraient
en eau vive (FQdroc>wus, Labeo, Mormyrus,
Lktlchodus) et la pluie pour les espèces d’eau plus
calme (fI]rperqpisus, Lates et A&S). L’influence de kd
pluie est par contre plus particulièrement associée à la
frequentation de la plaine inondée et à l’abondance
de la vegétation (axe 1).
La crue n’intervient pas lorsque le milieu de reproduction
semble limité au fleuve stricto se~zs~~, par contre
elle interviendrait lorsqu’il y a une tendance à utiliser
Iü plaine inondée qui est évidemment sous l’influence
de la crue.
Cette analyse met en &idence différentes stratégies
résultant du croisement d’une intensité de soins plus
ou moins grande pour les jeunes et de l’utilisation
pour la reproduction d’un milieu de caractéristiques
soit fluviales stricto sensu , soit de plaine inondée. Ces
stratégies sont plus ou moins favorisées par les différentes
phases d’évolution que subit le milieu à l’échelle
interannuelle. Ainsi, en période de crues faibles, les
espèces qui utilisent la plaine inondée seront défavorisées
et on constate effectivement actuellement une
raréfaction des Heterotis et des Gymnarchus. Parmi
les espèces du groupe à reproduction fluviale, seule
Arius gigas a quasiment disparu, les pêcheurs de
Niafounké n’en captureraient que quelques exemplaires
dans les zones rocheuses ; d’après Daget (1954 b),
cette espèce qui pratiquerait l’incubation buccale était
déja rare en 1950 dans le Niger supérieur, sauf en aval
du lac Débo où on la rencontrait encore couramment.
En conclusion, l’information recueillie aupr& des
pècheurs apparaît précieuse car leur présence
constante sur le terrain leur a permis d’être les
témoins de situations ou de comportements du pois-
son parfois très fugaces ; leurs observations éco-étho-
logiques complètent ainsi la déficience de nos études
dans ce domaine. Les indications fournies sur un
nombre important d’espèces permettent d’aborder
tout de suite une synthèse peut-être très simplifiée
mais qui s’avère une démarche heuristique pour la
compréhension de l’adaptation des stratégies de
reproduction dans un milieu particulier. Toutefois,
l’information utilisée doit être sélectionnée et se limi-
ter à la prise en considération de l’observation pure et
simple d’une situation ou d’un comportement du
poisson dans la zone d’exercice du pêcheur. Il faut
éviter de prendre en compte certaines interprétations
erronées des pêcheurs et leurs déclarations pour ce
qui se passe en dehors de leur zone de pêche habi-
tuelle. On se rend compte ainsi des limites de validité
des connaissances empiriques des pêcheurs, notam-
ment à l’échelle r&iowdle.
ÉTUDE
BIO-ÉCOLOGIQUE
Les enquêtes auprès des p&heurs nous ont permis de
connaître l’intérêt qu’ils portent aux diverses espèces
de poissons présentes dans le Delta et d’en tenir
compte dans le choix des espèces étudiées. La liste
initiale comprenait 8 espèces : Bagrus bayad,
Auchenoglanis occiderztalis, Clarias anguillaris,
Hemisyrzodontis membranaceus, Sarotherodon gali-
laeus, Oreochromis niloticus et Tilapia zillii. Nous