approche pluridisciplinaire d'un système de production ... - IRD

grandes d’entre elles de moteurs hors-bord. Enfin, l’utilisation des fils de nylon
et de nappes de filet préfabriquées réduisit considérablement le temps qu’ils
consacraient auparavant au filochage et au ravaudage des filets.
En quelques décennies, l’efficacité individuelle de chaque pêcheur actif s’est
donc trouvée fortement accrue, de même que la pression de pêche sur les
stocks de poissons. Par ailleurs, le taux d’accroissement démographique, évalué
par sondages, correspond grosso modo à un doublement de la population en
vingt-cinq ans alors que les stocks exploitables non seulement n’ont pas aug-
menté mais ont plutôt eu tendance à diminuer. Il en résulte qu’ils ne suffisent
plus à faire vivre la totalité des Bozo et des Somono comme par le passé. Dans
le Delta Central du Niger, la production de poisson est en effet étroitement
dépendante de l’importance des surfaces inondées et de la durée de leur ennoie-
ment. Vers 1960, la pêche était en plein essor. Le potentiel exploitable devait être
de l’ordre de 100 000 tonnes. Il suffisait à satisfaire la consommation locale et à
alimenter un important commerce de poisson séché et fumé. La presque totalité
était exportée vers le Ghana et la Côte d’ivoire à partir de Mopti.
Or, aux périodes de vaches grasses succèdent des périodes de vaches maigres.
La sécheresse qui a sévi sur le Sahel à partir de 1973 a porté un coup sérieux à
la prospérité de la pêche. La production globale a fortement diminué. Du fait
de l’augmentation rapide de la population, l’auto-consommation en absorbe
une fraction de plus en plus importante. L’exportation vers les pays voisins a
périclité. Fait plus grave, les pêcheurs les moins performants ou les moins
chanceux ont été contraints de diversifier leur activité. Nombreux sont ceux
qui s’adonnent aujourd’hui à l’agriculture vivrière de subsistance, au commer-
ce, ou qui sont partis au loin dans l’espoir de mieux gagner leur vie.
Enfin, l’exercice de la pêche était autrefois organisé selon des règles coutu-
mières compliquées mais très souples. Les anciens, grâce à leur sagesse et à
leur bon sens, mais aussi à leur autorité confortée par les traditions, arrivaient à
résoudre les litiges et à maintenir la bonne harmonie à l’intérieur de leurs com-
munautés. Il n’en est plus de même dans un Etat dont les fonctionnaires sont
chargés de faire appliquer et respecter les lois et règlements écrits qu’il a pro-
mulgués. Les textes n’étant pas parfaits, ils ne peuvent fournir une solution
adéquate à tous les cas qui se présentent. Il en résulte des conflits souvent vio-
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