approche pluridisciplinaire d'un système de production ... - IRD

erbère, marocaine, arabe et francaise. L’islamisme s’y est implanté très tôt, mais
à part l’épisode de la Dîna, s’y est toujours montré très tolérant envers les
croyances et les coutumes animistes auxquelles certaines ethnies, notamment
bamanan, bozo, dogon, etc. restaient profondément attachées.
Depuis le début du vingtième siècle, de nombreuses recherches ont été consa-
crées au Delta Central du Niger et à ses habitants. Elles sont le fait de géo-
graphes, d’ethnologues, d’archéologues, de sociologues et de biologistes, tra-
vaillant en général isolément et avec des moyens limités. De grands projets
d’aménagement ont été échafaudés pour la mise en valeur de cette région de
l’Afrique. Le plus célèbre est dû au visionnaire génial, mais utopiste, que fut
l’ingénieur Bélime. Ce dernier voulait créer au Soudan français une zone
cotonnière capable de concurrencer celle de la Gézireh au Soudan anglo-égyp-
tien. Dans cette perspective, il envisageait d’endiguer les eaux du Niger pour
s’en assurer la maîtrise, d’en utiliser une partie pour redonner vie au delta mort
asséché depuis des siècles, et transformer en périmètres irrigués les plaines
inondables en régime naturel. Des études préliminaires insuffisantes, l’évolu-
tion de la conjoncture économique mondiale et une méconnaissance totale de
tous les problèmes humains soulevés par une entreprise de cette envergure,
obligèrent à repenser l’ensemble du projet. Des rêves démesurés de B&ue, il
subsiste le pont-barrage de Markala et les réalisations de l’Office du Niger,
beaucoup plus modestes que celles qui avaient été prévues à l’origine.
Depuis l’accession du Mali à l’Indépendance, de nouveaux projets n’ont pas
manqué de voir le jour, Ils concernent plus ou moins directement le Delta
Central du Niger : régularisation des crues du fleuve, contrôle de l’entrée des
eaux dans les dépressions inondables, sélection et vulgarisation de plantes
vivrières à hauts rendements, rationalisation de l’élevage et de la pêche, etc.
Actuellement, les populations de la zone d’inondation du moyen Niger, et
notamment les pêcheurs auxquels est consacré le présent travail, se voient
confrontés à des problèmes graves, d’ordre technologique, climaticlue, démo-
graphique et socio-politique. A l’affût de toutes les innovations susceptibles de
faciliter leur travail et d’améliorer leurs conditions de vie, Bozo et Somono
avaient sans hésitation adopté les fils de pêche importés pour remplacer ceux
qu’ils fabriquaient autrefois à l’aide de fibres végétales récoltées localement.
Dès qu’ils en eurent la possibilité, ils utilisèrent des planches de scierie, impor-
tées de Côte d’ivoire, pour fabriquer leurs embarcations et ils dotèrent les plus