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25 Mars 1908 - Bibliothèque de Toulouse

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DU MIDI<br />

LE piÉRO 5 CENTIMES<br />

Organe cpiotidien <strong>de</strong> I>éîeii®e Soeiale et Eteligtenase<br />

: <strong>Toulouse</strong>, Rue Roquelaïne, <strong>25</strong><br />

RÉDACTION ET AÏMWINISTRAflOl<br />

LE NUMÉRO 5 CENTIMES<br />

AEio»rw3îsuka:3gjKrT i s<br />

Trois mois<br />

/-«nfîPîNE ET DÉPARTEMENTS LIMITROPHES . ... 6 fr.<br />

lUOTÏ-GARONf LIMITROPHES 7 .<br />

«o-<br />

Abonnements partant <strong>de</strong>s 1« et 16 <strong>de</strong> chaque mois et sont payables d'avance<br />

**" rouie <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> changement d'adresse doit être accompagnée <strong>de</strong> 60 centimes.<br />

Six mois<br />

14 fr-<br />

13 -<br />

20 -<br />

On an<br />

20 fr-<br />

24 -<br />

AO -<br />

ÉDITIONS RÉGIONALES<br />

Lof, Aveyron, Corrèze, Cantal<br />

Gers, H tes -Pyrénées, Basses-Pyrénées, Lan<strong>de</strong>s<br />

Tarn-et-Garonne, Lot-et-Garonne "<br />

Tarn, Au<strong>de</strong>, Hérault, Pyrénées-Orientales<br />

Haute-Garonne, Ariège<br />

Edition du matin spéciale a <strong>Toulouse</strong><br />

ANNONCES (*• pc«| . . . „ _ . ><br />

RÉCLAMES r° ° ^<br />

RÉCLAMES (3. page) _ I<br />

LOCALES . '. — 3 - »<br />

Les Annonces et Réclames sont reçues dans<br />

no^Burcauxc-rMQ.liji»iaaiaei..2&-.^. Zo^uz*.eksiuaia\&MmQon:>j'me&Am&<br />

FIL TELEGRAPHIQUE SPÊCUl Mercredi <strong>25</strong> <strong>Mars</strong> I9Û8. - 18' Année - N° 5,6<strong>25</strong> BUREAUX * Pâ'RIS : 26. RUE FEYDEAU<br />

Les Faits du Jour<br />

6« du ury Snei «ui n'ont pas. droit à<br />

l'in<strong>de</strong>mnité <strong>de</strong> séjour i puss e e a wntmuA la<br />

disoiiSSÉon du projet d'impôt sur le revenu.<br />

—C* -<br />

Lo Sénat a voté le projet relatif à l'organisa-<br />

ttoiï <strong>de</strong> la procédure <strong>de</strong> suspension et <strong>de</strong> révo-<br />

cation <strong>de</strong>s maires et dos adjoints.<br />

Le conseil <strong>de</strong>s ministres a décidé <strong>de</strong> repor-<br />

ter au 4 juin ta translation <strong>de</strong>s cendrée <strong>de</strong><br />

Zola au Panthéon, d'abord fixée au 2 avrii.<br />

ti/I. Ciamflnoeau va faire savoir à M. <strong>de</strong> Mon-<br />

tetiello qu'il ne puùt lui- accor<strong>de</strong>r le retrait du<br />

Panthéon <strong>de</strong>s condres du maréchal Lannes,<br />

une loi étant nécessaire.<br />

—;—<br />

(.es poutb-ières <strong>de</strong> Baînêo (Chili) ont sauté.<br />

Plusieurs villages <strong>de</strong>s environs auraient été<br />

détruits ot il y aurait d® nombreux morts.<br />

—*>—<br />

tj9s «m^loyés du banquier Rochette ont tenu<br />

une nouvelle réunion dans laquelle ils ont<br />

sigaé unts pétition <strong>de</strong>mandant la miss en II-<br />

Mrté imthkâ't&te <strong>de</strong> leur patron.<br />

Ure-ia, <strong>de</strong>rnière heure a la S" page.<br />

On a beaiuicoup parlé du mariage<br />

éventeél du duc dos Abruzzes, cousin<br />

germain du roi d'Italie, avec Miss El-<br />

kins, fille d'un sénateur américain.<br />

Le pirince, au retour d'un voyage au<br />

Pôle, rencontra la jeune fille et s'en<br />

éprit. On annonça les fiançailles. De-<br />

puis, le duc <strong>de</strong>s Abruzzes a repris la<br />

mer. II rentre en Europe. Et l'on a dit<br />

que le projet d'union est aujourd'hui<br />

rompu.<br />

Je ne crois pas que cette idylle, toute<br />

vaporeuse qu'elle soit, ajoute grandio-<br />

se au prestige du prince. Il est connu<br />

comme explorateur ; il est brave, aven-<br />

tureux, bien <strong>de</strong> sa personne. Il appar-<br />

tient à la secon<strong>de</strong> Maison souveraine du<br />

mon<strong>de</strong>, sous le rapport <strong>de</strong> la noblesse et<br />

<strong>de</strong> l'illustration, la première étant in-<br />

eontestablemient la Maison <strong>de</strong> France.<br />

Et quand on occupé un tel rang, ce n'est<br />

pas dans l'essaim <strong>de</strong>s jolies misses amé-<br />

ricaines, filles d'habiles négociants, <strong>de</strong><br />

somptueux industriels ou d'heureux spé-<br />

culateurs, qu'on va chercher sa fiancée.<br />

Miss Elkins a vingt-cinq millions <strong>de</strong><br />

dot. Ce n© serait pas trop pour épouser<br />

un prince <strong>de</strong> sang royal si elle-même<br />

avait vu le jour sur les marches d'un<br />

trône. Mais c'est trop, beaucoup trop,<br />

dès qu'elle est une simple fille <strong>de</strong> la dé-<br />

mocratie. Aujourd'hui comme autrefois,<br />

les rois peuvent avoir le droit d'épouser<br />

<strong>de</strong>s bergères ; mais toute poésie s'éva-<br />

nouit si la bergère a vingt-cinq millions<br />

dans son panier.<br />

Quand les rois, d'ailleurs, épousaient<br />

les bergères, ils avaient soin, je suppose,<br />

V3e les choisir parmi leurs sujettes. Ainsi<br />

se renouvelait l'alliance du peuple avec<br />

son. chef. Alliance qui n'était pas tou-<br />

jours <strong>de</strong>s plus heureuses, comme l'his-<br />

toire <strong>de</strong> Frédégon<strong>de</strong> en fait mention.<br />

Au surplus, Frédégon<strong>de</strong>, servante<br />

d'Andtavère, ne paraît pas avoir eu<br />

<strong>de</strong> millions en dot. Ce qui lave quelque<br />

peu Ghilpéric dans notre esprit.<br />

Le duc <strong>de</strong>s Abruzzes n'a certainement<br />

pas relu les Récits mérovingiens avant<br />

d© faire sa cour à Miss Elkins. Mais il<br />

aurait pu lire la brochure que vient <strong>de</strong><br />

publier sur la Passion <strong>de</strong> VArgent notre<br />

savant compatriote M. Antonin Détou-<br />

rne, doyen honoraire <strong>de</strong> la Faculté <strong>de</strong><br />

droit.<br />

Je n» connais rien <strong>de</strong> plus attristant,<br />

car nulle part ne sont exposées avec<br />

pdus d'érudition, <strong>de</strong> détails minutieux,<br />

ni avec plus <strong>de</strong> vigoureux talent, les ta-<br />

res auxquelles <strong>de</strong>vait succomber PEmpi-<br />

pire <strong>de</strong>s Césars et sous l'influence <strong>de</strong>s-<br />

quelles, à notre tour, noms sommes près<br />

<strong>de</strong> tomber en décomposition.<br />

Dans cotte étu<strong>de</strong>, qui vient compléter<br />

l'ouvrage écrit par le même auteur sui-<br />

tes Manieurs d'argent à Rome, M. Détou-<br />

rne fait le tableau <strong>de</strong>s ravages exercés<br />

dans la civilisation antique par la course<br />

ti la richesse.<br />

« Sénèque, dit-il, rapporte que, <strong>de</strong> son<br />

temps, les femmes, entre l'adolescence<br />

et la vieillesse, au lieu <strong>de</strong> compter, sui-<br />

vant l'usage, leurs années par le nom <strong>de</strong>s<br />

consuls, les désignaient quelquefois par<br />

les noms <strong>de</strong> leurs maris successifs. C'é-<br />

tait donc pour celles-là, peut-être, en<br />

moyenne un nouvel épouseur légitime<br />

chaque année.<br />

» Juvénal parlait même <strong>de</strong> femmes<br />

s qui, en cinq ans, s'étaient mariées huit<br />

lois ; les autres, plus modérées, allaient<br />

a 1 avenant...<br />

.. Un genre <strong>de</strong> spéculation particulier<br />

s elait immédiatement organisé, sur ces<br />

bases, et dans <strong>de</strong> telles proportions qu'on<br />

dut le-nferer pour y mettre <strong>de</strong>s bornes.<br />

A l rL n r 5 lom6Iltw <strong>de</strong> môme Vahn&<br />

*fi libéral, t,és entre époux, et les juris-<br />

«meultos en donnaient la raison sans dé-<br />

tour : « afin d'ernpôcrier la vénalité <strong>de</strong>s<br />

mariages ». disaient-ils<br />

Ce cma <strong>de</strong>vint m*' '^éto où s'épa-<br />

nouissaient <strong>de</strong> pareilles mœurs, c'est ce<br />

qu'il faut lire dans l'opuscule <strong>de</strong> M. Dé-<br />

tourne (1). « Sans parler <strong>de</strong>s massacres<br />

politiques <strong>de</strong> milliers <strong>de</strong> citoyens- et <strong>de</strong><br />

la gran<strong>de</strong> guerre civile, les noms d'Au-<br />

guste, <strong>de</strong> Tibère-, <strong>de</strong> Séjan, <strong>de</strong> Clau<strong>de</strong>,<br />

<strong>de</strong> Messaline, d'Agrippine, <strong>de</strong> Néron,<br />

sont entachés <strong>de</strong> souvenirs sanglants,<br />

dans lesquels les crimes <strong>de</strong> famille pren-<br />

nent d'horribles proportions. »<br />

Or, les crimes <strong>de</strong> famille, à Rome,<br />

étaient la plupart du temps <strong>de</strong>s crimes<br />

j d'argent.<br />

Nous voilà bien loin, semble-t-il, du<br />

duc <strong>de</strong>s Abruzzes. Oui, sans doute, car il<br />

est bien clair que les vingt-cinq millions<br />

<strong>de</strong> dot <strong>de</strong> Miss Elkins n'ont été pour rien<br />

dans la recherche du Prince. Toutefois,<br />

vingt-cinq millions sont encore une som-<br />

me, aux yeux du peuple. Et pour la mo-<br />

ralité publique il n'est pas bon que<br />

si le cousin germain d'un Souverain<br />

en exercice sollicite la main d'une Amé-<br />

ricaine, oette main contienne un trop<br />

gros paquet <strong>de</strong> chèques.<br />

Il semble que le plus simple, pour les<br />

princes, soit encore d'épouser <strong>de</strong>s prin-<br />

cesses. Ce n'est pas une question <strong>de</strong> mor-<br />

gue aristocratique, c'est une question <strong>de</strong><br />

vertus héréditaires, autrement dit c'est<br />

une question <strong>de</strong> race qui l'exige ainsi.<br />

Les vertus d'une femme appelée à par-<br />

tager peut-être une couronne ne sont pas<br />

celles d'une bourgeoise, et la richesse,<br />

ioi, n'est pas une compensation. Cha-<br />

cun, en ce mon<strong>de</strong>, se doit <strong>de</strong> pouvoir<br />

exercer les <strong>de</strong>voirs <strong>de</strong> son état, et Miss<br />

Elkins n'a certainement pas appris, dans<br />

l'usine ou la maison <strong>de</strong> commerce pater-<br />

nelle, les <strong>de</strong>voirs d'une, reine ou simple-<br />

ment d'une princesse.<br />

Elle a pu malheureusement apprendre<br />

autre chose, à commencer par la facilité<br />

déplorable avec laquelle divoïoent ses<br />

gracieuses (ximpatriotes quand un pre-<br />

mier mariage a cessé <strong>de</strong> leur plaire.<br />

Non, décidément, il vaudrait mieux, je<br />

crois, et pour le duc <strong>de</strong>s Abruzzes, et<br />

pour l'Italie, et pour l'exemple à dsnW&T<br />

aux hommes, que les nouvellistes aient<br />

dit vrai et que ces fiançailles anormales<br />

soient rompues.<br />

La civilisation nouvelle n'a que trop<br />

<strong>de</strong> points <strong>de</strong> ressemblance avec celle <strong>de</strong><br />

la Rome antique. N'exagérons pas les<br />

analogies. Relevons-nous, si passible,<br />

par les passions nobles ; et ne prêtons<br />

pas à dire, fût-ce simplem»nt par impru<br />

« Mesdames et messieurs, disait-elle, l'ani-<br />

mal no rougit pas (sic) d'être obligé <strong>de</strong> man-<br />

ger. Mais d'homme doit avoir plus <strong>de</strong> pu<strong>de</strong>fcr<br />

et senti* ce qu'il y », pour un être doue d'in-<br />

telligence, d'humiliant et <strong>de</strong> bas dams cette<br />

obligation ».<br />

Quand ses hôtes eurent fini le potage-, les<br />

aissiettes vidas remontèrent au plafond ; les<br />

cloisons flién-t coHMiie les assiettes et les con-<br />

vives, ayant reconquis alors leur dignité hu-<br />

maine, purent se revoir et reprendre la con-<br />

versation. La même cérémonie se renouvela a<br />

chacun <strong>de</strong>s services.<br />

On assure que les invités <strong>de</strong> M. Blix ont<br />

tous rendu hommage à l'ingéniosité <strong>de</strong> son<br />

système, au raffinement <strong>de</strong> conscience et d*<br />

délicatesse qui le lui a inspiré. Et l'on s'at-<br />

tend que bientôt, dams le mon<strong>de</strong> qui se flatte<br />

<strong>de</strong> savoir vivre, personne ne voudra plus dîner<br />

que par boxes séparés.<br />

JSE r YQ<br />

<strong>de</strong>nse, coup <strong>de</strong> tête ou coup <strong>de</strong> cœur,<br />

que le vieil Idéal chrétien, si pur,<br />

si blanc, si détaché <strong>de</strong> la matière, s'en<br />

est allé <strong>de</strong> ce mon<strong>de</strong>, chassé par to<br />

dieu <strong>de</strong>s pires déca<strong>de</strong>nces, rhorrible et<br />

triste dieu-argent !...<br />

Yves @l<br />

OUT<br />

Un monument à Jacques d'Uzès.<br />

Le conseil municipal <strong>de</strong> Nimes vient <strong>de</strong> pren-<br />

dre une daibéra-tion qui l'honore. A l'unani-<br />

mité, dans sa <strong>de</strong>rnière séance, il a émte un<br />

voeu favorable à l'érection d'ua monument<br />

à la mémoire du regretté Jacques d*Uies, mort,<br />

on s'en souvient, en pleine jeunesse, au ser-<br />

vice <strong>de</strong> la patrie, au cours d'une exploration<br />

au Congo.<br />

Le monument, dont Vtotiative a été prise<br />

par les vétérans nimois <strong>de</strong>s armées <strong>de</strong> terre<br />

et <strong>de</strong> mer, s'élèvera sur une place <strong>de</strong> Nimes.<br />

—®— Les aimite du Bloc ont l'habitu<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />

dire : „ „<br />

« Mais que nous reprochez-vous î Sommes-<br />

nous aujourd'hui plus malheureux qu'autre-<br />

fois ? Analysez les conditions <strong>de</strong> la vie, et vous<br />

constaterez qu'au contraire nous avons fait<br />

un grand pas dons le chemin du bonheur.<br />

I,es amis du Bloc ont uns tendance à faire<br />

die belles pbxases,qu4 résonnent d'autant mieux<br />

qu'eux-mêmes 'raisonnent mal.<br />

Un simple coup d'œil sur les statistiques<br />

prouve que nous sommes, effectivement, beau-<br />

coup plus malheureux qu'autrefois.<br />

Le prix <strong>de</strong>s aliments a double, et cest <strong>de</strong>ju<br />

quelque chose, on en conviendra.<br />

Enfin un argument qui résume tous les au-<br />

tres est contenu dans les chiffres qui établis-<br />

sent que les suici<strong>de</strong>s ont augmenté <strong>de</strong> cin-<br />

quante pour cent <strong>de</strong>puis une quarantaine<br />

d Quand on en finit avec la vie, ce n'est évi<br />

déminent pas parce qu'on nagé dans la féli-<br />

cité 1<br />

De Comœdia :<br />

« La scène se passe à Sanit-Brieuc.<br />

» Mme Boyer <strong>de</strong> Lafory, très applaudie<br />

après an air <strong>de</strong>- Gcdalêe, revient saluer et an-<br />

nonce qu'elle va chauler, comme bis une<br />

Muette Se WeckerMn. intitulée Pélromlic<br />

m Immédiatement, d-cb (rires anal étouffés<br />

fusent dans tous lois coins <strong>de</strong> la salle, persis-<br />

tent pendant l'exécution du morceau et, après<br />

le <strong>de</strong>rniers vers, « Pétrouille est fort incivile »<br />

éclatent avec une telle force que la cantatrice<br />

ne peut, s'empêcher <strong>de</strong> partager, sans en con-<br />

naître la cause, cette contagieuse gaieté.<br />

» Ce nom <strong>de</strong> « Pétronille » est celui d'une<br />

femme <strong>de</strong> haut fonctionnaire, . malveillante et<br />

acariâtre, qui assistait au concert et dut se<br />

retirer, sous l'orage dos rires, avec un air do<br />

souveraine outragée.<br />

» A l'heure qu'il est, tous les mélomanes <strong>de</strong><br />

ïyiint-Brieuc s'en tiennent encore les côtes (du<br />

Nord) ».<br />

—€>— Dîner cellulaire<br />

On lit clans le Morgcn. » revue hebdoma-<br />

daire pou* La culture alleman<strong>de</strong> », le récit<br />

d'un dîner que donnait oes jours-ci, a Chi-<br />

cago, M. Edouard Blix, « un <strong>de</strong>s rois bien<br />

connus du fer ». Les convives venaient <strong>de</strong><br />

prendre, place. Tandis que <strong>de</strong>scendaient du<br />

plafond, sur <strong>de</strong>s plateaux d'argent, les as-<br />

siettes remplies <strong>de</strong> «potago, on vit. s'abattre<br />

<strong>de</strong>s mômes hauteurs une cloison légère qui<br />

partagea la table dams tonte «i longueur, ««t<br />

d'autres cloisons, plus petites et latérales, qui<br />

séparèrent chaque voisin <strong>de</strong> sa voisine<br />

Chaque convive, emmuré dans une cellule<br />

mobiie. so trouva donc isolé, ainsi qu'on vou-<br />

drait l'être dans tous les bureaux d© poste<br />

quand on V va .va.-.; nno leUr»; daJiioui. A<br />

ce moment, on entendit la voix du maître a<br />

•la maison :<br />

Bd. Privât, Tou-<br />

La réponse du pays à l'exaltation pan-<br />

théonesque <strong>de</strong> Zola, c'est Je duc <strong>de</strong> iionvc-<br />

bello qui nous l'apporte.<br />

Petit-fils du maréchal Lannes, ce Gascon,<br />

brave entre les braves, le duc <strong>de</strong> Monte-<br />

bello, indigné du voisinage que l'on pré-<br />

tend faire subir à son glorieux aïeul, vient<br />

d'adresser au prési<strong>de</strong>nt du conseil une ma-<br />

gnifique lettre qu'il a bien voulu nous com-<br />

muniquer, à nous, les premiers, pensant<br />

qu'elle était à sa place sous la flère <strong>de</strong>vise :<br />

(t Four Dieu, pour la France ! »<br />

La voici dans son émouvante simplicité :<br />

Monsieur le Prési<strong>de</strong>nt du Conseil,<br />

Le jour anniversaire <strong>de</strong> la bataille d'Essiing,<br />

où le maréchal Lannes, mon grand-père,<br />

trouva une mort glorieuse, son corps déposé<br />

provisoirement à Strasbourg, fut transporté<br />

triomphalement au Panthéon, pour y être en-<br />

terré avec une pompe extraordinaire.<br />

Le catafalque était surmonté du buste du<br />

héros, <strong>de</strong>mi le front était ceint d'une couronne<br />

<strong>de</strong> lauKiers : aux quatre angles s'élevaient les<br />

statues <strong>de</strong> la Force, <strong>de</strong> la Justice, <strong>de</strong> la Tem-<br />

pérance et <strong>de</strong> la Pru<strong>de</strong>nce, vertus chrétiennes<br />

et guerrières, emblèmes <strong>de</strong>s qualités essentiel-<br />

les <strong>de</strong> ce soldat français.<br />

On Usait sur la tenture : Honorer les héros,<br />

c'est les multiplier.<br />

Le Panthéon, dont le fronton porte encore :<br />

Aux grands hommes, La Patrie reconnais-<br />

sante, était alors digne <strong>de</strong> recevoir et <strong>de</strong> gar-<br />

<strong>de</strong>r ce cercueil.<br />

Aujourd'hui, ce temple, au fronton ironique,<br />

va accueillir Zola, VinsvMeur <strong>de</strong> l'armée fran-<br />

çaise !<br />

Au nom <strong>de</strong> toute ma famille, <strong>de</strong> mes amis<br />

*wd4*?m;.s, <strong>de</strong> tous ceux qui respectent la mé-<br />

moire <strong>de</strong> mon ulustré' aïeul, je proteste, ci j'e<br />

requiers l'autorisation <strong>de</strong> transférer son corps<br />

au cimetière <strong>de</strong> Montmartre, dans le tombeau<br />

<strong>de</strong> famille où repose déjà son ccebr.<br />

L'Etat, qui n'a pas craint <strong>de</strong> spolier les<br />

morts, n'osera point, je veux le croire, dispu-<br />

ter leur dépouille.<br />

Hériter du nom, gardien <strong>de</strong>s traditions du<br />

maréchal Lannes. il m'appartenait <strong>de</strong> reven-<br />

diquer ses restes et <strong>de</strong> refuser désormais, pour<br />

lui. un honneur qui ne serait qu'une insulte à<br />

son passé.<br />

C'est un <strong>de</strong>voir que je remplis et un droit<br />

que je réclame.<br />

Assuré que le gouvernement, en appréciant<br />

celui-ci consacrera celui-là, je vous prie <strong>de</strong><br />

trouver ici, monsieur le prési<strong>de</strong>nt, l'expres-<br />

sion très distinguée <strong>de</strong> mes sentiments.<br />

CH. LANNES, duc DE MOKTEEELLO.<br />

Nous ne savons encore, à i'b.eure ac-<br />

tuelle, quel accueil le gouvernement ré-<br />

serve à cette requête.<br />

En ce temps d'arbitraire, d'expropriation<br />

et <strong>de</strong> confiscation,, il faut s*àti«iîSre à tout,<br />

<strong>de</strong> la part <strong>de</strong> bandits sans foi, sinon sans<br />

lois.<br />

Mais il semble impossible que J'en songe<br />

à contester la validité d'un pareil droit, la<br />

légitimité d'une pareille revendication.<br />

Ceux qui ont spolié les morts, comme le<br />

rappelle très justement le duc <strong>de</strong> Monte-<br />

bello, sont bien capables <strong>de</strong> vouloir s'empa-<br />

rer même <strong>de</strong>s tombes.<br />

Mais alors ce serait un tel attentat qu'il'<br />

soulèverait dans les masses, à la veille <strong>de</strong>s<br />

élections municipales, une émotion pro-<br />

fon<strong>de</strong>, douloureuse et redoutable.<br />

La famille Lannes <strong>de</strong> Montebcllo. en con<br />

fiant à l'Etat la gar<strong>de</strong> <strong>de</strong>s restes du maré-<br />

chal, n'a jamais pensé faire abandon <strong>de</strong> ses<br />

imprescriptibles droits.<br />

Cette concession, reposant sur un contrat<br />

t&çite, qui eut la nation entière pour té-<br />

moin et l'Histoire, elle-même, pour regis-<br />

tre, est révocable, sans conteste, du jour<br />

où l'une <strong>de</strong>s clauses qui la motivèrent vient<br />

à être violée.<br />

Le corps du héros d'Italie. d'Austerlitz et<br />

d'Essiing, a été transporté au Panthéon<br />

pour y être l'objet d'une solennelle glorifi-<br />

cation.<br />

Mais lorsque la honte succè<strong>de</strong> à l'hon-<br />

neur, la famille reprend ses droits et vient<br />

réclamer ses morts, parce qu'elle n'est l'hé-<br />

ritière d'un tel nom et <strong>de</strong> telles traditions<br />

que dans la mesure où elle sait faire res<br />

pecter celui-ci et celles-là.<br />

Le soir où le Cbrist mourut, exhalant son<br />

cri d'agonio dans le silence épouvanté qui<br />

planait sur la ville, les grands morts do<br />

Juda se levèrent <strong>de</strong>bout dans leurs suaireé<br />

et parcoururent les rues <strong>de</strong> Jérusalem.<br />

A nouveau, voici nos grands morts qui sg<br />

lèvent, au moment où, pour la <strong>de</strong>uxième)<br />

fois, se déchire le voile du Temple, et où les<br />

petits-fils <strong>de</strong> Barabbas s'apprêtent à ac<br />

compagner, par la ville, en dansant, l'ar-<br />

che sainte <strong>de</strong> l'alliance judéo-majonnique.<br />

C'est Austorlitz qui se dresse en face d

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