27 Février 1901 - Bibliothèque de Toulouse
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LE NUMERO O CENTIMES Organe cpaotlclieia. <strong>de</strong> Défense Sociale et Religieuse<br />
RÉDACTION ET ADMINISTRATION ; <strong>Toulouse</strong>, rue Roquelaine, 25 tE 5 CE N TIMES<br />
A 13 ONNEMKNT9<br />
Trou moi» ma mal» es u<br />
StaBte-Garonne et départements Umitrophes • ». 41 fr. Jf.<br />
Département» non limitrophes-. ' » i S ? S ï'<br />
«tranu'or (Union postale) m ». M or. W V,<br />
Les abonnements partent dai 1" «t 16 <strong>de</strong> charro» mois et mX payablss (Parasse<br />
Toute <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> changement tVadrttie doit itrti accompagnée ds KO amltme*<br />
ÉDITIONS REGIOi^A)LES<br />
Lot âveyron, Oorrèze Cantal { Tarn, Au do, Hérault,<br />
t, t3tes-Pyréné6s,~Basses-Pyrénée3, Lan<strong>de</strong>s<br />
Pyrénées-Omntatêa<br />
T&rn-at-G&ronne, Lot-et-S&ronno<br />
Rtuta-Garonna, Artègs<br />
Edition tks m&tin apéciate & <strong>Toulouse</strong><br />
ANNONCES'A RÉCLAMES, FAITS DIVERS À LOCALES<br />
tm ramoaeee «t timm^a-, mu «itvsrs «t locale sont reçus «ans nos bureaux<br />
«*sç**w,ttta, slaet «a» «axa routes U» »jrenc*a tfè jrarmciw ae Paru, OM département*<br />
t» e* l'étranger<br />
ÉLEGRAPHIQUE SPÉCIAL Mercredi <strong>27</strong> <strong>Février</strong> <strong>1901</strong>. -11* Année.- N°3,219 j BUREAUX A PARTS : 26 RUEFEYDEAU<br />
Ainsi<br />
Civilisé<br />
<strong>de</strong>s<br />
ils<br />
donc, il n'y a pas un seul pays<br />
ou la liberté individuelle soit<br />
entourée <strong>de</strong> moins <strong>de</strong> garanties que<br />
dans le nôtre.<br />
Il n'y a pas dans le mon<strong>de</strong> civilisé un<br />
autre gouvernement moins soucieux do<br />
ent le magistrat ins-<br />
f la moi»Se excuse,<br />
5S L , ref r d0 ^ fournir un<br />
*>eui mot d explication<br />
5euti a > ir ° r' en r ? Stm P as '^ car le<br />
jeune Brésilien est résolu à mcUre le<br />
fiance T ins , tructlon une ordon-<br />
ne '1° non - lieu ou ' da *s le cas con-<br />
aue pnse a partie.<br />
Mais il est â craindre que cette procé-<br />
dure n'aboutisse pas, pour celte raison<br />
que. si le juge visé a commis une erreur<br />
déplorable, monstrueuse, il sera dilicile<br />
<strong>de</strong> le convaincre <strong>de</strong> forfaiture ou <strong>de</strong><br />
faire admettre le déni <strong>de</strong> justice.<br />
De sorte que sa victime ne pourra ja-<br />
mais prouver, par un document officiel,<br />
que son innocence a été reconnue.<br />
La loi le veut ainsi : le magistrat ins-<br />
tructeur peut faire tout le mal qu'il<br />
veut ; il peut jeter le déshonneur et la dé-<br />
considération sur d'honnêtes citoyens —<br />
surtout lorsque ceux-ci ne sont ni juifs<br />
ni francs-maçons ; il a le droit <strong>de</strong> piéti-<br />
ner la liberté individuelle ; mais ceux<br />
qui ont eu â souffrir <strong>de</strong> ses abus d'auto-<br />
rité n'ont aucun recours contre lui.<br />
Ils n'en auront jamais tant que notre<br />
législation ne permettra pas aux victi-<br />
mes <strong>de</strong>s erreurs judiciaires <strong>de</strong> réclamer<br />
à ceux qui les ont commises la réparation<br />
légitime du dommage qui leur a été<br />
causé.<br />
M. Jean Cruppi avait, hier, une occa-<br />
sion <strong>de</strong> développer là-<strong>de</strong>ssus <strong>de</strong> salu-<br />
taires théories et <strong>de</strong> déposer, comme<br />
sanction, un projet <strong>de</strong> loi.<br />
Il a préféré prendre acte <strong>de</strong>s paroles<br />
du ministre qui a déclaré qu'il enverrait<br />
aux magistrats une circulaire les invi-<br />
tant à agir avec pins <strong>de</strong> libéralisme en<br />
matière d'arrestation préventive.<br />
Sur la très grosse majorité <strong>de</strong> nos<br />
juges nouveau modèle — brevetés avec<br />
garantie du gouvernement — cette cir-<br />
culaire produira l'effet d'un emplâtre<br />
sur une jambe <strong>de</strong> bois.<br />
Comme ami <strong>de</strong> la justice, nous le re-<br />
grettons.<br />
Mais comme adversaire <strong>de</strong> ce régime,<br />
nous nous en réjouissons puisque, après<br />
M. Cruppi, nous sommes fondés à affir-<br />
mer — et à prouver — qu'en République<br />
la liberté individuelle n'existe pas.<br />
* Victor LESPINE.<br />
Les souscriptions recueillies par la Li-<br />
berté atteignaient, hier soir, le chiffre <strong>de</strong><br />
18.497 fr. 80.<br />
C'est dire combien l'idée <strong>de</strong> venir|en ai<strong>de</strong><br />
aux malheureuses victimes <strong>de</strong>s grévicul-<br />
teurs est sympathique au public français.<br />
De la part <strong>de</strong> nos, lecteurs, l'élan ne se<br />
ralentit pas. Sous peu, nous adresserons<br />
à la Liberté un second envoi.<br />
Nous ne doutons pas, étant donnée la fa-<br />
veur témoignée par nos amis à notre ini-<br />
tiative, qu'il ne soit <strong>de</strong>s plus honorables et<br />
<strong>de</strong>s plus encourageants.<br />
Aussitôt après ce <strong>de</strong>uxième envoi, nous<br />
publierons la liste <strong>de</strong> nos souscripteurs.<br />
ETOll<br />
La rentrée du prési<strong>de</strong>nt du conseil au<br />
sein <strong>de</strong> sa majorité n'a pas été folâtre, au<br />
moins pour le convalescent.<br />
. Dans la loi contre les associations, récep-<br />
tacle <strong>de</strong> toutes les hypocrisies opportu-<br />
nistes et <strong>de</strong> toutes les escorbar<strong>de</strong>ries socia-<br />
listes, M. Ribot a découvert une disposition<br />
qui pourrait être signée par Tartufe si<br />
Wal<strong>de</strong>ck avait oublié d'y apposer sa griffe.<br />
Soi-disant élaboré pour faire obstacle à<br />
l'horrible mainmorte, le projet ministériel<br />
rétablissait furtivement, au moyen <strong>de</strong> qua-<br />
tre lignes fallacieuses, cette chose épou-<br />
vantable.<br />
Seulement, c'était au profit <strong>de</strong>s associa-<br />
tions laïques.<br />
Les Frères <strong>de</strong> Saint-Jean-<strong>de</strong>-Dieu n'au-<br />
ront pas le droit <strong>de</strong> possé<strong>de</strong>r leur hôpital<br />
Mais la Loge <strong>de</strong> Fouilly-les-Oies sera<br />
parfaitement admise à possé<strong>de</strong>r tout ce<br />
qu'elle voudra, fût-ce les immeubles à <strong>de</strong>s-<br />
tination spéciale auxquels Duhamel, l'ami<br />
<strong>de</strong> feu Grévy, prêta jadis son nom.<br />
M. Ribot s'est élevé contre cette iniquité<br />
légale. Et Brisson, ayant eu la malencon-<br />
treuse idée <strong>de</strong> se porter au secours <strong>de</strong><br />
Wal<strong>de</strong>ck qui réclamait le maintien inté-<br />
gral <strong>de</strong> son texte, l'effet <strong>de</strong> cette interven-<br />
tion s'est immédiatement fait sentir.<br />
Le prési<strong>de</strong>nt du conseil a été mis en<br />
échec et son article renvoyé à la commis-<br />
sion.<br />
La loi n'en sera pas moins votée, sans<br />
doute ;. mais si la Chambre prend l'habitu<strong>de</strong><br />
<strong>de</strong> n'adopter chaque paragraphe qu'après<br />
avoir botté Brisson et rossé Wal<strong>de</strong>ck, ce<br />
sera, pour les catholiques, un commence-<br />
mont <strong>de</strong> réparation.<br />
funestes <strong>de</strong> l'ambition quand elle gui<strong>de</strong> la<br />
conduite <strong>de</strong> ceux-là même qui ne doivent<br />
rechercher que. la vérité. Quelques criti-<br />
ques s'étaient élevées contre cette œuvre<br />
si virile et si remarquable; on l'avait<br />
taxée <strong>de</strong> révolutionnaire. Hélas I comme<br />
pour démontrer sa portée sociale et la<br />
justifier, le cas si émouvant <strong>de</strong> M. <strong>de</strong> Vau-<br />
croze se produisit, comme une démonstra-<br />
tion écrasante.<br />
M. <strong>de</strong> Vaucroze avait été arrêté avec une<br />
précipitation extraordinaire. Sans preuve,<br />
il avait subi toutes les tortures infligées<br />
aux plus bas criminels ; on le confondait<br />
avec tous' les chevaux <strong>de</strong> retour, immeu-<br />
bles par <strong>de</strong>stination <strong>de</strong> la prison et du<br />
bagne, on lui mettait brutalement les me-<br />
nottes, lui criant: Parrici<strong>de</strong>! et le signa-<br />
lant aux outrages <strong>de</strong> la foule. Cuis, quand<br />
après une instruction menée tambour bat-<br />
tant, avec tout un plan préconçu, une idée<br />
fixe, il fallut cependant reconnaître que la<br />
preuve du forfait manquait et que le jury<br />
ne se contenterait pas d'insinuations et<br />
d'allégations maladroitement échafaudées ;<br />
une ordonnance <strong>de</strong> non-lieu fut rendue.<br />
Mais dans quels termes 1<br />
Dans <strong>de</strong>s considérants flétrissants, celui<br />
que le juge d'instruction, contraint et<br />
forcé, rendait à la liberté, était représenté<br />
comme un misérable capable <strong>de</strong> toutes les<br />
mauvaises actions. On lui imputait à crime<br />
les actions les plus honnêtes et les plus<br />
dignes d'éloges. Excellent fils, M. <strong>de</strong> Vau-<br />
croze n'avait jamais quitté sa mère, qu'il<br />
entourait <strong>de</strong>s soins les plus délicats. Pour<br />
elle, il faisait la cuisine, il préparait son<br />
lit, ne la quittant pas d'un instant, solli-<br />
citu<strong>de</strong> admirable qui aurait valu le prix<br />
Montyon à d'autres ! Le juge d'instruction<br />
déclarait solennellement qu'un fils qui se<br />
conduit ainsi abdique sa dignité et sa<br />
liberté.<br />
Il faut le dire, dans les milieux judiciai-<br />
res, la stupéfaction causée par cette ordon-<br />
nance <strong>de</strong> non-lieu, pire qu'un, acte d'accu-<br />
sation, n'est pas encore apaisée. Aucun<br />
magistrat digne <strong>de</strong> ce nom, aucun avocat<br />
n'osa défendre un acte où. tout en aban-<br />
donnant sa proie, on s'attachait, pour jus-<br />
tifier l'erreur commise, à flétrir celui qui<br />
en avait été la victime. Si bien qu'avec les<br />
passions au milieu <strong>de</strong>squelles on doit vivre<br />
à Saint-Pons, il se trouve encore <strong>de</strong>s gens<br />
qui secouent la tète et ne se contentent pas<br />
<strong>de</strong> douter <strong>de</strong> l'innocence dë M. <strong>de</strong> Vau<br />
croze. . •<br />
Quel tragique roman que celui <strong>de</strong> cet<br />
homme, qui redira ce long drame ouvert<br />
par l'assassinat d'une vieille femme, son<br />
"s dormant à côté, dans une pièce voisine,<br />
tandis que la servante qui l'accusera plus<br />
tard d'avoir tué sa mère, veille pour laisser<br />
pénétrer le criminel ! Sur celui-ci, il n'y a<br />
plus guère <strong>de</strong> doute. C'est, à coup sûr, ce<br />
professionnel, parti <strong>de</strong> Paris pour aller<br />
opérer en province et qui a semé sur sa<br />
route <strong>de</strong>s aveux et <strong>de</strong>s preuves.<br />
Le policier qui l'a complètement révélé<br />
ne s'y est pas trompé lui, et, avec un talent<br />
extraordinaire, il a reconstitué les agisse-<br />
ments <strong>de</strong> ce misérable.<br />
L'avocat <strong>de</strong> M. <strong>de</strong> Vaucroze ne manquera<br />
pas,sans doute, <strong>de</strong> retracer avec éloquence<br />
les tortures infligées à son client. Celui-ci<br />
ne prend part aux débats que comme par<br />
tie civile, et la réparation à laquelle il ;<br />
droit ne pourra jamais le dédommager <strong>de</strong><br />
ses souffrances. Mais ces débats nouveaux,<br />
à la suite d'une nouvelle instruction, ne<br />
doivent rien laisser dans l'ombre, ni les<br />
fautes commises, ni les excès <strong>de</strong> pouvoirs,<br />
ni les égarements. Il ne faut pas que la<br />
confiance en ceux qui ont pour mission <strong>de</strong><br />
protéger la société puisse s'ébranler <strong>de</strong><br />
plus en pins. Et ce résultat se produit iné-<br />
vitablement dès que la politique fait irrup-<br />
tion dans les choses judiciaires. C'est elle<br />
qui détermine les erreurs <strong>de</strong> ce juge d'ins-<br />
truction, comme Brieux nous l'a fait voir<br />
dans la Robe Rouge, et nous vaut un mar-<br />
tyr comme M. <strong>de</strong> "Vaucroze.<br />
On dit que les prochains débats mettront<br />
encore davantage en relief les péripéties<br />
du drame <strong>de</strong> Saînt-Pons.<br />
Nous les reproduirons le plus largement<br />
possible, afin <strong>de</strong> donner satisfaction à l'at-<br />
tente <strong>de</strong> l'opinion.<br />
LETTRE DE PARIS que M. Déroulè<strong>de</strong> s'est diffamé. 11 n'y a là<br />
probablement, qu'une vantardise gasconne<br />
dont le poète n'a pas calculé la portée.<br />
MÉNA.LQUE,<br />
line ŒUÏÏC Française Menacée<br />
Depuis quelques mois, <strong>de</strong>s rumeurs sin-<br />
gulières circulent au sujet <strong>de</strong>s chemins <strong>de</strong><br />
1er éthiopiens, sur lesquels <strong>de</strong>s capitalis-<br />
tes anglais seraient en train <strong>de</strong> mettre la<br />
main.<br />
On affirme <strong>de</strong> bonne source que l'Angle-<br />
terre, désireuse <strong>de</strong> contrecarrer à tout<br />
prix notre influence dans le Harrar et<br />
l'Ahyssinie, est en train d'acquérir les obli-<br />
gations <strong>de</strong> la Compagnie, et qu'avant peu<br />
la France apprendra avec stupéfaction<br />
que cette œuvre éminemment française <strong>de</strong>s<br />
chemins <strong>de</strong> fer éthiopiens, ce réseau ferré<br />
indispensable au développement <strong>de</strong> notre<br />
influence au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> Djibouti et chez les<br />
Somalis, a passé financièrement entre les<br />
mains <strong>de</strong> capitalistes londonniens.<br />
Les Anglais estiment que les lignes<br />
éthiopiennes ne sauraient appartenir à<br />
d'autres qu'à eux, au moment où ils rêvent<br />
<strong>de</strong> relier l'Egypte au Cap par un chemin<br />
<strong>de</strong> fer traversant toute l'Afrique orien-<br />
tale.<br />
Le gouvernement saura-t-il défendre<br />
contre une pareille entreprise une œuvre<br />
si nécessaire au maintien <strong>de</strong> notre in-<br />
fluence en Abyssinie ?<br />
Evi<strong>de</strong>mment non 1<br />
I*. Wal<strong>de</strong>ck-Rousseau et la parti socia-<br />
liste. — Jaurès et Jules Gues<strong>de</strong>. —<br />
Le prési<strong>de</strong>nt du conseil et la saisie<br />
<strong>de</strong> fusils. —- Socialistes gras et so-<br />
cialistes maigres. — Les confi<strong>de</strong>nces<br />
<strong>de</strong> M. Déroulè<strong>de</strong>.<br />
Paris, 2ô février.<br />
Il y a, <strong>de</strong> par le mon<strong>de</strong>, un Levantin qui<br />
a juré d'exterminer M. Wal<strong>de</strong>ck-Rousseau.<br />
Possesseur d'une fortune <strong>de</strong> quarante à<br />
cinquante millions, très intelligent, très<br />
maître <strong>de</strong> lui-même, sachant comme pas<br />
un ourdir une trame, cet important person-<br />
nage a déjà joué <strong>de</strong> très mauvais tours au<br />
prési<strong>de</strong>nt du conseil et il en jouera d'au-<br />
tres encore. Dès le jour où M. Wal<strong>de</strong>ck-<br />
Rousseau prit possession du pouvoir, X...<br />
se rendit très bien compte <strong>de</strong> l'œuvre que<br />
voulait entreprendre le sénateur <strong>de</strong> la<br />
Loire. Pour M. Wal<strong>de</strong>ck-Rousseau, il s'a-<br />
gissait <strong>de</strong> couper en <strong>de</strong>ux le parti socia-<br />
liste en gavant <strong>de</strong> prében<strong>de</strong>s et <strong>de</strong> spooms<br />
a la Lucuilus les principaux meneurs du<br />
groupe. Ainsi favorisés, les agitateurs <strong>de</strong>-<br />
vaient peu à peu entraîner dans leur sil-<br />
lage l'immense majorité du parti. Ne dis-<br />
posaient-ils pas <strong>de</strong> tous les journaux socia-<br />
listes et <strong>de</strong> toutes les tribunes révolution-<br />
naires? Naturellement, une partie <strong>de</strong> la<br />
ban<strong>de</strong> <strong>de</strong>vait rester irréductible : mais c'é-<br />
tait précisément ce que souhaitait M. Wal-<br />
<strong>de</strong>ck-Rousseau. L'attitu<strong>de</strong> belliqueuse <strong>de</strong><br />
cette minorité ne créerait-elle pas entre<br />
les <strong>de</strong>ux groupes une division qui annihi-<br />
lerait les forces du parti ?<br />
Cette tactique n'était pas trop maladroite<br />
et, comme il fallait en masquer la four-<br />
berie aux yeux <strong>de</strong>s masses, ce fut alors<br />
que M. Wal<strong>de</strong>ck-Rousseau lança son projet<br />
<strong>de</strong> confiscation <strong>de</strong>s couvents. Avec un pa-<br />
reil brûlot, comment les socialistes les<br />
plus soupçonneux pourraient-ils mettre en<br />
doute les bonnes intentions du nouveau<br />
ministère?<br />
Mais M; Wal<strong>de</strong>ck-Rousseau comptait<br />
sans notre Levantin. Dirigés par M. Jules<br />
Gues<strong>de</strong>, le chef <strong>de</strong>s socialistes maigres, les<br />
révolutionnaires dissi<strong>de</strong>nts ne pouvaient<br />
guère porter ombrage aux socialistes gras<br />
dont M. Jaurès est l'adipeux tribun. Tout<br />
le mon<strong>de</strong> sait que M. Jules Gues<strong>de</strong> n'est<br />
qu'un nébuleux théoricien, dépourvu du<br />
nerf <strong>de</strong> la guerre et complètement inca-<br />
pable d'assumer la responsabilité d'une<br />
émeute. C'est alors que, par un mouve^<br />
ment plein d'audace, le citoyen million<br />
naire X... s'est peu à peu placé à la tête<br />
dès socialistes maigres et a mis à leur<br />
service les moyens d'action qui leur man-<br />
quaient.<br />
Vous avez vu avec quelle discrétion les<br />
feuilles révolutionnaires ont parlé <strong>de</strong> la<br />
saisie d'armes opérée par le parquet <strong>de</strong><br />
Chalon. Cette saisie constitue pourtant<br />
l'inci<strong>de</strong>nt le plus décisif <strong>de</strong> la lutte sociale<br />
à laquelle nous assistons. Eh bien ! d'après<br />
ce qu'on raconte dans les cercles, il s'agi-<br />
rait d'un envoi <strong>de</strong> fusils Gras opéré par le<br />
personnage dont je viens <strong>de</strong> vous signaler<br />
les menées. Ces fusils sont un reliquat <strong>de</strong><br />
la liquidation <strong>de</strong>s Gras que l'administra-<br />
tion <strong>de</strong>s domaines mit en vente, il y a une<br />
douzaine d'années. Le gouvernement a<br />
étendu sa griffe sur le premier déballage<br />
<strong>de</strong> ces engins : se saisira-t-il aussi facile-<br />
ment du second? Peut-être bien. Il n'en<br />
arrivera pas moins un moment — ce mo-<br />
ment arrive toujours — où les caisses par-<br />
viendront intactes et inviolées à leur <strong>de</strong>s-<br />
tination. Alors, vous <strong>de</strong>vinez facilement<br />
l'acte qui suivra : les fusils partiront tout<br />
seuls.<br />
Et qui jonchera le sol, alors?. Ce sera M.<br />
Wal<strong>de</strong>ck-Rousseau. Du coup, la candida-<br />
ture <strong>de</strong> M. Wakîeck-Rousseau à la prési-<br />
<strong>de</strong>nce <strong>de</strong> la République sera tuée dans<br />
l'œuf. Quel congrès voudrait nommer pre-<br />
mier consul un politicien dont les mains<br />
seraient teintes du sang populaire?<br />
Les socialistes gras et les révolutionnai-<br />
res ministériels sont naturellement navrés<br />
<strong>de</strong> la tournure que prennent les eboses. La<br />
direction du parti ouvrier leur écliappe.<br />
Dans la Petite République, M. Jaurès se<br />
précipite aux genoux <strong>de</strong>s socialistes et les<br />
sppplie « <strong>de</strong> renoncer à la campagne sys<br />
tématique et véhémente que plusieurs d'en<br />
tre eux, en toute occasion, mènent contre<br />
le cabinet.»<br />
Pauvre Jaurès ! le voilà détrôné aujour<br />
d'biii . Le sceptre du parti socialiste a passé<br />
dans une autre main. Que va faire M.<br />
Wal<strong>de</strong>ck-Rousseau pour conjurer le péril?<br />
Son implacable adversaire est arrivé à ses<br />
lins. Il n'est plus question aujourd'hui <strong>de</strong><br />
faire face aux jésuiteset aux capucins; un<br />
politicien madré, rompu à toutes les ruses<br />
et disposant <strong>de</strong> capitaux énormes, vient<br />
d'entrer en scène : voilà l'ennemi contre<br />
lequel le prési<strong>de</strong>nt du conseil se trouve<br />
obligé <strong>de</strong> tourner ses batteries. Quel châ-<br />
timent! Chaque jour qui s'écoule enlève<br />
<strong>de</strong>s dupes à l'armée <strong>de</strong> Ja.urès. La Petite<br />
République n'est plus aujourd'hui que le<br />
journal <strong>de</strong>s endormeurs et la cita<strong>de</strong>lle <strong>de</strong><br />
la réaction. Voici que les anarchistes anti-<br />
waldcckisles commencent même à traiter<br />
Jaurès <strong>de</strong> « iésuite ». Jaurès ne déclare-<br />
t-il pas qu'il faut accomplir, avant tout, la<br />
révolution dans les mœurs ? Décidément,<br />
Jaurès finit dans la peau d'un vil bour-<br />
geois.<br />
Dans <strong>de</strong>ux jours va retentir <strong>de</strong> nouveau,<br />
au Palais <strong>de</strong> justice <strong>de</strong> Nîmes, le nom <strong>de</strong><br />
1 une <strong>de</strong>s victimes désormais les plus cé-<br />
lèbres <strong>de</strong>s passions <strong>de</strong> clocher. Vaucroze t<br />
Personne ne l'a oublié, c'est ce fils infor-<br />
tuné d'une mère assassinée et qui s'est vu<br />
accusé un instant du plus épouvantable<br />
<strong>de</strong>s crimes, le parrici<strong>de</strong>. Comment sem<br />
blablc soupçon avait il pu peser sur lui, et<br />
comment un magistrat s'était-il lié à la<br />
parole d'une femme <strong>de</strong> service, qui s'est<br />
<strong>de</strong>puis punie, <strong>de</strong> soh faux témoignage?<br />
C'est ce qu'on n'a pas expliqué, mais c'est<br />
ce qu'on a <strong>de</strong>viné tout <strong>de</strong> suite.<br />
Dans ces régions, les luttes politiques<br />
ont toujours été vives, les guerres <strong>de</strong><br />
partis ar<strong>de</strong>ntes. Méchant état d'àme pour<br />
conserver, quand il s'agit <strong>de</strong>s choses <strong>de</strong> la<br />
justice, la sérénité et l'impartialité néces-<br />
saires. Dans ta Robe Rouge, Brieux venait<br />
précisément <strong>de</strong> démontrer ce mal <strong>de</strong> la<br />
politique, n'introduisant dans le domaine<br />
<strong>de</strong> ta justice, et aussi io» conséquences<br />
Vjj " ""**-«<br />
11 n'est assurément ignoré <strong>de</strong> personne<br />
que, dans la <strong>de</strong>uxième circonscription du<br />
onzième arrondissement <strong>de</strong> Paris, la can-<br />
didature <strong>de</strong> M. Allemane a étéapphyée par<br />
le ministère. On a même soutenu, non<br />
sans quelque raison, que l'élection <strong>de</strong> ce-<br />
lui-ci <strong>de</strong>vait être enregistrée comme un<br />
succès à l'actif du gouvernement.<br />
Le nouveau député a tenu à remercier<br />
ses électeurs. Par une proclamation adres-<br />
sôo à ceux-ci, il précise que le parti ou-<br />
vrier socialiste qu'il représente n'entend<br />
« abdiquer aucune <strong>de</strong> ses aspirations »,<br />
est plus que jamais « l'ennemi du capita-<br />
lisme », et qu'il a pour insigne « le dra-<br />
peau rouge ».<br />
11 est boa <strong>de</strong> montrer ce que sont les<br />
candidats auxquels le ministère accor<strong>de</strong><br />
son investiture et ses fonds secrets.<br />
On discute les singulières confi<strong>de</strong>nces<br />
que M. Déroulè<strong>de</strong> a faites aux amis qui<br />
sont allés le voir. M. Déroulè<strong>de</strong> se vante,<br />
comme vous le savez, d'avoir empêché, il<br />
y a <strong>de</strong>ux ans, la transformation <strong>de</strong> la Ré-<br />
publique en Monarchie ! Admettons un<br />
moment cette hypothèse et supposons que<br />
M. Déroulè<strong>de</strong> ait réellement favorisé le<br />
maintien <strong>de</strong> l'état <strong>de</strong> choses actuel, c'est-<br />
à-dire la subordination <strong>de</strong> la France à une<br />
ban<strong>de</strong> <strong>de</strong> traîtres qui la ven<strong>de</strong>nt à l'étran-<br />
ger et qui préparent sciemment le démem-<br />
brement <strong>de</strong> la patrie : Kh bien ! si M. Dé-<br />
roulè<strong>de</strong> a réellement préféré le triumvirat<br />
WaHcck-Andrc-Millerand au duc d'Or-<br />
léans, il n'y a pas là <strong>de</strong> quoi être fier. Et<br />
tous les honnêtes gens conviendront que<br />
M. Déroulè<strong>de</strong> s'est rendu, ce jour- là, cou-<br />
pable d'un crime <strong>de</strong> lèse-nation.<br />
Ainsi donc, toutes los humiliations, tou-<br />
tes les turpitu<strong>de</strong>s dont la France souffre<br />
«puis <strong>de</strong>ux ans, nous ies <strong>de</strong>vrions à M.<br />
Déroulè<strong>de</strong>. line pareille confession suffirait<br />
a déshonorer M. Déroulè<strong>de</strong> et à vouer son<br />
nom a l'exécration <strong>de</strong> la postérité si elle<br />
était sincère. Nous aimons mieux croire<br />
Chronique Militaire<br />
LE CASQUE<br />
La cavalerie légère — nous avons an-<br />
nonce cette petite révolution — va être do-<br />
tée d'une nouvelle coiffure, et cette coiffure<br />
sera un casque.<br />
La question est sur le tapis <strong>de</strong>puis long-<br />
temps ; si je ne me trompe, il y a bien une<br />
quinzaine d'années qu'elle a été posée pour<br />
la première fois, et <strong>de</strong>puis, à intervalles ré-<br />
guliers, <strong>de</strong> petites notes n'ont cessé <strong>de</strong> pa-<br />
raître dans les journaux, annonçant la so-<br />
lution prochaine, imminente du problème.<br />
Jusqu'ici, rien n'était venu ; cette fois,<br />
cependant, on affirme que l'affaire est sé-<br />
rieuse et, qu'avant peu, le fameux casque<br />
dont on a tant parlé et qui est resté si long-<br />
temps dans l'œuf, va briser enfin sa co-<br />
quille et paraître à la lumière du jour.<br />
Le nouveau casque, si l'on en croit les<br />
indiscrétions, comprendra une bombe en<br />
acier, <strong>de</strong> tous points semblable à la bombe<br />
du casque <strong>de</strong>s cuirassiers et <strong>de</strong>s dragons ; il<br />
ne différera <strong>de</strong> celui-ci que par l'absence <strong>de</strong><br />
cimier et <strong>de</strong> crinière et par les ornements ;<br />
un large soleil <strong>de</strong> cuivre, placé au milieu<br />
<strong>de</strong> la partie antérieure <strong>de</strong> la bombe, et une<br />
chenille <strong>de</strong> laine noire, <strong>de</strong> quatre à cinq<br />
centimètres <strong>de</strong> diamètre, allant du bas du<br />
couvre-nuque à la partie supérieure <strong>de</strong> la<br />
visière, c'est-à-dire enveloppant toute la<br />
partie médiane <strong>de</strong> la bombe.<br />
Sauf quelques détails sans importance,<br />
cette coiffure n'est pas une innovation ; elle<br />
a été déjà portée, à peu près telle quelle, par<br />
<strong>de</strong>s troupes <strong>de</strong> cavalerie française.<br />
En 1762, vers la fin <strong>de</strong> la guerre <strong>de</strong> Sept<br />
Ans, le régiment <strong>de</strong>s volontaires <strong>de</strong> Saxe,<br />
levé par le comte <strong>de</strong> Schomberg, fut trans-<br />
formé en régiment <strong>de</strong> dragons et prit le<br />
nom <strong>de</strong> son chef : dragons <strong>de</strong> Schomberg.<br />
L'Historique <strong>de</strong>s corps <strong>de</strong> troupes <strong>de</strong> l'ar-<br />
mée française, publié l'an <strong>de</strong>rnier par la<br />
section historique <strong>de</strong> l'état-major <strong>de</strong> l'ar-<br />
mée, donne la filiation <strong>de</strong> ce corps, dont<br />
le <strong>de</strong>scendant direct est le 170 dragons ac-<br />
tuel.<br />
Le nouveau régiment <strong>de</strong> 1762 garda une<br />
partie <strong>de</strong> l'uniforme <strong>de</strong> l'ancien, notam-<br />
ment.le casque, dit «casque à la Schom-<br />
berg », une coiffure i<strong>de</strong>ntique à celle qu'on<br />
va redonner, après un siècle et <strong>de</strong>mi, à la<br />
cavalerie légère.<br />
Les dragons <strong>de</strong> Schomberg tenaient beau-<br />
coup à leur coiffure qui était alors unique<br />
en son genre dans l'armée française ; ils y<br />
tenaient tant qu'ils ne le quittaient que<br />
contraints et forcés, tels ces preux du<br />
moyen âge qui n'ôtaient jamaisleurheaume<br />
même pour dormir.<br />
Nos dragons prétendaient, entre autres<br />
ehoses, se présenter partout casque en tête,<br />
même à l'église. C'était un abus, et il ne<br />
fallut pas moins, pour le réprimer, que<br />
cette circulaire fort sage du ministre <strong>de</strong> la<br />
guerre d'alors :<br />
« Sa Majesté, considérant que lorsque<br />
les dragons ne sont pas <strong>de</strong> service à l'église,<br />
ils doivent être considérés comme particu-<br />
liers, et par conséquent remplir les <strong>de</strong>voirs<br />
que la décence et 1 édification exigent ; Elle<br />
veut, en conséquence, que les dragons<br />
soient tenus <strong>de</strong> lever leurs casques et d'a-<br />
voir la tête nue à l'église avec le reste <strong>de</strong>s<br />
fidèles. »<br />
Nos chasseurs et nos hussards ne pous-<br />
seront pas les prétentions aussi loin que<br />
leurs ancêtres du dix-huitième siècle, et je<br />
doute que beaucoup d'entre eux, même si<br />
les règlements restent muets à cet égard,<br />
aient a ce point l'amour <strong>de</strong> leur nouveau<br />
casque qu'ils veuillent coucher avec, comme<br />
le faisaient les chevaliers bardés <strong>de</strong> fer que<br />
virent les croisa<strong>de</strong>s.<br />
Mais je suis certain que la coiffure qu'on<br />
va leur donner, quelle qu'elle soit, n'aura<br />
aucun mal à leur faire oublier le légen-<br />
daire shako <strong>de</strong> carton, si lourd, si dis-<br />
gracieux, si peu commo<strong>de</strong>, et dont l'entre-<br />
tien exigeait tant <strong>de</strong> temps perdu et <strong>de</strong><br />
peines inutiles.<br />
Que sera le nouveau casque ? On le saura<br />
lorsqu'on l'aura vu, surtout lorsqu'on<br />
l'aura mis en usage, quand on aura pu se<br />
rendre compte, par la pratique, <strong>de</strong> ses in-<br />
convénients et <strong>de</strong> ses avantages. Le minis-<br />
tère <strong>de</strong> la guerre serait mal venu à nous<br />
donner quelque chose d'imparfait, car il<br />
n'a eu que l'embarras du choix et il ne<br />
pourra pas dire que ce sont les modèles<br />
qui lui ont manqué.<br />
Depuis que la question a été posée, <strong>de</strong>s<br />
centaines <strong>de</strong> projets ont été soumis à la<br />
fameuse commission d'examen <strong>de</strong>s inven-<br />
tions intéressant l'armée et le savant prési-<br />
<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> cette commission, M. Mascart,<br />
s'il voulait parler, pourrait en raconter<br />
long sur ce sujet.<br />
Que d'inventeurs n'a-t-il pas vu défiler<br />
dans son cabinet ! Que <strong>de</strong> modèles <strong>de</strong> tou-<br />
tcur voulait faire adopter pour l'armée fran-<br />
çaise. Le paquet renfermait le casque lui-<br />
même.<br />
Ah! ce casque! un vrai bijou, propre,<br />
coquet, brillant, sans la plus petite tare.<br />
Au sommet, une pointe dans le genre <strong>de</strong> lai<br />
pointe du casque prussien ; au-<strong>de</strong>ssous <strong>de</strong><br />
la pointe, dans les flancs supérieurs du<br />
casque, trois ou quatre petits tiroirs.<br />
-r- La pointe, me dit mon interlocuteur,<br />
nest nullement pour protéger le soldat<br />
contre les atteintes du feu du ciel : elle doit<br />
servir, lorsque la troupe campe, à ficher le<br />
casque en terre <strong>de</strong> manière à en faire une<br />
marmite dans laquelle on fera la soupe ;<br />
cjuant aux tiroirs, il y en a un pour le sel,<br />
1 autre pour le poivre, le troisième pour les<br />
épices !...<br />
Je n'en <strong>de</strong>mandai pas davantage. J'es-<br />
sayai d'éconduire mon inventeur, mais j'y<br />
perdis mon temps et ma peine. Force me<br />
fut, en désespoir <strong>de</strong> cause, d'abandonner<br />
moi-même le terrain au vainqueur.<br />
Le shako va donc disparaître pour aller<br />
compléter au Musée <strong>de</strong> l'armée l'innom-<br />
brable suite <strong>de</strong>s coiffures militaires françai-<br />
ses. C'est encore une petite bribe <strong>de</strong> la<br />
vieille armée qui disparaît, comme ont<br />
disparu le bonnet à poil, le tablier <strong>de</strong>s<br />
sapeurs, le shapska <strong>de</strong>s lanciers, la gra-<br />
cieuse sabretachc et tant d'autres choses.<br />
Avec les profon<strong>de</strong>s transformations qu'a<br />
subies, dans ces <strong>de</strong>rnières années, l'art <strong>de</strong><br />
la guerre, il est évi<strong>de</strong>nt que tout ce qui ne<br />
tend pas au but unique : le combat, n'a<br />
plus sa raison d'être. Le pittoresque, la<br />
fantaisie, l'élégance y per<strong>de</strong>nt et le régal<br />
<strong>de</strong>s yeux n'y est plus. Qu'importe si, sous<br />
l'uniforme mo<strong>de</strong>rne, le cœur <strong>de</strong> nos trou-<br />
piers bat comme battaient les cœurs <strong>de</strong>s<br />
soldats <strong>de</strong> Fontenoy, d'Austerlitz et d'Iéna!<br />
PAR FIL SPÉCIAL<br />
CONSEIL DES MINISTRES a<br />
Paris, 26 février.<br />
Les ministres se sont réunis, ce matin,<br />
l'Elysée, sous la prési<strong>de</strong>nce <strong>de</strong> M. Loubet.<br />
Là séance du conseil a été consacrée à l'exa-<br />
men <strong>de</strong>s diverses questions soulevées par les<br />
interpellations annoncées.<br />
Le ministre <strong>de</strong>s finances a invité ses collè-<br />
gues à lui transmettre leurs propositions <strong>de</strong><br />
dépenses pour le budget <strong>de</strong> 1902, qu'il compte<br />
déposer à la Gbambre d'ici un mois et en tout<br />
cas avant les vacances <strong>de</strong> Pâques.<br />
tes sortes ont passe sous ses yeux A côté<br />
projets<br />
pa-<br />
conceptions<br />
d'idées justes et pratiques, que <strong>de</strong><br />
insensés, fous, lui ont été soumis !<br />
J'en ai connu plusieurs <strong>de</strong> ces inven-<br />
teurs, tous ou presque tous <strong>de</strong> très braves<br />
gens, mus par les sentiments les plus ho-<br />
norables : ils voulaient tous sauver la<br />
trie! Mais, quelles étranges<br />
enfantaient leurs cerveaux!<br />
Le plus extraordinaire que j'aie vu était<br />
un homme fort correct, très instruit et par-<br />
lant avec une véritable éloquence, en une<br />
langue <strong>de</strong>s plus châtiées. Le jour qu'il nie<br />
vintvoir.il portait avec lui un