27 Février 1901 - Bibliothèque de Toulouse

LE NUMÉRO 5 CENTIMES Organe cjucticlien d© Défense Sociale ©t F&eligieuse
RÉDACTION ET ADMINISTRATION s Toulouse, rue Roquelaine, 25
LE HUMÉR0 5 CENTIMES
ABONNEMENTS
Trois moi* Six mois On sa
Haute-Garonne et départements Umïtrophe*. ... 6 fr. 11 fr. SO fr.
Départements non limitrophe* f fr. 18 fr. M fe,
Brasser (Union postale) 10 fr. SO fr. 40 fr.
Les abonnements partent des 1" et 16 de chaque mois et sent payables d'avance
Toute demande de changement dadreste do•
.E DRAPEAU BOUGE
Il n'est assurément ignoré de personne
que, dans la deuxième circonscription du
onzième arrondissement de Paris, la can-
didature de M. Allemane a été appuyée par
le ministère. On a même soutenu, non
sans quelque raison, que l'élection de ce-
lui-ci devait être enregistrée comme un
succès à l'actif du gouvernement.
Le nouveau député a tenu à remercier
ses électeurs. Par une proclamation adres-
sée à ceux-ci, il précise que le parti ou-
vrier socialiste qu'il représente n'entend
« abdiquer aucune de ses asviralions »,
esc plus que jamais « l'ennemi du capita-
lisme », et qu'il a pour insigne « le dra-
peau rouge ».
11 est bon de montrer ce que sont les
candidats auxquels le ministère accorde
son investiture et ses fonds secrets.
On discute les singulières confidences
m£ M. Déroulède a faites aux amis qu
sont aUés le voir. M. Déroulède se vante,
comme vous le savez, d'avoir empêché, il
v a deux ans, la transformation de la Ré
niîrtique en Monarchie I Admettons un
moment cette hypothèse et supposons que
M pérouléde ait réellement favorise le
maintien de l'état de choses actuel, c'est-
à-dire la subordination de la France aune
btàïde de traîtres qui la vendent à l'étran-
ger et qui préparent sciemment le démem
brfement de la patrie : Eh bien ! si M. Dé
roulôde a réellement préféré le triumvirat
WaWeok-André-Millerand au duc d'Or-
léans, il n'y a pas là de quoi être fier. Et
tous les honnêtes gens conviendront que
M, Déroulède s'est rendu, ce jour-là, cou-
pable d'un crime de lèse-nation.
Ainsi donc, toutes les humiliations, tou-
tes les turpitudes dont la France souffre
deouis deux ans, nous les devrions à M.
Dlroulôde. Une pareille confession suffirait
à déshonorer M. Déroulède et à vouer son
nom à l'exécration de la postérité si elle
était sincère. Nous aimons mieux croire
couvre-nuque à la partie supérieure de
visière,- 1 c'est-à-dire enveloppant toute
partie médiane de la bombe. ;
Sauf quelques détails sans importance,
cette coiffure n'est pas une innovation ; elle
a été déjà portée, à peu près telle quelle, par
des troupes de cavalerie française.
En 1762, vers la fin de la guerre de Sept
Ans, le régiment des volontaires de Saxe,
levé par le comte de Schomberg, fut trans-
formé en régiment de dragons et prit le
nom de son chef : dragons de Schomberg.
L'Historique des corps de troupes de l'ar-
mée française, publié l'an dernier par la
section historique de l'état-major de l'ar-
mée, donne la filiation de ce corps, dont
le descendant direct est le 17 0 dragons ac-
tuel.
Le nouveau régiment de 1762 garda une
partie de l'uniforme de l'ancien, notam-
ment.le casque, dit « casque à la Schom-
berg », une coiffure identique à celle qu'on
va redonner, après un siècle et demi, à la
cavalerie légère.
Les dragons de Schomberg tenaient beau-
coup à leur coiffure qui était alors unique
en son genre dans l'armée française ; ils y
tenaient tant qu'ils ne le quittaient que
contraints et forcés, tels ces preux du
moyen âge qui n'ôtaient jamais leur heaume
même pour dormir.
Nos dragons prétendaient, entre autres
ehoses, se présenter partout casque en tête,
même à l'église. C'était un abus, et il ne
fallut pas moins, pour le réprimer, que
cette circulaire fort sage du ministre de la
guerre d'alors :
« Sa Majesté, considérant que lorsque
les dragons ne sont pas de service à l'église,
ils doivent être considérés comme particu-
liers, et par conséauent remplir les devoirs
que la décence et l'édification exigent •
veut, en conséquence, que les dr
soient tenus de lever leurs casques ef d'a-
voir la tête nue à l'église avec le reste des
fidèles. »
Nos chasseurs et nos hussards ne pous-
seront pas les prétentions aussi loin que
leurs ancêtres du dix-huitième siècle, et je
doute que beaucoup d'entre eux, même si
les règlements restent muets à cet égard,
aient à ce point l'amour de leur nouveau
casque qu'ils veuillent coucher avec, comme
le faisaient les chevaliers bardés de fer que
virent les croisades
Mais je suis certain que la coiffure qu'on
va leur donner, quelle qu'elle soit, n'aura
aucun mal à leur faire oublier le légen-
daire shako de carton, si lourd, si dis-
gracieux, si peu commode, et dont l'entre-
tien exigeait tant de temps perdu et de
peines inutiles.
Que sera le nouveau casque? On le saura
lorsqu'on l'aura vu, surtout lorsqu'on
l'aura mis en usage, quand on aura pu s
rendre compte, par la pratique, de ses in-
convénients et de ses avantages. Le minis-
tère de la guerre serait mal venu à nous
donner quelque chose d'imparfait, car il
n'a eu que l'embarras du choix et il ne
pourra pas dire que ce sont les modèles
qui lui ont manqué.
Depuis que la question a été posée, des
centaines de projets ont été soumis à la
fameuse commission d'examen des inven-
tions intéressant l'armée et le savant prési-
dent de cette commission, M. Mascart,
s'il voulait parler, pourrait en raconter
long sur ce sujet.
Que d'inventeurs n'a-t-il pas vu défiler
dans son cabinet ! Que de modèles de ton
tes sortes ont passé sous ses yeux ! A côté
d'idées justes et pratiques, que de projets
insensés, fous, lui ont été soumis !
J'en ai connu plusieurs de ces inven-
teurs, tous ou presque tous de très braves
gens, mus par les sentiments les plus ho-
norables : ils voulaient tous sauver la pa-
trie! Mais, quelles étranges conceptions
enfantaient leurs cerveaux 1
Le plus extraordinaire que j'aie vu était
un homme fort correct, très instruit et par-
lant avec une véritable éloquence, en une
langue des plus châtiées. Le jour qu'il me
vint voir, il portait avec lui un énorme
rouleau et un paquet. Le rouleau contenait
une épure parfaite en tous points, repré-
sentant de profil et de face, vu de bas et
de haut, un nouveau casque que
teur voulait faire adopter pour l'armée fran-
çaise. Le paquet renfermait le casque lui-
même. ^
Ah ! ce casque ! un vrai bijou, propre,
coquet, brillant, sans la plus petite tare.
Au sommet, une pointe dans le genre de la-
pointe du casque prussien ; au-dessous de'
la pointe, dans les flancs supérieurs du
casque, trois ou quatre petits tiroirs.
P, ointc > me dit mon interlocuteur,
nest nullement pour protéger le soldat
contre les atteintes du feu du ciel : elle doit
servir, lorsque la troupe campe, à ficb
casque en terre de manière à en faire
marmite dans laquelle on fera la soupe:
quant aux tiroirs, il y en a un pour le se),
1 autre pour le poivre, le troisième pour les
epicesl...
r
Je . r ]' en demandai pas davantage. J'es-
sayai! d econduire mon inventeur, mais j'y
permis mon temps et ma peine. Force me
iuî, en ^désespoir de cause, d'abandonner
moi-même le terrain au vainqueur.
Le shako va donc disparaître pour aller
compléter au Musée de l'armée l'innom-
brable suite des coiffures militaires françai-
ses . L. est encore une petite bribe de la
vieille armée qui disparaît, comme ont
disparu le bonnet à poil, le tablier des
sapeurs, e shapska des lanciers, la gra-
cieuse sabretache et tant d'autres choses.
Avec les profondes transformations qu'a
subies, dans ces dernières années, l'art de
la guerre, il est évident que tout ce qui ne
tend pas au but unique : le combat, n'a
plus sa raison d'être. Le pittoresque, la
fantaisie, 1 élégance y perdent et le régal
des yeux n'y est plus. Qu'importe si, sous
I uniforme moderne, le cœur de nos trou-
piers bat comme battaient les cœurs des
soldats de Fontenoy, d'Austeriitz et d'Iéna!
PAR FIL SPÊCIil
COMSEIL DES MINISTRES
Paris, 26 février.
Les ministres se sont réunis, ce matin
l'Elysée, sous la présidence de M. Loubet.
La séance du conseil a été consacrée à l'exa-
men des diverses questions soulevées par les
interpellations annoncées.
Le ministre des finances a invité ses collè-
gues à lui transmettre leurs propositions da
dépenses pour le budget de 1802, qu'il compte
déposer à la Ghambr8 d'ici un mois et en tout
cas avant les vacances de Pâques.
Conseil supérieur k l'instruction pMip
Paris, 26 février.
Le deuxième tour do scrutin, pour la nomi-
nation des représentants des diverses écoles
relevant du ministère du commerce au conseil
supérieur de l'enseignement technique, a donna
les résultats suivants :
Ecola supérieure de commerce : Electeurs,
inscrits, 291 ; votants, 2£0 ; bulletins nuls. 5.
MM. Merckling (élu) 1&3 voix, Ouesnel 81, Ma-
lapevre 2, Claperon 3, Levarey 2, Dany 1, Ma-
lard 1, Klein 1. Thorel 1.
Ecoles nationales d'arts et métiers d'ouvriers
et contremaîtres do Gluny et d'horlogerie do
Gluzes : Electeurs inscrits, 70 ; votants, 69 ;
nuls. 0. MM. Berthet (élu) 43 voix, Ricard (élu)
24, Bazard 21, Richard 20, Rollet 14, Bourgui-
gnon 8. Garrade 2, Jacquemet 1, Jouglot 1.
Laurent 1, Roinard 1.
Ecoles nationales professionnelles : Electeurs
inscrits, 39 ; votants, 38. MM. Perin (élu) 21
voix, Royon 18, Matray 1.
Ecoles pratiques de commerce et d'indus-
trie (garçons} : Electeurs inscrits, 151 ; votants,
150 ; nuls, 4 : MM. Paccard (élu), 68 voix ; Guil-
leret (élu), 65; Gaillard. 58 ; Chevalier, 36;
"nnrcelot, 28 ; Eugène, 15 ; Gaz, 1 ; Gourdet, 1 ;
Jaillet, 1.
rôles pratiques de commerce et d'industrie
(ûliés) : nombre d'électeurs inscrits, 27; vo-
tants, 27; nul, 1. Mlles Kirschbaum (èluo au
bénéfice de l'âge), 10 voix ; Lesquilliez (élue au
bénéfice de l'âge», 10 voix ; Gallemard 10, Ja-
nécot 8, Mme Laurent Jacquet 3, Mlle Rivièra
3, Mme Antoine 2, Mlle Berthier 1, Mme Libe-
ron 1.
DANS LE SU! rtLuft.HI
Marseille, 26 février.
M. Reibell, tresorier-paveur général à Mar-
seille, a reçu, hier, une dépêche de son neveu,
le commandant Reibell, commandant le déta-
chement de Timmimoum qui a été récemment
l'objet d une attaque de la part des Berbères,
Le commandant Reibell, qui n'a pas été blessé,
est en bonne santé.
Alger. 26 février.
Le gouverneur général a adressé de vives
félicitations au chef de l'annexa de Timmi-
moun et aux vaillants officiers, sous-officiers
et soldats qui ont si brillamment repoussé l'at-
taque des Berabers et glorieusement défendu
le drapeau.
La dépêche de M. Jonnart se termine ainsi :
v Ajoutez que j'ai appris avec une douloureusa
émotion le trop grand nombre de tués et da
blessés et quo je pleure avec leurs compagnons
d'armos les braves tombés au champ d'hon-
neur. »
Alger. 26 février.
Le commandant Reibell, qui vient de repous-
ser si brillamment les Bérabcrs à Timmimoun
n'était arrivé dans cette localité que depuis la
26 janvier, juste à temps pour prendre le com-
mandement dans cette chaude suaire.
Le soir même du combat du 13, i «pediait
un môhariste qui parcourait en qu«re J ou
les 500 kilomètres qui séparent L 1 }*
d'Ei Golea. d'où la nouvelle
mlma
diatement transmise par le ^'earap^
Le commandant Reibell. qui na
trois ans, parait être appela
des futurs grands chefs a
que trento
à devenir ua
l'armée.
EDOUARD Viî EN ALLEMAGNE
Paris. 26 février.
TCronberg au New-York
de la première entrevue du
avec sa sœur, l'impètatric*
VU
l'inven-
On mande de
Bérald, à propos
roi Edouard VII
Fl o I/empereur Guillaume resta quelques mi-
nutes à peine à Eriedrichshof. Ceci était fait
avec intention. Le roi Edouard apportait les
recommandations suprêmes de la reine défunt»
à sa fille dont elle avait toujours été si fière, et
les paroles au'il avait à lui transmettre pou-
vaient difficUdmeat sfr dire devant un uers.
Bibliothèque municipale de Toulouse - Tous droits réservés