Sant Aloi QXP - Université de Provence

Longtemps, hélas! dans la paroisse!
Ah! très chers frères, quelle angoisse!
Eut à souffrir votre curé...
J’en suis encore tout navré...
Vraiment ce fut un grand scandale
que je n’aurais pas voulu voir.
Voyons, à quoi bon que j’étale
Devans vos yeux ce tableau noir?
Je vois toujours le sang qui coule,
J’entends les étrangers en foule
Criant, saisis d’un grand effroi:
« Il est joli leur Saint Eloi! »
Depuis trente ans que je suis prêtre,
Bien plus, depuis que je suis né,
Vous ne le croirez pas peut-étre,
Ce que je vis à Broussinet
L’an passé, jamais de la vie
Je ne l’ai vu! J’avais envie
De demander mon changement
Pour échapper à ce tourment...
E dins la glèiso, de tout caire,
Li devoto dison: Pecaire!
Tant lèu de nautre es-ti sadou?
D’ùni sorton lou moucadou
En regardant lou predicaire
Que coumpren bèn, éu, d’eilamount
L’efèt que fai aquéu sermoun.
E zóu, que n’en cinso mai uno.
Sènso perdre lou fiéu, tout d’uno:
Et maintenant ce n’est pas tout:
Ecoutez-moi, mes très-chers frères,
Et comprenez-moi bien surtout:
Pour apaiser ces vents contraires,
Ces deux courants pernicieux
Qui troubleraient la paix des cieux
Et qui pourraient sur le village
Nous attirer un noir orage,
— Il faut, voyez-vous, en finir
J’ai décidé qu’à l’avenir
On fera — que nul ne s’en froisse!