Examen des contacts des services de renseignement suisses avec l ...
Examen des contacts des services de renseignement suisses avec l ...
Examen des contacts des services de renseignement suisses avec l ...
Create successful ePaper yourself
Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.
10.3 Rapports <strong>de</strong> Wouter Basson <strong>avec</strong> la Suisse<br />
10.3.1 Remarques liminaires<br />
Le second volet <strong>de</strong> l’accusation n’ayant pas été admis (voir ch. 10.2), le procès<br />
contre Wouter Basson <strong>de</strong>vant la Haute Cour <strong>de</strong> Pretoria s’est limité aux délits contre<br />
le patrimoine. À ce sujet, Wouter Basson a plusieurs fois mentionné <strong><strong>de</strong>s</strong> affaires<br />
qu’il aurait faites <strong>avec</strong> l’ai<strong>de</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>services</strong> <strong>de</strong> <strong>renseignement</strong> <strong>suisses</strong>, <strong>de</strong> Peter Regli,<br />
leur chef, ou <strong>de</strong> Jürg Jacomet, leur prétendu collaborateur. À cet égard, il est frappant<br />
<strong>de</strong> constater que Wouter Basson s’en est généralement tenu à <strong><strong>de</strong>s</strong> généralités,<br />
que ses explications sont restées très imprécises et qu’il n’a jamais mentionné <strong>de</strong> fait<br />
précis. Lorsqu’il mentionnait les <strong>services</strong> <strong>de</strong> <strong>renseignement</strong> <strong>suisses</strong>, il les mentionnait<br />
nommément une fois, puis il parlait <strong>de</strong> Peter Regli et, souvent, <strong>de</strong> Jürg Jacomet.<br />
En ce qui concerne les infractions que l’accusation sud-africaine a reprochées à<br />
Wouter Basson, seul comptait pour le procès le fait que l’accusé ait ou non effectué<br />
les transactions financières en cause. En revanche, la question <strong>de</strong> savoir <strong>avec</strong> qui il<br />
avait effectué ces prétendues transactions importait peu. Il n’est donc pas étonnant<br />
qu’il n’y ait eu que très peu <strong>de</strong> questions complémentaires visant à éclaircir ces<br />
aspects au cours <strong><strong>de</strong>s</strong> débats judiciaires publics. Pour l’appréciation <strong><strong>de</strong>s</strong> déclarations<br />
<strong>de</strong> Wouter Basson au sujet <strong>de</strong> la Suisse, il faut en outre partir du principe qu’il a<br />
indifféremment utilisé les termes «<strong>services</strong> <strong>de</strong> <strong>renseignement</strong> <strong>suisses</strong>», «Peter Regli»<br />
et «Jürg Jacomet», si bien qu’il n’est pas toujours possible <strong>de</strong> savoir <strong>avec</strong> précision<br />
qui était effectivement désigné.<br />
À cela s’ajoute le fait qu’il n’est pas non plus possible d’accor<strong>de</strong>r une très gran<strong>de</strong><br />
crédibilité aux déclarations <strong>de</strong> Wouter Basson. Après environ <strong>de</strong>ux ans et <strong>de</strong>mi <strong>de</strong><br />
procès, il n’a pas été possible <strong>de</strong> vérifier une seule <strong>de</strong> ses déclarations concernant la<br />
Suisse en la recoupant <strong>avec</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> faits vérifiés. Au contraire, il a été impossible <strong>de</strong><br />
dépasser le sta<strong>de</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> allégations générales et non vérifiables. Selon les déclarations<br />
que le procureur sud-africain Anton Ackermann a faites <strong>de</strong>vant la DCG, Wouter<br />
Basson a aussi utilisé le projet «Coast» pour «vi<strong>de</strong>r les poches <strong>de</strong> l’armée.» [Traduction]<br />
Anton Ackermann a indiqué qu’il était d’avis que la crédibilité <strong>de</strong> Wouter<br />
Basson était nulle et que ses déclarations avaient pour unique but <strong>de</strong> couvrir les<br />
délits contre le patrimoine qu’il avait commis. L’accusation était parvenue à établir<br />
que, contrairement à ses affirmations, il avait détourné les fonds publics <strong><strong>de</strong>s</strong>tinés au<br />
projet «Coast» en les utilisant à <strong><strong>de</strong>s</strong> fins personnelles (à ce sujet, voir également<br />
ch. 10.3.5). Le 1er juillet 2002, le procureur sud-africain Anton Ackermann faisait la<br />
déclaration suivante à la DCG:<br />
«M. Basson a déclaré avoir payé 3,2 millions <strong>de</strong> dollars US à la société Blackdale pour<br />
l’achat <strong>de</strong> diverses substances. L’examen <strong>de</strong> comptes bancaires nous a toutefois permis<br />
<strong>de</strong> prouver qu’il avait utilisé cette somme pour acheter une maison <strong>de</strong> campagne en<br />
Angleterre, une participation <strong>de</strong> 25 % dans un golf en Belgique, un logement en copropriété<br />
en Flori<strong>de</strong>, <strong>de</strong>ux appartements à Bruxelles, <strong><strong>de</strong>s</strong> maisons, <strong><strong>de</strong>s</strong> maisons <strong>de</strong> vacances<br />
et un garage en Afrique du Sud, etc. […] M. Basson a cependant prétendu avoir<br />
payé <strong><strong>de</strong>s</strong> fournisseurs, mais l’argent a fini dans les comptes <strong>de</strong> la société WPW à Genève<br />
précé<strong>de</strong>mment mentionnée. […]<br />
Ces flux financiers correspon<strong>de</strong>nt aux faits. M. Basson a donc été obligé d’élaborer<br />
une stratégie <strong>de</strong> défense à laquelle le juge a cru. Cette stratégie consistait en sa version<br />
<strong><strong>de</strong>s</strong> faits: Au début <strong><strong>de</strong>s</strong> années 80, il aurait pris contact <strong>avec</strong> la ‹mafia <strong>de</strong> la guerre chimique<br />
et biologique› constituée <strong>de</strong> membres <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>services</strong> secrets <strong>de</strong> l’ancienne RDA,<br />
d’URSS, <strong>de</strong> Libye et d’autres Etats d’Europe <strong>de</strong> l’Est. […] M. Basson se serait fait<br />
2191