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2190 Les installations de laboratoire ont été achetées en Suisse grâce à des intermédiaires ou à des sociétés-écrans; la Suisse est réputée pour ses instruments optiques, ses verres, etc. Les fournisseurs ne savaient cependant pas qu’ils livraient du matériel pour le projet ‹Coast›. Ils pensaient livrer des universités ou des laboratoires. Ils n’étaient pas conscients des motifs véritables. […] Je n’ai connaissance d’aucun transfert de technologie ou de substances entre la Suisse et l’Afrique du Sud.» [Traduction] 10.2 Procès Basson en Afrique du Sud Le 29 janvier 1997, Wouter Basson, responsable du projet «Coast», était arrêté en Afrique du Sud pour trafic de drogue présumé. Il a rapidement été remis en liberté provisoire. Le 4 octobre 1999, la Haute Cour de Pretoria ouvrait un procès public contre Wouter Basson. La première partie de l’acte d’accusation l’incriminait pour comportement criminel portant sur 65 faits en rapport avec des transactions financières effectuées immédiatement avant ou à la suite de la liquidation du projet «Coast». La seconde partie qui portait sur des accusations telles que meurtre, incitation au meurtre, conspiration et autres chefs d’accusation semblables, n’a en revanche pas été admise par la Haute Cour. Selon les déclarations du procureur sud-africain Anton Ackermann qui a instruit l’accusation contre Wouter Basson, la Suisse n’était pas concernée par la seconde partie de l’acte d’accusation. Les seuls points de contacts avec la Suisse se limitaient à la première partie, ce qui est déterminant pour la DCG. Au cours du procès, l’accusation avait, entre autres, souhaité entendre Peter Regli au sujet des déclarations de Wouter Basson. La cour a cependant estimé que le témoignage de Peter Regli n’était pas indispensable et a rejeté l’offre de preuve correspondante du ministère public. Le 11 avril 2002, Wouter Basson était libéré de toutes les charges qui pesaient contre lui par jugement du juge unique Willi Hartzenberg. Le 3 juin 2003, la Cour d’appel suprême d’Afrique du Sud à Bloemfontein rejetait la requête du ministère public sud-africain qui demandait la reconsidération du jugement. L’acquittement en première instance est donc entré en force de chose jugée. Durant le procès devant la Haute Cour de Pretoria, comme lors des auditions effectuées par la Commission Vérité et Réconciliation, Wouter Basson a fait diverses déclarations qui avaient un rapport avec la Suisse. La DCG les a examinées dans la mesure où elles lui ont paru importantes. Elle s’est penchée sur les groupes de sujets suivants: 49 – rencontre de Niel Knobel et de Wouter Basson avec le médecin en chef de l’armée suisse à Windhoek (à ce sujet, voir ch. 7.2); – prétendue participation de Peter Regli au projet «Coast» (voir ch. 10.4.4); – commerce de mandrax par l’entremise de Jürg Jacomet (voir ch. 10.5.3); – détournement de fonds et arrestation de Wouter Basson en Suisse (voir ch. 10.3.5). 49 Voir également à ce sujet la réponse du Conseil fédéral du 27 février 2002 à la question ordinaire 01.1142, Transparence concernant les déclarations faites en Afrique du Sud au sujet de la Suisse, du 13 décembre 2001 (BO 2002 N 478, BO 2002 annexes I 260).

10.3 Rapports de Wouter Basson avec la Suisse 10.3.1 Remarques liminaires Le second volet de l’accusation n’ayant pas été admis (voir ch. 10.2), le procès contre Wouter Basson devant la Haute Cour de Pretoria s’est limité aux délits contre le patrimoine. À ce sujet, Wouter Basson a plusieurs fois mentionné des affaires qu’il aurait faites avec l’aide des services de renseignement suisses, de Peter Regli, leur chef, ou de Jürg Jacomet, leur prétendu collaborateur. À cet égard, il est frappant de constater que Wouter Basson s’en est généralement tenu à des généralités, que ses explications sont restées très imprécises et qu’il n’a jamais mentionné de fait précis. Lorsqu’il mentionnait les services de renseignement suisses, il les mentionnait nommément une fois, puis il parlait de Peter Regli et, souvent, de Jürg Jacomet. En ce qui concerne les infractions que l’accusation sud-africaine a reprochées à Wouter Basson, seul comptait pour le procès le fait que l’accusé ait ou non effectué les transactions financières en cause. En revanche, la question de savoir avec qui il avait effectué ces prétendues transactions importait peu. Il n’est donc pas étonnant qu’il n’y ait eu que très peu de questions complémentaires visant à éclaircir ces aspects au cours des débats judiciaires publics. Pour l’appréciation des déclarations de Wouter Basson au sujet de la Suisse, il faut en outre partir du principe qu’il a indifféremment utilisé les termes «services de renseignement suisses», «Peter Regli» et «Jürg Jacomet», si bien qu’il n’est pas toujours possible de savoir avec précision qui était effectivement désigné. À cela s’ajoute le fait qu’il n’est pas non plus possible d’accorder une très grande crédibilité aux déclarations de Wouter Basson. Après environ deux ans et demi de procès, il n’a pas été possible de vérifier une seule de ses déclarations concernant la Suisse en la recoupant avec des faits vérifiés. Au contraire, il a été impossible de dépasser le stade des allégations générales et non vérifiables. Selon les déclarations que le procureur sud-africain Anton Ackermann a faites devant la DCG, Wouter Basson a aussi utilisé le projet «Coast» pour «vider les poches de l’armée.» [Traduction] Anton Ackermann a indiqué qu’il était d’avis que la crédibilité de Wouter Basson était nulle et que ses déclarations avaient pour unique but de couvrir les délits contre le patrimoine qu’il avait commis. L’accusation était parvenue à établir que, contrairement à ses affirmations, il avait détourné les fonds publics destinés au projet «Coast» en les utilisant à des fins personnelles (à ce sujet, voir également ch. 10.3.5). Le 1er juillet 2002, le procureur sud-africain Anton Ackermann faisait la déclaration suivante à la DCG: «M. Basson a déclaré avoir payé 3,2 millions de dollars US à la société Blackdale pour l’achat de diverses substances. L’examen de comptes bancaires nous a toutefois permis de prouver qu’il avait utilisé cette somme pour acheter une maison de campagne en Angleterre, une participation de 25 % dans un golf en Belgique, un logement en copropriété en Floride, deux appartements à Bruxelles, des maisons, des maisons de vacances et un garage en Afrique du Sud, etc. […] M. Basson a cependant prétendu avoir payé des fournisseurs, mais l’argent a fini dans les comptes de la société WPW à Genève précédemment mentionnée. […] Ces flux financiers correspondent aux faits. M. Basson a donc été obligé d’élaborer une stratégie de défense à laquelle le juge a cru. Cette stratégie consistait en sa version des faits: Au début des années 80, il aurait pris contact avec la ‹mafia de la guerre chimique et biologique› constituée de membres des services secrets de l’ancienne RDA, d’URSS, de Libye et d’autres Etats d’Europe de l’Est. […] M. Basson se serait fait 2191

2190<br />

Les installations <strong>de</strong> laboratoire ont été achetées en Suisse grâce à <strong><strong>de</strong>s</strong> intermédiaires ou<br />

à <strong><strong>de</strong>s</strong> sociétés-écrans; la Suisse est réputée pour ses instruments optiques, ses verres,<br />

etc. Les fournisseurs ne savaient cependant pas qu’ils livraient du matériel pour le projet<br />

‹Coast›. Ils pensaient livrer <strong><strong>de</strong>s</strong> universités ou <strong><strong>de</strong>s</strong> laboratoires. Ils n’étaient pas<br />

conscients <strong><strong>de</strong>s</strong> motifs véritables.<br />

[…]<br />

Je n’ai connaissance d’aucun transfert <strong>de</strong> technologie ou <strong>de</strong> substances entre la Suisse<br />

et l’Afrique du Sud.» [Traduction]<br />

10.2 Procès Basson en Afrique du Sud<br />

Le 29 janvier 1997, Wouter Basson, responsable du projet «Coast», était arrêté en<br />

Afrique du Sud pour trafic <strong>de</strong> drogue présumé. Il a rapi<strong>de</strong>ment été remis en liberté<br />

provisoire. Le 4 octobre 1999, la Haute Cour <strong>de</strong> Pretoria ouvrait un procès public<br />

contre Wouter Basson. La première partie <strong>de</strong> l’acte d’accusation l’incriminait pour<br />

comportement criminel portant sur 65 faits en rapport <strong>avec</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> transactions financières<br />

effectuées immédiatement avant ou à la suite <strong>de</strong> la liquidation du projet «Coast».<br />

La secon<strong>de</strong> partie qui portait sur <strong><strong>de</strong>s</strong> accusations telles que meurtre, incitation au<br />

meurtre, conspiration et autres chefs d’accusation semblables, n’a en revanche pas<br />

été admise par la Haute Cour. Selon les déclarations du procureur sud-africain Anton<br />

Ackermann qui a instruit l’accusation contre Wouter Basson, la Suisse n’était pas<br />

concernée par la secon<strong>de</strong> partie <strong>de</strong> l’acte d’accusation. Les seuls points <strong>de</strong> <strong>contacts</strong><br />

<strong>avec</strong> la Suisse se limitaient à la première partie, ce qui est déterminant pour la DCG.<br />

Au cours du procès, l’accusation avait, entre autres, souhaité entendre Peter Regli au<br />

sujet <strong><strong>de</strong>s</strong> déclarations <strong>de</strong> Wouter Basson. La cour a cependant estimé que le témoignage<br />

<strong>de</strong> Peter Regli n’était pas indispensable et a rejeté l’offre <strong>de</strong> preuve correspondante<br />

du ministère public.<br />

Le 11 avril 2002, Wouter Basson était libéré <strong>de</strong> toutes les charges qui pesaient<br />

contre lui par jugement du juge unique Willi Hartzenberg. Le 3 juin 2003, la Cour<br />

d’appel suprême d’Afrique du Sud à Bloemfontein rejetait la requête du ministère<br />

public sud-africain qui <strong>de</strong>mandait la reconsidération du jugement. L’acquittement en<br />

première instance est donc entré en force <strong>de</strong> chose jugée.<br />

Durant le procès <strong>de</strong>vant la Haute Cour <strong>de</strong> Pretoria, comme lors <strong><strong>de</strong>s</strong> auditions effectuées<br />

par la Commission Vérité et Réconciliation, Wouter Basson a fait diverses<br />

déclarations qui avaient un rapport <strong>avec</strong> la Suisse. La DCG les a examinées dans la<br />

mesure où elles lui ont paru importantes. Elle s’est penchée sur les groupes <strong>de</strong> sujets<br />

suivants: 49<br />

– rencontre <strong>de</strong> Niel Knobel et <strong>de</strong> Wouter Basson <strong>avec</strong> le mé<strong>de</strong>cin en chef <strong>de</strong><br />

l’armée suisse à Windhoek (à ce sujet, voir ch. 7.2);<br />

– prétendue participation <strong>de</strong> Peter Regli au projet «Coast» (voir ch. 10.4.4);<br />

– commerce <strong>de</strong> mandrax par l’entremise <strong>de</strong> Jürg Jacomet (voir ch. 10.5.3);<br />

– détournement <strong>de</strong> fonds et arrestation <strong>de</strong> Wouter Basson en Suisse (voir<br />

ch. 10.3.5).<br />

49 Voir également à ce sujet la réponse du Conseil fédéral du 27 février 2002 à la question<br />

ordinaire 01.1142, Transparence concernant les déclarations faites en Afrique du Sud au<br />

sujet <strong>de</strong> la Suisse, du 13 décembre 2001 (BO 2002 N 478, BO 2002 annexes I 260).

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