Examen des contacts des services de renseignement suisses avec l ...
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Pour la DCG, il ne fait donc aucun doute que Wouter Basson était fermement<br />
convaincu que Jürg Jacomet était un collaborateur <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>services</strong> <strong>de</strong> <strong>renseignement</strong><br />
<strong>suisses</strong> et donc l’un <strong>de</strong> ses représentants officiels. Le procès contre Wouter Basson<br />
en Afrique du Sud (à ce sujet, voir ch. 10.2) montre clairement les conséquences<br />
dévastatrices qu’une telle méprise peut avoir pour l’image <strong>de</strong> la Suisse en général et<br />
pour ses <strong>services</strong> <strong>de</strong> <strong>renseignement</strong> en particulier (voir ch. 10.4.1). Même si cela<br />
n’est pas justifié, ils courent le risque <strong>de</strong> voir leur travail être assimilé aux agissements<br />
<strong>de</strong> personnages aussi contestables que Jürg Jacomet. Les rumeurs et les présomptions<br />
<strong>de</strong> participation <strong>de</strong> membres <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>services</strong> <strong>de</strong> <strong>renseignement</strong> <strong>suisses</strong> au très<br />
secret projet sud-africain «Coast» découlent dans une très large mesure du fait que<br />
Peter Regli avait été entouré <strong>de</strong> personnages tels que Jürg Jacomet envers lesquels il<br />
n’est jamais parvenu à maintenir la distance nécessaire.<br />
La DCG ne parvient pas à comprendre comment il est possible que Peter Regli n’ait<br />
pas entendu ses subordonnés du GRS puis du Gr rens et qu’il ait eu une confiance<br />
quasiment aveugle en Jürg Jacomet jusqu’en automne 1993. Le fait que, malgré <strong><strong>de</strong>s</strong><br />
indices clairs et <strong>de</strong> nombreux avertissements, un chef suprême du <strong>renseignement</strong> ne<br />
reconnaisse pas ou ne veuille pas reconnaître qu’un prétendu informateur abuse <strong>de</strong><br />
lui et <strong>de</strong> son service à <strong><strong>de</strong>s</strong> fins personnelles, cela malgré les avertissements qu’il a<br />
reçus et les indices clairs dont il disposait, ne peut que donner une image peu reluisante.<br />
La DCG n’a trouvé aucune explication pour une attitu<strong>de</strong> aussi peu professionnelle<br />
et dont les effets ont été aussi préjudiciables pour l’image <strong>de</strong> la Suisse.<br />
9.7 Découverte d’uranium à Kemptthal<br />
En septembre 1993, Jürg Jacomet était en possession d’environ 10 kg d’uranium<br />
naturel faiblement radioactif sous forme <strong>de</strong> «yellow cake». Selon les déclarations <strong>de</strong><br />
Jürg Jacomet, un Russe serait un jour arrivé à l’improviste dans son bureau et lui<br />
aurait dit en mauvais allemand teinté d’un fort accent: «Toi <strong>services</strong> secrets, toi<br />
acheter tout <strong>de</strong> suite sinon moi enterrer dans forêt ou jeter dans rivière.» [Traduction]<br />
Toujours selon Jürg Jacomet, ce Russe semblait appartenir à un groupe <strong>de</strong><br />
Russes, d’Ukrainiens, d’Iraquiens et autres, qui tentaient sans succès <strong>de</strong> vendre cet<br />
uranium en Suisse <strong>de</strong>puis longtemps déjà. Selon ses dires, il serait finalement parvenu<br />
à convaincre le Russe <strong>de</strong> lui remettre cet uranium pour qu’il ne tombe pas dans<br />
<strong>de</strong> mauvaises mains et pour l’éliminer dans les règles <strong>de</strong> l’art.<br />
La véracité <strong>de</strong> cette déclaration faite par Jürg Jacomet n’a pas pu être vérifiée; en<br />
revanche, la DCG a ultérieurement pu constater que, durant la pério<strong>de</strong> en question,<br />
un ressortissant danois du nom <strong>de</strong> Henrik Thomsen (voir ch. 9.8) s’était fréquemment<br />
rendu dans les bureaux <strong>de</strong> la société Intermagnum AG à Rümlang.<br />
Le 21 septembre 1993, Jürg Jacomet rendait visite à Peter Regli à son bureau au<br />
Palais fédéral et lui <strong>de</strong>mandait conseil. Ils se sont mis d’accord pour faire intervenir<br />
la police dans le but d’éliminer l’uranium, étant bien entendu que l’i<strong>de</strong>ntité <strong>de</strong> Jürg<br />
Jacomet <strong>de</strong>vait rester secrète. Un peu plus tard, Peter Regli contactait l’ancien chef<br />
<strong>de</strong> l’Etat-major <strong>de</strong> la police cantonale zurichoise et convenait <strong>avec</strong> lui que l’uranium<br />
serait déposé à un endroit facile à trouver et qu’un téléphone anonyme serait ensuite<br />
passé à la police cantonale zurichoise. Le 24 septembre, l’ancien chef <strong>de</strong> l’Etatmajor<br />
<strong>de</strong> la police cantonale zurichoise communiquait à Peter Regli le numéro <strong>de</strong><br />
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