Examen des contacts des services de renseignement suisses avec l ...

Examen des contacts des services de renseignement suisses avec l ... Examen des contacts des services de renseignement suisses avec l ...

kms2.isn.ethz.ch
from kms2.isn.ethz.ch More from this publisher
31.07.2013 Views

l’apartheid. Dans sa réponse du 29 septembre 19972, le Conseil fédéral précisait qu’il était d’avis que l’ouverture, à la demande de la Confédération, d’une étude historique sur les relations de la Suisse avec le régime d’apartheid en Afrique du Sud ne répondait à aucune nécessité. Les faits étaient suffisamment avérés. Dans ses réponses à de nombreuses interventions parlementaires, dans le message sur l’adhésion à la Suisse à l’ONU du 21 décembre 1981 ainsi que dans sa déclaration du 22 septembre 1986, le Conseil fédéral avait déjà retracé en détail les contours de la politique de la Suisse à l’égard de l’Afrique du Sud, mais il estimait aussi que ces faits méritaient d’être assortis d’une appréciation dans la perspective qui prévaut aujourd’hui. Les contacts des services de renseignement suisses avec l’Afrique du Sud sont revenus sur l’avant-scène de l’actualité le 29 octobre 1998 lors de la publication du rapport final de la commission sud-africaine «Vérité et Réconciliation» (Truth & Reconciliation Commission [TCR]) et le 4 octobre 1999 lors de l’ouverture, devant la Haute Cour de Pretoria, du procès du général de brigade Wouter Basson, l’ancien chef du projet secret «Coast» 3 de l’armée sud-africaine. À ce propos également, la question des rapports entretenus par les services de renseignement suisses4, en particulier par son chef, le divisionnaire Peter Regli, avec des instances étatiques du régime sud-africain, a également été soulevée par les médias. Le 3 mars 1999, le Conseil national rejetait une initiative parlementaire5 qui demandait une étude historique des relations entre la Suisse et l’Afrique du Sud dans les années 1948 à 1994. Parallèlement, il transmettait un postulat6 demandant de lancer, dans le cadre des programmes nationaux de recherche du Fonds national suisse de la recherche scientifique, un projet visant à étudier les relations politiques et économiques de la Suisse avec l’Afrique du Sud au cours des années 1948 à 1994. Le 19 mai 1999, en réponse à diverses interpellations du mois de mars 19997, le Conseil fédéral annonçait que le chef du DDPS avait ordonné une enquête destinée à clarifier les relations générales que les services de renseignement suisses ont entretenues avec l’Afrique du Sud et d’autres pays. Ce rapport a été rédigé par le Groupe 2 Réponse du Conseil fédéral du 29 septembre 1997 à la question ordinaire 97.1031. Relation entre la Suisse et l’Afrique du Sud à l’époque de l’apartheid. Investigation, du 20 mars 1997 (BO 1997 N 2332). 3 Au cours de ses investigations, la Commission vérité et réconciliation a constaté que l’armée sud-africaine avait lancé un projet secret en 1982 dans le but de pouvoir mener une guerre biologique et chimique, défensive et – de manière limitée – offensive. Ce projet, dont le nom de code était «Coast», ressortissait formellement à la responsabilité du général Niel Knobel, le général des affaires sanitaires de l’armée sud-africaine. La direction du projet était cependant assumée par Wouter Basson qui, en tant que directeur exécutif, disposait d’une très grande autonomie en ce qui concerne l’organisation et les modalités du projet (à ce sujet, voir le chap. 9). 4 Le terme «renseignement» couvre tout ce qui permet à la Confédération de collecter et d’exploiter systématiquement des informations sur les pays étrangers afin de garantir la sûreté extérieure de la Suisse. Voir le ch. 4.3 pour ce qui est de l’organisation des services de renseignements. 5 98.412 Initiative parlementaire. Relations entre la Suisse et l’Afrique du Sud dans les années 1948–1994, du 20 mars 1998 (BO 1999 N 94). 6 99.3002 Postulat. Examen des relations politiques et économiques de la Suisse avec l’Afrique du Sud au cours des années 1948–1994, du 25 janvier 1999 (BO 1999 N 100). 7 Réponse écrite du Conseil fédéral du 19 mai 1999 à l’interpellation 99.3097. Renseignements militaires auprès de l’Afrique du Sud, du 17 mars 1999 (BO 1999 E 453). 2108

des renseignements. Il a été remis au chef du DDPS le 6 juin 1999; il est classé secret (voir ch. 6.2). Depuis 1963, le Conseil fédéral a déjà répondu à 150 interventions parlementaires portant sur les relations entre la Suisse et l’Afrique du Sud. Le 23 juin 1999, alors que de nouvelles questions étaient posées à ce sujet, tant par le public que par le Parlement, il répondait8 à une nouvelle question ordinaire9 et indiquait que, le 8 mars 1999, il avait institué un groupe de travail interdépartemental chargé de rechercher au sein des départements les informations qui existent encore sur les relations entre la Suisse et l’Afrique du Sud durant les années critiques et de déterminer le contexte juridique et politique à l’époque des diverses mesures en question. Il avait souligné que seuls les résultats de ces recherches permettraient d’une part de dire s’il est encore nécessaire de continuer ces recherches et, le cas échéant, dans quels domaines et, d’autre part, de se rendre compte de la nécessité d’aborder d’autres problématiques spécifiques et de déterminer les conséquences à en tirer. La publication du rapport du groupe de travail a été approuvée par le Conseil fédéral le 1er octobre 1999; il porte sur les relations générales entre la Suisse et l’Afrique du Sud et exclut délibérément les relations spécifiques du Groupe des renseignements suisse avec des services et des personnes d’Afrique du Sud (voir ch. 5.2). En mai 2000, le Conseil fédéral chargeait le Fonds national suisse de la recherche scientifique de consacrer un module supplémentaire aux relations entre la Suisse et l’Afrique du Sud (PNR 42+). Programmée sur trois ans, cette analyse scientifique devra retracer le profil de la politique extérieure de la Suisse et de son commerce extérieur avec l’Afrique du Sud à l’époque récente. Ces travaux ne sont pas encore achevés si bien que la DCG n’a pas pu en tenir compte à l’occasion de son examen. 2.2 Enquêtes précédentes de la DCG Dans le cadre de ses compétences, la DCG s’est déjà penchée sur certains aspects des relations de la Suisse avec l’Afrique du Sud du temps de l’apartheid. Elle a notamment procédé à trois enquêtes dans le domaine de la coopération militaire. 2.2.1 Echanges de pilotes avec l’Afrique du Sud (1993) Dans son rapport du 28 septembre 1993 10, la DCG parvenait à la conclusion que les échanges de pilotes militaires de carrière qui ont eu lieu entre la Suisse et l’Afrique du Sud de 1983 à 1988 répondaient à des besoins militaires et que la Confédération n’avait pas violé le droit en matière de neutralité, ni aucune autre obligation de droit international. Toutefois, la DCG y constatait que ces échanges n’avaient pas respecté la primauté des objectifs politiques sur les objectifs militaires étant donné qu’ils ont 8 Réponse du Conseil fédéral du 23 juin 1999 à la question ordinaire 99.1054. Investigations sur les relations entre la Suisse et l’Afrique du Sud. Questions politiques, du 21 avril 1999 (BO 1999 N 1651). 9 99.1054 Question ordinaire. Investigations sur les relations entre la Suisse et l’Afrique du Sud. Questions politiques, 21 avril 1999 (BO 1999 N 1651). 10 Echanges de pilotes avec l’Afrique du Sud. Rapport sur l’enquête de la Délégation des commissions de gestion du 28 septembre 1993 (FF 1994 I 89). 2109

l’apartheid. Dans sa réponse du 29 septembre 19972, le Conseil fédéral précisait<br />

qu’il était d’avis que l’ouverture, à la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> la Confédération, d’une étu<strong>de</strong><br />

historique sur les relations <strong>de</strong> la Suisse <strong>avec</strong> le régime d’apartheid en Afrique du Sud<br />

ne répondait à aucune nécessité. Les faits étaient suffisamment avérés. Dans ses<br />

réponses à <strong>de</strong> nombreuses interventions parlementaires, dans le message sur l’adhésion<br />

à la Suisse à l’ONU du 21 décembre 1981 ainsi que dans sa déclaration du<br />

22 septembre 1986, le Conseil fédéral avait déjà retracé en détail les contours <strong>de</strong> la<br />

politique <strong>de</strong> la Suisse à l’égard <strong>de</strong> l’Afrique du Sud, mais il estimait aussi que ces<br />

faits méritaient d’être assortis d’une appréciation dans la perspective qui prévaut<br />

aujourd’hui.<br />

Les <strong>contacts</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>services</strong> <strong>de</strong> <strong>renseignement</strong> <strong>suisses</strong> <strong>avec</strong> l’Afrique du Sud sont<br />

revenus sur l’avant-scène <strong>de</strong> l’actualité le 29 octobre 1998 lors <strong>de</strong> la publication du<br />

rapport final <strong>de</strong> la commission sud-africaine «Vérité et Réconciliation» (Truth &<br />

Reconciliation Commission [TCR]) et le 4 octobre 1999 lors <strong>de</strong> l’ouverture, <strong>de</strong>vant<br />

la Haute Cour <strong>de</strong> Pretoria, du procès du général <strong>de</strong> briga<strong>de</strong> Wouter Basson, l’ancien<br />

chef du projet secret «Coast» 3 <strong>de</strong> l’armée sud-africaine. À ce propos également, la<br />

question <strong><strong>de</strong>s</strong> rapports entretenus par les <strong>services</strong> <strong>de</strong> <strong>renseignement</strong> <strong>suisses</strong>4, en<br />

particulier par son chef, le divisionnaire Peter Regli, <strong>avec</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> instances étatiques du<br />

régime sud-africain, a également été soulevée par les médias.<br />

Le 3 mars 1999, le Conseil national rejetait une initiative parlementaire5 qui <strong>de</strong>mandait<br />

une étu<strong>de</strong> historique <strong><strong>de</strong>s</strong> relations entre la Suisse et l’Afrique du Sud dans les<br />

années 1948 à 1994. Parallèlement, il transmettait un postulat6 <strong>de</strong>mandant <strong>de</strong> lancer,<br />

dans le cadre <strong><strong>de</strong>s</strong> programmes nationaux <strong>de</strong> recherche du Fonds national suisse <strong>de</strong> la<br />

recherche scientifique, un projet visant à étudier les relations politiques et économiques<br />

<strong>de</strong> la Suisse <strong>avec</strong> l’Afrique du Sud au cours <strong><strong>de</strong>s</strong> années 1948 à 1994.<br />

Le 19 mai 1999, en réponse à diverses interpellations du mois <strong>de</strong> mars 19997, le<br />

Conseil fédéral annonçait que le chef du DDPS avait ordonné une enquête <strong><strong>de</strong>s</strong>tinée à<br />

clarifier les relations générales que les <strong>services</strong> <strong>de</strong> <strong>renseignement</strong> <strong>suisses</strong> ont entretenues<br />

<strong>avec</strong> l’Afrique du Sud et d’autres pays. Ce rapport a été rédigé par le Groupe<br />

2 Réponse du Conseil fédéral du 29 septembre 1997 à la question ordinaire 97.1031.<br />

Relation entre la Suisse et l’Afrique du Sud à l’époque <strong>de</strong> l’apartheid. Investigation, du<br />

20 mars 1997 (BO 1997 N 2332).<br />

3 Au cours <strong>de</strong> ses investigations, la Commission vérité et réconciliation a constaté que<br />

l’armée sud-africaine avait lancé un projet secret en 1982 dans le but <strong>de</strong> pouvoir mener<br />

une guerre biologique et chimique, défensive et – <strong>de</strong> manière limitée – offensive. Ce projet,<br />

dont le nom <strong>de</strong> co<strong>de</strong> était «Coast», ressortissait formellement à la responsabilité du<br />

général Niel Knobel, le général <strong><strong>de</strong>s</strong> affaires sanitaires <strong>de</strong> l’armée sud-africaine. La direction<br />

du projet était cependant assumée par Wouter Basson qui, en tant que directeur exécutif,<br />

disposait d’une très gran<strong>de</strong> autonomie en ce qui concerne l’organisation et les modalités<br />

du projet (à ce sujet, voir le chap. 9).<br />

4 Le terme «<strong>renseignement</strong>» couvre tout ce qui permet à la Confédération <strong>de</strong> collecter et<br />

d’exploiter systématiquement <strong><strong>de</strong>s</strong> informations sur les pays étrangers afin <strong>de</strong> garantir la<br />

sûreté extérieure <strong>de</strong> la Suisse. Voir le ch. 4.3 pour ce qui est <strong>de</strong> l’organisation <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>services</strong><br />

<strong>de</strong> <strong>renseignement</strong>s.<br />

5 98.412 Initiative parlementaire. Relations entre la Suisse et l’Afrique du Sud dans les<br />

années 1948–1994, du 20 mars 1998 (BO 1999 N 94).<br />

6 99.3002 Postulat. <strong>Examen</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> relations politiques et économiques <strong>de</strong> la Suisse <strong>avec</strong><br />

l’Afrique du Sud au cours <strong><strong>de</strong>s</strong> années 1948–1994, du 25 janvier 1999 (BO 1999 N 100).<br />

7 Réponse écrite du Conseil fédéral du 19 mai 1999 à l’interpellation 99.3097. Renseignements<br />

militaires auprès <strong>de</strong> l’Afrique du Sud, du 17 mars 1999<br />

(BO 1999 E 453).<br />

2108

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!