Examen des contacts des services de renseignement suisses avec l ...

Examen des contacts des services de renseignement suisses avec l ... Examen des contacts des services de renseignement suisses avec l ...

kms2.isn.ethz.ch
from kms2.isn.ethz.ch More from this publisher
31.07.2013 Views

l’Afrique du Sud ont permis d’obtenir des informations intéressant la sécurité de l’Etat. En outre, les procès-verbaux des rencontres et entretiens classés secrets sont bien plus des descriptions de voyages que des sources d’informations relevant du renseignement. De plus, les prétendus résultats découlant des nombreuses rencontres qui ont eu lieu à tous les échelons n’ont pas été exploités de manière systématique et même les collaborateurs du GRS et du Gr rens compétents pour l’Afrique australe n’en avaient pas connaissance. Pour toutes ces raisons, une seule conclusion peut être raisonnablement tirée: les contacts du GRS puis du Gr rens avec les services de renseignement sud-africains à l’époque du régime de l’apartheid n’ont pas été de la moindre utilité du point de vue de la sécurité de la Suisse et, plutôt que les intérêts de notre pays, ils ont servi à élargir l’horizon de quelques collaborateurs choisis. Ce qui est plus particulièrement frappant, c’est que les contacts réguliers avec le renseignement militaire sud-africain ont été justement instaurés et développés durant la période au cours de laquelle le régime sud-africain était de plus en plus isolé en raison de sa politique d’apartheid. Alors que les services secrets des Etats-Unis, de la Grande-Bretagne et d’autres pays ont été obligés de réduire, voire d’interrompre leurs contacts avec l’Afrique du Sud à la suite des résolutions de l’ONU, le GRS semble avoir profité de la situation. En effet, plus l’Afrique du Sud était isolée sur la scène politique mondiale, plus elle soignait les quelques relations internationales qu’elle avait encore. Dans ces circonstances, les services de renseignement d’un petit Etat et leurs représentants ont tout à coup pris une importance qui ne leur serait jamais revenue dans un environnement politique normal. 7 Contacts dedecins militaires suisses avec l’Afrique du Sud 7.1 Congrès international dedecine militaire La DCG n’a pas limité ses investigations aux contacts des services de renseignement suisses, elle a également examiné les rapports que le Groupe des affaires sanitaires et le médecin en chef de l’armée ont entretenus avec l’Afrique du Sud. Sur demande du DDPS, un examen préliminaire correspondant avait déjà été diligenté par le chef de l’Etat-major général. Un cours du Comité International dedecine Militaire (CIMM) pour jeunes médecins militaires a eu lieu à Moudon du 18 au 27 septembre 1986. À cette époque, l’Afrique du Sud n’était pas membre de cette organisation et ne faisait par conséquent pas partie des pays invités. La liste des participants ne comporte d’ailleurs aucun médecin militaire sud-africain. Le congrès annuel du CIMM a tenu ses assises du 5 au 11 mai 1988 à Interlaken sous la direction du médecin en chef de l’armée suisse. L’Afrique du Sud n’était toujours pas membre de cette organisation, mais elle envisageait de le devenir. C’est dans cette perspective (l’Afrique du Sud en est effectivement devenue membre l’année suivante, c’est-à-dire en 1989) que le médecin en chef des forces armées sud-africaines, le général Sheepers et non le général Nieuwoudt comme prétendu par une partie des médias, a participé à ce congrès annuel. Le médecin en chef de l’armée suisse avait incité le représentant sud-africain à y participer en civil étant donné qu’il y avait de nombreux participants issus de pays d’Afrique. Le médecin 2164

en chef sud-africain Sheepers a participé à quelques manifestations du congrès. Au cours de son séjour, un officier de milice s’est occupé de lui. Le médecin en chef sud-africain a eu quelques contacts personnels avec le médecin en chef et d’autres médecins militaires de l’armée suisse. Ces contacts se sont cependant limités aux habituelles formules de politesse et à l’échange de quelques avis et commentaires sur les sujets traités lors du congrès. Le projet de guerre biologique et chimique sudafricain nommée «Coast» (à ce sujet, voir chap. 10) n’a fait l’objet d’aucune discussion, ni directement ni indirectement. Bien que n’ayant pas été annoncé officiellement, l’un des collaborateurs du médecin en chef sud-africain Sheepers a également participé au congrès et a été autorisé à prendre part à quelques conférences. Le Groupe des affaires sanitaires a informé la DCG qu’il n’était plus possible de retrouver le nom du collaborateur qui avait accompagné le médecin en chef des forces armées sud-africaines à l’occasion de ce congrès: «Il est impossible d’exclure de manière certaine qu’il ait pu s’agir de W. Basson. Cela étant, le fait que cet accompagnant avait le grade de major et qu’il commandait un bataillon sanitaire (c’est ainsi qu’il avait été présenté) et que, un an plus tard, W. Basson revêtait le grade de général de brigade […] est de nature à infirmer cette hypothèse.» [Traduction] 7.2 Mandat de l’ONU en Namibie Durant les années 1989 et 1990, le médecin en chef de l’armée suisse a dirigé l’engagement d’une unité sanitaire suisse qui, sur mandat de l’ONU, assurait les soins médicaux de la force de maintien de la paix engagée par les Nations Unies. Dans ce contexte, quelques contacts dus aux circonstances ont eu lieu avec le médecin en chef des forces armées sud-africaines, le général D. P. Niel Knobel43. Ces cinq à six rencontres ont eu lieu en Namibie, en Afrique du Sud et en Suisse. Comme le Groupe des affaires sanitaires l’a constaté dans son rapport adressé au chef de l’Etat-major général, il s’est chaque fois agi de discussions relevant du domaine sanitaire qui ont eu lieu dans le but de garantir la meilleure exécution possible du mandat de l’ONU. D’autres sujets, notamment des sujets en relation avec les délits dont Wouter Basson a été accusé, n’ont jamais été abordés. Quelques contacts avec d’autres médecins militaires sud-africains ont également eu lieu à l’occasion des rencontres avec Niel Knobel. À leur sujet, le rapport du Groupe des affaires sanitaires mentionné ci-dessus précise qu’ils ont porté sur les mêmes sujets que ceux abordés lors des discussions avec le médecin en chef des forces armées sud-africaines et qu’ils ont été très brefs. Le rapport souligne cependant qu’il n’est pas possible d’exclure que Wouter Basson ait fait partie de ces médecins militaires, même si le médecin en chef de l’armée suisse ne se rappelle pas qu’un médecin militaire du nom de Wouter Basson lui ait jamais été présenté. Il est cependant tout à fait certain qu’aucune question relative à l’acquisition d’armes chimiques ou de matériel de ce genre n’a jamais été ne serait-ce qu’évoquée. Le médecin en chef de l’armée suisse de l’époque a pris sa retraite le 31 décembre 1988, mais il a dirigé le projet Namibie jusqu’à sa fin en 1990. 43 Incorporé dans le service sanitaire depuis 1981; général des affaires sanitaires de l’armée et chef du projet «Coast» de 1988 à 1995; retraité depuis 1997. 2165

l’Afrique du Sud ont permis d’obtenir <strong><strong>de</strong>s</strong> informations intéressant la sécurité <strong>de</strong><br />

l’Etat. En outre, les procès-verbaux <strong><strong>de</strong>s</strong> rencontres et entretiens classés secrets sont<br />

bien plus <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong>criptions <strong>de</strong> voyages que <strong><strong>de</strong>s</strong> sources d’informations relevant du<br />

<strong>renseignement</strong>. De plus, les prétendus résultats découlant <strong><strong>de</strong>s</strong> nombreuses rencontres<br />

qui ont eu lieu à tous les échelons n’ont pas été exploités <strong>de</strong> manière systématique et<br />

même les collaborateurs du GRS et du Gr rens compétents pour l’Afrique australe<br />

n’en avaient pas connaissance. Pour toutes ces raisons, une seule conclusion peut<br />

être raisonnablement tirée: les <strong>contacts</strong> du GRS puis du Gr rens <strong>avec</strong> les <strong>services</strong> <strong>de</strong><br />

<strong>renseignement</strong> sud-africains à l’époque du régime <strong>de</strong> l’apartheid n’ont pas été <strong>de</strong> la<br />

moindre utilité du point <strong>de</strong> vue <strong>de</strong> la sécurité <strong>de</strong> la Suisse et, plutôt que les intérêts<br />

<strong>de</strong> notre pays, ils ont servi à élargir l’horizon <strong>de</strong> quelques collaborateurs choisis.<br />

Ce qui est plus particulièrement frappant, c’est que les <strong>contacts</strong> réguliers <strong>avec</strong> le<br />

<strong>renseignement</strong> militaire sud-africain ont été justement instaurés et développés durant<br />

la pério<strong>de</strong> au cours <strong>de</strong> laquelle le régime sud-africain était <strong>de</strong> plus en plus isolé en<br />

raison <strong>de</strong> sa politique d’apartheid. Alors que les <strong>services</strong> secrets <strong><strong>de</strong>s</strong> Etats-Unis, <strong>de</strong> la<br />

Gran<strong>de</strong>-Bretagne et d’autres pays ont été obligés <strong>de</strong> réduire, voire d’interrompre<br />

leurs <strong>contacts</strong> <strong>avec</strong> l’Afrique du Sud à la suite <strong><strong>de</strong>s</strong> résolutions <strong>de</strong> l’ONU, le GRS<br />

semble avoir profité <strong>de</strong> la situation. En effet, plus l’Afrique du Sud était isolée sur la<br />

scène politique mondiale, plus elle soignait les quelques relations internationales<br />

qu’elle avait encore. Dans ces circonstances, les <strong>services</strong> <strong>de</strong> <strong>renseignement</strong> d’un<br />

petit Etat et leurs représentants ont tout à coup pris une importance qui ne leur serait<br />

jamais revenue dans un environnement politique normal.<br />

7 Contacts <strong>de</strong> mé<strong>de</strong>cins militaires <strong>suisses</strong><br />

<strong>avec</strong> l’Afrique du Sud<br />

7.1 Congrès international <strong>de</strong> mé<strong>de</strong>cine militaire<br />

La DCG n’a pas limité ses investigations aux <strong>contacts</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>services</strong> <strong>de</strong> <strong>renseignement</strong><br />

<strong>suisses</strong>, elle a également examiné les rapports que le Groupe <strong><strong>de</strong>s</strong> affaires sanitaires<br />

et le mé<strong>de</strong>cin en chef <strong>de</strong> l’armée ont entretenus <strong>avec</strong> l’Afrique du Sud. Sur <strong>de</strong>man<strong>de</strong><br />

du DDPS, un examen préliminaire correspondant avait déjà été diligenté par le chef<br />

<strong>de</strong> l’Etat-major général.<br />

Un cours du Comité International <strong>de</strong> Mé<strong>de</strong>cine Militaire (CIMM) pour jeunes mé<strong>de</strong>cins<br />

militaires a eu lieu à Moudon du 18 au 27 septembre 1986. À cette époque,<br />

l’Afrique du Sud n’était pas membre <strong>de</strong> cette organisation et ne faisait par conséquent<br />

pas partie <strong><strong>de</strong>s</strong> pays invités. La liste <strong><strong>de</strong>s</strong> participants ne comporte d’ailleurs<br />

aucun mé<strong>de</strong>cin militaire sud-africain.<br />

Le congrès annuel du CIMM a tenu ses assises du 5 au 11 mai 1988 à Interlaken<br />

sous la direction du mé<strong>de</strong>cin en chef <strong>de</strong> l’armée suisse. L’Afrique du Sud n’était<br />

toujours pas membre <strong>de</strong> cette organisation, mais elle envisageait <strong>de</strong> le <strong>de</strong>venir. C’est<br />

dans cette perspective (l’Afrique du Sud en est effectivement <strong>de</strong>venue membre<br />

l’année suivante, c’est-à-dire en 1989) que le mé<strong>de</strong>cin en chef <strong><strong>de</strong>s</strong> forces armées<br />

sud-africaines, le général Sheepers et non le général Nieuwoudt comme prétendu par<br />

une partie <strong><strong>de</strong>s</strong> médias, a participé à ce congrès annuel. Le mé<strong>de</strong>cin en chef <strong>de</strong><br />

l’armée suisse avait incité le représentant sud-africain à y participer en civil étant<br />

donné qu’il y avait <strong>de</strong> nombreux participants issus <strong>de</strong> pays d’Afrique. Le mé<strong>de</strong>cin<br />

2164

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!