Examen des contacts des services de renseignement suisses avec l ...

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l’administration militaire fédérale «qu’elle n’a pas la compétence de conclure de tels accords et que la convention prévue devrait en tout cas être préalablement soumise au Conseil fédéral.» [Traduction] Le Groupement de l’armement s’est obstiné et a élaboré un nouveau projet de convention. Le 24 février 1987, le DFAE lui signifiait qu’il s’en tenait à son avis précédent. Le nouveau projet avait également le caractère d’un accord liant deux Etats et la convention devait donc être considérée comme traité international dont la conclusion ressortit à la compétence du Conseil fédéral ou au Parlement. Par la suite, le Groupement de l’armement a renoncé à la conclusion d’un accord formel. 6.7 Contacts avec l’Afrique du Sud du point de vue du GRS et du Gr rens Dans son rapport de juin 1999 portant sur la collaboration avec les services de renseignement étrangers (De la collaboration avec des services de renseignement étrangers, Von der Zusammenarbeit mit ausländischen Nachrichtendiensten, n’existe qu’en allemand), le Gr rens a présenté les raisons qui, de son point de vue, parlaient en faveur d’une collaboration avec l’Afrique du Sud. Lors des auditions, il a souvent été relevé que, dans une perspective stratégique, l’Afrique du Sud a joué un rôle central durant la période de la guerre froide. Peter Regli, en particulier, a invoqué le fait que les services de renseignement doivent se procurer les renseignements là où ils sont disponibles. Selon lui, au cours des années 80, l’Afrique du Sud était, avec Israël, le seul pays disposant d’une expérience de guerre contre l’armement de l’adversaire potentiel de la Suisse. Un ancien collaborateur de la SRADCA a également déclaré que, en raison de leurs moyens limités, les services de renseignement suisses étaient dépendants des informations qu’ils pouvaient obtenir de services étrangers. Dans de telles circonstances, l’Afrique du Sud était l’un des plus importants partenaires pour la Suisse. Il s’agit d’un pays qui disposait, d’une part, d’une expérience de guerre, ce qui lui avait notamment permis d’obtenir de très bons résultats dans le domaine de l’exploitation électronique et, d’autre part, de spécialistes mieux formés dans le domaine de l’analyse que ceux des services partenaires européens. La collaboratrice qui, à l’époque, était responsable de la Section exploitation a également confirmé que, dans les années 80, l’Afrique du Sud était un pays important dans le domaine du renseignement. À l’opposé, l’actuel directeur du SRS a déclaré que – dans la mesure où il en avait gardé le souvenir – l’Afrique du Sud était à l’époque un sujet qui n’avait rien de particulier. Le service en tant que tel entretenait plutôt moins de contacts avec les services de renseignement de l’Afrique du Sud qu’avec ceux d’autres pays. Il ne croit d’ailleurs pas que la SRADCA ait obtenu des informations des services sudafricains étant donné que, à l’exception des activités de certains chefs, il s’agissait plutôt d’une organisation axée sur l’exploitation. Du point de vue du Protocole militaire également, l’Afrique du Sud était un partenaire normal qui n’avait absolument rien de particulier. Ainsi, les sujets des discussions portaient notamment sur l’instruction des troupes, les prescriptions en matière de finances, l’organisation du service des aumôniers, le maintien du secret ou le service sanitaire. 2160

6.8 Utilité apparente des contacts avec l’Afrique du Sud L’analyse de l’utilité des contacts avec l’Afrique du Sud donne des résultats décevants. Il ne fait aucun doute que la MID comptait parmi les services partenaires les plus importants du GRS puis du Gr rens comme cela ressort de l’énumération des contacts qui ont eu lieu à tous les échelons (voir ch. 6.4). Il aurait par conséquent été possible de s’attendre à ce que ces derniers aient permis à notre pays d’obtenir des informations essentielles donnant lieu à des retombées importantes pour sa sécurité. Pour clarifier ce point, la DCG a demandé des renseignements au sujet des procèsverbaux des séances de direction du GRS et du Gr rens. La réponse écrite du DDPS à ce sujet se limite à constater que ces procès-verbaux ne contiennent «aucun document ni aucune information au sujet des relations avec l’Afrique du Sud étant donné que, en raison de leur nature, de telles questions n’étaient pas traitées en séance de direction.» [Traduction] La DCG ignore tout de la raison pour laquelle un sujet politiquement aussi brûlant que les contacts avec le régime de l’apartheid et un mouvement rebelle comme l’UNITA, ne pouvait «en raison de sa nature» pas être traité lors de ses séances par l’organe de direction suprême du renseignement suisse. Dans le cadre de ses auditions, la DCG a également interrogé les anciens collaborateurs de la Section exploitation compétents pour l’Afrique australe. Une ancienne collaboratrice a indiqué que, au début des années 90, il y avait une cinquantaine de classeurs concernant l’Afrique noire. Environ quinze à dix-huit d’entre eux concernaient uniquement l’Afrique du Sud. La tentative de consulter ces documents n’a pas abouti étant donné que – comme la Direction du SRS l’a expliqué à la DCG – «suite à la concentration des tâches du service de renseignement stratégique sur certains domaines clefs, les dossiers de documentation ont été démantelés dans le courant des années 90.» [Traduction] Les procès-verbaux des rencontres et entretiens sont les seuls documents qui subsistent encore aujourd’hui et qui renseignent sur la collaboration avec l’Afrique du Sud, en particulier sur les informations qu’elle a permis d’obtenir. Leur contenu a déjà été abordé plus haut (voir ch. 4.3.6). Pour l’essentiel, ils rendent compte du déroulement des contacts, mentionnent les personnes qui y ont participé et – dans le meilleur des cas – comportent une évaluation générale de la rencontre. Ainsi, le chef du GRS à cette époque, après sa première visite en Afrique du Sud, qui a eu lieu du 9 au 17 mars 1982, arrive à la conclusion, selon procès-verbal de rencontres ou d’entretiens, que l’Afrique du Sud est tout à fait en mesure de maintenir ses positions et de garder sous contrôle les infiltrations en provenance des pays environnants. La mesure dans laquelle les dirigeants politiques et militaires de l’Afrique du Sud parviendraient à s’ouvrir aux nouvelles conditions et à assouplir la politique raciale serait décisive pour la suite de l’évolution. Si l’Afrique du Sud devait échouer, cela découlerait uniquement du manque de flexibilité en matière de conduite qui avait été constaté tout au long de la visite et qui était manifestement un élément déterminant du caractère des Boers. Bien que théoriquement conscients de l’importance stratégique et économique de l’Afrique du Sud, les services de renseignement étaient convaincus que seul un voyage dans ce pays avec la prise de conscience de l’importance des distances énormes qui doivent être parcourues permettait d’appréhender clairement les problèmes de l’Afrique du Sud. En plus de tous les objectifs qu’ils s’étaient fixés pour 2161

l’administration militaire fédérale «qu’elle n’a pas la compétence <strong>de</strong> conclure <strong>de</strong> tels<br />

accords et que la convention prévue <strong>de</strong>vrait en tout cas être préalablement soumise<br />

au Conseil fédéral.» [Traduction]<br />

Le Groupement <strong>de</strong> l’armement s’est obstiné et a élaboré un nouveau projet <strong>de</strong><br />

convention. Le 24 février 1987, le DFAE lui signifiait qu’il s’en tenait à son avis<br />

précé<strong>de</strong>nt. Le nouveau projet avait également le caractère d’un accord liant <strong>de</strong>ux<br />

Etats et la convention <strong>de</strong>vait donc être considérée comme traité international dont la<br />

conclusion ressortit à la compétence du Conseil fédéral ou au Parlement. Par la suite,<br />

le Groupement <strong>de</strong> l’armement a renoncé à la conclusion d’un accord formel.<br />

6.7 Contacts <strong>avec</strong> l’Afrique du Sud du point <strong>de</strong> vue<br />

du GRS et du Gr rens<br />

Dans son rapport <strong>de</strong> juin 1999 portant sur la collaboration <strong>avec</strong> les <strong>services</strong> <strong>de</strong><br />

<strong>renseignement</strong> étrangers (De la collaboration <strong>avec</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>services</strong> <strong>de</strong> <strong>renseignement</strong><br />

étrangers, Von <strong>de</strong>r Zusammenarbeit mit ausländischen Nachrichtendiensten, n’existe<br />

qu’en allemand), le Gr rens a présenté les raisons qui, <strong>de</strong> son point <strong>de</strong> vue, parlaient<br />

en faveur d’une collaboration <strong>avec</strong> l’Afrique du Sud. Lors <strong><strong>de</strong>s</strong> auditions, il a souvent<br />

été relevé que, dans une perspective stratégique, l’Afrique du Sud a joué un rôle<br />

central durant la pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> la guerre froi<strong>de</strong>. Peter Regli, en particulier, a invoqué le<br />

fait que les <strong>services</strong> <strong>de</strong> <strong>renseignement</strong> doivent se procurer les <strong>renseignement</strong>s là où<br />

ils sont disponibles. Selon lui, au cours <strong><strong>de</strong>s</strong> années 80, l’Afrique du Sud était, <strong>avec</strong><br />

Israël, le seul pays disposant d’une expérience <strong>de</strong> guerre contre l’armement <strong>de</strong><br />

l’adversaire potentiel <strong>de</strong> la Suisse. Un ancien collaborateur <strong>de</strong> la SRADCA a également<br />

déclaré que, en raison <strong>de</strong> leurs moyens limités, les <strong>services</strong> <strong>de</strong> <strong>renseignement</strong><br />

<strong>suisses</strong> étaient dépendants <strong><strong>de</strong>s</strong> informations qu’ils pouvaient obtenir <strong>de</strong> <strong>services</strong><br />

étrangers. Dans <strong>de</strong> telles circonstances, l’Afrique du Sud était l’un <strong><strong>de</strong>s</strong> plus importants<br />

partenaires pour la Suisse. Il s’agit d’un pays qui disposait, d’une part, d’une<br />

expérience <strong>de</strong> guerre, ce qui lui avait notamment permis d’obtenir <strong>de</strong> très bons<br />

résultats dans le domaine <strong>de</strong> l’exploitation électronique et, d’autre part, <strong>de</strong> spécialistes<br />

mieux formés dans le domaine <strong>de</strong> l’analyse que ceux <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>services</strong> partenaires<br />

européens. La collaboratrice qui, à l’époque, était responsable <strong>de</strong> la Section exploitation<br />

a également confirmé que, dans les années 80, l’Afrique du Sud était un pays<br />

important dans le domaine du <strong>renseignement</strong>.<br />

À l’opposé, l’actuel directeur du SRS a déclaré que – dans la mesure où il en avait<br />

gardé le souvenir – l’Afrique du Sud était à l’époque un sujet qui n’avait rien <strong>de</strong><br />

particulier. Le service en tant que tel entretenait plutôt moins <strong>de</strong> <strong>contacts</strong> <strong>avec</strong> les<br />

<strong>services</strong> <strong>de</strong> <strong>renseignement</strong> <strong>de</strong> l’Afrique du Sud qu’<strong>avec</strong> ceux d’autres pays. Il ne<br />

croit d’ailleurs pas que la SRADCA ait obtenu <strong><strong>de</strong>s</strong> informations <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>services</strong> sudafricains<br />

étant donné que, à l’exception <strong><strong>de</strong>s</strong> activités <strong>de</strong> certains chefs, il s’agissait<br />

plutôt d’une organisation axée sur l’exploitation. Du point <strong>de</strong> vue du Protocole<br />

militaire également, l’Afrique du Sud était un partenaire normal qui n’avait absolument<br />

rien <strong>de</strong> particulier. Ainsi, les sujets <strong><strong>de</strong>s</strong> discussions portaient notamment sur<br />

l’instruction <strong><strong>de</strong>s</strong> troupes, les prescriptions en matière <strong>de</strong> finances, l’organisation du<br />

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