Examen des contacts des services de renseignement suisses avec l ...
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Dans les circonstances actuelles, une visite <strong>de</strong> militaires <strong>suisses</strong> <strong>de</strong> haut rang en Afrique<br />
du Sud n’est pas opportune pour <strong><strong>de</strong>s</strong> raisons politiques.<br />
Dans sa déclaration du 22 septembre 1986, le Conseil fédéral a rappelé qu’il était disposé<br />
à apporter sa contribution pour que les oppositions en Afrique du Sud puissent<br />
être surmontées. Nos efforts en vue d’établir un dialogue permettant d’atteindre cet objectif<br />
présupposent que l’attitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> la Suisse envers l’Afrique du Sud peut être acceptée<br />
par toutes les parties. Etant donné que l’armée sud-africaine est actuellement engagée<br />
pour le maintien <strong>de</strong> l’ordre intérieur dans les townships et dans <strong><strong>de</strong>s</strong> opérations<br />
commandos contre <strong><strong>de</strong>s</strong> pays voisins, la visite d’officiers supérieurs <strong>de</strong> l’armée suisse<br />
aurait pour effet d’entamer notre crédibilité auprès <strong>de</strong> l’opposition, voire <strong>de</strong> la réduire<br />
à néant.<br />
Pour sa part, notre ambassa<strong>de</strong> à Pretoria émet <strong>de</strong> très gran<strong><strong>de</strong>s</strong> réserves pour ce qui est<br />
<strong>de</strong> la visite <strong>de</strong> militaires <strong>suisses</strong>. Elle souligne explicitement qu’une telle visite ne<br />
manquerait non seulement pas d’être rendue publique, mais qu’elle pourrait également<br />
être utilisée par le gouvernement en place à <strong><strong>de</strong>s</strong> fins <strong>de</strong> propagan<strong>de</strong>. Il est inutile<br />
d’insister ici sur le fait que, une fois connue, une visite militaire nuirait également à<br />
l’image <strong>de</strong> la Suisse à l’étranger et aurait inévitablement <strong><strong>de</strong>s</strong> suites du point <strong>de</strong> vue <strong>de</strong><br />
la politique intérieure <strong>de</strong> notre pays.<br />
Pour toutes ces raisons, nous nous en tenons à notre avis ci-<strong><strong>de</strong>s</strong>sus et estimons qu’une<br />
éventuelle visite d’une délégation militaire suisse en Afrique du Sud n’est pas opportune<br />
pour <strong><strong>de</strong>s</strong> raisons politiques.» [Traduction]<br />
Le 20 mai 1987, se référant à l’avis défavorable du DFAE, le Protocole militaire<br />
proposait au chef <strong>de</strong> l’Etat-major général <strong>de</strong> traiter le sujet dans le cadre <strong>de</strong> l’étatmajor<br />
<strong>de</strong> direction du DMF. Au point consacré aux <strong>contacts</strong> <strong>avec</strong> l’étranger, le<br />
procès-verbal <strong><strong>de</strong>s</strong> décisions <strong>de</strong> ce <strong>de</strong>rnier mentionne ceci:<br />
«Il ressort <strong>de</strong> l’entretien <strong>avec</strong> le DFAE que l’invitation officielle adressée par l’Afrique<br />
du Sud à <strong><strong>de</strong>s</strong> représentants <strong>de</strong> haut rang du DMF et qui sera transmise prochainement<br />
par l’attaché <strong>de</strong> défense sud-africain <strong>de</strong>vra être déclinée.<br />
L’invitation parvenue à l’ancien commandant <strong><strong>de</strong>s</strong> troupes d’aviation et <strong>de</strong> défense<br />
contre avions, le commandant <strong>de</strong> corps Wyler (manifestement en tant que personne<br />
privée), ne peut être acceptée que si elle n’a aucun caractère officiel. Cette invitation<br />
<strong>de</strong>vra encore être soumise au Protocole militaire.<br />
[…]<br />
Le chef du département souhaite que les pratiques en matière <strong>de</strong> visites <strong>de</strong> réciprocité<br />
soient revues cette année encore. Il est indispensable d’introduire une certaine retenue<br />
dans ce domaine.» [Traduction]<br />
L’exemplaire du procès-verbal <strong>de</strong> décisions retrouvé parmi les documents <strong>de</strong> la<br />
Direction du SRS comporte une annotation manuscrite apposée à côté du <strong>de</strong>rnier<br />
point: «erl. an USC NA 09.06.87» (liquidé, transmis au SCEM RS 09.06.87) ce qui<br />
signifie forcément que le chef <strong>de</strong> l’Etat-major général avait chargé le SCEM RS <strong>de</strong><br />
réexaminer les pratiques en matière <strong>de</strong> visites <strong>de</strong> réciprocité dans le sens d’une plus<br />
gran<strong>de</strong> retenue en la matière.<br />
À la lecture <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong>ux procès-verbaux <strong><strong>de</strong>s</strong> décisions <strong>de</strong> l’état-major <strong>de</strong> direction du<br />
DMF il apparaît <strong>de</strong> toute évi<strong>de</strong>nce que, en automne 1986 et au printemps 1987, les<br />
<strong>contacts</strong> <strong>avec</strong> l’Afrique du Sud ont fait l’objet <strong>de</strong> discussions à l’échelon le plus<br />
élevé du département et que le GRS en était informé. Malgré cela, il n’y a pas un<br />
seul indice qui permettrait <strong>de</strong> croire que, dans le cadre <strong>de</strong> cette controverse, le<br />
SCEM RS – le divisionnaire Petitpierre – aurait informé ses supérieurs hiérarchiques<br />
<strong><strong>de</strong>s</strong> relations <strong>avec</strong> les <strong>services</strong> secrets sud-africains entamées en 1979 et définitivement<br />
institutionnalisées <strong>avec</strong> la conclusion <strong>de</strong> la convention <strong>de</strong> protection <strong><strong>de</strong>s</strong>