Examen des contacts des services de renseignement suisses avec l ...
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10 cm d’épaisseur que Peter Regli a remis lorsqu’il a quitté ses fonctions <strong>de</strong> souschef<br />
d’état-major <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>renseignement</strong>s (SCEM rens; à ce sujet, voir ch. 8.2). Il a été<br />
établi que les documents que le GRS puis le Gr rens trouvaient inutiles ont été<br />
purement et simplement détruits. Ces <strong><strong>de</strong>s</strong>tructions n’étaient pas décidées selon <strong><strong>de</strong>s</strong><br />
critères préétablis. En outre, aucun procès-verbal <strong>de</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong>truction n’a été rédigé.<br />
Comme l’un <strong><strong>de</strong>s</strong> anciens chefs du GRS l’a reconnu sans détour, à son époque (dans<br />
les années 80), la <strong><strong>de</strong>s</strong>truction <strong>de</strong> documents faisait partie du courant normal: «L’un<br />
<strong>de</strong> mes collaborateurs se munissait régulièrement d’un grand sac dans lequel nous<br />
jetions tout ce qui n’était plus utilisé. […] Ce sac était ensuite incinéré.» [Traduction]<br />
C’est pour cette raison que la DCG n’a pas pu consulter bon nombre <strong>de</strong> documents<br />
au cours <strong>de</strong> ses investigations. Seul un petit nombre <strong>de</strong> documents <strong>de</strong><br />
l’époque du GRS et du Gr rens ont échappé à la <strong><strong>de</strong>s</strong>truction, et cela sans doute plutôt<br />
par hasard. Le fait que tous les documents <strong>de</strong> la Section exploitation relatifs à<br />
l’Afrique du Sud aient été détruits illégalement à un moment qui n’a pas pu être<br />
déterminé <strong>avec</strong> précision s’est avéré particulièrement gênant.<br />
Dans la mesure où ils sont objectivement justifiés, la DCG comprend tout à fait les<br />
impératifs en matière <strong>de</strong> maintien du secret dans le domaine <strong>de</strong> l’acquisition<br />
d’informations à <strong><strong>de</strong>s</strong> fins <strong>de</strong> <strong>renseignement</strong>. Ces impératifs ne doivent toutefois pas<br />
dégager les <strong>services</strong> <strong>de</strong> <strong>renseignement</strong> <strong>de</strong> l’obligation <strong>de</strong> documenter leurs activités<br />
suffisamment pour permettre les contrôles ultérieurs. Les expériences faites lors <strong>de</strong><br />
la réorganisation <strong>de</strong> l’ancienne Police fédérale ont justement montré qu’une bonne<br />
gestion <strong><strong>de</strong>s</strong> dossiers est non seulement tout à fait compatible <strong>avec</strong> les impératifs en<br />
matière <strong>de</strong> maintien du secret, mais encore indispensable pour que le service concerné<br />
puisse exécuter sa mission <strong>de</strong> manière efficace. À ce propos, la déclaration du<br />
chef du Service d’analyse et <strong>de</strong> prévention (SAP) selon qui «tout le mon<strong>de</strong> sait bien<br />
que les informations secrètes qui sont gardées ‹quelque part› ne servent à rien» a<br />
déjà été relevée (voir le ch. 4.3.3.2). Cela étant, les réserves émises à plusieurs<br />
reprises par la Direction du <strong>renseignement</strong> stratégique qui précisait que les réponses<br />
aux questions <strong>de</strong> la DCG étaient faites en fonction <strong>de</strong> l’«état <strong><strong>de</strong>s</strong> connaissance <strong><strong>de</strong>s</strong><br />
cadres actuels» (voir notamment le ch. 4.3.3.4) sont révélatrices <strong><strong>de</strong>s</strong> problèmes liés<br />
au manque <strong>de</strong> documentation et touchant non seulement la DCG, mais également les<br />
activités du <strong>renseignement</strong> en tant que telles.<br />
La DCG estime qu’il est urgent <strong>de</strong> mettre en œuvre sans tar<strong>de</strong>r les recommandations<br />
relatives à la gestion et à l’archivage <strong><strong>de</strong>s</strong> dossiers qui ont été émises en 1999 déjà. Il<br />
faudra également veiller à ce que l’ensemble <strong><strong>de</strong>s</strong> activités <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>services</strong> <strong>de</strong> <strong>renseignement</strong><br />
puissent être clairement documentées. Pour une exécution adéquate <strong><strong>de</strong>s</strong><br />
tâches, il est indispensable que les informations importantes du point <strong>de</strong> vue <strong>de</strong> la<br />
défense <strong><strong>de</strong>s</strong> intérêts <strong>de</strong> notre pays ne dorment pas dans quelques têtes, mais qu’elles<br />
soient mises à la disposition <strong>de</strong> l’ensemble du service. Il est en outre inacceptable<br />
qu’en détruisant ses propres dossiers, une institution d’un Etat démocratique puisse<br />
non seulement se soustraire à tout contrôle administratif et parlementaire, mais<br />
encore rendre pratiquement impossible toute tentative ultérieure visant à établir les<br />
faits dans une perspective historique.<br />
Les conséquences <strong>de</strong> l’absence <strong>de</strong> documents sont extrêmement graves, à commencer<br />
par l’impossibilité d’évaluer la situation d’un point <strong>de</strong> vue objectif. La DCG ne<br />
peut ainsi pas juger <strong>de</strong> l’utilité <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>services</strong> <strong>de</strong> <strong>renseignement</strong> <strong>suisses</strong> pour notre<br />
pays. Elle ne peut pas évaluer si nombreux voyages avaient avant tout <strong><strong>de</strong>s</strong> motifs<br />
touristiques ou s’ils ont effectivement permis d’obtenir <strong><strong>de</strong>s</strong> informations importantes<br />
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