Examen des contacts des services de renseignement suisses avec l ...

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ou des personnes visées par ses propres investigations. Actuellement, seules les commissions d’enquête parlementaires dispose d’une telle compétence. 53 13.2 Conduite politique et définition des besoins en matière de renseignement Au cours de ses investigations, la DCG a fait de nombreuses constatations lui permettant de conclure que le renseignement souffre de la quasi-inexistence de conduite et de contrôle politiques, au moins en ce qui concerne la période examinée. À défaut d’un mandat de prestations clair et de toute définition des besoins par la direction politique, le GRS puis le Gr rens ont été laissés libres de définir eux-mêmes les points forts de leurs activités et de se procurer les renseignements qui leur semblaient importants ou judicieux (voir ch. 4.3.2). La DCG salue les réformes entreprises par le département depuis la publication de son précédent rapport en 1999. Etant donné qu’elles ne sont pas encore achevées, la DCG renonce à émettre d’autres recommandations à ce sujet. 13.3 Primauté du politique Il est particulièrement grave que, lors de leurs contacts avec l’Afrique du Sud – et en particulier avec l’UNITA – les services de renseignement n’ont non seulement tenu aucun compte des principes de la politique étrangère de la Suisse, mais y ont en plus parfois dérogé sciemment. Les contacts ont eu lieu sans que le DFAE n’ait été consulté et ses interventions n’ont délibérément pas été respectées (voir ch. 6.3). Force est cependant de constater que ni le DDPS, ni le DFAE ne sont intervenus avec suffisamment d’insistance pour éliminer les divergences de conception en ce qui concerne le rôle du renseignement et parvenir, avec l’aide du Conseil fédéral, à une orientation cohérente de l’ensemble des contacts extérieurs de la Suisse. Les contacts que les services de renseignement suisses ont entretenus de leur propre initiative avec l’Afrique du Sud et, en particulier, avec le mouvement rebelle de l’UNITA, constituent une violation flagrante de la politique extérieure et de neutralité de la Suisse. En dépit des différents embargos sur les armes et malgré la condamnation du régime de l’apartheid par la communauté internationale, les services de renseignement suisses ont échangé durant plusieurs années quantité d’informations en matière militaire et d’armement avec le régime sud-africain. Malgré toute la compréhension pour les besoins particuliers des services de renseignement, il est indispensable de tenir compte du fait que le renseignement fait partie de l’ensemble des tâches de l’Etat. Dans ce sens, les services de renseignements ne sont pas autonomes et doivent garder la place qui leur est impartie dans la structure de l’ensemble. Lorsque des conflits d’objectifs apparaissent, l’autorité politique compétente doit procéder à une pesée des intérêts. Il est inacceptable que les services de renseignement placent leurs intérêts à court terme au-dessus de ceux de l’Etat et poursuivent des objectifs particuliers sans tenir compte des conséquences politiques qui peuvent en découler. 53 Voir l’art. 65, al. 3, LREC et l’art. 171, al. 3, LParl. 2228

La DCG relève que grâce à la nouvelle ordonnance sur le renseignement du 4 décembre 2000, entrée en vigueur suite à son rapport de novembre 1999, l’entretien de contacts réguliers avec l’étranger est dorénavant soumis à l’approbation du Conseil fédéral (art. 6, al. 1, ORens). Elle espère en outre que la révision de la loi fédérale sur l’armée et l’administration militaire (voir ch. 4.2) décidée par le Parlement aura un effet durable grâce à la subordination directe du renseignement stratégique au chef du DDPS (art. 99, al. 5, LAAM). Ces deux mesures permettent d’espérer que le renseignement tiendra mieux compte de la politique et plus particulièrement de la politique extérieure de la Suisse. Il incombera en particulier au chef du DDPS de prendre les dispositions nécessaires pour garantir que le renseignement respecte le principe de la primauté du politique. 13.4 Contrôle de l’efficacité et de la qualité Il ne fait aucun doute que le renseignement militaire sud-africain faisait partie des partenaires les plus importants du GRS puis du Gr rens au cours de ces 20 dernières années. Malgré cela, en consultant l’ensemble des documents des services de renseignement, la DCG n’a pratiquement pas trouvé d’indices permettant de penser que les relations avec les Sud-Africains ont permis d’obtenir des informations intéressant la politique de sécurité de la Suisse. En tout état de cause, la direction du département ne s’est de toute évidence pas non plus posé la question de l’utilité de ces contacts (voir ch. 6.8). La DCG estime par conséquent qu’il est urgent de procéder à une analyse de rentabilité de l’activité des services de renseignements dans son ensemble. Elle invite donc le Conseil fédéral à prendre les dispositions nécessaires pour mesurer la plus-value apportée par les services de renseignement dans le domaine de la sécurité de l’Etat et apprécier ainsi l’efficacité de ces services. 13.5 Prescriptions relatives au maintien du secret La DCG a constaté à plusieurs reprises que bon nombre de documents des services de renseignement sont classés secret alors qu’aucune raison ne justifie le maintien du secret. La DCG ne peut s’empêcher de penser que le maintien exagéré du secret a finalement pour but d’éviter toute discussion politique sur les activités, l’efficacité et la direction politique des services de renseignement (voir ch. 4.3.7). La DCG est d’avis que seules les informations pour lesquelles il y a un intérêt concret au maintien du secret sont susceptibles de bénéficier de cette protection. En outre, il faut garder à l’esprit que même s’il peut sembler important de garder le secret sur certaines informations récentes, l’intérêt de le maintenir diminue avec le temps et peut même tomber complètement lorsque la situation politique ou militaire a évolué et que la situation en termes de menaces pesant sur notre pays a changé. La DCG invite donc le Conseil fédéral à examiner la pratique des services de renseignement en matière de maintien du secret et, le cas échéant, à adapter les dispositions correspondantes à l’environnement politique actuel. 2229

La DCG relève que grâce à la nouvelle ordonnance sur le <strong>renseignement</strong> du<br />

4 décembre 2000, entrée en vigueur suite à son rapport <strong>de</strong> novembre 1999, l’entretien<br />

<strong>de</strong> <strong>contacts</strong> réguliers <strong>avec</strong> l’étranger est dorénavant soumis à l’approbation du<br />

Conseil fédéral (art. 6, al. 1, ORens). Elle espère en outre que la révision <strong>de</strong> la loi<br />

fédérale sur l’armée et l’administration militaire (voir ch. 4.2) décidée par le Parlement<br />

aura un effet durable grâce à la subordination directe du <strong>renseignement</strong> stratégique<br />

au chef du DDPS (art. 99, al. 5, LAAM). Ces <strong>de</strong>ux mesures permettent<br />

d’espérer que le <strong>renseignement</strong> tiendra mieux compte <strong>de</strong> la politique et plus particulièrement<br />

<strong>de</strong> la politique extérieure <strong>de</strong> la Suisse. Il incombera en particulier au chef<br />

du DDPS <strong>de</strong> prendre les dispositions nécessaires pour garantir que le <strong>renseignement</strong><br />

respecte le principe <strong>de</strong> la primauté du politique.<br />

13.4 Contrôle <strong>de</strong> l’efficacité et <strong>de</strong> la qualité<br />

Il ne fait aucun doute que le <strong>renseignement</strong> militaire sud-africain faisait partie <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

partenaires les plus importants du GRS puis du Gr rens au cours <strong>de</strong> ces 20 <strong>de</strong>rnières<br />

années. Malgré cela, en consultant l’ensemble <strong><strong>de</strong>s</strong> documents <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>services</strong> <strong>de</strong> <strong>renseignement</strong>,<br />

la DCG n’a pratiquement pas trouvé d’indices permettant <strong>de</strong> penser que les<br />

relations <strong>avec</strong> les Sud-Africains ont permis d’obtenir <strong><strong>de</strong>s</strong> informations intéressant la<br />

politique <strong>de</strong> sécurité <strong>de</strong> la Suisse. En tout état <strong>de</strong> cause, la direction du département<br />

ne s’est <strong>de</strong> toute évi<strong>de</strong>nce pas non plus posé la question <strong>de</strong> l’utilité <strong>de</strong> ces <strong>contacts</strong><br />

(voir ch. 6.8).<br />

La DCG estime par conséquent qu’il est urgent <strong>de</strong> procé<strong>de</strong>r à une analyse <strong>de</strong> rentabilité<br />

<strong>de</strong> l’activité <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>services</strong> <strong>de</strong> <strong>renseignement</strong>s dans son ensemble. Elle invite donc<br />

le Conseil fédéral à prendre les dispositions nécessaires pour mesurer la plus-value<br />

apportée par les <strong>services</strong> <strong>de</strong> <strong>renseignement</strong> dans le domaine <strong>de</strong> la sécurité <strong>de</strong> l’Etat et<br />

apprécier ainsi l’efficacité <strong>de</strong> ces <strong>services</strong>.<br />

13.5 Prescriptions relatives au maintien du secret<br />

La DCG a constaté à plusieurs reprises que bon nombre <strong>de</strong> documents <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>services</strong><br />

<strong>de</strong> <strong>renseignement</strong> sont classés secret alors qu’aucune raison ne justifie le maintien<br />

du secret. La DCG ne peut s’empêcher <strong>de</strong> penser que le maintien exagéré du secret a<br />

finalement pour but d’éviter toute discussion politique sur les activités, l’efficacité et<br />

la direction politique <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>services</strong> <strong>de</strong> <strong>renseignement</strong> (voir ch. 4.3.7).<br />

La DCG est d’avis que seules les informations pour lesquelles il y a un intérêt<br />

concret au maintien du secret sont susceptibles <strong>de</strong> bénéficier <strong>de</strong> cette protection. En<br />

outre, il faut gar<strong>de</strong>r à l’esprit que même s’il peut sembler important <strong>de</strong> gar<strong>de</strong>r le<br />

secret sur certaines informations récentes, l’intérêt <strong>de</strong> le maintenir diminue <strong>avec</strong> le<br />

temps et peut même tomber complètement lorsque la situation politique ou militaire<br />

a évolué et que la situation en termes <strong>de</strong> menaces pesant sur notre pays a changé. La<br />

DCG invite donc le Conseil fédéral à examiner la pratique <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>services</strong> <strong>de</strong> <strong>renseignement</strong><br />

en matière <strong>de</strong> maintien du secret et, le cas échéant, à adapter les dispositions<br />

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