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Examen des contacts des services de renseignement suisses avec l ...

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d’encaisser au moyen <strong><strong>de</strong>s</strong> obligations falsifiées du Banco di Napoli le montant<br />

vraisemblablement détourné auparavant. Le 10 novembre 1992, sur ordre <strong>de</strong> Wouter<br />

Basson, un montant <strong>de</strong> 2,3 millions <strong>de</strong> dollars US imputés au projet «Coast» était<br />

versé sur un compte <strong>de</strong> Jürg Jacomet auprès <strong>de</strong> la Zagrebaca Bank à Zagreb. Selon<br />

les déclarations <strong>de</strong> Wouter Basson au Ministère public du district <strong>de</strong> Zurich, ce<br />

montant aurait été <strong><strong>de</strong>s</strong>tiné à payer <strong><strong>de</strong>s</strong> agents et <strong><strong>de</strong>s</strong> informations ainsi qu’à acquérir<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> armes et <strong><strong>de</strong>s</strong> objets d’équipements <strong>de</strong> l’armée croate. Comme les fonds ne pouvaient<br />

pas être versés directement d’Afrique du Sud en Croatie, Jürg Jacomet aurait<br />

été utilisé comme intermédiaire puisqu’il séjournait déjà en Croatie (à ce sujet, voir<br />

ch. 10.5.3).<br />

Contrairement aux déclarations faites au Ministère public zurichois, les documents<br />

correspondants du procès contre Wouter Basson en Afrique du Sud semblent plutôt<br />

indiquer que le versement en question a été effectué sans raison claire et avait pour<br />

but essentiel <strong>de</strong> s’enrichir au frais <strong>de</strong> l’Etat sud-africain. Au moment du versement,<br />

le changement <strong>de</strong> régime était clairement amorcé et le projet «Coast» se trouvait<br />

déjà en phase <strong>de</strong> dissolution. Début 1993, le prési<strong>de</strong>nt sud-africain De Klerk a formellement<br />

décidé la liquidation du projet «Coast» et Wouter Basson a été relevé <strong>de</strong><br />

ses fonctions <strong>de</strong> directeur du projet à la fin du mois <strong>de</strong> mars 1993. Il semblerait qu’il<br />

ait utilisé le temps qui lui restait pour utiliser les biens du projet «Coast» à <strong><strong>de</strong>s</strong> fins<br />

personnelles. En tout état <strong>de</strong> cause, outre le changement <strong>de</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong>tination <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

2,3 millions <strong>de</strong> dollars US versés sur le compte <strong>de</strong> Jürg Jacomet, l’acte d’accusation<br />

portait encore sur toute une série d’autres transactions financières, ce qui permet <strong>de</strong><br />

supposer qu’il y a eu d’importants transferts <strong>de</strong> fonds délictueux.<br />

Les documents analysés lors du procès contre Wouter Basson ont permis d’établir<br />

que Jürg Jacomet avait utilisé <strong>de</strong> son propre chef au moins une partie <strong><strong>de</strong>s</strong> 2,3 millions<br />

<strong>de</strong> dollars US qui avaient été versés sur son compte à Zagreb, sans respecter les<br />

prétendues instructions <strong>de</strong> Wouter Basson. Il avait notamment utilisé une partie <strong>de</strong><br />

cette somme pour payer les frais <strong>de</strong> son séjour du 12 novembre 1992 au 3 janvier<br />

1993 à l’Hôtel Esplana<strong>de</strong> à Zagreb, soit 21 949 dollars US, et avait procédé à <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

retraits en espèces pour un montant supérieur à un million <strong>de</strong> dollars US. Les pièces<br />

du procès contre Wouter Basson contiennent également une lettre que Jürg Jacomet<br />

avait adressée à Niel Knobel, le chef formel du projet «Coast». Cette lettre est datée<br />

du 12 mai 1993. Elle a donc été écrite une semaine avant la première discussion<br />

<strong>avec</strong> la banque AKB <strong>de</strong> Zurich au sujet <strong><strong>de</strong>s</strong> obligations falsifiées du Banco di Napoli<br />

(voir ch. 10.3.5). À elle seule, cette proximité chronologique semble manifestement<br />

indiquer que la tentative – qui a échoué – d’obtenir un crédit en nantissement au<br />

moyen <strong><strong>de</strong>s</strong> obligations falsifiées était <strong><strong>de</strong>s</strong>tinée à remplacer la somme détournée en<br />

Croatie par d’autres moyens. Dans la lettre déjà mentionnée adressée à Niel Knobel,<br />

Jürg Jacomet indiquait assumer l’entière responsabilité pour les fonds disparus et<br />

avoir comme convenu versé <strong>de</strong>ux tranches <strong>de</strong> 450 000 dollars US à <strong><strong>de</strong>s</strong> ressortissants<br />

croates. Dans cette lettre, il explique également que, immédiatement après<br />

avoir effectué ces versements, les autorités croates l’avaient mis en état d’arrestation<br />

pendant <strong>de</strong>ux mois et que l’argent qui se trouvait encore sur le compte avait été<br />

confisqué.<br />

Les investigations effectuées à l’occasion du procès contre Wouter Basson ont en<br />

revanche permis d’établir que les <strong>de</strong>ux versements <strong>de</strong> 450 000 dollars US chacun<br />

avaient effectivement été effectués par Jürg Jacomet, respectivement en novembre et<br />

en décembre 1992, mais qu’ils n’étaient pas <strong><strong>de</strong>s</strong>tinés à <strong><strong>de</strong>s</strong> ressortissants croates. Ces<br />

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