Alexandre Henri de Villers et les « lettres d'un inconnu
Alexandre Henri de Villers et les « lettres d'un inconnu
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<strong>Alexandre</strong> <strong>Henri</strong> <strong>de</strong> <strong>Villers</strong><br />
<strong>et</strong> <strong>les</strong> <strong>«</strong> l<strong>et</strong>tres <strong>d'un</strong> <strong>inconnu</strong> »<br />
Dans une étu<strong>de</strong> récente (1) , nous avons apporté quelques renseignements<br />
nouveaux sur la famiile du célèbre Ihtérateur Charl·es<br />
Franço:i,s Dominique <strong>de</strong> ViHers <strong>et</strong> nous y avons évoqué le nom <strong>de</strong><br />
son neveu A1lexandre. Celui-ci mérite mieux toutefois qu'une simple<br />
mention ( 2 ), car il est l'auteur <strong>d'un</strong> ouvrage réédité récemment :<br />
Briefe eines Unbekannten (L<strong>et</strong>tres <strong>d'un</strong> <strong>inconnu</strong>) , fort intéressant<br />
pour la vie llittérai·re, artistique <strong>et</strong> po1Iitique <strong>de</strong> 1866 à 1880 ( 3 ).<br />
<strong>Alexandre</strong> <strong>Henri</strong> <strong>de</strong> <strong>Villers</strong>, fiis <strong>de</strong> Fré<strong>de</strong>ric François <strong>et</strong> <strong>de</strong><br />
Louise Dauphine Bassenge, naquit à Moscou le 12 avril 1812. Son<br />
père, originaire <strong>de</strong> Boulay, émigra en 1792 ; a fut d'abord précepteur<br />
<strong>d'un</strong> j·eune prinee russe avant <strong>de</strong> fon<strong>de</strong>r à Moscou une institution<br />
pour fils <strong>de</strong> nob<strong>les</strong> ; il fut ensuite lecteur <strong>de</strong> langue <strong>et</strong> <strong>de</strong><br />
littérature françaises.<br />
Nommé par Napoléon, maire <strong>de</strong> Moscou, contre sa volonté<br />
(1812), il fut arrêté, après la r<strong>et</strong>raite <strong>de</strong> Russie,. <strong>et</strong> emprisonné<br />
durant dix-huit mois. Sa femme <strong>et</strong> ses jeunes enfants avaient pu<br />
passer en AHemagne ; Ï'l <strong>les</strong> rejoignit à Leipzig. De là, il s·e rendït<br />
à Dres<strong>de</strong> où il <strong>de</strong>vint professeur <strong>de</strong> français. Son épouse y mourut<br />
en 1825. C'est là qu'Il se remaria l'anné·e suivante.<br />
On ne possè<strong>de</strong> aucun détail sur ·<strong>les</strong> a n n é e s d' e n f a n c e<br />
d'<strong>Alexandre</strong> ; on sait :seulement qu'il était fort capricieux <strong>et</strong> qu'il<br />
lutta contre la volonté paternelle. Refusant <strong>de</strong> poursuivre ses étu<strong>de</strong>s,<br />
il choisit le métier d'imprimeur. Après un apprentissage chez Tauchnitz<br />
<strong>et</strong> Meinhold, son père l'envoya en 1830 à Paris chez Firmin<br />
Didot.<br />
Dans la capitale, <strong>Alexandre</strong> <strong>de</strong>vait mener une véritable vie <strong>de</strong><br />
bohème, souvent sans logis, passant son temps dans <strong>les</strong> guingu<strong>et</strong>tes<br />
ou avec <strong>les</strong> C'lochards. Après un court séjour en Angl<strong>et</strong>erre, il revint<br />
à Paris où il décida <strong>de</strong> parfaire son éducation <strong>et</strong> . il suivit l:es leçons<br />
d'Arago car il avait un goût particulier pour <strong>les</strong> sciences physique's<br />
(1) Le littérateur Char<strong>les</strong>-François-Dominique <strong>de</strong> <strong>Villers</strong> <strong>et</strong> sa famille dans<br />
Annuaire <strong>de</strong> la Société d'Histoire <strong>et</strong> d'Archéologie <strong>de</strong> la Lorraine, t. LXV (1965),<br />
p. 49-59.<br />
(2) Nous <strong>de</strong>vons remercier cordialement le haron Guillaume von <strong>de</strong>r Trenck,<br />
directeur <strong>de</strong> la <strong>«</strong> Kellinghüsener Fayencen und Keramik von <strong>de</strong>r Trenck », qui<br />
nous a permis d'écrire ces pages en nous envoyant <strong>les</strong> Briefe eines Unbekannten.<br />
Le baron von <strong>de</strong>r Trenck est l'arrière-p<strong>et</strong>it-neveu d'<strong>Alexandre</strong> <strong>de</strong> <strong>Villers</strong>.<br />
(3) <strong>Alexandre</strong> von <strong>Villers</strong>, Briefe eines Unbekannten, herausgegeben und<br />
eingeleit<strong>et</strong> von Margar<strong>et</strong>e Gi<strong>de</strong>on, Manesse Verlag- Conz<strong>et</strong>t und Huher, Zürich,<br />
s.d. (1966) Il a été publié dans Manesse-Bihliothek <strong>de</strong>r Weltliteratur.
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<strong>et</strong> naturel<strong>les</strong>. Il fit également la connaissance <strong>de</strong> Liszt qui lui offrit,<br />
un certain temps, l'hospitalité à la suite <strong>d'un</strong>e aventure qui vaut la<br />
peine d'être contée. Le musicien, était sorti tard dans la soirée, <strong>d'un</strong><br />
saion où il avait rencontré <strong>de</strong> <strong>Villers</strong>. Tous <strong>de</strong>ux bavardèrent longuement<br />
sur <strong>les</strong> Champs-E:Iysées, puis ils <strong>de</strong>scendirent jusqu'à la<br />
Concor<strong>de</strong> ; Liszt voulut alors ramener <strong>de</strong> <strong>Villers</strong> chez lui, mais ce<br />
<strong>de</strong>rnier dut avouer qu'il n'avait pas <strong>de</strong> domici'le <strong>et</strong> qu'i:l passait la<br />
nuit dans <strong>les</strong> cafés qui restaient ouverts. Le musicien lui accorda<br />
alors l'hospitalité (4).<br />
C<strong>et</strong>te vie <strong>de</strong> bohème prit fin lorsque <strong>de</strong> Vi:Uers entra comme<br />
précepteur chez Madame <strong>de</strong> Clermont. Il continua cependant à<br />
cultiver dans ses moments <strong>de</strong> loisir la musique <strong>et</strong> <strong>les</strong> science's naturel<strong>les</strong>.<br />
Plus tard, il s'intéressa à la botanique avec Gustave Thur<strong>et</strong><br />
(1817 -1875) auquel le liait une sorli<strong>de</strong> amitié.<br />
Il r<strong>et</strong>ourna bientôt en Ailemagne à Offenbach sur Ie Main où il<br />
donna <strong>de</strong>s leçons <strong>de</strong> français au pensionnat tenu par Ferdinand<br />
Becker. Avec c<strong>et</strong> excellent homme, il 'Se perfectionna dans la linguistique<br />
<strong>et</strong> la grammaire.<br />
A nouveau, il va s'asseoir sur <strong>les</strong> bancs <strong>de</strong> l'école. Il étudie le<br />
droit à Leipzig (1843), puis à Iéna où i'l passe ses examens avec<br />
succès. l'l est alors emp'Ioyé au ministère <strong>de</strong>s Affaires étrangères à<br />
Dres<strong>de</strong> puis, <strong>de</strong> 1848 à 1850, à la chancei1lerie <strong>de</strong> la Confédération<br />
saxonne à Francfort sur le Main ; en 1852, rl est à l'ambassa<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />
Saxe à Paris <strong>et</strong> la même année, secrétaire <strong>de</strong> légation à Berlin. Le<br />
1er mai 1855 il exerce d'i<strong>de</strong>ntiques fonctions à Vienne <strong>et</strong> il est nommé<br />
conseiller <strong>de</strong> légation cinq ans plus tard. C'est avec ce titre qu'il<br />
prendra sa r<strong>et</strong>raite en 1870.<br />
En 1872, il achète la <strong>«</strong> Wiesenhaus » <strong>de</strong> Neulengbach sur la<br />
ligne <strong>de</strong> Vienne à Linz où il vit habituellement <strong>et</strong> où il meurt en<br />
1880.<br />
Ses dix <strong>de</strong>rnières années, il <strong>les</strong> passera en correspondance avec<br />
une partie <strong>de</strong> la haute nob<strong>les</strong>se autrichienne.<br />
On a trouvé dans ses papiers <strong>de</strong>s fragments <strong>de</strong> romans, <strong>de</strong>s<br />
contes <strong>et</strong> <strong>de</strong>s légen<strong>de</strong>s, comme Les Contes <strong>de</strong> Leyermann, Les nouveaux<br />
frères Serapion, Le roi Asingarus, Le château ensorcellé qui<br />
montrent ses goûts romantiques. Dans le domaine <strong>de</strong> la musique, il<br />
a laissé <strong>de</strong>s chants, <strong>de</strong>s pièces pour piano <strong>et</strong> <strong>de</strong>s quart<strong>et</strong>tes.<br />
Ses l<strong>et</strong>tres sont intéressantes pour connaître la vie <strong>de</strong> l'époque.<br />
Ses correspondants sont presque tous <strong>de</strong> la haute société viennoise :<br />
Rodolphe, comte Hoyos (1821-1896), issu <strong>d'un</strong>e très ancienne famille<br />
espagnorle, qui fut poète à ses heures ; <strong>Alexandre</strong>, baron <strong>de</strong> W arsberg<br />
(1836-1889), <strong>de</strong>scendant <strong>de</strong> la famille lorraine <strong>et</strong> rhénane bien<br />
connue, qui fut Statthalter <strong>de</strong> Gratz <strong>et</strong> qui, féru <strong>de</strong> l'Orient <strong>et</strong> d,e<br />
(4) Briefe eines Unbekannten, p. 8.
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la Grèce, a laissé Odysseische Landschaften (1878) ; Robert Bulwer<br />
Lytton (1831-1891), fils du célèbre auteur <strong>de</strong>s Derniers jours <strong>de</strong><br />
Pompéi ; Char<strong>les</strong> Gustave Adolphe von Bose, homme d'Etat <strong>et</strong> poète<br />
sous le pseudonyme d'Oven Meredith, <strong>et</strong>c.<br />
Du côté <strong>de</strong>s femmes, il faut citer la comtesse Ernest Hoyos née<br />
Eléonore Paar <strong>et</strong> la géniale comtesse Berthe Nako, née Gyertyanffy<br />
<strong>de</strong> Bobda.<br />
Le baron <strong>de</strong> W arsberg a tracé d'<strong>Alexandre</strong> <strong>de</strong> Vil'lers un très<br />
vivant portrait, dans le cadre <strong>de</strong> son ex i s t e n c e. Il habitait<br />
40 Wahringerstrasse, au troisième étage sur cour, dans un appartement<br />
qu'il avait fait installer à son goût. En supprimant l,es cloisons,<br />
ill avait créé <strong>de</strong>s pièces vastes <strong>et</strong> lumineuses où le bruit <strong>de</strong> la gran<strong>de</strong><br />
viHe parvenait comme un lointain bruissement <strong>de</strong> la mer.<br />
Il avait rassemblé là, <strong>les</strong> obj<strong>et</strong>s <strong>les</strong> plus divers : <strong>de</strong> nombreux<br />
livres français <strong>et</strong> allemands, d'antiques porcelaines viennoises, <strong>de</strong>s<br />
fleurs fraîches <strong>et</strong> <strong>de</strong>s vieux meub<strong>les</strong>, <strong>de</strong>s pierres rares - minerais<br />
<strong>de</strong> fer <strong>de</strong> l'île d'Ellbe <strong>et</strong> cristaux du Mont-Blanc - entassées en<br />
monticu<strong>les</strong> <strong>de</strong>rrière <strong>les</strong>quel<strong>les</strong> il plaçait le soir <strong>de</strong>s p<strong>et</strong>ites bougies,<br />
<strong>de</strong>s tapis d'Orient, <strong>de</strong>s images r<strong>et</strong>raçant <strong>les</strong> vieil<strong>les</strong> légend'es germaniques,<br />
un grand buste <strong>de</strong> Liszt, bref tout ce que <strong>Villers</strong> avait pu<br />
découvrir au hasard <strong>de</strong> ses voyages <strong>et</strong> en provenance du mon<strong>de</strong><br />
entier.<br />
C'est dans ce cadre que 'le diplomate recevait le soir, ses amis,<br />
as,sis dans un profond fauteuil, le visage ra,sé <strong>de</strong> frais, une cravatte<br />
blanche autour du cou <strong>et</strong> habiillé à l'ancienne mo<strong>de</strong> : gi>l<strong>et</strong> Mane,<br />
habit à doub'le rangée <strong>de</strong> boutons, panta:lon à sous-pied.<br />
<strong>Alexandre</strong> <strong>de</strong> Vi!llers, plein d'esprit <strong>et</strong> <strong>de</strong> distinction, au parier<br />
rapi<strong>de</strong> <strong>et</strong> sonore, possédait une grâce innée, beaucoup d'amabilité<br />
<strong>et</strong> un grand savoir. Il avait conservé <strong>de</strong>s manières parisiennes, ce<br />
qui n'étonnait pas puisque la Capitale lui était aussi familière que<br />
Vienne, <strong>les</strong> Champs-E1ysées que le Prater.<br />
Quand il sortait <strong>de</strong> sa r<strong>et</strong>raite pour se r<strong>et</strong>rouver dans le grand<br />
mon<strong>de</strong>, par le froid rigoureux <strong>de</strong> l'hiver viennois, il avait la marotte<br />
<strong>de</strong> passer un second pantalon sur le premier <strong>et</strong> il d'éclenchait inévitablement<br />
,Jes rires <strong>de</strong>s val<strong>et</strong>s <strong>de</strong> chambre ou autres laquais galonnés<br />
lorsqu'l le déposait au vestiaire avant <strong>de</strong> se faire annoncer.<br />
Dans le calme <strong>et</strong> la solitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> la campagne, en l'absence <strong>de</strong><br />
tout travail absorbant, ViHers lisait beaucoup, mais il avait surtout<br />
hâte <strong>de</strong> r<strong>et</strong>rouver l'homme. Aussi la correspondance était-elle un<br />
besoin ! N'a-t-i,l pas écrit un jour, c<strong>et</strong>te réflexion aussi curieuse que<br />
juste : <strong>«</strong> Les l<strong>et</strong>tres ne sont jamai,s <strong>de</strong> celui qui <strong>les</strong> rédige, mais <strong>de</strong><br />
ce!lui à qui eUes sont adressées. C'est pour cela que je ne pourrais<br />
jamais écrire un Hvre, car je ne saurais jamais à qui - Briefe sind<br />
nie von <strong>de</strong>m, <strong>de</strong>r sie schreibt, son<strong>de</strong>rn von <strong>de</strong>m, an <strong>de</strong>n sie gericht<strong>et</strong><br />
sind. Deshalh konnte ich nie ein Buch schreiben, weil ich nie wüsste,
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an wen ! » L'homme était pour lui la plus haute source d'inspiration<br />
<strong>et</strong> son style différait seilon son correspo((]fdant.<br />
Les <strong>«</strong> l<strong>et</strong>tre1s » sont à l'image <strong>de</strong> Ta vie <strong>de</strong> c<strong>et</strong> être tardivement<br />
calmé <strong>et</strong> muri. El<strong>les</strong> montrent son attachement pour :la nature ; eUes<br />
d!écrivent avec exactitU!<strong>de</strong> <strong>et</strong> émotion <strong>les</strong> millle <strong>et</strong> une merveil<strong>les</strong><br />
que sont un jo-li coin <strong>de</strong> campagne, la première chute <strong>de</strong> neige, un<br />
ins·ecte qui vole, ·l'horizon <strong>de</strong> sa fenêtre, l'immensité <strong>de</strong> la mer, la<br />
solennité <strong>de</strong> .la montagne. Les p<strong>et</strong>ites choses l'intéressent autant que<br />
<strong>les</strong> grau<strong>de</strong>s car <strong>«</strong> le P<strong>et</strong>it près dU Grand cesse d'être p<strong>et</strong>it ».<br />
Son amour pour <strong>les</strong> bêtes est touchant ; . ses animaux domestiques<br />
<strong>de</strong>viennent ses amis <strong>et</strong> il répugne d'en tirer profit : <strong>«</strong>Je n'en<br />
suis pas encore au point <strong>de</strong> pouvo•ir manger mes bêtes. C'est ainsi<br />
que peu à peu on <strong>de</strong>vient homme » (17 janvier 1872). <strong>«</strong>Ce qui se<br />
passe entre <strong>les</strong> bêtes dans <strong>les</strong> écuries, <strong>les</strong> hommes dans <strong>les</strong> palais<br />
l'ignorent », écrira-t-il p1lus tard (24 d'écembre 1877) en assistant à<br />
l'arrivée <strong>d'un</strong> p<strong>et</strong>it veau.<br />
Pour son personnel, il a <strong>de</strong>s attitu<strong>de</strong>s patriarca<strong>les</strong>. Toujours<br />
incliné à reconnaître ses mérites, il le paye largement <strong>et</strong> avec plais.ir.<br />
111 vante parti·culièrement sa vieille gouvernante Cllli qui lui rendit<br />
agréah'le sa· vie <strong>de</strong> célibataire <strong>et</strong> lui fit comprendre Ie,s vertus <strong>de</strong><br />
l'hosp·italité.<br />
Nous avons souligné, tout à l'heure, son besoin <strong>de</strong> lecture. En<br />
eff<strong>et</strong> il Ht beaucoup : <strong>les</strong> grand's poètes <strong>et</strong> <strong>les</strong> C'lassiques, Go<strong>et</strong>he<br />
notamment - Eckermann S·era son livre d'e chev<strong>et</strong> -, mais aussi<br />
<strong>de</strong>s auteurs <strong>de</strong> second ordre comme Madame <strong>de</strong> Géra·rdin. 1'1 cite<br />
avec .attendrissement Les l<strong>et</strong>tres parisiennes : <strong>«</strong> Je I·is ce livre en<br />
mangeant <strong>et</strong>, en plusieurs passages, je pleure dans <strong>les</strong> épinards »<br />
(4 septembre 1877). n a le goût <strong>de</strong> son époque, y compris pour <strong>les</strong><br />
phi'losophes K,ant <strong>et</strong> Schopenhauer. Comme son oncle le tittérateur,<br />
il a pour le premier une véritable passion <strong>et</strong> il i<strong>de</strong>ntifie à la sienne<br />
sa manière <strong>de</strong> penser. Du second, a aimait l'élégance <strong>de</strong>s idées.<br />
AJlexandre <strong>de</strong> Vi:Hers, aristocrate raffiné, individualiste sans<br />
ambition, rationaliste quelque peu sceptique <strong>et</strong> pessimiste, s'intéressant<br />
à toutes choses, a laissé ces Briefe eines Unbekannten, témoignages<br />
littéraires assez rares d•une époque qui se cherchait.<br />
Ces <strong>«</strong> l<strong>et</strong>tres » furent éditées dès 1881 par le comte Rodolphe<br />
Hoyos à Vienne, <strong>et</strong> rééditées en 1887, 1910, 1925 <strong>et</strong> tout récemment<br />
en 1966 ( 5 ) . Puissent ces quelques pages <strong>les</strong> faire connaître dans<br />
notre pays où el<strong>les</strong> s0111t totalement ignorées.<br />
H. TRIBOUT DE MOREMBERT<br />
(5) L'édition <strong>de</strong> 1966 donne (p. 653) une note sur <strong>les</strong> parutions antérieures.<br />
Signalons qu'<strong>Alexandre</strong> <strong>de</strong> <strong>Villers</strong> parle à plusieurs reprises dans ses l<strong>et</strong>tres à<br />
Hoyos <strong>de</strong> son oncle Char<strong>les</strong> François Dominique <strong>et</strong> une fois <strong>de</strong> son neveu<br />
le sénateur Stourm, grand-père <strong>de</strong> l'actuel archevêque <strong>de</strong> Sens.