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Hégémonie contre hégémonie - Fondation Gabriel Péri

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Colloque international<br />

La transformation sociale<br />

à l'ère de la mondialisation<br />

Paris, le 16 avril 2005<br />

Deuxième table ronde<br />

«Du local au mondial, les territoires dans la mondialisation »<br />

<strong>Hégémonie</strong><br />

<strong>contre</strong> <strong>hégémonie</strong><br />

par Sydney Mufamadi<br />

Ministre sud-africain des Provinces et Gouvernements locaux


La globalisation libérale de l’économie est devenue la règle de l’après guerre<br />

froide. Elle est marquée par la contradiction entre une idéologie qui promet la<br />

prospérité pour tous, et la réalité concrète de cette mondialisation qui<br />

n’englobe pas encore complètement la planète. Ceci n’est pas un fait nouveau.<br />

Les camarades se rappelleront qu’un des grands apports théoriques de Karl<br />

Marx montrait comment l’apparente égalité offerte par le marché structure<br />

en réalité de l’inégalité sociale.<br />

Nous nous rappelons également les périodes « difficiles » décrites par Charles<br />

Dickens au milieu du 19ème siècle. Dickens parlait des changements<br />

apportés par la révolution industrielle. Son témoignage est celui de l’image<br />

d’une société déchirée par la concurrence et les profits.<br />

Marx et Friedrich Engels ont montré dans le Manifeste du Parti communiste<br />

qu’au delà de sa tendance naturelle à créer et enraciner un profond<br />

déséquilibre, le marché, son mécanisme, induisent un impératif besoin de<br />

globalisation. En effet les années 80 et les suivantes ont vu grandir le nombre<br />

et le champ des domaines où les Etats sont soumis à des facteurs extérieurs,<br />

dominant leur propre action sur des politiques dont ils ne sont plus les<br />

maîtres. Nous constatons au cœur de tous les Etats, une coupure entre ceux,<br />

capables de saisir les opportunités et tirer avantage d’une économie globale<br />

intégrée et ceux, qui sont marginalisés par ce même processus.<br />

Non seulement cette trajectoire particulière d’expansion du capitalisme a<br />

soumis d’anciennes colonies à la globalisation, mais son impact a été<br />

également ressenti dans les pays qui constituaient initialement le système<br />

socialiste mondial, exposant, de ce fait, une plus grande partie de l’humanité à<br />

un grand risque de fêlure.<br />

L’ultralibéralisme se comporte comme un tyran concentrant toutes les<br />

décisions politiques et économiques. Les forces sociales et économiques<br />

dominantes ne ménagent pas leurs efforts pour renforcer leur caractère<br />

hégémonique, aussi bien dans leurs décisions concrètes et quotidiennes, que<br />

dans leur théorisation et l’inscription de celle-ci dans le marbre des<br />

institutions.<br />

Entre autres choses, elles utilisent les organismes gouvernementaux<br />

transnationaux tels que le Fond Monétaire International, la Banque mondiale<br />

et l'Organisation du Commerce mondial (OMC), pour l’élaboration de leurs<br />

discours politiques et de leurs concepts, lesquels déterminent ce qui doit être<br />

pensé et fait.<br />

Elles dépossèdent l’Etat des décisions économiques, en affirmant comme une<br />

évidence qu’il est intrinsèquement incompétent dans ce domaine. Leur but<br />

étant de convertir les Etats en simples « agences » chargées d’ajuster les<br />

pratiques d’économies nationales aux exigences de l’économie mondiale<br />

Enfin, ces forces institutionnalisent des mesures visant à écarter les peuples<br />

du « royaume » des décisions politiques. De ce point de vue, il faut noter que<br />

le néo-libéralisme est miné par une contradiction essentielle : il est incapable<br />

de concilier sa répulsion profonde, philosophique, pour l’Etat, et son besoin<br />

réel d’un soutien actif de ce même Etat, pour se protéger des pressions<br />

populaires.<br />

Les questions auxquelles les participants de cette table ronde doivent essayer<br />

de répondre sont : « Quels nouveaux territoires pertinents pour résister aux<br />

<strong>Fondation</strong> <strong>Gabriel</strong> <strong>Péri</strong> – Colloque international – La transformation sociale à l'ère de la mondialisation – Paris 16 avril 2005 2/3


effets négatifs de la globalisation capitaliste ? » ; et « Comment imposer<br />

d’autres choix que ceux dictés par le libéralisme ? »<br />

Cela signifie, à mon sens, que nous sommes conviés à réfléchir, de manière<br />

impérative, à la construction d’une plus grande perspective anti hégémonique,<br />

avec des objectifs politiques adaptés. Ce faisant, nous devons considérer les<br />

points suivants :<br />

1. Nos adversaires comptent sur les réseaux transnationaux pour relier les<br />

décisions politiques d’un pays à un autre et pour s’assurer que ces<br />

politiques, s’investissent « naturellement » dans les mêmes intérêts.<br />

2. Dans l’économie mondiale d’aujourd’hui, la capacité d’autonomie de tous<br />

les Etats a été réduite, mais de façon plus importante pour les pays en<br />

développement que pour les pays développés.<br />

3. C’est l’imposition des dogmes ultralibéraux qui ruine les Etats et, pour les<br />

plus faibles d’entre eux, les mène tout droit à l’anarchie et à la guerre<br />

civile.<br />

La prépondérance du libéralisme est en partie due à ce que nous avons<br />

constaté dans les années 80 : le déclin des forces de gauche et<br />

l’affaiblissement de leur influence. Alors que les conséquences de la<br />

mondialisation capitaliste se font sentir partout, la gauche peut et doit faire<br />

appel à son expérience, son sens de l’organisation et son savoir faire dans le<br />

domaine de la lutte idéologique, pour mobiliser et unir toutes les forces<br />

sociales.<br />

Tous les jours, nous voyons dans diverses régions du monde, apparaître de<br />

nouvelles forces qui puisent leur énergie dans leur volonté de résistance<br />

<strong>contre</strong> toutes les formes d’injustice sociale. Nous devons travailler sur ce<br />

terrain où s’exercent des formes nouvelles de démocratie et de luttes, chacune<br />

avec sa propre histoire, si l’on veut <strong>contre</strong>r la mondialisation.<br />

Il est d’une importance fondamentale que nous soyons unis dans un même<br />

but, celui d’un futur acceptable et que nous mobilisions toutes nos forces<br />

dans ce combat.<br />

Pour finir, étant donné que l’attaque néo-libérale est particulièrement dirigée<br />

<strong>contre</strong> les pays en voie de développement, les forces de gauche ne doivent<br />

pas céder à la tentation d’installer une dichotomie entre l’état et « la société<br />

civile ». Une telle division est mauvaise, aussi bien pour l’Etat que pour la<br />

société ; elle conduit à l’affaiblissement mutuel.<br />

La société décrite par Dickens (c’est à dire une société qui privilégie la<br />

froideur du marché face au bien-être humain) nécessite une réponse qui va<br />

légitimer à nouveau l’Etat comme régulateur de l’économie et garant de<br />

l’égalité sociale. Je pense, que c’est la seule façon pour nous de travailler à un<br />

futur sans domination du néo-libéralisme.<br />

<strong>Fondation</strong> <strong>Gabriel</strong> <strong>Péri</strong> – Colloque international – La transformation sociale à l'ère de la mondialisation – Paris 16 avril 2005 3/3

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