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Ecologia Mediterranea

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JAOUA CELLE, VINCENT HUGONNOT<br />

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nus rares ou n’existent plus. Ce compartiment,<br />

majoritairement forestier et hautement<br />

dynamique, a le plus souffert des travaux<br />

d’amélioration du régime des cours d’eau.<br />

Dans les habitats naturels ou subissant un fort<br />

impact anthropique, l’analyse des communautés<br />

bryophytiques présente un intérêt certain<br />

dans le diagnostic écosystémique. Cette<br />

approche synécologique a été employée dans<br />

des systèmes tourbeux (Hugonnot et al. 2011 ;<br />

Goubet 2007), mais rarement dans des complexes<br />

alluviaux (Klein & Vanderpoorten<br />

1997 ; Hugonnot & Celle soumis). Dans les<br />

habitats alluviaux, les bryophytes sont pourtant<br />

capables de coloniser à peu près tous les<br />

types de supports, des plus stables jusqu’aux<br />

plus mobiles et, en raison de leur grande spécialisation<br />

écologique, présentent donc potentiellement<br />

un fort pouvoir indicateur (Werffeli<br />

2004).<br />

Les travaux concernant la flore et la végétation<br />

bryophytiques qui portent sur le Bas-<br />

Vivarais sont rares et se limitent à quelques<br />

publications relativement anciennes de<br />

Dismier (1921, 1922, 1928) et de Philibert<br />

(1880, 1881, 1884, 1894). Deux catalogues<br />

des mousses du bassin du Rhône rédigés par<br />

Debat (1886) et Meyran (1914) fournissent<br />

quelques indications relatives à la basse<br />

Ardèche. La plupart des citations issues de ces<br />

publications sont reprises dans la synthèse de<br />

Sapaly (2000). Plus récemment, Wattez & De<br />

Foucault (2002) ont publié quelques données<br />

floristiques à la suite de prospections effectuées<br />

dans la vallée de l’Ardèche. Malgré ces<br />

différents apports, la bryoflore de la basse vallée<br />

de l’Ardèche reste mal connue. La<br />

connaissance relative aux végétations est<br />

encore plus lacunaire.<br />

La rivière Ardèche est pourtant un système<br />

aux caractéristiques naturelles préservées<br />

(Bravard 2008) qui peut servir de modèle ou<br />

de témoin dans le but de comparer la<br />

végétation bryophytique d’hydrosystèmes<br />

hautement anthropisés avec d’autres encore<br />

fonctionnels. Dès lors, les communautés<br />

bryophytiques du lit mineur de l’Ardèche<br />

reflètent-elles cette fonctionnalité ? Notre<br />

attention s’est donc portée dans un premier<br />

temps sur les communautés bryophytiques du<br />

lit mineur de l’Ardèche dans une optique descriptive.<br />

L’analyse du déterminisme écologique<br />

des communautés permet ensuite de<br />

relier la présence des communautés avec des<br />

caractéristiques hydrogéomorphologiques et<br />

dynamiques de la rivière dans une optique de<br />

meilleure compréhension du fonctionnement<br />

d’un hydrosystème non perturbé.<br />

Site d’étude<br />

Les gorges de l’Ardèche sont situées dans le<br />

sud-est du département de l’Ardèche entre<br />

Vallon-Pont-d’Arc et Saint-Martin-d’Ardèche<br />

(figure 1). Une longue phase d’incision à<br />

l’échelle des temps géologique a permis à<br />

l’Ardèche de former ce canyon méandriforme<br />

d’une trentaine de kilomètres de long<br />

(Astrade et al. 2011). Ces gorges, formées par<br />

un long processus d’érosion, entaillent profondément<br />

les calcaires blancs à faciès urgonien<br />

(Pascal et al. 1989). Les principaux<br />

phénomènes façonnant aujourd’hui la morphologie<br />

de ces gorges sont les processus fluviatiles<br />

(Bravard 1993). La structure générale<br />

des gorges, héritées des phénomènes érosifs<br />

passés, comporte des versants concaves formés<br />

par de hautes parois qualifiées de cirques.<br />

La rivière serpente dans un défilé où se succèdent<br />

une vingtaine de méandres et une quinzaine<br />

de rapides. Les rapides sont des zones<br />

de turbulence qui se forment là où l’eau<br />

s’écoule à travers des gradins, lorsque des<br />

débris rocheux sont présents sur le fond du<br />

chenal ou lorsque ce dernier se rétrécit brutalement<br />

(Julien 2006).<br />

Alimentée par ses deux principaux affluents,<br />

le Chassezac et la Beaume, l’Ardèche présente<br />

un régime torrentiel. En effet, le régime<br />

des précipitations cévenoles s’abattant sur son<br />

bassin versant associé aux fortes pentes des<br />

principaux versants provoque les fortes crues<br />

qui caractérisent l’Ardèche (Bravard 2008). Si<br />

son débit moyen annuel est modeste<br />

(55 m 3 /s), les crues annuelles sont importantes,<br />

en particulier en fin d’été et au début<br />

de l’automne avec des débits de l’ordre de<br />

2 000 à 3 000 m 3 /s. Si le cours de l’Ardèche<br />

a été bien plus haut au XIX e siècle (Astrade et<br />

al. 2011) suite à l’apport massif d’alluvions à<br />

la fin du petit âge glacière, les crues dévastatrices<br />

des siècles passés – plus de 20 m d’élévation<br />

du niveau de l’eau dans les gorges en<br />

1827 (De Mardigny 1860) – ont progressivement<br />

évacué cette charge alluvionnaire. Bien<br />

que de nos jours ces crues exceptionnelles,<br />

liées à un contexte historique et climatique<br />

particuliers, ne semblent plus envisageables,<br />

les crues annuelles de l’Ardèche avoisinent<br />

tout de même les 8 à 10 m d’élévation du<br />

niveau de l’eau.<br />

ecologia mediterranea – Vol. 38 (2) – 2012

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