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Ecologia Mediterranea

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SÉLIMA BERCHI, AMEL AOUATI, KAMEL LOUADI<br />

14<br />

ductivité primaire. Elles peuvent s’expliquer<br />

aussi par les rejets urbains et industriels. Nos<br />

résultats ne corroborent pas avec ceux de<br />

De Alwis et Munasinghe (1971), ces auteurs<br />

soulignent en effet l’influence du pH sur le<br />

contrôle du développement larvaire, contrairement<br />

à nos investigations.<br />

À l’instar de nos résultats, il semblerait que<br />

des teneurs élevées en matière organique<br />

constituent un facteur indispensable pour le<br />

développement larvaire de Culex pipiens.<br />

Rioux et al. (1965b) rapportent que de fortes<br />

concentrations en matière organique dans un<br />

gîte favorisent la croissance et la métamorphose<br />

de Culex pipiens. Pour Benkhalfate-El<br />

Hassar (1991), le rôle de la matière organique<br />

doit être défini avec précision, car elle peut<br />

être considérée comme un facteur stimulant le<br />

développement des stades préimaginaux mais,<br />

elle pourrait, selon sa qualité, être néfaste et<br />

favoriser le parasitisme de certains stades larvaires.<br />

La plupart des travaux sur les gîtes larvaires<br />

de Culicidae ont amené leurs auteurs à étudier<br />

les caractéristiques physico-chimiques de<br />

l’eau pour identifier les facteurs favorables au<br />

développement des gîtes. Au Maroc, Trari<br />

(1991) emploie une analyse multidimentionnelle<br />

(analyse en composante principale) pour<br />

définir l’importance de deux paramètres dont<br />

l’action sur la répartition des espèces culicidiennes<br />

est incontestable. Il s’agit de la salinité<br />

et du pH de l’eau. Toutefois, cet auteur<br />

signale la préférence de Culex pipiens pour<br />

les eaux douces alors que Louah (1995)<br />

signale une inclination des larves de cette<br />

espèce pour les gîtes salés. Benkhalfate-El<br />

Hassar (1991) rapporte que la conductivité<br />

peut agir, soit comme facteur limitant lorsqu’elle<br />

est élevée, soit comme facteur stimulant<br />

au niveau de l’éclosion.<br />

L’étude des variations des populations de<br />

Culex pipiens par le test de Newmann-Keuls<br />

montre qu’il y a de grands écarts de densités<br />

larvaires entre les gîtes. Une comparaison des<br />

densités moyennes relevées dans les gîtes<br />

périurbains met en évidence que celles d’Aïn-<br />

Smara et Didouche Mourad sont respectivement<br />

44 fois et 63 fois plus élevées que celles<br />

d’El-Khroub ; 11 fois et 31 fois plus élevées<br />

que celles de Zighoud Youcef (en moyenne<br />

44 individus/l pour le gîte Aïn-Smara ou<br />

126 individus/l pour Didouche Mourad contre<br />

2 individus/l dans El-Khroub et 4 individus/l<br />

dans Zighoud Youcef). Cette variation est due<br />

au fait que l’eau des gîtes de Didouche Mou-<br />

rad et d’Aïn-Smara est particulièrement polluée<br />

par rapport à celle d’El-Khroub et de<br />

Zighoud Youcef. Ces derniers gîtes se caractérisent<br />

en effet par une eau relativement<br />

propre et bien oxygénée. Néanmoins,<br />

Didouche Mourad est un gîte dont la charge<br />

en matière organique est beaucoup plus élevée<br />

(en moyenne 74,48 mg.l -1 O 2 ) que dans<br />

Aïn-Smara (en moyenne 38,09 mg.l -1 O 2 ). Par<br />

ailleurs, la teneur de l’eau en ammoniaque,<br />

révélateur d’un milieu anaérobie, est 4 fois<br />

plus élevée dans Didouche Mourad que dans<br />

Aïn-Smara (en moyenne 39,78 mg.l -1 N-NH 4<br />

dans Didouche Mourad contre 9,51 mg.l -1<br />

N-NH 4 dans Aïn-Smara). Cette pollution<br />

organique ainsi que le manque d’oxygène<br />

sont les principales causes d’une pauvreté de<br />

la faune aquatique observée dans ces gîtes<br />

contrairement à El-Khroub et Zighoud Youcef<br />

qui se caractérisent par une faune plus<br />

riche, récoltée dans une eau de moindre pollution<br />

organique. En effet, l’eau de ces gîtes<br />

moins chargée en matière organique est plus<br />

oxygénée. Les larves de Culex pipiens trouvent<br />

alors dans les gîtes situés à Aïn-Smara et<br />

Didouche Mourad, les gîtes urbains épigés<br />

GE1, GE2 et dans tous les gîtes hypogés les<br />

conditions favorables à leur prolifération.<br />

Cette pullulation est particulièrement importante<br />

pendant la période estivale et s’effectue<br />

généralement en absence de compétition et de<br />

prédation. D’après Rioux et al. (1965b), une<br />

eau non polluée au début de la saison sèche et<br />

hébergeant une biocénose équilibrée renferme<br />

beaucoup moins de larves de Culex pipiens<br />

que lorsqu’elle devient polluée. Nos observations<br />

concordent avec celles de ces derniers<br />

auteurs qui indiquent que les larves de Culex<br />

sont rencontrées plus fréquemment dans des<br />

eaux riches en matière organique certes, mais<br />

aussi en ammonium, avec des températures<br />

élevées et une faible conductivité.<br />

Au vu des paramètres étudiés, un gîte doit<br />

présenter une eau chlorée et polluée (riche en<br />

matière organique et en azote ammoniacal)<br />

pour permettre à ce moustique un développement<br />

rapide et atteindre par conséquent des<br />

densités élevées. Cette étude est l’une des premières<br />

tentatives biotypologique dans la<br />

région de Constantine. Elle devrait permettre<br />

d’adapter des moyens de lutte efficaces contre<br />

l’espèce Culex pipiens, principale nuisance de<br />

la région.<br />

ecologia mediterranea – Vol. 38 (2) – 2012

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