FIGURE 16. Armoiries de la khanqah Khaksariyyah- de la branche de Motahar ALISHAH á Mashhad. [source : auteur, 2010] FIGURE 17. Mir Taher ALISHAH entourés de ses <strong>Khaksars</strong> dans sa Khanqah de Kermanshah [SOLTANI, 2001]
initiation kisvat perpétue les brûlures au fer des Qalandars et des Torlaks. L’ordre est donc semi-érémitique et structuré. La mendicité est faite par les novices au profit du khalifeh. Au 20 ème siècle, l’art vocal profane du naqqali – recit epique lyrique donne dans les Chaikhuneh ou au bazar – est l’une de leurs spécialités á Mashhad et Téhéran, au point que la quasi totalité des derniers Naqqali est constituée de vétérans de l’ordre. <strong>Les</strong> khaksars furent sans doute fréquemment pris pour des Qalandars, car la littérature historique est pauvre à leur endroit. Leur visibilité s’érode rapidement à partir de 1850 AD, tant de par là précarité de leur mode de vie errante dans l’économie Qajar, que par leur déchéance, après s’être compromis dans le soulèvement de l’hérésie shaykiste / babiste (1844-1850 AD). Sans doute Hajj Motahar ALISHAH [FIGURE 1, maillon 48] fut leur dernier grand sheikh. Jusque dans les années 1910, l’ordre était encore mené par Hajj ali « YAZDI » [FIGURE 1, maillon 47], également appelé Bahar ALISHAH, depuis la khanqah de Kufah (Irak) [ALISHAH, 1956]. A son décès, Hajj Motahar ALISHAH doit sa victoire sur les nouveaux prétendants à la désignation écrite par Hajj Mastur ALISHAH [FIGURE 1, maillon 49]. Hajj Motahar ALISHAH s’installa à Téhéran, à la porte Darvazdeh Dowlat ( à l’époque l’extrémité Nord du Bazar) et c’est lui qui déplaça les reliques du respecté Bodolleh dans le district téhéranais de Hajebiyeh [ALISHAH,1956]. Shahto Sultani « BAKHTIYARI » et d’autres sujets du regretté Bahar ALISHAH transformérent plus tard l’endroit en ce qui devint la khanqah, nommée « Motahariyyeh » pour cette raison. Elle subsiste aujourd’hui dans la ruelle Khanqah Mottahariyeh, atenante á la rue Naderi, à quelques centaines de mètres de l’ancienne porte Darvazeh Dowlat de Téhéran. Noter aussi que dans sa monographie sur les khaksars conteurs de Mashhad [BATESTI, 1994], Teresa BATESTI y a interviewe dans les annees 1960 un conteur khaksar homonyme nommé « morshed Motahar ALISHAH » . La branche de Rahmat ALISHAH de Mashhad s’étant alors explicitementt reclamée du sheikh Hajj Motahar ALISHAH, nous nous garderons bien de confondre ces deux khaksars homonymes contemporains. De son vivant, Hajj Motahar ALISHAH avait sélectionné quarante-deux successeurs, mais sa longévité exceptionnelle le fit plus que centenaire et aucun d’eux ne lui survécut [ALISHAH,1956]. Au début du 20 ème siècle, son contemporain Mir Taher ALISHAH [FIGURE 1, maillon 51], le sheikh de la khanqah Khaksariyyah de Kufah, briguait en vain ses faveurs pour la succession. On dit que c’est par dépit de ne pouvoir obtenir sa khirqah, que ce dernier s’adonnait aux drogues hallucinogènes. Débouté, il entrepris d’implanter sa propre branche de la Khaksariyyah : quittant Kufah (Irak), il installa sa khanqah à Kermanshah (Iran). Compte tenu du faible nombre de ses disciples, il y fonda neanmoins un tekkieh relativement visible dans le quartier excentré de la rue Sard Cheshmeh (vraissemblablement un ancien cimetière), et y désigna quelques sheikhs locaux sous lui [ALISHAH,1956]. On ne peut que supposer que c’est à cette epoque de la migration á Kermanshah que la khaksariyyah intégra le rite du « casser de noix », un rituel de renoncement aux piliers de l’Islam orthodoxe, qui assimile ponctuellement les participants aux Ahl-e-Haqq. Hajj Motahar ALISHAH prétendit notamment un temps que la succession légitime de Bahar ALISHAH [FIGURE 1, maillon 47] revenait á Hajj Mastur ALI(SHAH) [FIGURE 1, maillon 49], un vétéran de la khanqah de Kufah. Mais ce dernier, á son tour, prêta finalement allégeance á Mir Taher ALISHAH [FIGURE 1, maillon 51] deux ans plus tard. Hormis la loge de Darvazeh Dowlat à Téhéran, qui était acquise á Hajj Motahar ALISHAH, les deux principales loges qui lui firent allégeance furent celles de Mustagh ALISHAH (dans le Nord-Est actuel de Téhéran) et celle de Rahmat ALISHAH (khanqah attenante á la mosquée Momeniyyeh á Mashhad) Curieusement, la succession de Hajj Motahar ALISHAH á Téhéran fut finalement emportée par Mir MIZBAH, un ancien rival de celui-ci. <strong>Les</strong> autres