Les fakirs Khaksars - In the gap between - Free
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1.6.5.5.3 Rishis musulmans et sa'dat kubrawi: un conflit inter-religieux & inter-ethnique<br />
Bien que la littérature soufie tende habituellement à présent à considérer les<br />
rishis musulmans comme une branche finalement afiliée à la branche locale de la<br />
kubrawiyyah, il faut bien constater que le clivage local entre ces rishis et les seyyeds<br />
kubrawis fut, pis qu'équivoque dans ses premiers temps, et plus probablement une<br />
compétition féroce pour l'influence religieuse entre notables orthodoxes et errants<br />
hétérodoxes, nostalgiques du rishisme shivaite. Clairement, sohrawardis, kubrawis<br />
puis, plus tard, les rishis vivaient au départ separement dans des khanqahs differentes,<br />
pour la plupart sous le patronage du Sultan SIKANDAR. <strong>Les</strong> sohrawardis hébergeaient<br />
des rishis occasionnellement dans les leurs, selon leur modéle prosélyte répandu en<br />
<strong>In</strong>de à l'époque. En effet, alors que kubrawis et sohrawardis - etablis par Jalaluddin<br />
Makhdum « JAHANIAN JAHANGASHT » (1308-1384 AD) - demeuraient tres<br />
orthodoxes, les rishis musulmans s'attirérent la piété populaire par leur modèle<br />
démonstratif d'ascèse, initialisé par les rishis shivaïtes. Mais le conflit dépassait celui de<br />
la seule règle de vie. Si les premiers eurent à patir de l'hostilité des cachemiris, les<br />
seconds gagnérent rapidement leur coeur et leur piété. Ces seyyeds émigrants furent ils<br />
simplement victimes de discrimination ethnique à leur arrivée au Cachemire?<br />
Dans une série d'articles historiques véhéments, le professeur Mohan Lal KOUL<br />
restitue sa vérité de la confrontation entre rishis et kubrawis aux premiers temps du<br />
kubrawisme cachemiri. - certes, dans le contexte actuel de conflit inter-religieux au<br />
Cachemire, il convient de prendre avec la plus grande prudence son argumentaire<br />
engagé, publié dans le mensuel culturel cachemiri "Kasmiri sentinel" - . Ces précautions<br />
oratoires étant prises, KOUL resitue l'antagonisme rishiyyah / kubrawiyyah dans le<br />
contexte du 14éme siécle au Cachemire. L'islamisation est initialisée par l'arrivée de<br />
missionnaires mythiques, originaires "d'Asie centrale" ou du Khorasan, parmi lesquels<br />
Jalaluddin Makhdum « JAHANIAN JAHANGASHT » (1308-1384 AD ,sohrawardi-jalali)<br />
et Ali "HAMADANI" (kubrawi). Selon [KOUL, 2002a], ces seyyeds emigrés fuyaient le<br />
régime timouride, lequel les aboraient. Avec eux s'établit à Srinagar une nomenklatura<br />
sunnite opulente, qui a les faveurs des sultans SIKANDAR et Seyyed Hasan SHAH.<br />
Guidés par ces nouveaux maîtres à penser, ces derniers souverains furent des rares au<br />
Cachemire à jamais opprimer les autres groupes religieux locaux par prosélytisme<br />
sunnite orthodoxe.<br />
Elite religieuse hégémonique et exclusive, elle s'appuie sur l'enseignement de la<br />
Shariah et une "bigoterie" avérée [KOUL, 2002b]. Cette sa'dat se renforce d'abord par<br />
des mariages endogames et une solidarité interne, non sans rappeler la sa'dat<br />
sohrawardi khorasani endogame au Sindh, décrite au paragraphe 1.6.2.2.. Appréciée<br />
du régime, elle s'allie ensuite à l'élite royale qu'elle convertit et qu'elle fréquente. Pis, les<br />
seyyeds kubrawis de Srinagar, établis en ces clans de sa'dat ( "ANDALIBI", "<br />
HAMEDANI ", "BUKHARI", "HAQQANI" et "GONA'I") – A l'endroit de la Marvandiyyah,<br />
nous avons déjà évoqué en quoi les sa'dat khorasani "BUKHARI" (ou « BUKHARA’I) et<br />
"SABZEVARI" était elles-mêmes influentes sur les taifa jalali de Sehwan Shariff au<br />
Sindh - Ces familles prestigieuses ont occuppé durablement le paysage cachemiri tant<br />
par des mariages que par des affiliations soufies ultérieures au seul rishisme kubrawi.<br />
Au Cachemire, le nom de «GONA’I » , ou « GANA’I » était , quant á lui, originellement<br />
lié aux corporations de bouchers (ar. Qassab), essentiellement parmi les seyyeds<br />
cachemiri. Si ce nom les rattache á un long passe de corporatisme islamique hétérodoxe<br />
de cette profession au Mashrek. Etonnament, de par Sardar GANAI, le pere de Nur-Ud-<br />
Din Nurani RISHI, le nom de GANA’I devient paradoxalement un signe reconnu de<br />
sa’dat [KHAN, 1994] . Nous verrons que ces patronymes ont permis á ADHAMI de<br />
tracer les mystiques du lignage khaksar au Sindh, puis au Cachemire et au Gujarat.<br />
<strong>Les</strong> seyyeds ajoutaient à cette influence politique notable une opression économique<br />
des autres groupes, et ce, au titre de l'islamisation.