Les fakirs Khaksars - In the gap between - Free
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descente spirituelle légitime pour Lal Shahbaz QALANDAR, des lignages de seyyeds laïcs s’affrontent<br />
encore de nos jours pour le monopole du culte de Sehwan Sharrif, et notamment de la gestion du<br />
sanctuaire (Waqf) de Lal Shahbaz QALANDAR. [BOIVIN, 2005] y a recensé, par ordre décroissant<br />
d’ancienneté, un lignage dit « lakiari » de seyyeds originaires de Laki (20 km au Sud de Sehwan Shariff)<br />
, le lignage dit « bukhari », présumement d’origine ouzhbèke, le lignage dit « mathari », et enfin le<br />
lignage dit « sabzevari » de seyyeds originaires de Sabzevar, au Khorasan.<br />
1.6.3.1 <strong>Les</strong> « Bodlo Bahar », ou « Taleb » (Sehwan Sharrif) : pure survivance shivaïte ?<br />
Bodlo BAHÂR était un compagnon de Lal Shahbaz QALANDAR. Il était sans doute un<br />
habitant de Sehwan Shariff et devint son disciple à son arrivée. A ce titre, il incarne la piété<br />
populaire et les croyances antérieures des habitants du lieu. Autour de sa mémoire s’est<br />
constituée l’une des nombreuses sociétés de <strong>fakirs</strong> au service du sanctuaire de Sehwan<br />
Shariff : les « Bodlo BAHÂR », dit « talebs ». A ce titre, la communauté “Bodlo BAHAR” est<br />
constituée de gardiens ( “sajjâda nashin”), hors de tout lignage de sang de type “seyyeds”,<br />
qui co-gérent le Waqf de Lal Shahbaz QALANDAR. On sait d’ailleurs que cette société à un<br />
rite d’inititation de type “prise d’habit” qui rappelle essentiellement le rite de la Coupe (<br />
ingestion d’eau à la coupe) des corporations javanmard, selon la description qu’en fait Michel<br />
BOIVIN. <strong>Les</strong> taleb de cet ordre sont surtout connus pour le tambour dhammal et la danse<br />
giratoire quotidienne associée, nommée lâl pheri ( “la giration du rouge”), qui n’est pas sans<br />
rappeler vaguement la giration des Semazen de la Mevleviyyah.<br />
En réalité, dans l’affrontement symbôlique à Sehwan Shariff entre ashraf, nobles<br />
d’origine moyen-orientale ou khorasani ( seyyeds pour la plupart) et ajlaf, hindous convertis (<br />
eux mêmes non seyyeds, tels que les sajjada nashin), BOIVIN voit aussi un conflit,<br />
respectivement entre les habitants d’obédiance orthodoxe et ceux d’obédiance hétérodoxe.<br />
<strong>Les</strong> seyyeds tentent d’associer au saint Lal Shahbaz QALANDAR un lignage qadiri<br />
respectable, tandis que les groupuscules de <strong>fakirs</strong> tels que les “Bodlo BAHÂR” tentent de<br />
perpétuer l’héterodoxie du saint. BOIVIN s’est ensuite evertué à rechercher les reliquats<br />
shivaïtes, voire bouddhiques, parmi les Bodlo BAHÂR et leur rites. Pour lui, ce groupuscule<br />
porte non seulement l’héritage malamati du saint, mais le sceau d’un culte shivaïte local plus<br />
ancien, vaguement rémanent chez ces convertis ajlaf.<br />
1.6.4 La Iraqiyyah (Multan)<br />
La Iraqiyyah a été fondée par sheikh Fakr Ud Din “IRAQI”, un qalandar d’Hamadan [SYUHUD,<br />
2008]. Ce dernier migra à Multan (<strong>In</strong>de). Il y rencontra le sheikh sohrawardi Bahauddin Zakariya<br />
“MULTANI”. Converti, il en devint l’un de ses sheikh les plus respectés. Sa branche est classée comme bashahra<br />
(orthodoxe).<br />
1.6.5 <strong>Les</strong> branches de la Jalaliyyah (<strong>In</strong>de): un sohrawardisme perverti par le sadduhisme<br />
<strong>Les</strong> principales branches de la Makhdumiyyah sont:<br />
1.6.5.1 La Miran Shahiyyah, une sous-branche fondée à Lahore vers 1600 par Miran<br />
Muhamad Shah Mawji DARYA BUKHARI (d. 1604).<br />
1.6.5.2 <strong>Les</strong> Tchihil Tan de Lahore est un ordre hétérodoxe fondé á Lahore par Kabir Ad-Din<br />
ISMAEL et son disciple Ashgar ALI. Il est inspire des mythiques Tchehel Tan des premiers<br />
temps islamiques (lire 1ere partie) et perdure jusqu’au 19ème siècle en Uttar Pradesh. On sait<br />
trés peu de choses á propos de ce groupe, mais il marque le principal tournant hétérodoxe de<br />
la Jalaliyyah, jusque lá orthodoxe. Avec les Tchihil Tan, la silsilah Jalali s’arroge du lignage<br />
étrange vers Salman « FARSI ». [TORTEL, 2009] y voit un rameau jalali commun au<br />
khaksars.