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Les fakirs Khaksars - In the gap between - Free

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sa pensée dépasse le simple contexte du confrérisme, et il est unanimement reconnu comme un<br />

philosophe majeur.<br />

L’organisation se répand rapidement en Iran, en Afghanistan et en <strong>In</strong>de, dans les limites d’un<br />

certain élitisme. On ne peut ignorer que le mysticisme complexe d’As-SOHRAWARDI dédiait a priori cet<br />

ordre aux élites intellectuelles, davantage qu’aux errants.[SYUHUD, 2008] a décrit le fonctionnement de<br />

l’ordre en <strong>In</strong>de comme relativement orthodoxe, confronté au succés des voies hétérodoxes, et<br />

notamment à l’ascétisme. Dans un premier temps, il s’établit solidement au Sindh.<br />

L’orthodoxie sohrawardi se défend à priori de toute déviance malamati. Bien que Bahauddin<br />

Zakariya "MULTANI" aborât en fait les Qalandars dans son entourage, il toléra Fakr Ud Din "IRAQI" et<br />

sheikh Usman "MARWANDI" dit "Lal' Shahbaz Qalandar" parmi ses disciples. L'hagiographie populaire<br />

prétend même que ce dernier devait son patronyme de "Shahbaz" (faucon) à Bahauddin Zakariya<br />

"MULTANI" en personne [SYUHUD, 2008]. L’hagiographie des grands sohrawardi indiens regorge<br />

pourtant d’allusions elliptiques à l’ésotérisme corporatiste persan (javanmardi) et au qalandarisme.<br />

Comme si le sceau des malamati pouvait finalement légitimer les sohrawardi parmi les autres soufis<br />

indiens. : les hospices khanqah de la Sohrawardiyyah de Multan et de Dehli hébergeaient<br />

chroniquement des errants chishti et qalandars [SYUHUD, 2008]; d’autre part, ses sheikhs<br />

promouvaient la retraite khalwat pour ses vertus. Le cumul des khirqa et des obédiences était d’ailleurs<br />

fréquent.<br />

Etrangement, la Sohrawardiyyah a attiré des hétérodoxes tels que les qalandars Fakr Ud-Din<br />

“IRAQI”, l’ascète Usman Sayyah “SUNNAMI” – un disciple charismatique de Rukn Ud-Din Abd Fath<br />

“MULTANI” –, Baba Muthahharudin Awliya « AS-SOHRAWARDI » de Tiruchirappuli , dit « Natthar<br />

VALI » (confrerie « natthariyyah ») et ses qalandars, et Lal Shahbaz QALANDAR, fondateur marginal<br />

de la Chishtiyyah-Marwandiyyah à Sehwan Sharrif.<br />

Comment expliquer historiquement un tel pouvoir d’attraction ? Hormis Michel BOIVIN, personne<br />

ne semble s’etre jamais interrogé de l’adhésion contre nature et pourtant si repandue de qalandars<br />

hétérodoxes à la Sohrawardiyyah, et, dans une moindre mesure à la Naqshbandiyyah indiennes. Ce<br />

fait est admis sans qu’on s’interroge sur sa raison. Une partie de la réponse tient sans doute á la<br />

structure de la Sohrawardiyyah en <strong>In</strong>de au 13ème siècle : dés son introduction, celle-ci se ménage la<br />

faveur des souverains locaux. Elle se fait fort d’islamiser le pays et le prosèlytisme devient sa mission<br />

prioritaire. Le cas de Sehwan Sharif montre bien à quel point les objectifs de sa mission de conversion<br />

l’ouvrent à un débat inter-religieux avec les hindouistes, les ordres mendiants, le clergé shivaite, les<br />

émigrants khorassani chiites, les lignages de seyyeds sunnites locaux, mais aussi avec les basses<br />

castes, les tenanciers des petits sanctuaires d’obédience shiaites, etc...<br />

Une deuxième hypothèse tient à son modèle lui –même : la plupart des membres Sohrawardis<br />

sont des notables élitistes et se réunissent á domicile. <strong>Les</strong> membres « <strong>fakirs</strong> » de l’ordre, trés peu<br />

nombreux, vivent eventuellement dans des khanqahs érigées par des fonds privés. L’activité de<br />

mendicité n’existe virtuellement pas chez les Sohrawardis, et les membres se recentrent clairement sur<br />

le développement personnel. Ce modèle orthodoxe a fréquemment pris le dessus dans les terroirs ou la<br />

survie matérielle-meme des errants n’etait plus pérenne – je pense au Yémen actuel, par exemple - . On<br />

peut donc imaginer que le modèle sohrawardi ait connu un certain succès parmi les qalandars, par<br />

exemple dans un contexte économique particulièrement difficile.<br />

Cette quête syncrétique est précoce, au point que [SUBHAN 1938] catégorise les branches<br />

sohrawardi, selon qu’elles sont effectivement Be-shara (hétérodoxes) ou Ba-shahra (orthodoxes). Si on<br />

prend du recul le sohrawardisme s’est divise en 4 courants :<br />

- le sohrawardisme ancien, perpétue essentiellement en <strong>In</strong>de par des ordres plus ou moins<br />

malamati (iraqiyyah, jalaliyyah) . dans le contexte de la khaksariyyah, c est la principale<br />

mouvance qui nous intéresse.<br />

- le soufisme « safi », n’est pas un sohrawardisme à proprement parler, mais simplement lié<br />

á sa silsila. Il accomodait á son origine le soufisme orthodoxe avec des milieux anatoliens<br />

proches de l’alevisme (bayramiyyah, safiyyah, ) .

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