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International Journal of Mediterranean Ecology - Ecologia ...

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Diplotaxis tenuifolia, Cerastium pumilum), l’ensemble des<br />

espèces caractéristiques de la steppe (e.g. Brachypodium<br />

retusum, Euphorbia segueriana, Euphorbia sulcata, Teucrium<br />

polium) ne se réétablit cependant pas, même plus de<br />

trente années après la perturbation, et cela malgré la remise<br />

en place de la gestion de l’écosystème par le pâturage ovin<br />

dès le régalage des terres. Les espèces rudérales pourraient<br />

donc également être responsables de la faible résilience de<br />

la végétation steppique en empêchant, de par leur présence<br />

en forte densité, l’installation des espèces caractéristiques<br />

plutôt tolérantes aux stress. Le cortège floristique présent<br />

sur la perturbation la plus ancienne (1971) se distingue de<br />

celui de la perturbation récente (2006) notamment par une<br />

diminution du nombre d’espèces de type rudéral et de la<br />

steppe ainsi que par une absence ou une faible abondance<br />

de certaines espèces pérennes steppiques caractéristiques<br />

telles que Brachypodium retusum, Stipa capillata et Thymus<br />

vulgaris qui seraient liées à leurs faibles capacités de<br />

reproduction et/ou de dispersion. Ces résultats confirment<br />

ainsi ceux précédemment obtenus pour ce même modèle<br />

biologique concernant la très faible résilience de la végétation<br />

steppique pour des perturbations exogènes de type<br />

cultural. Il importe donc maintenant d’identifier quels sont<br />

les seuils d’irréversibilité franchis et/ou les filtres à l’origine<br />

de cette faible résilience.<br />

Cette première étude a permis d’identifier des filtres potentiellement<br />

responsables de la faible résilience de la steppe :<br />

la modification de l’habitat, les phénomènes de compétition<br />

entre espèces végétales et les problèmes de régénération<br />

de certaines espèces steppiques qui seraient liées à leur<br />

faible capacité à se reproduire et/ou à se disséminer. Les<br />

expérimentations suivantes ont donc eu pour vocation de<br />

tester et mesurer l’importance de ces différents filtres. Par<br />

l’intermédiaire de deux protocoles expérimentaux de restauration<br />

écologique, nous avons tout d’abord étudié le rôle<br />

des filtres de dispersion, du changement trophique et du<br />

pâturage ovin traditionnel dans l’assemblage de la communauté.<br />

Leur manipulation et leur compréhension sont en<br />

effet des étapes nécessaires pour comprendre la dynamique<br />

successionnelle de l’écosystème et ainsi initier sa restauration.<br />

Ces deux protocoles expérimentaux ont abordé différemment<br />

le filtre de dispersion, puisque l’un l’a testé sur<br />

l’ensemble de la communauté et le second s’est seulement<br />

focalisé sur quelques espèces cibles de la steppe en interaction<br />

avec les espèces opportunistes qui colonisent spontanément<br />

le sol remanié après une perturbation. Enfin, nous<br />

avons mis en place une expérimentation ex situ visant à<br />

comprendre comment certains filtres biotiques et abiotiques<br />

pouvaient agir sur l’assemblage de la communauté<br />

et comment ils pouvaient interagir entre eux. En particulier,<br />

cette dernière expérimentation a eu pour objectif de<br />

démontrer les variations des interactions spécifiques en<br />

fonction du régime de perturbations ancestral qu’est le<br />

pâturage ovin et en fonction de changements de ressources<br />

trophiques.<br />

La restauration spontanée des écosystèmes herbacés méditerranéens<br />

perturbés est généralement limitée par la faible<br />

disponibilité et colonisation des propagules (semences et<br />

clones) d’espèces qui les caractérisent (Coiffait et al., Res-<br />

ecologia mediterranea – Vol. 38 (1) – 2012<br />

Résumés de thèses<br />

toration <strong>Ecology</strong>, vol. 19, n o 201, p. 214-222). Disposant<br />

d’un site récemment perturbé par la mise en place de canalisations<br />

enterrées, nous avons choisi d’adapter et de tester<br />

la technique de « transfert de foins » permettant de réintroduire<br />

un maximum d’espèces de la végétation potentielle<br />

dominée par des espèces annuelles (plus de 50 %) par forçage<br />

des processus de dispersion. Cette technique consiste<br />

à prélever des graines sur une parcelle de steppe intacte par<br />

l’intermédiaire d’une fauche des parties supérieures de la<br />

végétation et d’une aspiration des résidus de la fauche. Les<br />

graines accompagnées de débris de végétaux constituent<br />

donc les foins, qui sont ensuite transférés dès les premières<br />

pluies automnales sur des surfaces expérimentales des sites<br />

à restaurer (3 répliques). Sur chaque site, huit quadras de<br />

steppe perturbée et huit quadras de steppe intacte ont reçu<br />

un épandage de 112 grammes de foins sur une surface de<br />

0,16 cm 2 soit 700 g/m 2 ; un quadra sur deux a été mis en<br />

exclos. Des relevés de végétation ont ensuite été effectués<br />

sur ces quadras pendant trois ans (2007, 2008, 2009) afin<br />

i) d’évaluer la réussite de ce protocole expérimental basée<br />

sur la mesure de la composition et la richesse spécifique<br />

végétale et ii) de tester l’influence du pâturage sur le rétablissement<br />

des communautés végétales.<br />

L’utilisation de la technique de transfert de foins sur les<br />

zones impactées a permis d’augmenter significativement la<br />

richesse en espèces végétales dès six mois après l’épandage<br />

des foins pour atteindre une richesse comparable à<br />

celle de la steppe à l’issue du suivi (trois ans après l’épandage).<br />

Les résultats obtenus montrent que l’utilisation de<br />

cette technique permet une accélération de la succession<br />

végétale vers la communauté steppique de référence sans<br />

déviation notable à court terme grâce à la réintroduction<br />

d’espèces caractéristiques de la steppe et notamment des<br />

espèces annuelles. Néanmoins, il est important de poursuivre<br />

les suivis de la régénération de ces sites perturbés et<br />

restaurés puisque certaines espèces steppiques restent toujours<br />

sous-représentées ou absentes de ces sites. Parmi<br />

celles-ci, B. retusum ne semblerait pas pouvoir recoloniser<br />

le milieu impacté à cause de ses faibles capacités de reproduction<br />

sexuée, de dispersion et la faible viabilité de ses<br />

graines dans le sol. Cette expérience démontre par ailleurs<br />

que la gestion actuelle de la steppe par le pâturage doit être<br />

réintroduite après mise en place de la restauration. En effet,<br />

le pâturage ovin permet de réduire la dominance des<br />

espèces de type rudéral qui se révèlent les principales<br />

espèces colonisatrices des sites perturbés en son absence.<br />

De plus, il favorise la reproduction clonale des espèces graminéennes<br />

et crée ainsi une structuration de la communauté<br />

plus proche de celle de la steppe.<br />

Une opération de restauration écologique est un succès<br />

total lorsque l’opération permet de rétablir la composition,<br />

la structure et les fonctions des écosystèmes de référence.<br />

La technique de « transfert de foins » a donc permis seulement<br />

une restauration partielle de la communauté steppique<br />

en agissant principalement sur sa composition par le rétablissement<br />

des espèces annuelles. Même si le pâturage ovin<br />

contribue à retrouver une partie de la structure de la communauté<br />

à court terme, il semblerait cependant impossible<br />

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