International Journal of Mediterranean Ecology - Ecologia ...
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TAHAR TLIG, MUSTAPHA GORAI, MOHAMED NEFFATI<br />
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herbicides est souvent coûteuse et génère des<br />
impacts grandissants comme la contamination<br />
des eaux, du sol, des produits agricoles et<br />
l’apparition d’espèces adventices résistantes.<br />
En effet, les résidus d’herbicides sont fréquemment<br />
identifiés dans les suivis de qualité<br />
des eaux des rivières et nappes souterraines<br />
(Haarstad & Ludvigsen 2007). Afin de favoriser<br />
les capacités de compétition de l’espèce<br />
cultivée vis-à-vis des adventices, plusieurs<br />
autres moyens peuvent être utilisés comme<br />
favoriser les variétés domestiques résistantes,<br />
les espèces couvrantes, associer des modifications<br />
dans les dates de semis. Pour perturber<br />
le cycle de vie des adventices, on peut<br />
aussi jouer sur les effets du travail du sol avant<br />
semis et le désherbage mécanique (Valantin-<br />
Morison et al. 2008).<br />
Les travaux de recherche sur les adventices,<br />
notamment celles de grandes cultures comme<br />
les céréales, sont approchés différemment<br />
selon les spécialistes. Les écologues visent la<br />
conservation des espèces menacées par des<br />
désherbages trop intenses notamment la flore<br />
messicole (Jauzein 1995). Afin de contrôler<br />
l’expansion des adventices par le biais des<br />
pratiques culturales et l’application des herbicides,<br />
les malherbologues et agronomes<br />
cherchent, quant à eux, à comprendre la dynamique<br />
de ces plantes pour aboutir à des<br />
niveaux d’infestation soutenable pour l’espèce<br />
domestique cultivée (Firbank et al.<br />
1991). Finalement, certains travaux visent<br />
donc à l’identification des espèces les plus<br />
compétitives (Dekker 1997) pour une intervention<br />
de désherbage plus ciblée et donc plus<br />
respectueuse de la biodiversité spontanée des<br />
champs (Dutoit et al. 2001).<br />
Selon Gross (2007), le terme compétition<br />
regroupe l’ensemble des processus correspondant<br />
à tous les effets négatifs que peut<br />
induire la présence de plantes ou de populations<br />
de plantes sur d’autres plantes. Il existe<br />
différentes façons d’aborder expérimentalement<br />
la compétition. La démarche classique<br />
consiste à comparer les performances d’individus<br />
cibles en présence de la végétation avoisinante<br />
(individus en compétition) à celles<br />
d’individus pour lesquels la végétation avoisinante<br />
a été éliminée (individus sans compétition).<br />
Il y a compétition lorsque les performances<br />
des individus sans voisins sont<br />
supérieures à celles des individus en présence<br />
de voisins (Gaucherand 2005).<br />
Selon Molino (2005), D. harra est commune<br />
en Afrique du Nord et en Asie de l’Ouest. En<br />
Tunisie, elle se trouve dans l’oued Medjerda,<br />
la Dorsale et tout le centre et le sud du pays.<br />
Largement répandue en Tunisie aride, D.<br />
harra, qui se développe sur les steppes, a plutôt<br />
tendance à coloniser les champs cultivés<br />
avec de fortes densités. Elle colonise les sols<br />
limoneux, mais elle existe également sur les<br />
sols sableux, gypseux ou même argileux<br />
(Chaieb & Boukhris 1998). Certains attributs<br />
biologiques de D. harra comme ses aptitudes<br />
germinatives et son comportement allélopathique<br />
expliquent, du moins en partie, l’expansion<br />
de cette espèce. En effet, elle présente<br />
une large amplitude thermique de germination<br />
(de 5 à 30 °C), avec un optimum thermique<br />
de l’ordre de 15 °C. De plus, elle possède un<br />
important pouvoir germinatif couplé à une<br />
vitesse de germination élevée lui permettant<br />
de conquérir rapidement l’espace (Tlig et al.<br />
2008 ; Gorai et al. 2009). Les semences,<br />
notamment celles collectées en été, gardent<br />
un taux de germination très élevé après un<br />
stockage de deux ans dans les conditions<br />
ambiantes du laboratoire (Tlig et al. 2011).<br />
L’étude de la vigueur reproductive de D.<br />
harra a montré que cette espèce adopte la<br />
stratégie démographique du type « r » caractérisée,<br />
surtout, par une grenaison massive<br />
avec un nombre moyen de l’ordre d’un million<br />
de graines/plante durant les années pluvieuses.<br />
Des expérimentations au laboratoire<br />
et en pot ont déjà montré que les propriétés<br />
allélopathiques de cette espèce se manifestent<br />
par un effet inhibiteur sur la germination et les<br />
paramètres de rendement de l’orge (Hordeum<br />
vulgare var. Ardhaoui) et des adventices (Tlig<br />
et al. 2010 a et b).<br />
C’est dans ce contexte que s’intègre ce travail<br />
dont l’objectif se focalise sur la détermination<br />
d’un éventuel effet compétitif de D. harra<br />
susceptible d’expliquer son caractère envahissant.<br />
Pour atteindre l’objectif ci-dessus<br />
mentionné, la méthode expérimentale de cultures<br />
en compétition interspécifique a été<br />
appliquée entre D. harra et l’orge (Hordeum<br />
vulgare var. Ardhaoui) : espèce végétale<br />
cultivée à grande échelle dans les zones arides<br />
tunisiennes. En Tunisie, les emblavures<br />
réservées à l’orge sont en moyenne de<br />
500 000 hectares, soit 33,33 % des emblavures<br />
consacrées aux céréales (Slama et al.<br />
2005). En Tunisie aride, l’orge est préférée à<br />
toute autre céréale du fait de ses capacités<br />
d’adaptation à la sécheresse et son aptitude à<br />
assurer un niveau de production acceptable<br />
malgré les conditions difficiles.<br />
ecologia mediterranea – Vol. 38 (1) – 2012