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International Journal of Mediterranean Ecology - Ecologia ...

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sensiblement plus faibles deux ans après un<br />

incendie et ceci malgré la résilience de la biomasse<br />

microbienne. Nos résultats sont cohérents<br />

avec ceux de Boerner & Brinkman<br />

(2003) qui ont montré une diminution à court<br />

terme des activités hydrolytiques attribuable<br />

à l’altération de la qualité de la matière organique.<br />

Ces résultats suggèrent également un<br />

temps de résilience insuffisant donc une plus<br />

forte vulnérabilité de ces écosystèmes récemment<br />

incendiés. Quatre et huit ans après le<br />

dernier feu, les activités FDA hydrolases ont<br />

sensiblement augmenté confirmant ainsi l’hypothèse<br />

d’une stimulation microbienne. En<br />

outre, l’augmentation des activités phénoloxydases<br />

révélerait une oxydation importante<br />

des composés organiques aromatiques et<br />

notamment des charbons. Cette stimulation de<br />

la croissance microbienne suppose par<br />

ailleurs un accroissement de la demande en<br />

nutriments, en particulier en azote et en phosphore<br />

inorganiques, et donc une augmentation<br />

des activités uréases et phosphatases. La très<br />

bonne corrélation entre la biomasse microbienne<br />

et l’activité phosphomonoestérase<br />

alcaline (r = 0,71 ; P < 0,01), une enzyme dont<br />

la synthèse est induite par des quantités insuffisantes<br />

en phosphore assimilable, confirme<br />

également l’hypothèse de la stimulation<br />

microbienne. En outre, nous suggérons que la<br />

production d’ammonium lors de l’incendie<br />

serait suffisante pour soutenir la croissance<br />

microbienne mais s’accompagnerait d’une<br />

répression de la synthèse des uréases (Ajwa<br />

et al. 1999). L’appauvrissement en carbone<br />

résultant de la stimulation de la croissance<br />

microbienne dans les huit premières années<br />

engendrerait une réduction sensible des activités<br />

enzymatiques 13 ans après le dernier<br />

feu. D’après les caractéristiques chimiques et<br />

microbiologiques, les sols non incendiés<br />

depuis 8 et 13 ans seraient aussi vulnérables<br />

à une nouvelle perturbation que les sols<br />

récemment incendiés.<br />

ecologia mediterranea – Vol. 38 (1) – 2012<br />

Reconstitution post-incendie des propriétés physico-chimiques et microbiologiques<br />

de sols forestiers algériens (forêt de Fénouane, wilaya de Saïda)<br />

Conclusions<br />

Cette étude a montré que la reconstitution<br />

postincendie des caractéristiques physico-chimiques<br />

et la résilience des propriétés microbiennes<br />

des sols de la forêt de Fénouane sont<br />

fortement dépendantes des conditions climatiques<br />

et des usages agropastoraux des systèmes<br />

incendiés. Deux ans après l’incendie,<br />

la destruction de la végétation et l’incinération<br />

des matières organiques du sol ont engendré<br />

une diminution des teneurs en eau et une<br />

augmentation des teneurs en carbone récalcitrant<br />

à la biodégradation microbienne. Dans<br />

ces conditions ne favorisant pas la résilience<br />

microbienne, les sols récemment incendiés<br />

pourraient être particulièrement vulnérables à<br />

une nouvelle perturbation. Des apports de<br />

matières organiques animales facilement<br />

minéralisables pourraient avoir stimulé les<br />

activités microbiennes et, par co-métabolisme,<br />

la minéralisation des charbons et le<br />

déstockage du carbone des sols. Une nouvelle<br />

fois, la résilience des propriétés microbiennes<br />

constatée 8 ans après le dernier feu semble<br />

transitoire et suggère un nouveau stade d’importante<br />

vulnérabilité à un nouvel incendie.<br />

Le rôle des déjections animales dans le<br />

contrôle des activités microbiennes et des<br />

stocks de carbone devra être confirmé expérimentalement.<br />

Néanmoins, les résultats de<br />

notre étude de terrain suggèrent que des<br />

apports de matières organiques exogènes<br />

(compost, fumier…) 8 ans après un feu<br />

devraient être envisagés pour compenser les<br />

pertes en carbone, fertiliser les sols et créer<br />

une litière qui limiterait l’évaporation. Finalement,<br />

ce travail décrit les dynamiques de<br />

reconstitution postincendie des propriétés<br />

physico-chimiques et microbiologiques des<br />

sols incendiés une seule fois entre 1990 et<br />

2009 mais ne tient pas compte de l’histoire<br />

d’incendie qui précède cette période. Pourtant<br />

les travaux récents de Guénon et al. (2011)<br />

ont montré un effet significatif d’une augmentation<br />

du nombre de feux et d’une diminution<br />

du temps moyen entre les feux sur la<br />

dynamique de reconstitution à court et long<br />

terme des propriétés édaphiques. Les travaux<br />

à venir devront, dans le contexte d’abandon<br />

des usages et d’évolution bioclimatique accélérée,<br />

étudier les dynamiques postincendies de<br />

reconstitution des sols sous un régime d’incendies<br />

récurrents.<br />

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