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International Journal of Mediterranean Ecology - Ecologia ...

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AMINE HABIB BORSALI, KHELOUFI BENABDELI, RAPHAËL GROS<br />

70<br />

gique des matières organiques récalcitrantes<br />

et des charbons. L’accélération de la minéralisation<br />

des matières organiques du sol après<br />

des apports de matières organiques labiles est<br />

un processus largement décrit dans la littérature<br />

sous le terme de “priming effect” ou<br />

« sur-minéralisation » (Kuzyakov et al. 2000 ;<br />

Bell et al. 2003). La sur-minéralisation des<br />

charbons a été observée après un apport de<br />

glucose en conditions contrôlées (Hamer et al.<br />

2004) mais n’a jamais été étudiée en conditions<br />

naturelles. Si les parts relatives de l’érosion<br />

et de la sur-minéralisation dans la diminution<br />

des teneurs en carbone devront être<br />

estimées précisément, nos résultats actuels<br />

mettent en exergue la vulnérabilité des sols<br />

non incendiés depuis 8 ans à une combinaison<br />

des incendies, de l’érosion et de certains<br />

usages agropastoraux.<br />

Les sols non incendiés depuis 2 ans contiennent<br />

des quantités en ammonium environ cinq<br />

fois supérieures à celles mesurées dans les<br />

sols non incendiés depuis au moins 20 ans.<br />

Ces résultats sont en accord avec la littérature<br />

qui rapporte que les ions ammonium sont produits<br />

directement par la combustion de la<br />

matière organique (Wan et al. 2001). La persistance<br />

de ces fortes concentrations en<br />

ammonium 13 ans après le dernier feu suggère<br />

soit un faible prélèvement par la végétation,<br />

soit une activité microbienne nitrifiante<br />

particulièrement réduite. En effet, Covington<br />

& Sachett (1992) rapportent que les ions<br />

nitriques sont produits à partir des ions<br />

ammonium par la nitrification qui généralement<br />

se met en place quelques mois après<br />

l’incendie. Sans exclure la première hypothèse,<br />

les concentrations identiques en ions<br />

nitriques entre les régimes d’incendies semblent<br />

soutenir l’hypothèse d’une nitrification<br />

très faible dans les sols récemment incendiés.<br />

Cette interprétation contredit les travaux de<br />

Carreira et al. (1994), qui ont montré une augmentation<br />

de la nitrification après un seul feu<br />

de faible intensité dans les sols des garrigues<br />

semi-arides du sud de l’Espagne, et devra<br />

donc être confirmée par des mesures d’activités<br />

nitrifiantes.<br />

Reconstitution postincendie<br />

des propriétés microbiennes des sols<br />

Les stocks d’éléments nutritifs nécessaires à<br />

la croissance de la végétation peuvent<br />

dépendre en partie de la reconstitution postincendie<br />

de la biomasse et des activités<br />

microbiennes impliquées dans la dynamique<br />

des cycles biogéochimiques. Les incendies<br />

engendrent la mort immédiate des microorganismes<br />

les plus sensibles du sol (Hernández<br />

et al. 1997). Ces mortalités affectent les<br />

activités respiratoires et enzymatiques microbiennes<br />

(Boerner & Brinkman 2003). Nos<br />

résultats ont révélé une résilience complète de<br />

la biomasse microbienne 2 ans après un<br />

incendie et un pic de biomasse 8 ans après le<br />

dernier feu. Hamman et al. (2007) ont montré<br />

que la biomasse microbienne des sols<br />

sableux développés sur un substrat granitique<br />

du Colorado et supportant une forêt de Pinus<br />

ponderosa revenait à son niveau initial<br />

14 mois après un feu. En région méditerranéenne,<br />

Dumontet et al. (1996) soulignent<br />

une réduction persistante plus de 11 ans après<br />

un feu unique d’une pinède à pin d’Alep, de<br />

la biomasse microbienne de sols formés sur<br />

des dunes fossiles du quaternaire. Les dynamiques<br />

de retour sont donc très variables et<br />

dépendent de la quantité de ressources disponibles,<br />

de l’adaptation des communautés aux<br />

incendies, et des conditions climatiques stressantes<br />

qui peuvent limiter la recolonisation<br />

microbienne. Les résultats de régressions<br />

multiples révèlent que les teneurs en eau<br />

contrôlent fortement la biomasse microbienne<br />

mais celles-ci ne sont cependant pas significativement<br />

différentes entre les parcelles<br />

incendiées depuis 4, 8, 13 et 20 ans. Par<br />

conséquent, nous suggérons que des apports<br />

de matières organiques, notamment par les<br />

déjections des animaux pâturant dans les formations<br />

herbacées postincendies, ont pu stimuler<br />

la croissance microbienne et donc favoriser<br />

la résilience rapide de la biomasse<br />

microbienne. Cette résilience serait d’autant<br />

plus rapide que les teneurs en eau seraient élevées.<br />

Le pic de biomasse microbienne serait<br />

alors la conséquence d’une hyperstimulation<br />

de la croissance microbienne au cours des<br />

8 premières années et qui aboutirait à des<br />

teneurs en carbone très faibles dans ces sols.<br />

La méthode SIR permet d’évaluer la part<br />

active de la biomasse microbienne mais les<br />

mesures d’activités enzymatiques reflètent le<br />

potentiel métabolique microbien in situ et<br />

donc la dynamique potentielle des cycles des<br />

nutriments. Les régressions multiples indiquent<br />

que les dynamiques de retour de ces<br />

activités sont principalement sous le contrôle<br />

des teneurs en eau et de la biomasse microbienne.<br />

En comparaison des sols non incendiés<br />

depuis 20 ans, les activités FDA hydrolases<br />

et phosphomonoestérases demeurent<br />

ecologia mediterranea – Vol. 38 (1) – 2012

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