International Journal of Mediterranean Ecology - Ecologia ...
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Les accroissements annuels moyens (AAM)<br />
correspondants sont de l’ordre de 3,4 ; 1,8 et<br />
0,8 m3 /ha/an pour respectivement la première,<br />
la deuxième et la troisième classe de productivité.<br />
La faible dimension des tiges obtenue<br />
pour la sylviculture moyenne observée même<br />
à un âge avancé est sans doute liée à la compétition<br />
accrue entre les arbres due à la densité<br />
trop élevée des peuplements. En effet, en<br />
adoptant une sylviculture moyenne, la densité<br />
des peuplements reste relativement élevée<br />
dépassant les 600 tiges par hectare jusqu’à 80-<br />
90 ans d’âge (tableau 4 et figure 5). Cette<br />
forte densité peut être expliquée par le fait que<br />
la forêt tunisienne a toujours été considérée<br />
comme une forêt de protection. De ce fait, peu<br />
d’interventions sylvicoles sont effectuées dans<br />
les forêts de pin d’Alep et on peut considérer<br />
à quelques exceptions près, qu’après un<br />
dépressage réalisé sur la densité initiale de la<br />
régénération (forêt naturelle), les autres éclaircies<br />
sont dues essentiellement à la mortalité<br />
naturelle.<br />
Pour fixer un âge d’exploitabilité unique pour<br />
les peuplements des trois premières classes de<br />
productivité de pin d’Alep en Tunisie, jugés<br />
productifs, en adoptant la sylviculture proposée<br />
(tableau 6), nous nous sommes basés<br />
d’une part sur la théorie et d’autre part sur les<br />
pratiques sylvicoles dans le pays. La théorie<br />
définit l’âge d’exploitabilité comme étant<br />
l’âge où les courbes d’AAC et d’AAM se croisent<br />
(Clutter et al. 1983 ; Davis & Johnson<br />
1987 ; Davis et al. 2001), et la pratique sylvicole<br />
en Tunisie le définit comme étant l’âge<br />
où la circonférence moyenne atteint 95 cm<br />
(Chakroun 1986). Ainsi, vers l’âge de 80 ans,<br />
qui correspond à l’âge théorique d’exploitabilité<br />
pour la deuxième classe de productivité<br />
(figure 4), la circonférence moyenne des<br />
mêmes trois classes de productivité<br />
(tableau 9) dépasse la circonférence moyenne<br />
d’exploitabilité de 95 cm cité par Chakroun<br />
(1986). D’où, en pratiquant ce mode de traitement<br />
et en fixant un âge unique d’exploitabilité<br />
de 80 ans pour les différents peuplements<br />
des trois premières classes de<br />
productivité du pin d’Alep en Tunisie, les circonférences<br />
d’exploitabilité sont d’environ<br />
119, 110 et 100 cm (soit des diamètres d’environ<br />
38, 35 et 32 cm) pour respectivement la<br />
première, la deuxième et la troisième classe<br />
de productivité. À ces diamètres correspondent<br />
respectivement des accroissements<br />
annuels moyens de 3,14 ; 1,78 et<br />
0,83 m3 /ha/an (tableau 6). En fin de cycle, le<br />
nombre d’arbres à exploiter par hectare pour<br />
ecologia mediterranea – Vol. 38 (1) – 2012<br />
Croissance et production du pin d’Alep (Pinus halepensis Mill.) en Tunisie<br />
les peuplements principaux arrivera respectivement<br />
à 248, 201 et 149.<br />
Toutefois, dans un contexte des changements<br />
climatiques provoqués par l’augmentation des<br />
gaz à effet de serre et de la pollution atmosphérique,<br />
la productivité des écosystèmes<br />
forestiers est susceptible d’être modifiée. En<br />
effet, de très nombreuses études en France<br />
(Becker et al. 1994 ; Lebourgeois 2005) et<br />
ailleurs dans le monde (Spiecker et al. 1996)<br />
montrent que la vitesse de croissance des<br />
arbres, en diamètre comme en hauteur, a varié<br />
au cours du XX e siècle, le plus souvent en marquant<br />
une sensible accélération. Cette accélération<br />
de la croissance peut être attribuée, en<br />
partie, à un effet direct fertilisant du CO 2<br />
atmosphérique (Kirschbaum et al. 1996) et un<br />
enrichissement des sols en matières azotées<br />
issues de la pollution atmosphérique (Nellmann<br />
& Thomsen 2001). Cependant, des travaux<br />
plus récents (Vennetier et al. 2008) et<br />
des expérimentations en cours (Girard et al.<br />
2011) indiquent un retournement de cette tendance<br />
à la fin des années 1990 et au début du<br />
XXI e siècle sous l’effet conjugué de températures<br />
très élevées et de sécheresses répétées.<br />
C’est le cas par exemple du pin d’Alep en<br />
France qui a vu sa croissance accélérée durant<br />
le XX e siècle (Vennetier & Hervé 1999) et qui<br />
commence à montrer des signes de ralentissement<br />
de croissance (Girard et al. 2011).<br />
Sur la rive sud de la Méditerranée, le pin<br />
d’Alep semble avoir un comportement un peu<br />
différent de celui de la rive nord. En effet,<br />
d’après une étude récente et unique sur l’effet<br />
des changements climatiques sur la productivité<br />
des forêts de pin d’Alep en Tunisie<br />
(El Khorchani 2006), la croissance radiale de<br />
cette espèce a enregistré une baisse significative<br />
pour la période 1950-2001. Cette diminution<br />
de la productivité du pin d’Alep naturel<br />
est attribuée à une diminution des<br />
précipitations et à une augmentation des températures<br />
engendrant ainsi une augmentation<br />
du stress hydrique. Toujours dans cette même<br />
étude, il a été démontré par simulation à l’aide<br />
d’un modèle bioclimatique de croissance, que<br />
l’impact des changements climatiques est<br />
défavorable pour la plupart des peuplements<br />
de pin d’Alep à l’échéance de 2100. À<br />
l’échelle régionale, la diminution de la croissance<br />
du pin d’Alep sera de 22 % en bioclimat<br />
aride, de 17 % en bioclimat semi-aride et<br />
de 3 % en bioclimat humide et qu’à l’échelle<br />
locale, les réponses sont différentes selon les<br />
sites. Ces résultats semblent plausibles<br />
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