International Journal of Mediterranean Ecology - Ecologia ...
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TAHAR SGHAIER, YOUSSEF AMMARI<br />
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2002). En Tunisie, le pin d’Alep occupe environ<br />
297 000 ha, soit plus de 56 % de la superficie<br />
forestière totale (Sghaier 2005) et se<br />
trouve depuis le bioclimat méditerranéen<br />
aride supérieur jusqu’au subhumide (El Hamrouni<br />
1978). Il a une grande valeur économique,<br />
écologique et sociale dans le pays<br />
(Khouja 1997).<br />
De nos jours, la forêt tunisienne est appelée à<br />
jouer plusieurs rôles, sur les plans social, économique,<br />
écologique et environnemental. En<br />
effet, près de 10 % de la population du pays,<br />
soit 1 million d’habitants, vit en milieu forestier<br />
ou périforestier et tire une bonne partie de<br />
ses ressources de la forêt (Gader 1999). Cette<br />
forte densité des usagers de la forêt se traduit<br />
par une pression croissante sur les ressources<br />
forestières qui se manifeste généralement par<br />
l’élevage extensif sur les parcours forestiers,<br />
par une agriculture de subsistance à l’intérieur<br />
de la forêt et par l’exploitation de bois et des<br />
produits secondaires (El Hamrouni 1992 ;<br />
Bonin et al. 1992 ; Le Houerou 1995 ; Abdelmoula<br />
2005). Différentes études évoquent que<br />
cette forte pression anthropique multiplie le<br />
risque d’incendie et expose les versants à une<br />
forte crise d’érosion et de dégradation. Cette<br />
dégradation se traduit par : un déséquilibre<br />
des peuplements, l’absence manifeste de régénération,<br />
l’extrême appauvrissement et la<br />
banalisation de la flore avec expansion à la<br />
fois des espèces non consommées et des<br />
espèces nitratophiles, la forte intensité de<br />
l’érosion, la disparition de certaines espèces<br />
et une évolution régressive vers des stades très<br />
dégradés témoignant d’un phénomène de<br />
« steppisation » (El Khorchani 2006).<br />
Pour faire face à ces problèmes qui menacent<br />
nos forêts de disparition, il est nécessaire<br />
d’adopter des techniques de gestion et d’aménagement<br />
réfléchies qui permettent une<br />
meilleure valorisation des ressources forestières<br />
tout en préservant leur pérennité. La<br />
mise au point de telles techniques doit impérativement<br />
être basée sur la connaissance des<br />
potentialités de croissance et de production de<br />
la forêt en relation avec les conditions pédoclimatiques<br />
du milieu. Ainsi, la mise au point<br />
de modèles d’aménagement et de gestion des<br />
différents peuplements des forêts de pin<br />
d’Alep est actuellement l’une des premières<br />
priorités de l’administration forestière tunisienne.<br />
C’est dans le cadre d’un projet de<br />
développement forestier, mené en Tunisie de<br />
1996 jusqu’à 2001, qu’une étude intégrée sur<br />
le pin d’Alep a été entreprise par l’installation<br />
d’un réseau de placettes temporaires d’échantillonnage.<br />
Ces placettes dont l’objectif est la<br />
construction des premières tables de production<br />
pour le pin d’Alep en Tunisie sont distribuées<br />
sur toute l’aire de répartition du pin<br />
d’Alep dans le pays. Elles ont été sélectionnées<br />
de manière à couvrir tout l’éventail de<br />
fertilité des stations, de densité et d’âge des<br />
peuplements.<br />
La construction des tables de production<br />
repose sur l’hypothèse fondamentale selon<br />
laquelle, dans une région donnée, l’espèce<br />
étudiée obéit à une même loi de croissance<br />
moyenne (Decourt 1973). Les données nécessaires<br />
pour leur construction proviennent en<br />
général des placettes permanentes mesurées<br />
régulièrement sur une longue période ou bien<br />
des mesures instantanées effectuées dans des<br />
placettes temporaires complétées par des analyses<br />
de tiges réalisées sur les arbres dominants.<br />
Ces placettes doivent être installées<br />
dans des peuplements mono-spécifiques,<br />
équiennes et d’âges gradués de manière à couvrir<br />
toutes les gammes de variabilité des<br />
conditions du milieu et de croissance de l’espèce<br />
étudiée (Bentouati 2006). Toutefois,<br />
d’après Bartet et Bolliet (1976), les relations<br />
dendrométriques développées pour les peuplements<br />
inéquiennes présentent les mêmes<br />
résultats que celles établies pour les peuplements<br />
équiennes et les résultats des tables<br />
sont aussi applicables pour les peuplements<br />
naturels, du moment que ceux-ci présentent<br />
un aspect régulier. C’est dans ce second cas<br />
que cette étude sur la croissance et la production<br />
du pin d’Alep en Tunisie peut se ranger,<br />
car la forêt de pin d’Alep en Tunisie est<br />
constituée d’une partie naturelle et d’une autre<br />
partie non négligeable issue de plantations<br />
dont il est difficile d’estimer les superficies.<br />
En effet, afin de restaurer et de reconstituer le<br />
couvert végétal naturel dont les pertes enregistrées<br />
entre 1912 et 1952 sont estimées à<br />
23 % où les superficies forestières totales sont<br />
passées de 1 096 000 ha à 844 000 ha (Seresa<br />
1958), la Tunisie a déployé un grand effort en<br />
matière de reboisement depuis les années<br />
1960 jusqu’à nos jours. Vu son importance<br />
dans la forêt tunisienne, le pin d’Alep a toujours<br />
constitué l’espèce la plus utilisée dans<br />
les différents programmes de reboisement<br />
entrepris par l’administration forestière.<br />
ecologia mediterranea – Vol. 38 (1) – 2012