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International Journal of Mediterranean Ecology - Ecologia ...

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Juliette s’en est allée dans la nuit du<br />

27 février 2011, une semaine avant<br />

ses 89 ans. La communauté scientifique<br />

perd une excellente chercheuse et aussi,<br />

pour bon nombre d’entre nous, une<br />

grande amie. Son nom restera rattaché<br />

aux Campanules, mais surtout à l’étude<br />

de l’endémisme et des peuplements<br />

insulaires de Méditerranée, puisque sa<br />

double approche biosystématique et<br />

biogéographique a révolutionné la compréhension<br />

de ces phénomènes, en lui<br />

conférant une renommée internationale.<br />

Née le 9 mars 1922 à Marseille dans<br />

une famille très éloignée du domaine<br />

scientifique, elle fait toutes ses études<br />

dans cette ville, au lycée Perrier puis à la Faculté des<br />

sciences de Saint-Charles. Mlle Contandriopoulos obtient<br />

une licence ès sciences naturelles (certificats de zoologie<br />

en 1942, physiologie générale en 1943, botanique en 1944<br />

et chimie générale en 1945). Elle entre au CNRS, en<br />

décembre 1945, comme aide technique au Laboratoire de<br />

botanique générale dirigé par le Pr Choux. Durant ces<br />

années, Juliette partage son temps entre la faculté et de<br />

grandes responsabilités auprès des Éclaireuses de France.<br />

Se lassant assez vite de la réalisation de coupes anatomiques,<br />

du classement des herbiers, etc., elle propose au<br />

CNRS un projet d’étude sur la Corse. Parrainée par l’éminent<br />

Pr L. Emberger de Montpellier, elle entame sa carrière<br />

en octobre 1951 comme stagiaire de recherche dans cette<br />

institution. En octobre 1953, elle est nommée attachée de<br />

recherche, puis en octobre 1961 chargée de recherche, et<br />

enfin maître de recherche en octobre 1967. Bien qu’ayant<br />

pris sa retraite en janvier 1985, Juliette a poursuivi à temps<br />

plein durant dix ans ses investigations, et seuls de nombreux<br />

problèmes de santé ont eu raison de sa volonté<br />

inébranlable.<br />

L’intérêt de Juliette pour la Corse est né grâce à ses<br />

« maîtres et grands amis » du Laboratoire de botanique qui<br />

travaillaient déjà sur cette flore : le Pr G. Malcuit et le<br />

ecologia mediterranea – Vol. 38 (1) – 2012<br />

Hommage<br />

Juliette CONTANDRIOPOULOS<br />

(1922-2011)<br />

D r G. Deleuil, chercheur au CNRS<br />

(découvreur de l’allélopathie).<br />

Ensemble, ils ont arpenté l’île de<br />

Beauté et ses sublimes montagnes,<br />

année après année, en général à pied ou<br />

à dos d’âne.<br />

Après des débuts difficiles, le P r L.<br />

Emberger l’introduit auprès de Claude<br />

Favarger, jeune pr<strong>of</strong>esseur à Neuchâtel,<br />

qui l’initie à la caryologie. Cette rencontre<br />

sera déterminante et très féconde<br />

pour ces deux naturalistes passionnés<br />

qui créeront ensemble, en 1961, une<br />

classification inédite des endémiques.<br />

Ils appr<strong>of</strong>ondiront aussi les relations<br />

complexes entre les races chromosomiques,<br />

la répartition biogéographique des taxons et l’histoire<br />

des régions étudiées. Le 28 mai 1962 à Montpellier,<br />

M lle Contandriopoulos soutient sa thèse Recherches sur la<br />

flore endémique corse et sur ses origines. Ce travail remarquable<br />

sera publié intégralement dans les Annales de la<br />

faculté des sciences de Marseille et recevra, à l’unanimité,<br />

le prix Coincy de la Société botanique de France, en 1964.<br />

Selon ce classement, l’âge relatif d’un taxon endémique<br />

s’établit en comparant ses caractères morphologiques et<br />

caryologiques avec ceux des espèces affines. Ce sont : les<br />

Paléo-endémiques (sans parenté évidente), Patro-endémiques<br />

(cytotypes anciens, souvent diploïdes), Schizoendémiques<br />

(vicariants de même nombre chromosomique)<br />

et Apo-endémiques (cytotypes récents, en général polyploïdes).<br />

Pour la première fois, l’analyse de centaines de<br />

taxons corses et continentaux, récoltés in situ, a prouvé<br />

« qu’une flore endémique ne comprend pas uniquement des<br />

éléments anciens et reliques ». L’endémisme relève autant<br />

de phénomènes de conservation (Paléo- et Patro-endémiques<br />

: 40 %) que de différenciation (Schizo- et Apoendémiques),<br />

comme on l’oublie trop souvent. Ultérieurement,<br />

l’application de ce classement a permis de comparer<br />

l’endémisme de divers secteurs (entre îles, île/continent…)<br />

intra- et/ou extra-méditerranéens.<br />

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