28.07.2013 Views

International Journal of Mediterranean Ecology - Ecologia ...

International Journal of Mediterranean Ecology - Ecologia ...

International Journal of Mediterranean Ecology - Ecologia ...

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

plaine et qui serait responsable de la structuration et de la<br />

formation de la communauté végétale steppique sur le très<br />

long terme. Ce facteur a été simulé en conditions ex situ<br />

par une coupe d’une partie de l’appareil végétatif d’un<br />

« phytomètre » correspondant à l’espèce dominante en biomasse<br />

et recouvrement (B. retusum). Les changements des<br />

propriétés physico-chimiques du sol, induits par les cultures<br />

ou bien par l’excavation des terres pour l’enfouissement<br />

de canalisations, sont responsables de la destruction<br />

d’une grande partie de la communauté végétale steppique<br />

de cette plaine. En effet, nous avons pu démontrer dans la<br />

première partie de ce travail que cette perturbation est pour<br />

partie responsable de la faible résilience de la communauté<br />

végétale steppique. Nous avons donc mesuré les impacts<br />

de ce type de perturbation en utilisant pour cette expérience<br />

deux types de substrat : le sol de steppe et le sol d’une<br />

friche abandonnée depuis un an. Les interactions biotiques<br />

étant l’un des facteurs les plus difficiles à identifier en<br />

conditions in situ, nous avons manipulé le phytomètre :<br />

B. retusum, en assemblage avec les quatre espèces steppiques<br />

cibles utilisées dans l’expérience précédente :<br />

L. strictum, E. pygmaea, T. caput-medusae et A. ayardii.<br />

L’âge d’une espèce pérenne, et plus particulièrement son<br />

stade de développement, pouvant influencer l’assemblage<br />

de la communauté, nous avons également testé les interactions<br />

avec B. retusum au stade juvénile (6 mois, incapacité<br />

de se reproduire par voie sexuée) et au stade de reproduction<br />

(1,5 an). Les interactions ont été mesurées grâce à<br />

la prise en compte de quatre traits fonctionnels : la biomasse<br />

aérienne totale, la hauteur maximale des parties<br />

végétatives, la surface et la SLA (Specific Leaf Area) et par<br />

des calculs d’indices d’interactions (Relative Indice Interaction).<br />

Nos résultats montrent que même si globalement, B. retusum<br />

reste une espèce compétitrice, il semble cependant<br />

avoir un rôle déterminant dans la structuration de la communauté<br />

végétale en influençant positivement ou négativement<br />

certains traits des espèces steppiques (biomasse,<br />

hauteur, surface, SLA) suivant son stade de maturité, selon<br />

l’action du pâturage et selon la disponibilité des ressources<br />

dans le sol. Chacune des espèces steppiques testées répond<br />

de manière morphologiquement différente aux facteurs<br />

manipulés, ce qui démontre la complexité de l’organisation<br />

et de la structuration des communautés végétales. En<br />

général, la biomasse totale et la surface occupée par l’espèce<br />

sont deux traits ayant des réponses semblables. Nous<br />

avons pu ainsi démontrer qu’ils étaient affectés négativement<br />

lorsque B. retusum était présent et que cette interaction<br />

était d’autant plus grande pour T. caput-medusae,<br />

L. strictum et E. pygmaea lorsque B. retusum est mature.<br />

Le développement de l’espèce compétitrice affecte donc<br />

les interactions interspécifiques. La mesure de ces traits a<br />

également permis de démontrer que le niveau trophique et<br />

le pâturage de l’espèce compétitrice influençaient ces interactions<br />

; notamment pour L. strictum qui présente une<br />

meilleure réponse compétitive sur sol de friche et lorsque<br />

B. retusum est pâturé. Cette réponse se traduit par une augmentation<br />

des traits, particulièrement détectée pour cette<br />

espèce sur les mesures de surface. Au-delà de l’influence<br />

ecologia mediterranea – Vol. 38 (1) – 2012<br />

Résumés de thèses<br />

sur les interactions interspécifiques, le sol est un facteur<br />

pouvant également faire varier la morphologie des espèces.<br />

Pour les mesures de biomasse, de surface et de hauteur,<br />

nous avons pu démontrer que le sol de steppe était propice<br />

au développement de T. caput-medusae. Néanmoins, de<br />

nombreux observateurs ont constaté que la majorité des<br />

espèces méditerranéennes se présentent sous une forme<br />

généralement plus petite dans cette plaine. Plusieurs hypothèses<br />

ont alors été évoquées sur les facteurs responsables<br />

de ce nanisme, tels que le pâturage et les conditions pédoclimatiques.<br />

Même si ces hypothèses ne sont pas à écarter,<br />

nous avons désormais prouvé par l’intermédiaire de cette<br />

expérience, que le sol de steppe, en comparaison au sol<br />

plus fertile en provenance de la friche, pouvait déprimer la<br />

biomasse, la surface, la hauteur ou la SLA de certaines<br />

espèces caractéristiques de la steppe. E. pygmaea illustre<br />

bien ce phénomène, puisque les mesures effectuées sur sa<br />

biomasse, sa surface et sa hauteur sont significativement<br />

plus faibles sur sol de steppe que sur sol de friche.<br />

Cette expérimentation démontre donc l’importance de<br />

manipuler les filtres biotiques et abiotiques au cours d’opérations<br />

de restauration écologique pour favoriser l’établissement<br />

et le développement d’espèces cibles. Néanmoins,<br />

la manipulation de ces filtres n’engendre pas la même<br />

réponse pour toute la communauté végétale. Il est donc<br />

impossible à partir des quelques filtres testés en condition<br />

ex situ, de prévoir la trajectoire successionnelle future<br />

d’une communauté restaurée.<br />

Suite à ces différentes études et expérimentations, nous<br />

avons pu mieux comprendre quels sont les facteurs responsables<br />

du ralentissement de la dynamique successionnelle<br />

de la communauté herbacée steppique de la plaine de<br />

la Crau. Outre l’identification des principaux filtres responsables<br />

des changements de la composition et de la<br />

structure de la communauté, nous avons pu démontrer que<br />

ces filtres dont la capacité de reproduction et/ou de dispersion,<br />

les changements physico-chimiques du sol, les<br />

interactions interspécifiques et le pâturage, pouvaient également<br />

interagir entre eux. Ceci démontre que même si<br />

nous comprenons mieux aujourd’hui les facteurs expliquant<br />

l’organisation de cette communauté, il est cependant<br />

toujours difficile de la restaurer dans son intégralité car il<br />

n’est pas aisé de manipuler et de trouver un équilibre entre<br />

l’action de ces différents facteurs. Il est donc désormais<br />

plus que nécessaire de continuer à préserver cet écosystème<br />

et de pérenniser les systèmes de pâturage ovin traditionnel.<br />

Néanmoins, cette gestion de l’écosystème ne permet<br />

pas de recouvrer l’écosystème originel après une<br />

perturbation intense, même à long terme (plusieurs décennies).<br />

Les méthodes de restauration « active » employées<br />

pendant cette thèse (le transfert de foins et le semis d’espèces<br />

structurantes) se révèlent complémentaires. L’une<br />

permet la réintroduction d’un large panel d’espèces, majoritairement<br />

annuelles, et l’autre permet de réintroduire des<br />

espèces pérennes dominantes ou des espèces clés (fixatrices<br />

d’azote atmosphérique). En guise de perspectives, il<br />

serait donc intéressant de combiner ces deux techniques<br />

sur un même site en intégrant une gestion par le pâturage<br />

ovin. L’utilisation de ce type de technique nécessite néan-<br />

103

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!