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28.07.2013 Views

croyance et dans la satisfaction de former un être fort et fidèle à sa race et à sa patrie, qui a le souci de conserver le patrimoine laissé par ses ancêtres. En fin de compte, le syndicalisme enseignant s'inscrit dans le courant du syndicalisme catholique. Ces femmes qui ont refusé de politiser leurs luttes ont quand même réussi des réalisations très importantes, grâce à leur ténacité et à leur action militante au sein de leur corporation. Surexploitées et dominées dans la structure sociale québécoise, les institutrices sont confrontées à des conditions de travail et de vie nettement insatisfaisantes. À cette époque, les femmes sont incitées à la soumission, à l'effacement et à la négation de leur identité personnelle et collective dans un processus de valorisation de l'identité masculine qui contribue à consacrer le pouvoir des hommes. En 1936, elles s'organisent et forment, dans cette profession, la première association à caractère syndical. Laure Gaudreault a pris le «leadership» d'un mouvement qui allait devenir la Centrale de l'enseignement du Québec (CEQ). Le regroupement syndical que les institutrices forment crée un lieu de résistance qui s'exprime à travers les formes du militantisme élaborées selon la spécificité de leurs conditions de femme participant au travail social. En 1936, les institutrices rurales se sont vu confirmer par le Comité catholique de l'instruction publique, une hausse de traitement leur garantissant un revenu minimum annuel de 300 $. Mais il n'aura fallu que quelques mois aux commissaires, exerçant des pressions sur le gouvernement nouvellement élu (Maurice Duplessis), pour renverser la décision du comité et réduire le salaire minimum à 250 $. Certaines 135

commissions scolaires, pour obtenir l'octroi du gouvernement, versaient 300 $ à l'institutrice, mais se faisaient remettre une partie de la somme variant de 50 $ à 150 $ : À St-Agnès de Charlevoix, les commissaires d'écoles (sic) avaient donné un chèque de 300 $ aux institutrices et les accompagnaient en taxi à la banque de la Malbaie, taxi aux frais de l'institutrice, afin de se faire remettre une partie de l'argent encaissé. 1 Devant de tels gestes éhontés et encouragée par le gouvernement lui-même, l'Association catholique des institutrices rurales du district d'inspection primaire de la Malbaie (ACIR) se propose: Promouvoir et défendre les intérêts des institutrices, d'obtenir la reconnaissance officielle par les commissions scolaires, de régler les différends pouvant survenir entre les institutrices et les commissions scolaires, de faire reconnaître le fait de la préférence syndicale dans l'engagement des institutrices ( ... ) de pousser le secrétaire provincial à sanctionner légalement la décision du Comité catholique (salaire minimum de 300 $) et d'abaisser à 20 ans le nombre d'années de service pour obtenir une pension de retraite et la fixation de celle-ci à 300 $ avec effet rétroactif. 2 Le 19 février 1937, Laure Gaudreault, accompagnée des porte-parole de chacune des associations, rencontre le secrétaire provincial, Albini Paquette, pour lui rendre témoignage des misères de nos institutrices rurales. Ce même jour, issue du regroupement de ces quatre associations, naissait la Fédération catholique des institutrices rurales (FCIR). Lors du premier congrès de la fédération tenu à la Malbaie en juillet 1937, plusieurs 1 Enquête orale auprès de Mlle Agathe Poulin. Collection Jacques Dorian. 2 Toupin, L. (1974). Ligne directe. Aux origines de la Centrale de l'enseignement du Québec. Vol. 2, nO 6, mars-avril, p. 4. 136

commissions scolaires, pour obtenir l'octroi <strong>du</strong> gouvernement, versaient<br />

300 $ <strong>à</strong> l'institutrice, mais se faisaient remettre une partie de la somme<br />

variant de 50 $ <strong>à</strong> 150 $ :<br />

À St-Agnès de Charlevoix, les commissaires d'écoles (sic)<br />

avaient donné un chèque de 300 $ aux institutrices et les<br />

accompagnaient en taxi <strong>à</strong> la banque de la Malbaie, taxi aux<br />

frais de l'institutrice, afin de se faire remettre une partie de<br />

l'argent encaissé. 1<br />

Devant de tels gestes éhontés et encouragée par le gouvernement<br />

lui-même, l'Association catholique des institutrices rurales <strong>du</strong> district<br />

d'inspection primaire de la Malbaie (ACIR) se propose:<br />

Promouvoir et défendre les intérêts des institutrices, d'obtenir<br />

la reconnaissance officielle par les commissions scolaires, de<br />

régler les différends pouvant survenir entre les institutrices et<br />

les commissions scolaires, de faire reconnaître le fait de la<br />

préférence syndicale dans l'engagement des institutrices ( ... )<br />

de pousser le secrétaire provincial <strong>à</strong> sanctionner légalement la<br />

décision <strong>du</strong> Comité catholique (salaire minimum de 300 $) et<br />

d'abaisser <strong>à</strong> 20 ans le nombre d'années de service pour<br />

obtenir une pension de retraite et la fixation de celle-ci <strong>à</strong> 300 $<br />

avec effet rétroactif. 2<br />

Le 19 février 1937, Laure Gaudreault, accompagnée des porte-parole de<br />

chacune des associations, rencontre le secrétaire provincial,<br />

Albini Paquette, pour lui rendre témoignage des misères de nos institutrices<br />

rurales. Ce même jour, issue <strong>du</strong> regroupement de ces quatre associations,<br />

naissait la Fédération catholique des institutrices rurales (FCIR). Lors <strong>du</strong><br />

premier congrès de la fédération tenu <strong>à</strong> la Malbaie en juillet 1937, plusieurs<br />

1 Enquête orale auprès de Mlle Agathe Poulin. Collection Jacques Dorian.<br />

2 Toupin, L. (1974). Ligne directe. Aux origines de la Centrale de l'enseignement <strong>du</strong> <strong>Québec</strong>.<br />

Vol. 2, nO 6, mars-avril, p. 4.<br />

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