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Au cours de son discours devant l'Association des instituteurs catholiques de Montréal le 31 mai 1907, J.-C. Magnan explique le but de cette association. Elle doit travailler au perfectionnement professionnel de l'instituteur et à l'amélioration de son sort, de lui inspirer le goût du travail et de l'amour du devoir, de lui faire comprendre toute la grandeur et toute la dignité de son état, et de bien le pénétrer de la responsabilité qu'il assume le jour où il accepte ce titre de noblesse qu'est celui d'instituteur catholique. D'ailleurs, pour Laure Gaudreault : «Ce ne sont pas les souvenirs que l'on doit chercher dans le passé, ce sont les leçons que l'on peut tirer pour l'avenir. » En 1931, les femmes mariées obtiennent le droit légal de toucher leur propre salaire quand elles travaillent. Auparavant, le salaire des femmes mariées en communauté de biens pouvait être remis au mari qui était libre d'en disposer à son gré. C'est dans ce contexte que l'oeuvre de Laure Gaudreault s'inscrit. Elle voulait «assurer le pain quotidien à ses membres». Du fait de l'appauvrissement des années trente, les commissions scolaires voient leurs revenus connaître une réduction notable. Elles répercutent ce manque à gagner sur la rémunération insatisfaisante de leur personnel enseignant. Mais c'est dans les campagnes, plus particulièrement dans les écoles de rang où travaillent la majorité des institutrices laïques, que la crise économique a les effets les plus graves et les plus pernicieux. Déjà, les institutrices rurales subissaient des conditions de travail véritablement lamentables. Afin de susciter une concurrence propice au maintien des salaires les plus bas, les commissions scolaires les congédient systématiquement à la fin de chaque année avant de les réembaucher par la 129

suite. L'expérience permet de vérifier que dans les années 1970-1972, certains commissaires retardaient la signature du contrat de travail de la jeune institutrice. Si cette dernière ne s'informait pas auprès de son syndicat, elle risquait d'être congédiée à la fin de l'année scolaire et ce, sans aucune obligation de la commission scolaire. Ce qui prouve que les mentalités n'ont pas changé aussi vite que la réforme de l'éducation. Il n'est pas rare de remarquer l'ingérence du curé dans la vie privée de l'institutrice, surtout qu'il connaît l'origine de celle-ci issue de la paroisse. L'engagement des institutrices, du milieu rural surtout, s'inscrit dans un rapport de force à l'intérieur duquel les commissaires entretiennent l'incertitude, les injustices, l'intimidation et la compétition entre les institutrices pour le salaire et l'attribution des écoles (annexe XXIX). Elles ne bénéficient d'aucune aide quand elles sont malades ou quand elles prennent leur retraite. Ajoutons à cela le caractère pénible des travaux d'entretien qu'elles doivent assumer, l'interdiction de se marier qui leur est imposée, la pression sociale et la surveillance constante dont elles font l'objet de la part des curés, sans compter l'isolement physique et la solitude morale qui sont leur lot quotidien; on ne s'étonnera pas que la durée moyenne de l'exercice de la profession d'institutrice rurale se situe alors à aussi peu que six années. Ceci est devenu un point à débattre pour la femme mariée. La situation des institutrices rurales est d'abord entretenue par des pratiques discriminatoires entre les hommes et les femmes dans le domaine de l'enseignement. Pour son dévouement et son zèle déployés pour l'éducation des enfants, ils ne lui permettaient de retirer qu'un bien maigre salaire. Elles ne reçoivent même pas de quoi pourvoir aux exigences les plus 130

suite. L'expérience permet de vérifier que dans les années 1970-1972,<br />

certains commissaires retardaient la signature <strong>du</strong> contrat de travail de la<br />

jeune institutrice. Si cette dernière ne s'informait pas auprès de son<br />

syndicat, elle risquait d'être congédiée <strong>à</strong> la fin de l'année scolaire et ce, sans<br />

aucune obligation de la commission scolaire. Ce qui prouve que les<br />

mentalités n'ont pas changé aussi vite que la réforme de l'é<strong>du</strong>cation.<br />

Il n'est pas rare de remarquer l'ingérence <strong>du</strong> curé dans la vie privée de<br />

l'institutrice, surtout qu'il connaît l'origine de celle-ci issue de la paroisse.<br />

L'engagement des institutrices, <strong>du</strong> milieu rural surtout, s'inscrit dans un<br />

rapport de force <strong>à</strong> l'intérieur <strong>du</strong>quel les commissaires entretiennent<br />

l'incertitude, les injustices, l'intimidation et la compétition entre les<br />

institutrices pour le salaire et l'attribution des écoles (annexe XXIX).<br />

Elles ne bénéficient d'aucune aide quand elles sont malades ou quand elles<br />

prennent leur retraite. Ajoutons <strong>à</strong> cela le caractère pénible des travaux<br />

d'entretien qu'elles doivent assumer, l'interdiction de se marier qui leur est<br />

imposée, la pression sociale et la surveillance constante dont elles font<br />

l'objet de la part des curés, sans compter l'isolement physique et la solitude<br />

morale qui sont leur lot quotidien; on ne s'étonnera pas que la <strong>du</strong>rée<br />

moyenne de l'exercice de la profession d'institutrice rurale se situe alors <strong>à</strong><br />

aussi peu que six années. Ceci est devenu un point <strong>à</strong> débattre pour la<br />

femme mariée.<br />

La situation des institutrices rurales est d'abord entretenue par des pratiques<br />

discriminatoires entre les hommes et les femmes dans le domaine de<br />

l'enseignement. Pour son dévouement et son zèle déployés pour l'é<strong>du</strong>cation<br />

des enfants, ils ne lui permettaient de retirer qu'un bien maigre salaire. Elles<br />

ne reçoivent même pas de quoi pourvoir aux exigences les plus<br />

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