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Littérature jeunesse : le théâtre Guillemette de Grissac Le théâtre de ...

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<strong>Littérature</strong> <strong>jeunesse</strong> : <strong>le</strong> <strong>théâtre</strong> Guil<strong>le</strong>mette <strong>de</strong> <strong>Grissac</strong><br />

<strong>Le</strong> <strong>théâtre</strong> <strong>de</strong> Jean-Clau<strong>de</strong> Grumberg<br />

-L'auteur et son oeuvre<br />

-<strong>Le</strong>s oeuvres pour la <strong>jeunesse</strong><br />

-<strong>Le</strong> petit violon : analyse <strong>de</strong> la pièce<br />

-Comment Grumberg conçoit <strong>le</strong> <strong>théâtre</strong> pour la <strong>jeunesse</strong><br />

L'auteur et son oeuvre<br />

Peut-on se contenter <strong>de</strong> l'oeuvre <strong>de</strong> Grumberg « pour la <strong>jeunesse</strong> » ? Si l'on déci<strong>de</strong> <strong>de</strong> faire<br />

découvrir à <strong>de</strong>s enfants <strong>Le</strong> petit violon ou Marie <strong>de</strong>s Grenouil<strong>le</strong>s, on ne manquera pas <strong>de</strong><br />

s'intéresser à l'auteur <strong>de</strong> <strong>théâtre</strong> et <strong>de</strong> cinéma qu'est JC Grumberg, et, <strong>de</strong> ce fait, on comprendra à<br />

quel point son <strong>théâtre</strong> est une oeuvre <strong>de</strong> réf<strong>le</strong>xion et comment <strong>le</strong>s éléments <strong>de</strong> son histoire<br />

personnel<strong>le</strong> sont mêlés à l'Histoire <strong>de</strong> l'Europe et nourrissent toutes ses oeuvres. Et comment<br />

exclure cette dimension <strong>de</strong> la <strong>le</strong>cture d'une oeuvre, quel<strong>le</strong> qu'el<strong>le</strong> soit et quel que soit l'âge <strong>de</strong>s<br />

<strong>le</strong>cteurs ?<br />

Jean-Clau<strong>de</strong> Grumberg est né au moment où se déc<strong>le</strong>nche <strong>le</strong> <strong>de</strong>uxième conflit mondial : en 1939.<br />

L'atelier qu'il décrit dans la pièce du même nom est celui <strong>de</strong> ses parents et, lui-même, exercera <strong>le</strong><br />

métier <strong>de</strong> tail<strong>le</strong>ur. Son père fait partie <strong>de</strong>s millions <strong>de</strong> Juifs qui mourront en déportation. Quant à lui,<br />

il exerce différents métiers avant d'entrer comme comédien dans la compagnie Jacques Fabbri.<br />

Il est l'auteur d'une trentaine <strong>de</strong> pièces <strong>de</strong> <strong>théâtre</strong> ( aux éditions Actes Sud-Papiers ou Babel). Il<br />

écrit pour <strong>le</strong> <strong>théâtre</strong> à partir <strong>de</strong> 1968 avec Demain une fenêtre sur rue, puis ce sera Mathieu <strong>Le</strong>gros,<br />

Chez Pierrot, Rixe etc. Il écrit un <strong>théâtre</strong> du quotidien - <strong>de</strong>s titres comme <strong>le</strong>s Gnoufs, <strong>Le</strong>s Autres,<br />

Michu sont assez évocateurs du mon<strong>de</strong> <strong>de</strong>s “gens ordinaires” - montrant avec férocité et drô<strong>le</strong>rie la<br />

société dont nous faisons partie, <strong>le</strong>s rapports entre ces gens ordinaires, aux antipo<strong>de</strong>s <strong>de</strong>s “héros”,<br />

rapports <strong>de</strong> pouvoir, d'amour, <strong>de</strong> haine et <strong>de</strong> domination. Rixe par exemp<strong>le</strong>, met en scène un<br />

homme <strong>de</strong>rrière sa fenêtre qui se croit agressé - sans raison - par <strong>le</strong>s jeunes du quartier, qui explose<br />

en insultes racistes et paranoïaques jusqu'au moment où il finit par se servir <strong>de</strong> son fusil. D'autres<br />

pièces, comme <strong>le</strong>s Vacances s'emparent <strong>de</strong>s comportements ordinaires <strong>de</strong>s touristes et en font une<br />

charge humoristique, roborative et dérangeante.<br />

Jean-Clau<strong>de</strong> Grumberg a mis en scène l'histoire contemporaine et sa vio<strong>le</strong>nce. Avec Dreyfus<br />

(1974), l'Atelier (1979) et Zone libre (1990), il compose une trilogie sur <strong>le</strong> thème <strong>de</strong> l'occupation et<br />

du génoci<strong>de</strong>.<br />

Toutes ses pièces expriment son engagement contre <strong>le</strong>s dictatures et <strong>le</strong>s injustices, la vio<strong>le</strong>nce et <strong>le</strong><br />

racisme en général.<br />

Au cinéma, il est scénariste <strong>de</strong> films qui sont la plupart du temps en relation avec <strong>le</strong>s thèmes déjà<br />

cités : <strong>le</strong>s Années sandwichs, coscénariste avec François Truffaut pour <strong>le</strong> Dernier Métro, la Petite<br />

Apocalypse <strong>de</strong> Costa Gavras, <strong>le</strong> Plus Beau Pays du mon<strong>de</strong> <strong>de</strong> Marcel Bluwal (1999), Faits d'hiver<br />

<strong>de</strong> Robert Enrico (1999). Pour la télévision, il écrit <strong>le</strong>s scenarii <strong>de</strong> : Thérèse Humberg, Music Hall,<br />

<strong>le</strong>s <strong>Le</strong>n<strong>de</strong>mains qui chantent.<br />

Il a reçu en 2000 <strong>le</strong> Grand Prix <strong>de</strong> la SACD pour l'ensemb<strong>le</strong> <strong>de</strong> son oeuvre.<br />

Il est l'un <strong>de</strong>s rares auteurs dramatiques contemporains français vivants à être étudié au collège et<br />

au lycée (notamment l'Atelier) et à l'éco<strong>le</strong> primaire. <strong>Le</strong> petit violon est présent <strong>de</strong>puis longtemps


dans <strong>le</strong>s manuels du premier <strong>de</strong>gré et fait partie <strong>de</strong>s titres recommandés par <strong>le</strong> MEN en 2002 et en<br />

2004.<br />

<strong>Le</strong>s oeuvres pour la <strong>jeunesse</strong> :<br />

<strong>Le</strong> petit violon ( 1993)<br />

Iq et Ox 2002<br />

Marie <strong>de</strong>s Grenouil<strong>le</strong>s 2003<br />

<strong>Le</strong> petit Chaperon Uff<br />

Pinok et Barbie 2005<br />

Mange ta main 2006<br />

<strong>Le</strong> petit violon : analyse <strong>de</strong> la pièce<br />

J-C G commence à écrire pour <strong>le</strong>s jeunes à partir d'une comman<strong>de</strong> d'un ami anglais qui organise un<br />

hommage à Dickens, en 1993. Il choisit d'adapter pour la scène un conte <strong>de</strong> celui-ci : <strong>Le</strong> petit<br />

violon . En réalité, la pièce est écrite pour « tout public » en Ang<strong>le</strong>terre et, <strong>de</strong> même, en France, el<strong>le</strong><br />

sera montrée ensuite à un public varié, à Avignon.<br />

L’analyse qui suit est succincte. Destinée à préparer une approche didactique et non une représentation, el<strong>le</strong> se situe<br />

davantage sur un plan éthique plutôt que par rapport à une esthétique théâtra<strong>le</strong>.<br />

Quoique <strong>Le</strong> petit violon s'inspire d'un conte anglais, on y retrouve <strong>le</strong>s thèmes spécifiques à l'auteur<br />

et en relation avec son histoire personnel<strong>le</strong>. <strong>Le</strong> titre <strong>Le</strong> petit violon évoque un emblème <strong>de</strong>s<br />

Tziganes et <strong>de</strong>s Juifs d'Europe centra<strong>le</strong> et rappel<strong>le</strong> <strong>le</strong> motif récurrent <strong>de</strong>s toi<strong>le</strong>s <strong>de</strong> Chagall, la petite<br />

fil<strong>le</strong> porte un nom biblique, Sarah, et <strong>le</strong>s personnages, <strong>le</strong> bonimenteur, Léo, comme <strong>le</strong> Géant, sont<br />

<strong>de</strong>s saltimbanques, <strong>de</strong>s marginaux, errant à la recherche <strong>de</strong> la tendresse humaine, épris d'un idéal et<br />

relations en butte aux tracasseries d'une pseudo-justice. Dans cette pièce, <strong>le</strong>s personnages comme<br />

Léo, Sarah et <strong>le</strong> Géant privilégient “l’ordre du coeur” ( pour reprendre <strong>de</strong>s termes pascaliens) par<br />

rapport à “l’ordre <strong>de</strong> la raison” représenté par “<strong>le</strong> pédagogue” , « <strong>le</strong> gendarme et <strong>le</strong> juge » et refusent<br />

l’absence <strong>de</strong> compassion, <strong>le</strong> goût du lucre que représente <strong>le</strong> sans-coeur, Monsieur...Univers. Ils<br />

dénoncent la vie qu’il <strong>le</strong>ur faut mener dans “<strong>le</strong> cirque Univers”. <strong>Le</strong> message est clair!<br />

<strong>Le</strong> texte <strong>de</strong> J-C Grumberg ne nécessite nul<strong>le</strong>ment – du moins pour <strong>le</strong>s élèves !- une connaissance<br />

<strong>de</strong> la vie <strong>de</strong> l’auteur et <strong>de</strong> son histoire (d’enfant juif du temps <strong>de</strong> la déportation) car il se suffit à lui<br />

–même : il met en place une « <strong>le</strong>çon » <strong>de</strong> courage et <strong>de</strong> générosité, exprimée par <strong>de</strong>s humb<strong>le</strong>s :<br />

dépasser <strong>le</strong> handicap ( Sarah est sour<strong>de</strong> et muette, <strong>le</strong> Géant est trop “différent”), accepter la<br />

séparation, al<strong>le</strong>r vers <strong>le</strong> savoir, non par obligation mais par motivation, pour « se sentir moins seul<br />

et donc moins triste », gar<strong>de</strong>r confiance en la vie, en l’amour, en l’autre, malgré <strong>le</strong>s injustices. Au<br />

passage la veine satirique <strong>de</strong> l’auteur s’exerce sur <strong>le</strong>s excès <strong>de</strong> rigidité <strong>de</strong>s institutions :<br />

« l’Education » et cel<strong>le</strong>s que représentent « <strong>le</strong> gendarme et <strong>le</strong> juge ».<br />

<strong>Le</strong> fil conducteur <strong>de</strong> la mise en scène est un objet, l’instrument métaphorique : <strong>le</strong> « petit violon »<br />

qui n’est « pas à vendre » et qui représente l’accès au rêve et la transmission <strong>de</strong> la capacité à être<br />

heureux à travers <strong>le</strong>s générations.<br />

Comment Grumberg conçoit <strong>le</strong> <strong>théâtre</strong> pour la <strong>jeunesse</strong> :<br />

Si Grumberg a pris goût désormais au <strong>théâtre</strong> pour enfants, dit-il, c'est qu'il aime s'amuser, sans se


poser <strong>le</strong>s problèmes <strong>de</strong> la mise en scène, et c'est que <strong>le</strong> <strong>théâtre</strong> pour enfants exige que l'on raconte<br />

« <strong>de</strong>s histoires » et que l'on crée <strong>de</strong>s « personnages ». Or <strong>le</strong> contexte général du <strong>théâtre</strong> à la fin du<br />

XX° sièc<strong>le</strong> est plutôt à l'expérimentation <strong>de</strong> nouvel<strong>le</strong>s formes d'où sont parfois exclus personnages<br />

et scenario, ce qui peut mèner à la dilution <strong>de</strong>s spécificités dramatiques, voire à l'extinction du texte.<br />

Pour Grumberg qui tient au scenario et aux personnages, <strong>le</strong> <strong>théâtre</strong> pour enfants <strong>de</strong>meure un ancrage<br />

dans la tradition dramatique en même temps qu'une « machine à jouer », un lieu <strong>de</strong> magie et <strong>de</strong><br />

mirac<strong>le</strong>.<br />

L'écriture <strong>de</strong> Grumberg <strong>de</strong>stinée au "jeune public"questionne l'univers <strong>de</strong>s contes : dans Mange ta<br />

main il met en scène un Poucet qui raconte sa "véritab<strong>le</strong> histoire" et prend ses distances par rapport<br />

à Perrault. <strong>Le</strong> chat botté <strong>de</strong> Tieck dépasse la simp<strong>le</strong> adaptation. Dans Pinok et barbie, il y a <strong>de</strong>s<br />

personnages joués par <strong>de</strong>s acteurs et d'autres par <strong>de</strong>s marionnettes et, ajoute-t-il, "<strong>de</strong>s intermittents".<br />

<strong>Le</strong> <strong>théâtre</strong> <strong>de</strong> Grumberg ne fonctionne pas exactement sur <strong>le</strong> mo<strong>de</strong> traditionnel : <strong>le</strong>s dialogues<br />

parfois tournent à vi<strong>de</strong> ou bien reposent sur <strong>de</strong>s jeux <strong>de</strong> langage et font se superposer plusieurs<br />

situations : ruptures et <strong>de</strong>s té<strong>le</strong>scopages, dérég<strong>le</strong>ment du processus <strong>de</strong> bouclage créent plusieurs<br />

niveaux <strong>de</strong> compréhension, comme par exemp<strong>le</strong> dans <strong>Le</strong> petit chaperon Uff qui se lit comme une<br />

fab<strong>le</strong> sur la persécution <strong>de</strong>s Juifs. Quant à l'écriture scènique, el<strong>le</strong> est parfois métathéâtra<strong>le</strong> : el<strong>le</strong><br />

prend en compte <strong>le</strong>s acteurs et <strong>le</strong> jeu <strong>de</strong> scène fait irruption dans <strong>le</strong> texte. El<strong>le</strong> permet au metteur en<br />

scène une gran<strong>de</strong> liberté et un choix – ou une superposition, ou une alternance – entre marionnette<br />

et acteur.<br />

Tant pour l'enfant que pour l'adulte, <strong>le</strong> <strong>théâtre</strong> <strong>de</strong> J-C Grumberg constitue une "machine à jouer",<br />

toujours en tension entre la gravité <strong>de</strong>s situations et l'humour <strong>de</strong> <strong>le</strong>ur traitement scènique.<br />

Références<br />

BERNANOCE Marie A la découverte <strong>de</strong> cent et une pièces, Répertoire critique du <strong>théâtre</strong><br />

contemporain pour la <strong>jeunesse</strong>, Paris, Editions théâtra<strong>le</strong>s/ SCEREN-CRDP <strong>de</strong> grenob<strong>le</strong>, 2006.<br />

SCRÖPFER Denise : "<strong>Le</strong> <strong>théâtre</strong> <strong>de</strong> J-C Grumberg à <strong>de</strong>stination du jeune public : stratégies <strong>de</strong><br />

réécriture et horizon scénique", communication colloque universitaire "L'enseignement du <strong>théâtre</strong><br />

contemporain à l'éco<strong>le</strong>", Grenob<strong>le</strong>, 2006.<br />

<strong>Le</strong> site : theatre-contemporain.net

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