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Les bryophytes du Luxembourg - Musée national d'histoire naturelle

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J. Werner <strong>Les</strong> <strong>bryophytes</strong> <strong>du</strong> <strong>Luxembourg</strong> - Liste annotée et atlas<br />

34<br />

proches situées à moins de 2 km des frontières;<br />

tab. 8). La plupart de ces taxons sont des éléments<br />

méridionaux ou continentaux; on les observe en<br />

partie dans des sites créés par l'activité humaine,<br />

mais aussi dans les forêts de ravin ombragées sur<br />

calcaire dolomitique.<br />

On pourrait y ajouter une douzaine d'espèces<br />

thermophiles, trouvées surtout en région<br />

mosellane, mais aussi dans quelques vallées relativement<br />

chaudes <strong>du</strong> Gutland (Grimmia crinita, G.<br />

orbicularis, Weissia condensa e.a.).<br />

4.6. Autres types de répartition<br />

Le Bassin Minier (extrême sud-ouest <strong>du</strong> Gutland,<br />

fig.1), malgré ses caractéristiques uniques (la côte<br />

bajocienne calcaro-ferrugineuse est escarpée et<br />

très arrosée; on y trouve des friches in<strong>du</strong>strielles et<br />

d'autres sites rudéraux, souvent riches en espèces<br />

accidentelles) ne connaît que cinq éléments non<br />

trouvés ailleurs au <strong>Luxembourg</strong> (Ceratodon conicus,<br />

Nardia geoscyphus, Pohlia bulbifera, Microbryum<br />

starckeanum, Ulota macrospora).<br />

Deux espèces n'ont été trouvées que sur les<br />

sables triasiques, à la limite sud-occidentale des<br />

Ardennes: Dicranum spurium et Discelium nu<strong>du</strong>m.<br />

Trois autres <strong>bryophytes</strong> colonisant le sol ont<br />

été trouvées dans cette région, mais aussi dans<br />

l'Oesling méridional occidental (Scapania irrigua,<br />

Bryum bornholmense, Lophozia capitata).<br />

Un autre type de distribution disjointe - moins<br />

commun - concerne les régions <strong>du</strong> grès de <strong>Luxembourg</strong><br />

et les régions de l'est où affleurent les<br />

calcaires dolomotiques <strong>du</strong> Muschelkalk (8 cas); il<br />

s'agit en général d'épilithes calcicoles sciaphiles<br />

(Apometzgeria pubescens, Seligeria sp.).<br />

5. Conclusion<br />

Avec 601 taxons le <strong>Luxembourg</strong> possède en<br />

définitive une flore bryologique relativement riche<br />

et d'autant plus remarquable que ce petit pays ne<br />

possède ni accès à la mer, ni hautes montagnes,<br />

ni de véritables tourbières hautes. La majorité de<br />

ces <strong>bryophytes</strong> sont cependant rares et une partie<br />

importante en est menacée (Werner 2003b, 2008).<br />

La "bryo-diversité" est appréciable notamment<br />

dans la Petite-Suisse luxembourgeoise et dans une<br />

moindre mesure dans le S de l'Oesling et dans les<br />

régions de grès au-delà de la Petite-Suisse. C'est<br />

essentiellement dans ces régions que se concentrent<br />

les hot spots bryologiques.<br />

Malgré un nombre non négligeable d'espèces<br />

ponctuellement présentes à la faveur d'une<br />

écologie particulière ou d'un hasard stochastique,<br />

on peut découvrir - à travers de nombreuses<br />

cartes de répartition - des distribution patterns<br />

intéressants au niveau régional. Ils reflètent des<br />

constantes géologiques ou tenant au relief, à la<br />

végétation et - plus rarement - aux facteurs macroet<br />

méso-climatiques. L'importance numérique<br />

des seules hépatiques varie par contre largement<br />

en fonction de ces derniers paramètres (ombrage,<br />

humidité). L'incidence des facteurs environnementaux<br />

est importante à plusieurs niveaux,<br />

même si la pollution atmosphérique de l'ère<br />

in<strong>du</strong>strielle n'a pas laissé beaucoup de séquelles.<br />

Il appartiendra aux futurs chercheurs de compléter<br />

et de nuancer ce tableau. Il leur incombera aussi<br />

de suivre l'évolution de cette bryoflore et de<br />

décrypter l'effet des changements climatiques<br />

et des atteintes à l'environnement, ces dernières<br />

étant loin d'avoir cessé dans un pays à l'économie<br />

encore dynamique et à la population croissante.<br />

Le <strong>Luxembourg</strong> est devenu un pays riche, où tout<br />

est aménagé, nettoyé, bétonné, enjolivé et où les<br />

seuls "biotopes" reconnus par l'opinion publique<br />

sont des surfaces mises en eau et artificiellement<br />

créées.<br />

La bryologie floristique est loin d'être une fin en<br />

soi ou un art inutile. C'est un instrument de phytogéographie<br />

précieux; dans le contexte des bouleversements<br />

climatiques et environnementaux<br />

atten<strong>du</strong>s elle peut devenir un outil d'analyse<br />

irremplaçable et un support indispensable à la<br />

mise à jour régulière de la liste rouge et servir à<br />

la mise en force concrète de la législation environnementale.<br />

Remerciements<br />

Je remercie vivement plusieurs collègues<br />

bryologues pour leur assistance dans la détermination<br />

et la révision de mon matériel d'herbier<br />

et pour de nombreuses communications: †Theo<br />

Ferrantia • 65 / 2011

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