Derniers remords avant l'oubli - Artishoc

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22.07.2013 Views

Derniers remords avant l’oubli – collectif In Vitro 20 dire. L’impératif de sincérité. Trouver le mot, celui qui convient et ne trahit pas. Ne pas déborder. Parler trop pour ne pas trop en dire ». Les personnages s’enlisent dans des situations impossibles. Et les conjoints se mêlent à ces discussions souvent maladroites qui révèlent le fond de leur pensée. La répétition dans le texte de Lagarce traduit souvent le malaise, l’embarras entre les personnages. Les comédiens sont en contact direct avec le public. L’éclairage de la salle reste le plus souvent allumé, les comédiens vont et viennent, passent devant les spectateurs, demandent pardon. Julie Deliquet souhaite « donner l’illusion du direct spontané, accepter la nonthéâtralité, s’éloigner de la logorrhée ». Sa mise en scène est d’une grande force. Elle s’est même permis des libertés avec le texte de Lagarce en faisant se chevaucher des dialogues. Et cela fonctionne à merveille. Stéphane CAPRON – www.sceneweb.fr DERNIER REMORDS AVANT L’OUBLI CNSAD (Paris) septembre 2010 Comédie dramatique de Jean-Luc Lagarce, mise en scène de Julie Deliquet, avec Julie André, Gwendal Anglade, Eric Charon (ou Serge Biavan), Olivier Faliez (ou David Seigneur), Agnès Ramy et Annabelle Simon (ou Julie Javovella). Le théâtre de Jean-Luc Lagarce ne cesse d’être joué depuis la disparition prématurée de l’auteur. Le Théâtre Mouffetard présente actuellement «Derniers remords avant l’oubli», pièce drôle et sombre sur le temps, et qui révèle des accents tchékoviens. Une maison, enjeu commun d’un passé dévalué, toujours occupée par le dernier «adepte», doit être vendue par la bande d’amis qui s’y retrouva et s’y aima : la toiture coûte cher. Mais la présence inopportune des «pièces rapportées», indiscrètes et étrangères, brouille les cartes. Les caractères, inventés par Lagarce, parlent de notre temps et des gens échoués sur sa grève.

Derniers remords avant l’oubli – collectif In Vitro 21 L’occupant, professeur de collège aigri et intraitable, l’idéaliste mou, sa nouvelle femme, une «nunuche» à courant alternatif, la néo-mégère hystérique et son «commercial» de nouveau mari, flanqué de leur fifille (le portable n’est pas encore inventé au temps de Lagarce, mais on l’imagine déjà «prothéisé» à l’oreille), le groupe ineffable, magmas de rescapés du divorce de leurs soixanthuitards de parents, herbeux et fumigènes, des bobos, des pré-bobos, prêts à cuire et à roussir, humains, abandonnés, le repère flou, l’avenir empilé - petite histoire sur petite histoire - charmants et blessés, puérils et courageux, font ce qu’ils peuvent, comme depuis le début de l’humanité. Ils sont incarnés avec un talent insolent par une troupe inspirée - Julie André, Gwendal Anglade, Eric Charon et Olivier Faliez (en alternance avec Serge Biavan et David Seigneur), Agnès Ramy et Annabelle Simon (en alternace avec Julie Jacovella). Le metteur en scène, Julie Deliquet, révèle un talent inouï pour rendre vivants ces angoissés en bulle : on croirait les avoir croisés au bar à vins des Abbesses où l’abominable cheftaine de groupe nous a empêchés de prendre des entrées… Pire, on se prend à les aimer ces enfants de la télé qui ont appris la vie dans des sousfeuilletons où tout le monde se coupe la parole au nom de la Pâssion («Je t’aime, Kimberley !»). Ce langage-vérité, cette querelle d’autistes au coeur gros et aux préjugés non bio-dégradables, ces cassés bouleversants qui essayent de s’en sortir avec une seule religion, l’autre, qui va peut-être, incroyable supposition, les aimer pour vingt-quatre mois, c’est toute la modernité finissante, cette traînée de désespoir, à observer au microscope, cette tueuse de Lagarce qui ne verra pas l’après tandis que nous y sommes prêts. Et ne serait-ce pas le sens caché de ce titre de pièce incroyablement beau et bouleversant ? Un moment de pur théâtre, de vérité sur planches, d’incarnation sans tricherie, avec une qualité de présence qui fait battre le coeur. Christian-Luc Morel www.froggydelight.com

<strong>Derniers</strong> <strong>remords</strong> <strong>avant</strong> l’oubli – collectif In Vitro<br />

20<br />

dire. L’impératif de sincérité. Trouver le mot, celui qui convient<br />

et ne trahit pas. Ne pas déborder. Parler trop pour ne pas trop<br />

en dire ». Les personnages s’enlisent dans des situations impossibles.<br />

Et les conjoints se mêlent à ces discussions souvent<br />

maladroites qui révèlent le fond de leur pensée. La répétition<br />

dans le texte de Lagarce traduit souvent le malaise, l’embarras<br />

entre les personnages.<br />

Les comédiens sont en contact direct avec le public. L’éclairage<br />

de la salle reste le plus souvent allumé, les comédiens vont et<br />

viennent, passent devant les spectateurs, demandent pardon.<br />

Julie Deliquet souhaite « donner l’illusion du direct spontané, accepter<br />

la nonthéâtralité, s’éloigner de la logorrhée ». Sa mise en<br />

scène est d’une grande force. Elle s’est même permis des libertés<br />

avec le texte de Lagarce en faisant se chevaucher des dialogues.<br />

Et cela fonctionne à merveille.<br />

Stéphane CAPRON – www.sceneweb.fr<br />

DERNIER REMORDS AVANT L’OUBLI<br />

CNSAD (Paris) septembre 2010<br />

Comédie dramatique de Jean-Luc Lagarce, mise en scène de<br />

Julie Deliquet, avec Julie André, Gwendal Anglade, Eric Charon<br />

(ou Serge Biavan), Olivier Faliez (ou David Seigneur), Agnès<br />

Ramy et Annabelle Simon (ou Julie Javovella).<br />

Le théâtre de Jean-Luc Lagarce ne cesse d’être joué depuis la<br />

disparition prématurée de l’auteur. Le Théâtre Mouffetard présente<br />

actuellement «<strong>Derniers</strong> <strong>remords</strong> <strong>avant</strong> l’oubli», pièce drôle<br />

et sombre sur le temps, et qui révèle des accents tchékoviens.<br />

Une maison, enjeu commun d’un passé dévalué, toujours occupée<br />

par le dernier «adepte», doit être vendue par la bande<br />

d’amis qui s’y retrouva et s’y aima : la toiture coûte cher. Mais<br />

la présence inopportune des «pièces rapportées», indiscrètes et<br />

étrangères, brouille les cartes. Les caractères, inventés par Lagarce,<br />

parlent de notre temps et des gens échoués sur sa grève.

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