21.07.2013 Views

colloque « surréalisme et contraintes formelles - Centre de ...

colloque « surréalisme et contraintes formelles - Centre de ...

colloque « surréalisme et contraintes formelles - Centre de ...

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

COLLOQUE <strong>«</strong> SURRÉALISME ET CONTRAINTES<br />

FORMELLES »<br />

Université Paris III, 13-14 octobre 2006<br />

en Sorbonne (17 rue <strong>de</strong> la Sorbonne, Paris V°)<br />

Organisé par le <strong>Centre</strong> <strong>de</strong> recherches sur le <strong>surréalisme</strong> (Paris III-CNRS) <strong>et</strong> la<br />

revue Formules<br />

Argument<br />

Comme ultime avatar <strong>de</strong> la tourmente romantique, l’écriture surréaliste s’est voulue une<br />

libération par rapport aux formes traditionnelles jugées contraignantes.<br />

Une contrainte littéraire peut être définie comme une règle supplémentaire, distincte <strong>de</strong>s lois<br />

<strong>de</strong> la langue <strong>et</strong> <strong>de</strong>s règles du discours, ainsi que <strong>de</strong>s règles définissant les divers genres<br />

littéraires canoniques. (Cf. Bernardo Schiav<strong>et</strong>ta, <strong>«</strong> Définir la Contrainte »<br />

http://www.formules.n<strong>et</strong>/<strong>de</strong>finirlacontrainte.htm<br />

Contrairement au déclencheur futuriste <strong>et</strong> à certaines manifestations <strong>de</strong> poésie visuelle ou<br />

sonore qu’on peut trouver dans le mo<strong>de</strong>rnisme <strong>et</strong> chez Dada, le mouvement institué par André<br />

Br<strong>et</strong>on a respecté ces lois <strong>et</strong> ces règles. Mais n’a-t-il pas introduit, d’une façon très voyante,<br />

<strong>de</strong> nouvelles <strong>contraintes</strong> à visée créatrice comme celles <strong>de</strong>s <strong>«</strong> jeux surréalistes », du cadavre<br />

exquis au jeu <strong>de</strong> <strong>«</strong> l’un dans l’autre » en passant par le dialogue surréaliste, — <strong>contraintes</strong><br />

elles-mêmes issues <strong>de</strong> certains jeux <strong>de</strong> société, comme la notation, les préférences, les p<strong>et</strong>its<br />

papiers, l’énigme, <strong>et</strong>c. ? Les jeux sur le son <strong>et</strong> le sens <strong>de</strong>s mots <strong>de</strong> Robert Desnos anticipentils<br />

ceux <strong>de</strong> l’Oulipo ? Peut-on périodiser ces différents jeux, sans om<strong>et</strong>tre ceux <strong>de</strong>s surréalistes<br />

belges, à commencer par Paul Nougé ?<br />

Plus profondément, l’écriture automatique, le <strong>«</strong> parler surréaliste », n’est-elle pas, elle aussi,<br />

une contrainte en visant à interdire aussi bien l’usage ordinaire du discours que son usage<br />

poétique traditionnel ? Son échec ne semble pas avoir été relevé par l’imitation <strong>de</strong>s différents<br />

types <strong>de</strong> discours correspondant aux maladies mentales. Quel rapport la recherche d’une<br />

spontanéité affective a-t-elle avec la poésie intellectuelle du nonsense ?<br />

Le récit <strong>de</strong> rêve a-t-il été un genre nouveau en prose ? Le poème en prose a-t-il connu à ce<br />

moment une pério<strong>de</strong> d’efflorescence ? Le récit poétique ou le théâtre surréaliste annonce-t-il<br />

la libération <strong>de</strong> certaines formes nouvelles <strong>de</strong> roman ou <strong>de</strong> théâtre ? La maxime poétique chez<br />

Robert Desnos <strong>et</strong> chez René Char, ou la maxime morale chez Louis Scutenaire, n’ont-t-elles<br />

pas été renouvelées ? La présentation <strong>de</strong> la théorie littéraire, sous la forme <strong>de</strong> manifestes, <strong>et</strong><br />

celle <strong>de</strong> la critique elle-même n’a-t-elle pas été modifiée ?<br />

Dans le domaine <strong>de</strong> la métrique, la disparition <strong>de</strong> la charge musicale du vers symboliste, au<br />

nom <strong>de</strong> la quête <strong>de</strong> l’image, voire <strong>de</strong> l’expression <strong>de</strong>s idées, n’a-t-elle pas renforcé<br />

l’hégémonie d’un vers libre <strong>de</strong>s plus platement <strong>«</strong> syntaxiques » dans la poésie française ? Ne<br />

convient-il pas néanmoins <strong>de</strong> reconsidérer le vers blanc chez Éluard, l’alexandrin chez<br />

Desnos, le vers oral d’Aragon ? Quelles formes poétiques cachées peut-on déceler chez ces<br />

<strong>de</strong>ux <strong>de</strong>rniers poètes ? Le <strong>surréalisme</strong> a-t-il engendré les <strong>«</strong> grands poèmes » qui se faisaient<br />

attendre <strong>de</strong>puis la constriction parnassienne ? L’O<strong>de</strong> à Charles Fourier d’André Br<strong>et</strong>on peutelle<br />

encore être définie comme un poème surréaliste ?<br />

La similarité <strong>de</strong> résultat entre texte surréaliste <strong>et</strong> texte oulipien dans les détournements <strong>de</strong><br />

proverbes ou <strong>de</strong> textes classiques, ou dans certains textes à base combinatoire, comme ceux


<strong>de</strong> Pér<strong>et</strong> ou <strong>de</strong> Jean Arp, amène à poser la question <strong>de</strong>s critères <strong>de</strong> reconnaissance <strong>de</strong> la<br />

contrainte dans un texte, qu’elle ait été explicitée ou non.<br />

Faut-il rapprocher ou distinguer les productions <strong>de</strong> <strong>«</strong> l’automatisme mental », inconscient ou<br />

préconscient, qu’il soit personnel ou issu d’un travail collectif, <strong>et</strong> l’automatisme aléatoire,<br />

comme celui <strong>de</strong> la métho<strong>de</strong> S + 7 ou <strong>de</strong>s procédures informatiques actuelles ? Quelle est la<br />

part <strong>de</strong> chacun <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux automatismes dans les jeux alphabétiques d’E.L.T. Mesens, les<br />

variations phoniques <strong>de</strong> Ghérasim Luca ou la composition rousselienne à partir <strong>de</strong> jeux<br />

syllabiques <strong>de</strong> Guy Cabanel ?<br />

Pour le <strong>surréalisme</strong>, il ne sera pas inutile <strong>de</strong> revoir les liens avec les <strong>contraintes</strong> <strong>de</strong>s arts<br />

plastiques, ou même les <strong>contraintes</strong> <strong>de</strong> l’intervention culturelle ou politique, comme les<br />

papillons, les tracts, mais aussi l’art <strong>de</strong> l’insulte <strong>et</strong> les manifestations à scandale.<br />

Dans quelle mesure l’Oulipo a-t-il été <strong>et</strong> reste-t-il une image en miroir du <strong>surréalisme</strong>, tant en<br />

ce qui concerne son découplage <strong>de</strong>s avant-gar<strong>de</strong>s politiques révolutionnaires en faveur d’un<br />

escapisme souvent ludique d’allure postmo<strong>de</strong>rne, qu’en ce qui intéresse son fonctionnement<br />

interne qu’il affiche comme non conflictuel ? Son art conscient <strong>de</strong> la prestidigitation, avec le<br />

dévoilement <strong>de</strong> ses tours, que d’autres écrivains peuvent reprendre, n’est-il pas l’opposé <strong>de</strong><br />

l’invocation à la magie, forme affaiblie <strong>de</strong> religion séculière, d’où est partie <strong>et</strong> sur laquelle<br />

s’est terminée l’activité surréaliste ?<br />

Quelle est la part du <strong>surréalisme</strong>, <strong>et</strong> <strong>de</strong> <strong>«</strong> l’angoisse <strong>de</strong> son influence », dans l’œuvre <strong>de</strong><br />

Raymond Queneau ? Comment comprendre la trajectoire <strong>de</strong> Noël Arnaud ? Et <strong>de</strong>s poètes à la<br />

frontière du <strong>surréalisme</strong> comme Henri Michaux, ou Jean Tardieu, ou André Frédérique, n’ontils<br />

pas exploré également <strong>de</strong>s <strong>contraintes</strong> littéraires ?<br />

Autant <strong>de</strong> questions auxquelles il nous paraît que le moment est venu <strong>de</strong> tenter d’apporter <strong>de</strong>s<br />

réponses.<br />

Interventions<br />

Henri Béhar (Université Paris III) : <strong>«</strong> Le <strong>surréalisme</strong> : mauvais genre »<br />

En prolongement <strong>de</strong> mon article sur l’éclatement <strong>de</strong>s genres au XX e siècle : <strong>«</strong> Il n’y a que<br />

<strong>de</strong>ux genres, le poème <strong>et</strong> le pamphl<strong>et</strong> », dans L’Éclatement <strong>de</strong>s genres au XX e siècle, Presses<br />

<strong>de</strong> la Sorbonne nouvelle, 2001, p. 61-80, <strong>et</strong> reprenant le corpus d’ouvrages sur lequel était<br />

construit le chapitre <strong>«</strong> Lieux-dits, les titres surréalistes », dans Les Enfants perdus, essai sur<br />

l’avant-gar<strong>de</strong>, Lausanne, L’Age d’Homme, 2002, j’entends montrer comment les surréalistes<br />

travaillent la notion <strong>de</strong> genre : présence <strong>et</strong> contestation.<br />

Jean-Clau<strong>de</strong> Blachère (Université <strong>de</strong> Montpellier) : <strong>«</strong> Océanie »<br />

Quelques réflexions sur la manière dont les surréalistes – <strong>et</strong> Br<strong>et</strong>on au premier chef – ont<br />

essayé <strong>de</strong> résoudre la contradiction contrainte formelle/liberté <strong>de</strong>s formes dans les arts<br />

plastiques <strong>de</strong>s cultures primitives. Ils n’ignorent pas que la ritualisation du masque est une<br />

donnée essentielle, <strong>et</strong> que celle-ci implique <strong>de</strong>s canons formels ; mais d’autre part,<br />

<strong>«</strong> Océanie » célèbre à l’envi la vigueur <strong>de</strong> l’imagination <strong>de</strong> l’artiste mélanésien… Le débat a<br />

r<strong>et</strong>enu l’attention <strong>de</strong> Bounoure, <strong>de</strong> Bédouin, <strong>de</strong> José Pierre.<br />

Willard Bohn (Illinois State U.) : Poésie critique <strong>de</strong> Benjamin Pér<strong>et</strong><br />

Examen <strong>de</strong> la poésie critique <strong>de</strong> Benjamin Pér<strong>et</strong>, poésie contrainte à répondre à d’autres<br />

œuvres d’art (y compris la poésie) en utilisant l’imitation, la citation, la traduction, la<br />

transposition <strong>et</strong> d’autres principes littéraires. Trois textes en particulier : publié dans Les<br />

Feuilles Libres en avril 1922, le premier traite <strong>de</strong> Calendrier cinéma du cœur abstrait <strong>de</strong><br />

Tzara ; paru dans Littérature en septembre 1922, le <strong>de</strong>uxième évoque la peinture <strong>de</strong> Giorgio<br />

<strong>de</strong> Chirico. Intitulé <strong>«</strong> Les Cheveux dans les yeux » ; le troisième a servi <strong>de</strong> préface pour le


catalogue d’une exposition <strong>de</strong> Joan Miro en juin 1925. Dans chaque cas, je propose d’analyser<br />

les rapports entre l’œuvre originale <strong>et</strong> le texte <strong>de</strong> Pér<strong>et</strong> qu’elle a engendrée.<br />

Bernard Bosredon (Université Paris III) : Les peintres surréalistes : <strong>de</strong>s titreurs<br />

libérés ?<br />

L’intitulation <strong>de</strong>s toiles surréalistes participe-t-elle <strong>de</strong> la libération <strong>de</strong>s formes langagières<br />

spécifiques du mouvement surréaliste ? Le statut du titre <strong>de</strong> peinture est-il lui-même l’obj<strong>et</strong><br />

d’un déplacement ou d’une transformation, voire d’une interrogation spécifique ? En utilisant<br />

l’analyse linguistique, nous nous proposons d’examiner la nature, le périmètre <strong>et</strong> les limites <strong>de</strong><br />

l’action surréaliste dans l’invention <strong>de</strong>s titres. Nous mesurerons l’impact <strong>de</strong> la relation<br />

image/texte dans c<strong>et</strong>te production. Nous observerons également la variété <strong>de</strong>s choix selon les<br />

peintres, analyserons les jeux sémiotico-linguistiques auxquels ils se livrent <strong>et</strong> apprécierons la<br />

possible libération dont ils témoignent. Nous essaierons enfin d’i<strong>de</strong>ntifier l’unité discursive <strong>et</strong><br />

sémiotique <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te intitulation au-<strong>de</strong>là même <strong>de</strong>s choix <strong>de</strong>s titreurs.<br />

Alain Chevrier (Rouen, Formules) : Le sonn<strong>et</strong> à l’épreuve du <strong>surréalisme</strong><br />

Le sonn<strong>et</strong> joue le rôle d’un révélateur dans l’histoire <strong>de</strong>s formes poétiques. La subversion<br />

revendiquée <strong>de</strong>s valeurs <strong>de</strong> la culture classique, maintenue par ailleurs par les fossiles vivants<br />

<strong>de</strong> la poésie traditionnelle, mais aussi l’ignorance regr<strong>et</strong>table <strong>de</strong> la place du sonn<strong>et</strong> dans les<br />

littératures <strong>de</strong>s pays voisins, comptent au nombre <strong>de</strong> ses principaux facteurs. À partir d’un<br />

corpus constitué <strong>de</strong>s trois p<strong>et</strong>its <strong>«</strong> sonn<strong>et</strong>s surréalistes » publiés par Br<strong>et</strong>on, Éluard <strong>et</strong> Aragon<br />

dans la revue La Vie <strong>de</strong>s l<strong>et</strong>tres <strong>et</strong> <strong>de</strong>s arts en 1921. Ces poèmes font s’interroger sur la notion<br />

<strong>de</strong> contrainte littéraire : se situe-t-elle alors du côté <strong>de</strong> la forme-sonn<strong>et</strong> ou du côté du style<br />

surréaliste ? Et quels problèmes soulève c<strong>et</strong>te coexistence avec l’écriture automatique ? En<br />

quoi celle-ci peut-elle être qualifiée d’<strong>«</strong> automatique » ?<br />

Frédérique Joseph-Lowery (Emory) : La contrainte par corps, dans l’œuvre écrite <strong>de</strong><br />

Salvador Dalí<br />

Salvador Dalí présente trois sortes <strong>de</strong> <strong>contraintes</strong> : la première prend la forme <strong>de</strong> chaussures<br />

noires vernies trop serrées. C’est une contrainte formelle en ceci que la prise ferme du pied est<br />

la condition <strong>de</strong> la prise <strong>de</strong> parole à l’ouverture <strong>de</strong> son Journal d’un génie. La chaussure trop<br />

serrée est strictement l’incipit du texte. La secon<strong>de</strong> nous invite à envisager la question sur un<br />

plan organique. Au cours d’une longue métaphore performative, Dalí montre que la force<br />

appelée coaction exerce sa contrainte sur le motif antique <strong>de</strong> la feuille d’acanthe dont il suit<br />

les variations plastiques jusqu’à nos jours au gré d’interprétations délirantes. Enfin vient la<br />

métho<strong>de</strong> paranoïaque-critique. C’est une contrainte physique : la langue, le muscle dans la<br />

bouche doit repousser les poils qui lui poussent par en-<strong>de</strong>ssous.<br />

Ainsi du pied à la langue, à la boule du fœtus, le corps forme boucle <strong>et</strong> offre une image<br />

d’écrivain surréaliste pour qui la contrainte littéraire est inséparable <strong>de</strong> l’enveloppe charnelle<br />

qu’elle s’efforce <strong>de</strong> contenir. Le plus surprenant <strong>de</strong> ce dispositif est que la contrainte œuvre<br />

avec <strong>et</strong> contre ce qui semble le moins approprié à sa tâche : le délire.<br />

Caroline Lebrec (Université <strong>de</strong> Toronto) : Découpage, collage <strong>et</strong> <strong>«</strong> décollage » :<br />

OuLiPo, Surréalisme <strong>et</strong> Dada<br />

Entre puzzle, jeu d’échec, jeu <strong>de</strong> go <strong>et</strong> cadavre exquis, nous voulons démontrer la différence<br />

<strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux approches, oulipienne <strong>et</strong> surréaliste, <strong>et</strong> ainsi tordre le cou au concept <strong>de</strong> <strong>«</strong> gratuité »<br />

qui entoure les pratiques oulipiennes.<br />

L’approche du ludique nous perm<strong>et</strong> d’embrasser la pratique oulipienne <strong>de</strong> la contrainte<br />

formelle dans toute sa potentialité : jeu avec les mots, jeu avec la langue, jeu avec la


littérature, <strong>et</strong> enfin jeu avec le lecteur. C<strong>et</strong>te approche nous perm<strong>et</strong> également <strong>de</strong> faire un lien<br />

entre ce qui a été publié sur papier, mais aussi sur le N<strong>et</strong>.<br />

Delphine Lelièvre (Université Paris XII) : Noël Arnaud, Dictionnaire analytique<br />

C<strong>et</strong>te communication s’appuiera sur un fonds manuscrit totalement inédit, conservé au Musée<br />

<strong>de</strong> la Résistance Nationale <strong>de</strong> Champigny sur Marne : quelques tracts publiés par le groupe La<br />

Main à plume, <strong>et</strong> <strong>de</strong>s pages du Dictionnaire analytique, ouvrage né d’une collaboration entre<br />

Noël Arnaud <strong>et</strong> André Stil.<br />

Les articles définitifs y portent l’empreinte surréaliste <strong>et</strong> cachent dans le même temps une<br />

contrainte <strong>de</strong> type mathématique dans leur élaboration manuscrite, mais sans jamais envisager<br />

<strong>de</strong> rendre visible ni même connue c<strong>et</strong>te démarche d’automatisme raisonné. Il semble que les<br />

<strong>contraintes</strong> d’ordre matériel aient été utilisées à <strong>de</strong>s fins créatrices, avec jubilation <strong>et</strong> plaisir,<br />

par certains membres <strong>de</strong> la Main à plume, opposés en cela à plusieurs <strong>de</strong> leurs compagnons<br />

qui choisirent plutôt <strong>de</strong> gar<strong>de</strong>r le silence, refusant <strong>de</strong> se soum<strong>et</strong>tre à <strong>de</strong>s obligations<br />

extérieures perçues alors comme <strong>de</strong>s freins à la création.<br />

Sophie Lemaître (Université <strong>de</strong> Cergy) : L’usage <strong>de</strong> la forme du dictionnaire par les<br />

surréalistes<br />

Dans la conception surréaliste, le dictionnaire détermine un co<strong>de</strong> intolérable, <strong>et</strong> ne présente<br />

qu’une succession dérisoire d’équivalences sémantiques restrictives, <strong>de</strong> contenus figés. Il<br />

paraît donc étonnant que <strong>de</strong>s auteurs surréalistes aient publié <strong>de</strong>s ouvrages sous la forme <strong>de</strong><br />

dictionnaires, s’astreignant à couler leur gran<strong>de</strong> liberté langagière dans un <strong>de</strong>s moules les plus<br />

normés qui soient.<br />

Nous proposons d’étudier l’usage <strong>de</strong> la forme du Dictionnaire par les surréalistes, notamment<br />

dans le Glossaire j’y serre mes gloses <strong>de</strong> Michel Leiris <strong>et</strong> dans le Dictionnaire abrégé du<br />

<strong>surréalisme</strong> d’André Br<strong>et</strong>on <strong>et</strong> Paul Eluard.<br />

Ces dictionnaires surréalistes, où les mots sont arrachés à l’ornière du sens, m<strong>et</strong>tent en œuvre<br />

une pratique extravagante <strong>de</strong> la forme dictionnairique <strong>et</strong> révèlent, selon la formule <strong>de</strong> Julien<br />

Gracq, <strong>«</strong> l’énergie latente en puissance dans le vocable ».<br />

Jean-Clau<strong>de</strong> Marceau (Université Paris VIII) : Les anagrammes d’Unica Zürn <strong>et</strong> Hans<br />

Bellmer<br />

La pratique <strong>de</strong>s anagrammes tient un rôle essentiel au sein du couple Hans Bellmer-Unica<br />

Zürn. Pour Bellmer, <strong>«</strong> le corps est comparable à une phrase qui nous inviterait à la<br />

désarticuler, pour que se recomposent à travers une série d’anagrammes sans fin, ses contenus<br />

véritables ». Serait-ce là la cause <strong>de</strong> l’intérêt majeur qu’Unica porte aux anagrammes ? Nous<br />

interrogerons plus avant c<strong>et</strong>te pratique <strong>de</strong> la l<strong>et</strong>tre chez ces <strong>de</strong>ux artistes à partir <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te autre<br />

remarque <strong>de</strong> Lacan dans Lituraterre : <strong>«</strong> Entre savoir <strong>et</strong> jouissance, il y a littoral qui ne vire au<br />

littéral qu’à ce que ce virage, vous puissiez le prendre le même à tout instant ».<br />

Ioanna Papaspyridou (Université d’Athènes) : Récit <strong>de</strong> rêve<br />

Le corpus établi par Frédéric Canovas (Narratologie du rêcit <strong>de</strong> rêve dans la prose française<br />

<strong>de</strong> Charles Nodier à Julien Gracq) nous perm<strong>et</strong>, désormais, d’intégrer définitivement <strong>et</strong> <strong>de</strong><br />

façon systématique le récit <strong>de</strong> rêve surréaliste dans un ensemble <strong>de</strong> textes. Se pose alors la<br />

question <strong>de</strong>s <strong>contraintes</strong> narratives introduites par les surréalistes. Qu’est-ce qui distingue les<br />

récits <strong>de</strong> rêve br<strong>et</strong>oniens dans Clair <strong>de</strong> terre, par exemple, ou dans La Révolution surréaliste,<br />

d’autres récits pré-surréalistes ? s’agit-il <strong>de</strong> bribes, <strong>de</strong> débris, <strong>de</strong> pur automatisme mental ?<br />

Enfin, qu’en est-il <strong>de</strong>s interprétations, du rôle <strong>de</strong> l’allégorie ou <strong>de</strong> la présence <strong>de</strong> l’archétype<br />

tel que Lacan l’a défini ?


Gérald Purnelle (Université <strong>de</strong> Louvain) : Le vers régulier chez les surréalistes :<br />

<strong>de</strong>dans ou <strong>de</strong>hors ?<br />

Approche globale <strong>de</strong> l’inscription <strong>de</strong> la métrique régulière dans le parcours esthétique <strong>et</strong> dans<br />

la pratique <strong>de</strong> plusieurs surréalistes. Cela perm<strong>et</strong>trait <strong>de</strong> comparer ceux qui la pratiquent<br />

d’abord pour la rej<strong>et</strong>er, ceux qui l’excluent totalement, ceux qui l’intègrent à leurs premières<br />

œuvres, le passage <strong>de</strong> l’alexandrin au vers libre, les fonctions spécifiques du vers régulier<br />

chez tel poète ; mais aussi <strong>de</strong> comparer français <strong>et</strong> belges, <strong>et</strong>, chez les français, les <strong>de</strong>ux<br />

générations <strong>de</strong> surréalistes. Plus précisément, il s’agira <strong>de</strong> tester plusieurs <strong>de</strong>s questions<br />

suivantes : <strong>de</strong> quelle esthétique provient-on lorsqu’on intègre (même provisoirement ou<br />

discrètement) la métrique régulière dans la pratique naissante du <strong>surréalisme</strong> ou quand on la<br />

rej<strong>et</strong>te d’emblée ? comment c<strong>et</strong>te pratique se combine-t-elle avec d’autres formes (prose, vers<br />

libre, jeux surréalistes) ? comment peut-elle sous-tendre l’évolution d’un poète vers son<br />

esthétique post-surréaliste propre ? comment la pratique peut-elle être confrontée au discours<br />

sur la forme ? chaque poète a-t-il <strong>«</strong> son » vers régulier ? ces différences font-elles sens sur le<br />

plan formel ou poétique ? les Belges diffèrent-ils <strong>de</strong>s Français ? C<strong>et</strong>te étu<strong>de</strong> se fon<strong>de</strong>ra sur <strong>de</strong>s<br />

cas d’espèces : Br<strong>et</strong>on, Éluard, Aragon, Desnos, Artaud, Leiris, Queneau, Tzara, Goemans,<br />

Colin<strong>et</strong>, Chavée, Scutenaire.<br />

Christophe Reig (Université <strong>de</strong> Perpignan) : Leiris/Roubaud – Règles <strong>de</strong>s jeux, Jeux<br />

dans les Règles<br />

À quelques décennies d’intervalles, Roubaud l’oulipien partage avec Leiris – dont le nom<br />

reste attaché au <strong>surréalisme</strong> <strong>de</strong> la première moitié du XX e – le souci autofictionnel. A priori,<br />

on se trouve face à <strong>de</strong>ux écritures fort dissemblables, <strong>de</strong>ux écrivains issus <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux groupes<br />

littéraires antagonistes. Le traitement réservé au rêve (n’oublions pas que le ‘proj<strong>et</strong>’<strong>«</strong> grand<br />

incendie » est un rêve) se révèle ainsi exemplaire <strong>de</strong>s différences entre nos auteurs ; alors que<br />

chez l’un, l’activité onirique, la prépondérance accordée au désir, perm<strong>et</strong>tent <strong>de</strong> faire surgir<br />

l’étincelle <strong>de</strong>s mots, <strong>de</strong> repousser les limites édictées au <strong>«</strong> je » par les <strong>contraintes</strong> sociales,<br />

chez l’autre, les ressorts oulipiens semblent à la fois se resserrer autour <strong>de</strong>s chiffres <strong>et</strong> <strong>de</strong>s<br />

l<strong>et</strong>tres, afin <strong>de</strong> <strong>de</strong>ssiner en creux le moi conjugué au passé. Dans les <strong>de</strong>ux cas, la recherche du<br />

moi n’est pas forcément <strong>et</strong> absolument opposée au formalisme – terme à prendre dans tous les<br />

sens. L’ombre <strong>de</strong> l’entreprise <strong>de</strong> Leiris ne saurait être absente du <strong>«</strong> traité <strong>de</strong> mémoire » qu’est<br />

Le Grand Incendie. Chez Roubaud, comme chez Leiris, on va ainsi r<strong>et</strong>rouver le goût du<br />

détour, du chiffre <strong>et</strong> bien <strong>de</strong>s points communs : une méfiance avouée face au récit<br />

autobiographique, une réticence envers ses co<strong>de</strong>s <strong>et</strong> ses conventions… D’où l’intervention <strong>de</strong><br />

<strong>«</strong> <strong>contraintes</strong> », lesquelles seront suj<strong>et</strong>tes aux changements. <strong>«</strong> Autobiographie critique »,<br />

<strong>«</strong> autobiographie sous <strong>contraintes</strong> », l’un comme l’autre se sont lancés, pour <strong>de</strong>s raisons<br />

différentes, peut-être dissymétriques, dans la fabrication <strong>de</strong> dispositifs, <strong>de</strong> montages<br />

logomachiques qui ne peuvent – plus ou moins volontairement – qu’échouer, d’écritures qui<br />

vivent <strong>de</strong> leurs traces <strong>et</strong> qui parfois meurent <strong>de</strong> revenir sur elles.<br />

Effie Rentzou (Princ<strong>et</strong>on University) : Contrainte <strong>et</strong> poétique : le proverbe dans le<br />

Manifeste du <strong>surréalisme</strong> <strong>et</strong> L’Immaculée Conception<br />

Si d’un point <strong>de</strong> vue stylistique <strong>et</strong> rhétorique, la forme proverbiale est proche d’autres formes<br />

sentencieuses brèves, comme l’aphorisme, l’apophtegme, le slogan, <strong>et</strong> même la définition<br />

lexicographique, d’un point <strong>de</strong> vue sémiotique le proverbe se trouve plus proche <strong>de</strong>s mythes<br />

<strong>et</strong> <strong>de</strong>s contes. Dans la poétique surréaliste la perte d’intérêt pour les proverbes est<br />

contrebalancée par un intérêt croissant pour le mythe, qui <strong>de</strong>vient une <strong>de</strong>s préoccupations<br />

centrales du <strong>surréalisme</strong> pendant les années trente. C<strong>et</strong>te double fonction du proverbe en tant<br />

que langage miniaturisé <strong>et</strong> distillé d’une part, <strong>et</strong> en tant que discours oral <strong>de</strong> cohésion d’une<br />

communauté donnée, tel le mythe, <strong>de</strong> l’autre, semble être reflétée par l’usage du proverbe


dans la <strong>de</strong>rnière partie <strong>de</strong> L’Immaculée Conception. Ce texte se présente à la fois comme la<br />

<strong>de</strong>rnière gran<strong>de</strong> œuvre automatique, dans la veine <strong>de</strong>s Champs Magnétiques, <strong>et</strong> comme une<br />

ouverture à la gran<strong>de</strong> envergure <strong>de</strong>s années trente. L’Immaculée Conception peut être lu<br />

comme un long commentaire sur l’écriture <strong>et</strong> l’éthique surréalistes. Si <strong>«</strong> Les possessions »<br />

<strong>«</strong> remplacerai (en) t avantageusement la bala<strong>de</strong>, le sonn<strong>et</strong>, l’épopée, le poème sans queue ni<br />

tête <strong>et</strong> autres genres caducs », formant ainsi un inventaire <strong>de</strong>s <strong>«</strong> genres » surréalistes possibles,<br />

la <strong>de</strong>rnière partie, <strong>«</strong> Le jugement originel », forme un manuel d’éthique surréaliste.<br />

Emmanuel Rubio (Université Paris X) : Des <strong>«</strong> équations poétiques » du <strong>surréalisme</strong><br />

Détournements avant la l<strong>et</strong>tre, les premières déclarations <strong>de</strong>s surréalistes belges s’imposent<br />

comme <strong>de</strong>s manifestes au carré – m<strong>et</strong>tant en scène leur écriture dans une veine plus proche<br />

<strong>de</strong>s Poésies que <strong>de</strong>s Chants <strong>de</strong> Maldoror. Fidèle à c<strong>et</strong>te orientation, la poésie <strong>de</strong> Nougé<br />

s’éloignera également <strong>de</strong> l’automatisme pour tenter une approche <strong>«</strong> expérimentale » <strong>de</strong><br />

l’écriture à même <strong>de</strong> fon<strong>de</strong>r <strong>de</strong>s <strong>«</strong> équations poétiques » – selon une mise en scène qui relirait<br />

à sa manière les jeux sur le signifiant <strong>de</strong> Desnos ou Leiris, <strong>et</strong> inscrirait le <strong>surréalisme</strong> belge<br />

comme au revers transparent <strong>de</strong> son homologue français. La contrainte, dans un tel dispositif,<br />

pourrait jouer le rôle <strong>de</strong> contre-automatisme. Encore sera-t-elle certainement à lire dans c<strong>et</strong>te<br />

inversion même, récusant tout propos <strong>«</strong> littéraire », <strong>et</strong> assez loin <strong>de</strong>s enjeux <strong>de</strong> l’Oulipo.<br />

Gabriel Saad (Université Paris III) : Usage surréaliste du langage <strong>et</strong> écriture sous<br />

contrainte chez A.P. <strong>de</strong> Mandiargues<br />

Comme je l’ai déjà démontré à propos du Fantôme <strong>de</strong> la liberté, <strong>de</strong> Luis Buñuel, il existe un<br />

lien précis entre l’usage surréaliste du langage <strong>et</strong> la contrainte choisie pour bâtir une poétique<br />

(voir G. Saad, <strong>«</strong> Un fantôme parcourt la langue, c’est le fantôme <strong>de</strong> la liberté », La Licorne,<br />

Université <strong>de</strong> Poitiers, 1993). J’aimerais, à présent, montrer que ce rapport est déterminant<br />

dans les œuvres en prose d’André Pieyre <strong>de</strong> Mandiargues. Les trois couleurs du drapeau<br />

italien régissent le discours <strong>de</strong> <strong>«</strong> Marbre », par exemple. À cela viennent s’ajouter <strong>de</strong>s<br />

<strong>contraintes</strong> issues <strong>de</strong> la traduction, <strong>de</strong> la réécriture ou du choix <strong>de</strong> certaines formes<br />

géométriques (l’ellipse, la spirale, p. ex.) <strong>et</strong>, surtout, d’une attention particulière portée à la<br />

matérialité <strong>de</strong> l’écriture. Le mot "blanc", p. ex., est constitué <strong>de</strong> quatre consonnes <strong>et</strong> d’une<br />

seule voyelle. Cela en fait un mot exceptionnel dans notre langue. Il introduit ainsi une<br />

contrainte : l’utilisation <strong>de</strong> monovocalismes en <strong>«</strong> a » (Safara, Barbara Bara) <strong>et</strong> d’un réseau<br />

sémantique autour du blanc. C<strong>et</strong>te contrainte régit clairement le discours d’<strong>«</strong> Armoire <strong>de</strong><br />

lune » <strong>et</strong>, associée au jeu <strong>de</strong> la traduction (<strong>«</strong> Ropero <strong>de</strong> luna ») perm<strong>et</strong> à Mandiargues <strong>de</strong><br />

construire un récit érotico-thanatique dans lequel la quête du point suprême résulte,<br />

précisément, <strong>de</strong> la contrainte choisie. <strong>«</strong> La marge », <strong>«</strong> Le lis <strong>de</strong> mer » <strong>et</strong> bien <strong>de</strong>s nouvelles <strong>de</strong><br />

Mandiargues perm<strong>et</strong>tent <strong>de</strong> m<strong>et</strong>tre en évi<strong>de</strong>nce c<strong>et</strong>te utilisation particulière <strong>de</strong> l’écriture sous<br />

contrainte.<br />

Bernardo Schiav<strong>et</strong>ta (Paris, Formules) : <strong>«</strong> Des blagues qui ne font pas rire »<br />

Le XIX e siècle a produit <strong>de</strong>s caricatures <strong>de</strong>s <strong>«</strong> mo<strong>de</strong>rnes » d’alors, qui ont parfois été mises en<br />

parallèle avec les œuvres sérieuses <strong>de</strong> la mo<strong>de</strong>rnité postérieure (surréalistes, dadaïstes ou<br />

d’avant-gar<strong>de</strong>). À tort, car ces exemples (dus aux Incohérents, Scapigliatti <strong>et</strong> autres facétieux)<br />

ne sont pas historiquement <strong>de</strong>s <strong>«</strong> précurseurs » du <strong>surréalisme</strong> au même titre que le sont, par<br />

exemple, les œuvres d’art primitif. Toutefois, les similitu<strong>de</strong>s évi<strong>de</strong>ntes entre ces caricatures <strong>et</strong><br />

<strong>de</strong>s œuvres sérieuses postérieures ne sont pas, à notre avis, fortuites ; elles gagnent à être<br />

abordées comme <strong>de</strong>s possibilités esthétiques structurelles <strong>de</strong> certaines sous-catégories du<br />

comique. (<strong>et</strong> du grotesque). Ces détournements gagnent à être abordés comme <strong>de</strong>s possibilités<br />

esthétiques actualisées par un changement <strong>de</strong>s horizons d’attente <strong>et</strong> donc dépendantes <strong>de</strong>s<br />

avatars historiques <strong>de</strong> la réception esthétique. Depuis l’Antiquité, elles ont connu très


épisodiquement <strong>de</strong>s actualisations partielles, mais leur actualisation effective au XX e siècle, <strong>et</strong><br />

leur hégémonie, nous semblent être liées à une problématique historique <strong>de</strong> la réception du<br />

sérieux <strong>et</strong> du sublime.<br />

Paolo Scopelliti (Rome) : M. Jourdain surréaliste, ou les <strong>contraintes</strong> <strong>de</strong> la prose<br />

Br<strong>et</strong>on affiche toujours le respect <strong>«</strong> naturel » <strong>de</strong> la syntaxe : comme M. Jourdain, les<br />

surréalistes font <strong>de</strong> la prose (automatique) à leur insu. D’un autre côté, c’est bien au mètre<br />

poétique qu’ils jaugent leurs propres textes. Or, si c<strong>et</strong>te <strong>de</strong>rnière ambiguïté peut se ramener à<br />

la définition <strong>«</strong> classique » <strong>de</strong> contrainte, qui rattachait celle-ci essentiellement à la poésie, les<br />

<strong>de</strong>ux ambiguïtés prises ensemble renvoient à l’idée d’un rythme inhérent au langage <strong>et</strong> lié à<br />

une notion d’écoulement qui précè<strong>de</strong> celle <strong>de</strong> mètre. C<strong>et</strong>te définition, convenant parfaitement<br />

pour le flux <strong>de</strong> l’automatisme surréaliste, mais tirée d’une réflexion sur le langage en soi,<br />

montre que l’analyse <strong>de</strong> la relation du <strong>surréalisme</strong> à l’idée même <strong>de</strong> contrainte formelle ne<br />

saurait se départager <strong>de</strong> celle portant sur la théorie surréaliste du langage. Celle-ci, inspirée<br />

non seulement <strong>de</strong> Freud, mais encore <strong>de</strong> Vico <strong>et</strong> <strong>de</strong> Rousseau, établit une primauté<br />

chronologique <strong>de</strong> la poésie sur la prose : dans le même temps qu’elle attribue à celle-là les<br />

règles, c’est bien à celle-ci qu’elle rattache la notion <strong>de</strong> contrainte…<br />

Hans T. Siepe (Université <strong>de</strong> Düsseldorf) : La contrainte <strong>de</strong> la récursivité dans la<br />

poésie surréaliste<br />

Par <strong>«</strong> récursivité » je comprends : qui peut être répété un nombre indéfini <strong>de</strong> fois par<br />

l’application <strong>de</strong> la même règle. Je me réfère donc aux <strong>contraintes</strong> syntaxiques <strong>de</strong> ce type :<br />

Migraine<br />

(à suivre)<br />

La carie c’est le sol<br />

Le sol c’est la patrie<br />

La Batterie c’est le mol<br />

Le Khol c’est la jolie<br />

L’embolie c’est le col<br />

(R. Vitrac, dans : Littérature, n.s. 11/12)<br />

Intérêts<br />

Le rat crevé qu’on a dans la cervelle <strong>et</strong> la cervelle <strong>de</strong> l’estomac<br />

Les étoiles du Zambèze <strong>et</strong> l’oiseau <strong>de</strong>s lèvres<br />

La vertu américaine<br />

L’alcool <strong>de</strong> peau <strong>et</strong> le pain <strong>de</strong>s yeux<br />

La richesse du riche <strong>et</strong> le vice d’hiver<br />

Le rire tiè<strong>de</strong> <strong>et</strong> l’algue d’urine<br />

L’eau <strong>de</strong>s genoux tristes<br />

Les p<strong>et</strong>its os cariés<br />

Et les <strong>de</strong>moiselles <strong>de</strong>s roseaux du sang<br />

Tamtam du biberon <strong>et</strong> bonbon du cœur<br />

(G. Ribemont-Dessaignes)<br />

Ce poème sans verbes repose sur un principe <strong>de</strong> structure syntaxique très simple <strong>de</strong><br />

substantifs <strong>et</strong> d’attributs ou appositions. On pensera à beaucoup d’autres comme <strong>«</strong> Union<br />

libre » <strong>de</strong> Br<strong>et</strong>on, <strong>«</strong> Allô » <strong>et</strong> d’autres poèmes <strong>de</strong> Benjamin Pér<strong>et</strong>, <strong>et</strong>c.<br />

Vittorio Trionfi (Université <strong>de</strong> Colorado) : Le modèle automatique dans la théorie<br />

cinématographique d’Antonin Artaud<br />

À travers une analyse <strong>de</strong> la théorie cinématographique d’Antonin Artaud (qui va <strong>de</strong><br />

l’enthousiasme <strong>de</strong> 1927 au rej<strong>et</strong> du cinéma vers 1932) je me propose <strong>de</strong> m<strong>et</strong>tre en évi<strong>de</strong>nce sa


critique du modèle automatique tant comme processus associatif formel que dans son recours<br />

à <strong>de</strong>s formes accomplies (verbales ou visuelles). Ce modèle donne lieu, selon Artaud, à une<br />

pratique signifiante tout aussi contrainte <strong>et</strong> limitée que celle soumise à la logique <strong>de</strong> la parole.<br />

L’échec <strong>de</strong> ce cinéma s’annonce ainsi dès les premiers textes <strong>de</strong> 1927. Mais ce n’est qu’au<br />

début <strong>de</strong>s années trente qu’il se rendra à l’évi<strong>de</strong>nce <strong>de</strong> c<strong>et</strong> échec. Et c’est à partir <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te<br />

réflexion qu’il va mener alors que peut être appréhendée le plus clairement sa pensée sur les<br />

limites — du cinéma tel qu’il le concevait, certes — mais aussi <strong>de</strong> l’automatisme.<br />

Inscription gratuite. Pour vous inscrire, envoyer un courriel à :<br />

hbehar@univ-paris3.fr<br />

alain-chevrier@wanadoo.fr

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!