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20 Ans L'instrumentation sur PC
n'a pas tout emporté...
Dès 1983, une petite société américaine décide d'utiliser la plate-forme PC pour faire
de la mesure. Ainsi naissait l'instrumentation personnelle, qui s'est vite imposée mais
dont le concept a pas mal évolué au fil des ans.
Les cartes d'acquisition multivoies
Dewe-Orion que commercialise
Johne + Reilhofer
transforment tout PC en instrument
de mesure via des
logiciels spécialisés comme
LabView.
Lorsque IBM annonce son PC en 1981, l'ordinateur personnel
était déjà connu, popularisé par Atari et
Apple. Mais IBM, en s'attaquant aux marchés professionnels,
et avec sa force de frappe et sa politique
d'ouverture, va complètement modifier la donne. Dès
l'annonce du numéro 1 de l'informatique de l'époque,
les acteurs des différents domaines cherchent à voir
si cette nouvelle machine ne leur serait pas utile. Les
acteurs de l'instrumentation électronique ne font pas
exception à la règle et dès 1983, Northwest Instrument
System, créée par des transfuges de Tektronix, décide
de se lancer dans l'aventure et sort des cartes instruments
pour IBM PC (quelques temps auparavant,
elle avait sorti des cartes pour Apple II). Ainsi naissait
réellement l'instrumentation personnelle, qui a vite
s'amplifier, IMS (Integrated Measurement Systems)
Cette centrale d'acquisition de Kimo surveille température,
humidité, pression, vitesse d'air et débit d'air. Via le logiciel
fourni, l'utilisateur peut enregistrer, visualiser en
temps réel et exploiter toutes les données provenant des
capteurs.
emboîtant le pas à Northwest Instrument System. Il
est ainsi possible de réaliser des applications de mesure
à bas prix, ce qui à l'époque vaut à l'instrumentation
personnelle le surnom peu flatteur d'"instrumentation
du pauvre". Les grands de l'instrumentation
d'alors (Tektronix, HP et LeCroy) font
aussi des annonces, mais plutôt prudentes pour ne
pas risquer de troubler leur clientèle traditionnelle.
Même Siemens investira un temps le créneau, avant
de renoncer...
C'est National Instruments qui donnera ses lettres de
noblesse au concept. En 1987, la société américaine
annonce en effet LabVIEW, son logiciel de programmation
graphique d'applications d'instrumentation,
qui a connu depuis le succès que l'on sait. Mais
à l'époque, si LabVIEW pouvait séduire, il avait aussi
le handicap de tourner uniquement sur le Macintosh
de Apple. Ce denier avait beau clamer que son
Mac était ouvert, avoir standardisé le NuBus, c'était
un peu tard, le PC d'IBM avait déjà gagné la partie.
National Instruments semblait avoir joué le mauvais
cheval... Que nenni, expliquera la société plus tard,
le choix du Macintosh avait été décidé parce que ce
micro-ordinateur avait une interface graphique
(Apple était en avance, comme souvent depuis...) et
il était donc le mieux à même d'accepter le concept
LabVIEW. Avec l'arrivée des PC sous Windows quelques
années plus tard, LabVIEW sera porté sur les PC et s'imposera
définitivement.
Avec des cartes d'acquisition à l'intérieur d'un PC tournant
avec LabVIEW, il y avait tout pour faire des
instruments de mesure, la fonction d'instrumentation
(générateur, oscilloscope, analyse FFT, etc.) étant
décidée par le logiciel : "The software is the instru-
Chef de file de
l’instrumentation
sur PC avec ses
suites logicielles
LabView, National
Instruments introduit
maintenant
des appareils de
mesure plug-andplay
et s’alimentant
directement
par le bus USB.
ment", selon le célèbre slogan de National Instruments.
Par la suite, le PC va beaucoup évoluer, plusieurs générations
de bus fond de panier vont apparaître (ISA,
PCI, PCIe), tandis que la taille des PC va se réduire, de
même que le nombre d'emplacements pour recevoir
des cartes additionnelles. Du coup, les cartes "instruments"
vont être de plus en plus déportées dans
des châssis externes au PC. Les constructeurs d'instruments
vont également s'approprier les standards
de l'informatique et les adapter à leurs besoins en termes
de performances. Ainsi naîtront le VXI (issu du VME)
et le PXI (issu du CompactPCI, lui-même issu du PCI).
Aujourd'hui, tous les instruments pilotés par des PC
se trouvent à l'extérieur de celui-ci, soit dans des
châssis, soit dans des modules autonomes. La connexion,
qui se faisait hier via un adaptateur GPIB, se fait désormais
via un port USB, voire Ethernet. Le port FireWire
(IEEE1394) reste marginal.
L'instrumentation sur PC connaît un réel succès dans
les bancs de test et les stations d'acquisition. Elle a aussi
ses partisans pour les applications mobiles, sur le terrain.
C'est ainsi qu'il y a belle lurette que le français
Oros connecte ses analyseurs acoustiques sur des notebooks...
Et le laboratoire ? Là, le succès est plus mitigé. Les oscilloscopes,
les analyseurs de spectres, les générateurs
et les multimètres de table n'ont pas perdu de
terrain. National Instruments a bien essayé de lancer
des solutions "instrument" (carte plus logiciel) prêtes
à l'emploi, les techniciens et ingénieurs de laboratoire
veulent des instruments classiques, d'autant que
lorsque des performances élevées sont recherchées,
le PC ne peut pas lutter. Et, pied de nez à l'instrumentation
sur PC, les dernières générations d'oscilloscopes
intègrent Windows, se commandent à la
souris, se connectent sur internet et envoient des
méls !
MATIERE GRISE
Service Lecteur 16753 @ www.pei-france.com
N° 5 • Mai 2008 27
Service Lecteur 16756, @ www.pei-france.com
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