Relativité Générale - LUTH - Observatoire de Paris

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20.07.2013 Views

54 Champ gravitationnel à symétrie sphérique (métrique de Schwarzschild) si bien que, lorsque r → +∞, les composantes gαβ se réduisent aux composantes de la métrique de Minkowski exprimée en coordonnées sphériques [cf. Eq. (2.65)] : gαβ dx α dx β = −c 2 dt 2 + dr 2 + r 2 dθ 2 + sin 2 θ dϕ 2 . (3.9) Nous verrons au § 3.5.3 que le mouvement de particules massives, tel que donné par les géodésiques de la métrique (3.6) (cf. § 2.6), se réduit au mouvement keplerien dans un champ newtonien de masse M lorsque r → +∞. Cela justifie l’interprétation du paramètre M comme la masse du corps central. Une autre constatation immédiate au vu de (3.6) est que les composantes gαβ sont singulières pour r = RS, où RS := 2GM c2 (3.10) est appelé rayon de Schwarzschild (ou encore rayon gravitationnel) de l’objet central. On a en effet lim g00 = 0 et lim grr = ∞. (3.11) r→RS r→RS Pour des étoiles ordinaires, ou des planètes, cela n’est pas gênant puisque RS est bien plus petit que le rayon effectif de l’objet : RS(M = 1 M⊙) = 3.0 km; RS(M = 1 M⊕) = 8.9 mm, (3.12) si bien que l’on a toujours r > RS (et même r ≫ RS !) à l’extérieur de ces objets. Nous verrons qu’on a également r > RS pour les objets beaucoup plus relativistes que sont les étoiles à neutrons. Par contre, cela n’est plus vrai pour les trous noirs. Nous discuterons donc la singularité r = RS (qui est en fait une simple singularité de coordonnées) dans le chapitre consacré aux trous noirs. 3.2.3 Paramètre de compacité Soit R la coordonnée r de la surface du corps central. On pose Ξ := GM c 2 R , (3.13) La quantité Ξ est sans dimension ; au voisinage de la surface du corps central, elle mesure la déviation de la métrique de Schwarzschild (3.6) par rapport à la métrique de Minkowski (3.9). Ξ est appelé paramètre de compacité, ou encore paramètre de relativité, de l’objet central. En ordre de grandeur Ξ ∼ RS R ∼ |Φsurf| c 2 |Egrav| ∼ Mc2 , (3.14) où les deux dernières quantités ne sont bien définies que lorsque le corps central n’est pas trop relativiste : Φsurf est le potentiel gravitationnel newtonien à la surface de l’objet (sous l’hypothèse de la symétrie sphérique, Φsurf = −GM/R) et Egrav est l’énergie potentielle

astre masse M [M⊙] 3.2 Métrique de Schwarzschild 55 rayon R [km] densité ρ [kg m −3 ] paramètre de compacité Ξ Terre 3 × 10 −6 6 × 10 3 5 × 10 3 10 −10 Soleil 1 7 × 10 5 10 3 10 −6 naine blanche 0.1 à 1.4 ∼ 10 4 ∼ 10 10 10 −4 à 10 −3 étoile à neutrons 1 à ∼ 3 ∼ 10 ∼ 10 18 ∼ 0.2 trou noir stellaire >∼ 3 9 (M = 3 M⊙) 0 0.5 trou noir massif ∼ 10 9 20 UA 0 0.5 Tab. 3.1 – Caractéristiques moyennes de divers objets astrophysiques et leurs paramètres de compacité Ξ = GM/(c 2 R) ∼ Rs/R. gravitationnelle newtonienne du corps central. Rappelons par exemple, que pour une boule homogène (densité constante), Egrav = −3/5 GM 2 /R. Les valeurs de Ξ pour différents objets astrophysiques sont regroupées dans le tableau 3.1. Les objets compacts peuvent être définis comme les objets pour lesquels Ξ > 10 −4 : ce sont donc les naines blanches, les étoiles à neutrons et les trous noirs. Ce sont des corps dont le champ gravitationnel diffèrent notablement du champ gravitationnel newtonien, l’écart relatif étant Ξ. Si la relativité générale n’est qu’une petite correction pour les naines blanches (tout au plus Ξ ∼ 10 −3 ), elle est absolument nécessaire pour décrire les étoiles à neutrons et évidemment les trous noirs. Remarque : Il convient de ne pas confondre compacité et densité : la compacité varie comme M/R, alors que la densité varie comme M/R 3 . Ainsi, on peut avoir des corps très denses et très peu compacts : par exemple, pour le proton, M = 1.66 × 10 −27 kg et R 1 fm = 10 −15 m, si bien que ρ = M/(4/3 πR 3 ) = 5 × 10 17 kg m −3 , alors que Ξ = GM/(c 2 R) 10 −39 . Bien que de même densité que les étoiles à neutrons, le proton n’est absolument pas un corps compact ! Autrement dit, les effets de relativité générale sont ultra négligeables à l’échelle du proton. Réciproquement, on peut avoir des corps très compacts et très peu denses : par exemple, pour le trou noir central de la galaxie M87, de masse M = 3 × 10 9 M⊙ et de rayon R = RS = 2GM/c 2 = 9×10 9 km 60 UA, si l’on définit la “densité moyenne” par ρ = M/(4/3 πR 3 ) ( 3 ), on obtient ρ 3 kg m −3 , soit 1/300ème de la densité de l’eau ! 3 En fait, ainsi qu’on le verra au Chap. 5, le trou noir est une solution du vide de l’équation d’Einstein, si bien que la densité locale de matière y est nulle, comme on l’a d’ailleurs indiqué dans le tableau 3.1.

astre<br />

masse M<br />

[M⊙]<br />

3.2 Métrique <strong>de</strong> Schwarzschild 55<br />

rayon R<br />

[km]<br />

<strong>de</strong>nsité ρ<br />

[kg m −3 ]<br />

paramètre <strong>de</strong><br />

compacité Ξ<br />

Terre 3 × 10 −6 6 × 10 3 5 × 10 3 10 −10<br />

Soleil 1 7 × 10 5 10 3 10 −6<br />

naine blanche 0.1 à 1.4 ∼ 10 4 ∼ 10 10 10 −4 à 10 −3<br />

étoile à neutrons 1 à ∼ 3 ∼ 10 ∼ 10 18 ∼ 0.2<br />

trou noir<br />

stellaire<br />

>∼ 3<br />

9<br />

(M = 3 M⊙) 0 0.5<br />

trou noir<br />

massif ∼ 10 9 20 UA 0 0.5<br />

Tab. 3.1 – Caractéristiques moyennes <strong>de</strong> divers objets astrophysiques et leurs paramètres <strong>de</strong> compacité<br />

Ξ = GM/(c 2 R) ∼ Rs/R.<br />

gravitationnelle newtonienne du corps central. Rappelons par exemple, que pour une boule<br />

homogène (<strong>de</strong>nsité constante), Egrav = −3/5 GM 2 /R.<br />

Les valeurs <strong>de</strong> Ξ pour différents objets astrophysiques sont regroupées dans le tableau<br />

3.1. Les objets compacts peuvent être définis comme les objets pour lesquels Ξ ><br />

10 −4 : ce sont donc les naines blanches, les étoiles à neutrons et les trous noirs. Ce sont<br />

<strong>de</strong>s corps dont le champ gravitationnel diffèrent notablement du champ gravitationnel<br />

newtonien, l’écart relatif étant Ξ. Si la relativité générale n’est qu’une petite correction<br />

pour les naines blanches (tout au plus Ξ ∼ 10 −3 ), elle est absolument nécessaire pour<br />

décrire les étoiles à neutrons et évi<strong>de</strong>mment les trous noirs.<br />

Remarque : Il convient <strong>de</strong> ne pas confondre compacité et <strong>de</strong>nsité : la compacité varie<br />

comme M/R, alors que la <strong>de</strong>nsité varie comme M/R 3 . Ainsi, on peut avoir <strong>de</strong>s corps<br />

très <strong>de</strong>nses et très peu compacts : par exemple, pour le proton, M = 1.66 × 10 −27 kg<br />

et R 1 fm = 10 −15 m, si bien que ρ = M/(4/3 πR 3 ) = 5 × 10 17 kg m −3 , alors que<br />

Ξ = GM/(c 2 R) 10 −39 . Bien que <strong>de</strong> même <strong>de</strong>nsité que les étoiles à neutrons, le<br />

proton n’est absolument pas un corps compact ! Autrement dit, les effets <strong>de</strong> relativité<br />

générale sont ultra négligeables à l’échelle du proton. Réciproquement, on peut avoir<br />

<strong>de</strong>s corps très compacts et très peu <strong>de</strong>nses : par exemple, pour le trou noir central<br />

<strong>de</strong> la galaxie M87, <strong>de</strong> masse M = 3 × 10 9 M⊙ et <strong>de</strong> rayon R = RS = 2GM/c 2 =<br />

9×10 9 km 60 UA, si l’on définit la “<strong>de</strong>nsité moyenne” par ρ = M/(4/3 πR 3 ) ( 3 ),<br />

on obtient ρ 3 kg m −3 , soit 1/300ème <strong>de</strong> la <strong>de</strong>nsité <strong>de</strong> l’eau !<br />

3 En fait, ainsi qu’on le verra au Chap. 5, le trou noir est une solution du vi<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’équation d’Einstein,<br />

si bien que la <strong>de</strong>nsité locale <strong>de</strong> matière y est nulle, comme on l’a d’ailleurs indiqué dans le tableau 3.1.

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