Relativité Générale - LUTH - Observatoire de Paris
Relativité Générale - LUTH - Observatoire de Paris Relativité Générale - LUTH - Observatoire de Paris
38 Cadre géométrique Fig. 2.12 – Simultanéité et datation (a) dans l’espace-temps newtonien ; (b) dans l’espace-temps relativiste. Une première réponse consiste à attribuer la date tA à tout événement simultané avec l’événement A de temps propre tA sur la ligne d’univers de O. Mais une telle définition suppose comme donnée a priori la notion de simultanéité. Cette notion va de soi dans la théorie de Newton qui stipule l’existence d’un temps absolu, indépendant de tout observateur, en référence duquel on peut définir la simultanéité (cf. Fig. 2.12a). Mais il n’en est pas de même pour l’espace-temps relativiste où aucun “découpage” temporel n’est donné a priori (cf. Fig. 2.12b) : rappelons que les seules structures privilégiées dans l’espace-temps relativiste sont celles liées au tenseur métrique g. Ce dernier n’induit pas de feuilletage privilégié par des surfaces du genre espace (comme le feuilletage de l’espace-temps newtonien dessiné sur la Fig. 2.12a), la seule structure que l’on peut associer canoniquement au tenseur métrique étant celle des cônes de lumière, définis par les vecteurs isotropes de la forme bilinéaire g (§ 2.4.1). Henri Poincaré (1898) a été l’un des premiers à remettre en cause la notion de simultanéité comme allant de soi. Il a fait remarquer que nous n’avons pas d’intuition directe de la simultanéité de deux événements distants ni même de leur ordre d’occurrence. Il a montré que ces notions sont intimement liées à la définition du temps lui-même. Poincaré arrive à la conclusion que la simultanéité doit résulter d’une convention arbitraire qu’il convient de préciser. Un critère de sélection entre différentes conventions pourra être la recherche d’une forme la plus simple possible pour l’énoncé des lois physiques. C’est ce même critère qui nous a fait préférer au § 2.4.3 l’usage du temps propre plutôt qu’une autre échelle de temps le long d’une ligne d’univers donnée. En accord avec l’analyse de Poincaré, Albert Einstein (1905) a proposé la définition suivante de la simultanéité de deux événements par rapport à un observateur donné. A cette fin, nous supposerons que notre observateur O est équipé, en plus d’une horloge, d’un dispositif d’émission et de réception de photons. Soit A un événement de temps propre t le long de la ligne d’univers de O et M un événement quelconque de E. On dira que M est simultané à A pour l’observateur O ssi : t = 1 2 (t1 + t2) , (2.94)
t 1 t 0 t 2 2.5 Observateurs 39 A A 1 A 2 Fig. 2.13 – Définition einsteinienne de la simultanéité : A et M sont simultanés pour l’observateur O ssi A est situé à mi-temps de l’aller-retour d’un photon de O vers M . où t1 est le temps propre (vis-à-vis de O) d’émission par O d’un photon qui atteint l’événement M et est réfléchi (sans délai) en M pour atteindre de nouveau l’observateur O au temps propre t2 (cf. Fig. 2.13). Cette définition est très naturelle et peut s’interpréter naïvement en admettant que le “temps” mis par la lumière pour aller de O à M est le même que celui pour aller de M à O. Nous disons “naïvement” car la notion de “temps de parcours” dépend de la définition de date adoptée, et donc de la notion de simultanéité. Dans l’optique d’Einstein, la définition de la simultanéité ainsi formulée s’accorde bien avec son postulat de constance de la vitesse de la lumière. Dans le cadre plus géométrique adopté ici, cette définition est tout à fait acceptable car elle ne fait intervenir que les cônes de lumière, qui représentent la seule structure canonique de l’espace-temps relativiste. De plus, cette définition est opérationnelle : elle est basée sur un critère physiquement réalisable (mesure du temps d’aller-retour d’un signal électromagnétique). 2.5.2 Espace local de repos L’ensemble des événements simultanés à un point A de la ligne d’univers de O constitue une sous-variété de dimension 3 (on dit hypersurface) de E qui coupe L0 en A (cf. Fig. 2.14). Nous l’appellerons hypersurface de simultanéité de A pour O. Une propriété géométrique importante de l’hypersurface de simultanéité est son orthogonalité (vis-à-vis du tenseur métrique g) à la ligne d’univers de l’observateur considéré. Plaçons-nous en effet au voisinage du point A. Soit A1 l’événement d’émission par O du photon qui va se réfléchir en M et être reçu par O en A2 (cf. Fig. 2.15). Le 4-vecteur infinitésimal séparant A1 et A est cδt u, où u est la 4-vitesse de O. De part la définition M
- Page 1: Observatoire de Paris, Universités
- Page 4 and 5: 4 TABLE DES MATIÈRES 2.6.2 Équati
- Page 6 and 7: 6 TABLE DES MATIÈRES 6.4.1 Équati
- Page 8 and 9: 8 TABLE DES MATIÈRES
- Page 10 and 11: 10 Introduction purement newtonienn
- Page 12 and 13: 12 Introduction
- Page 14 and 15: 14 Cadre géométrique Fig. 2.1 - V
- Page 16 and 17: 16 Cadre géométrique 2.2.3 Courbe
- Page 18 and 19: 18 Cadre géométrique Fig. 2.4 - E
- Page 20 and 21: 20 Cadre géométrique x e x z e z
- Page 22 and 23: 22 Cadre géométrique Remarque : L
- Page 24 and 25: 24 Cadre géométrique • de signa
- Page 26 and 27: 26 Cadre géométrique 2.3.3 Bases
- Page 28 and 29: 28 Cadre géométrique Fig. 2.6 - 4
- Page 30 and 31: 30 Cadre géométrique que l’on d
- Page 32 and 33: 32 Cadre géométrique de signature
- Page 34 and 35: 34 Cadre géométrique Fig. 2.10 -
- Page 36 and 37: 36 Cadre géométrique Rappelons qu
- Page 40 and 41: 40 Cadre géométrique t 2 t’ 2 t
- Page 42 and 43: 42 Cadre géométrique Fig. 2.16 -
- Page 44 and 45: 44 Cadre géométrique Fig. 2.17 -
- Page 46 and 47: 46 Cadre géométrique Les lignes d
- Page 48 and 49: 48 Cadre géométrique où x0 0, x1
- Page 50 and 51: 50 Cadre géométrique
- Page 52 and 53: 52 Champ gravitationnel à symétri
- Page 54 and 55: 54 Champ gravitationnel à symétri
- Page 56 and 57: 56 Champ gravitationnel à symétri
- Page 58 and 59: 58 Champ gravitationnel à symétri
- Page 60 and 61: 60 Champ gravitationnel à symétri
- Page 62 and 63: 62 Champ gravitationnel à symétri
- Page 64 and 65: 64 Champ gravitationnel à symétri
- Page 66 and 67: 66 Champ gravitationnel à symétri
- Page 68 and 69: 68 Champ gravitationnel à symétri
- Page 70 and 71: 70 Champ gravitationnel à symétri
- Page 72 and 73: 72 Champ gravitationnel à symétri
- Page 74 and 75: 74 Champ gravitationnel à symétri
- Page 76 and 77: 76 Champ gravitationnel à symétri
- Page 78 and 79: 78 Champ gravitationnel à symétri
- Page 80 and 81: 80 Champ gravitationnel à symétri
- Page 82 and 83: 82 Champ gravitationnel à symétri
- Page 84 and 85: 84 Champ gravitationnel à symétri
- Page 86 and 87: 86 Champ gravitationnel à symétri
t 1<br />
t<br />
0<br />
t 2<br />
2.5 Observateurs 39<br />
A<br />
A 1<br />
A 2<br />
Fig. 2.13 – Définition einsteinienne <strong>de</strong> la simultanéité : A et M sont simultanés pour l’observateur O<br />
ssi A est situé à mi-temps <strong>de</strong> l’aller-retour d’un photon <strong>de</strong> O vers M .<br />
où t1 est le temps propre (vis-à-vis <strong>de</strong> O) d’émission par O d’un photon qui atteint<br />
l’événement M et est réfléchi (sans délai) en M pour atteindre <strong>de</strong> nouveau l’observateur<br />
O au temps propre t2 (cf. Fig. 2.13).<br />
Cette définition est très naturelle et peut s’interpréter naïvement en admettant que<br />
le “temps” mis par la lumière pour aller <strong>de</strong> O à M est le même que celui pour aller<br />
<strong>de</strong> M à O. Nous disons “naïvement” car la notion <strong>de</strong> “temps <strong>de</strong> parcours” dépend <strong>de</strong> la<br />
définition <strong>de</strong> date adoptée, et donc <strong>de</strong> la notion <strong>de</strong> simultanéité. Dans l’optique d’Einstein,<br />
la définition <strong>de</strong> la simultanéité ainsi formulée s’accor<strong>de</strong> bien avec son postulat <strong>de</strong> constance<br />
<strong>de</strong> la vitesse <strong>de</strong> la lumière. Dans le cadre plus géométrique adopté ici, cette définition est<br />
tout à fait acceptable car elle ne fait intervenir que les cônes <strong>de</strong> lumière, qui représentent<br />
la seule structure canonique <strong>de</strong> l’espace-temps relativiste. De plus, cette définition est<br />
opérationnelle : elle est basée sur un critère physiquement réalisable (mesure du temps<br />
d’aller-retour d’un signal électromagnétique).<br />
2.5.2 Espace local <strong>de</strong> repos<br />
L’ensemble <strong>de</strong>s événements simultanés à un point A <strong>de</strong> la ligne d’univers <strong>de</strong> O constitue<br />
une sous-variété <strong>de</strong> dimension 3 (on dit hypersurface) <strong>de</strong> E qui coupe L0 en A (cf.<br />
Fig. 2.14). Nous l’appellerons hypersurface <strong>de</strong> simultanéité <strong>de</strong> A pour O.<br />
Une propriété géométrique importante <strong>de</strong> l’hypersurface <strong>de</strong> simultanéité est son orthogonalité<br />
(vis-à-vis du tenseur métrique g) à la ligne d’univers <strong>de</strong> l’observateur considéré.<br />
Plaçons-nous en effet au voisinage du point A. Soit A1 l’événement d’émission par O<br />
du photon qui va se réfléchir en M et être reçu par O en A2 (cf. Fig. 2.15). Le 4-vecteur<br />
infinitésimal séparant A1 et A est cδt u, où u est la 4-vitesse <strong>de</strong> O. De part la définition<br />
M