Faire campagne en ville - L'agriculture urbaine en Atrique de I'Est

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Chapitre 1 Introduction / 5 Hong Kong, ii n'est pas rare qu'en un an on ait six récoltes de chou (Yeung, 1985, P. 9). En Inde, Ganapathy ( 1983, P. 9) signale qu'une superficie de 6 m2 permet de produire tous les legumes nécessaires a une famille de quatre personnes. La municipalité de Shanghai dispose d'un système regional d'approvisionnement alimentaire entièrement integre (Yeung, 1985, p. 12). Qu'en est-il de Ia foresterie urbaine ? D'apres une étude menée sur 439 villes chinoises en 1991, les espaces verts du sol urbain totalisent 380 000 hectares, soit 20,1 % de ce territoire en moyenne. Beijing abrite 9,2 millions de gens sur 750 km2 et, malgré cette densité de peuplement, les zones boisées representaient 28 % du territoire urbain en 1991 contre 3,2 % seulement en 1949. En 1990, on a relevé plus de 90 essences d'arbres dans la region metropolitaine de Beijing, dont 40 variétés d'arbres fruitiers qui constituent 17 % de tous les arbres cultivés dans les regions d'étude et jusqu'a 23 % des zones boisées des quartiers d'habitation plus anciens (Ming et Profous, 1993, p. 13—18). En matière d'agriculture urbaine, la politique de Hong Kong est la suivante : degre élevé d'autosuffisance alimentaire, absence de subventions et creation d'une activité agricole a grande échelle, modeme et entièrement commerciale. L'amenagement du territoire urbain provoque le rétrécissement des zones de culture, mais l'elevage prospere et les rendements culturaux continuent a augmenter grace a la poly- culture, a l'hydroculture et aux variétés a cycle court ( Yeung, 1985, p. 9, 12, 23). Qu'observe-t-on a I'extérieur de I'Asie? Ce qui est réellement nouveau depuis la fin des années 1970, c'est que I'agriculture urbaine progresse dans bien des regions du monde en developpement. Une multitude de facteurs entrent en jeu : urbanisation rapide, politiques agricoles inefficaces, systemes nationaux de distribution alimentaire paralyses, compressions des depenses et des subventions publiques, fléchissement des salaires, montée de l'inflation et du chOmage, effondrement du pouvoir d'achat ci laxisme des

6 I Faire campagne en yule regimes d'occupation du sol urbain dans leur conception ou leur application. Les troubles civils, la guerre et les catastrophes naturelles sécheresses, tremblements de terre, inondations et tsunamis viennent egalement perturber la production alimentaire en milieu rural et les réseaux d'approvisionnement vers les villes. On s'intéresse a nouveau a l'agriculture urbaine parce que ces facteurs, que l'on qualifie souvent d'exceptionnels ou d'ephemeres, se multiplient et se répétent. Leurs effets conjugues deviennent si omni- presents que le retour a Ia normale prend de plus en plus l'allure d'une possibilite lointaine dans bien des regions du monde. C'est pourquoi il parait de plus en plus improbable que naissent en Afrique des conditions qui suffiraient a amortir, sinon a renverser lessor de l'agriculture urbaine. L'économiste Francis Lungu de Dar es-Salaam communication personnelle, 27 aoüt 1993 ) pense que, si les politiques d'ajustement structurel devaient un jour réussir, cette agriculture ne disparaltrait pas nécessairement pour autant et que, au contraire, une progression est sans doute probable a cause de la persistance du chOmage, de la mise a pied massive de fonctionnaires, de l'arrivée annuelle de nouveaux actifs, du poids de la croissance demographique, du recours a l'agriculture urbaine par les ménageres et de la demande grandissante en milieu urbain d'approvisionnements abondants, reguliers et a bon marché en aliments de bonne qualite. En Afrique, Dar es-Salaam, cette grande yule en pleine croissance dans un des pays les plus pauvres du continent, constitue un bon exemple. Comme dans la plupart des pays africains, Ic produit intérieur brut ( PIB ) y a diminué en valeur reelle tout au long des années 1980, tombant d'un taux annuel moyen cle croissance de 5,1 % a moms de 2 %, chute imputable au fléchissement des cours des denrées d'exportation, a l'effondrement de Ia Communauté est-africaine, a Ia guerre en Ouganda et aux sécheresses successives. Malgré la réalisation de divers programmes d'intervention sociale et d'aide a la survie, a l'adaptation et au redressement au debut des années 1980, le revenu par habitant s'établissait en moyenne a 260 $ US par an pendant cette décennie (DSMIARDHI, 1992, p. 4). L'accent mis par la Declaration d'Arusha sur le developpement rural na pas freiné lessor

6 I <strong>Faire</strong> <strong>campagne</strong> <strong>en</strong> yule<br />

regimes d'occupation du sol urbain dans leur conception ou leur<br />

application. Les troubles civils, la guerre et les catastrophes naturelles<br />

sécheresses, tremblem<strong>en</strong>ts <strong>de</strong> terre, inondations et tsunamis<br />

vi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t egalem<strong>en</strong>t perturber la production alim<strong>en</strong>taire <strong>en</strong> milieu<br />

rural et les réseaux d'approvisionnem<strong>en</strong>t vers les <strong>ville</strong>s.<br />

On s'intéresse a nouveau a l'agriculture <strong>urbaine</strong> parce que ces<br />

facteurs, que l'on qualifie souv<strong>en</strong>t d'exceptionnels ou d'ephemeres, se<br />

multipli<strong>en</strong>t et se répét<strong>en</strong>t. Leurs effets conjugues <strong>de</strong>vi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t si omni-<br />

pres<strong>en</strong>ts que le retour a Ia normale pr<strong>en</strong>d <strong>de</strong> plus <strong>en</strong> plus l'allure<br />

d'une possibilite lointaine dans bi<strong>en</strong> <strong>de</strong>s regions du mon<strong>de</strong>. C'est<br />

pourquoi il parait <strong>de</strong> plus <strong>en</strong> plus improbable que naiss<strong>en</strong>t <strong>en</strong> Afrique<br />

<strong>de</strong>s conditions qui suffirai<strong>en</strong>t a amortir, sinon a r<strong>en</strong>verser lessor <strong>de</strong><br />

l'agriculture <strong>urbaine</strong>. L'économiste Francis Lungu <strong>de</strong> Dar es-Salaam<br />

communication personnelle, 27 aoüt 1993 ) p<strong>en</strong>se que, si les<br />

politiques d'ajustem<strong>en</strong>t structurel <strong>de</strong>vai<strong>en</strong>t un jour réussir, cette<br />

agriculture ne disparaltrait pas nécessairem<strong>en</strong>t pour autant et que, au<br />

contraire, une progression est sans doute probable a cause <strong>de</strong> la<br />

persistance du chOmage, <strong>de</strong> la mise a pied massive <strong>de</strong> fonctionnaires,<br />

<strong>de</strong> l'arrivée annuelle <strong>de</strong> nouveaux actifs, du poids <strong>de</strong> la croissance<br />

<strong>de</strong>mographique, du recours a l'agriculture <strong>urbaine</strong> par les ménageres<br />

et <strong>de</strong> la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> grandissante <strong>en</strong> milieu urbain d'approvisionnem<strong>en</strong>ts<br />

abondants, reguliers et a bon marché <strong>en</strong> alim<strong>en</strong>ts <strong>de</strong> bonne qualite.<br />

En Afrique, Dar es-Salaam, cette gran<strong>de</strong> yule <strong>en</strong> pleine croissance dans<br />

un <strong>de</strong>s pays les plus pauvres du contin<strong>en</strong>t, constitue un bon exemple.<br />

Comme dans la plupart <strong>de</strong>s pays africains, Ic produit intérieur brut<br />

( PIB ) y a diminué <strong>en</strong> valeur reelle tout au long <strong>de</strong>s années 1980,<br />

tombant d'un taux annuel moy<strong>en</strong> cle croissance <strong>de</strong> 5,1 % a moms <strong>de</strong><br />

2 %, chute imputable au fléchissem<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s cours <strong>de</strong>s d<strong>en</strong>rées<br />

d'exportation, a l'effondrem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> Ia Communauté est-africaine, a Ia<br />

guerre <strong>en</strong> Ouganda et aux sécheresses successives. Malgré la réalisation<br />

<strong>de</strong> divers programmes d'interv<strong>en</strong>tion sociale et d'ai<strong>de</strong> a la survie, a<br />

l'adaptation et au redressem<strong>en</strong>t au <strong>de</strong>but <strong>de</strong>s années 1980, le rev<strong>en</strong>u par<br />

habitant s'établissait <strong>en</strong> moy<strong>en</strong>ne a 260 $ US par an p<strong>en</strong>dant cette<br />

déc<strong>en</strong>nie (DSMIARDHI, 1992, p. 4). L'acc<strong>en</strong>t mis par la Declaration<br />

d'Arusha sur le <strong>de</strong>veloppem<strong>en</strong>t rural na pas freiné lessor

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