Essai sur la Musique ancienne et moderne - National Library of ...

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ESSAI
C'eft un difcours fage , bien écrit , mais un peu trop fuperficiel , 5c
qui eût exigé que l'Auteur entrât dans plus de détails particuliers. L'Au-
teur paraît être un homme jufte , qui lia époufé aucun parti. Il convient
que les Grecs ignoraient la véritable harmonie , & que dans tout ce qu'ils
nous ont laiffé fur leur mélopée , il n'eft pas dit un mot qui ait le moindre
rapport à ce que nous nommons harmonie , réfultant de plufieurs parties
de mufique. Que pouvait donc être une mufique privée de cette richefle. !
Ne fe laflera-t-on jamais de regretter une perte fi médiocre , ni de déni-
grer notre mufique , qui l'emporte autant fur celle des anciens , qu'ils
l'emportaient fur nous dans prefque tous les autres arts ?
L'ouvrage de M. le Pileur n J
eft , pour ainfi dire, que le réfumé d'un
grand ouvrage à faire fur le même plan , mais dans lequel chaque article
aurait une étendue beaucoup plus confidérable. Il eft rempli de bonnes
vues , d'érudition , de remarques juftes , Se fur-tout d'impartialité.
Raoul de Laon , frère du célèbre Anfelme 9 Se Theotgar, Evêque de
Metz , qui fleurirent dans le onzième fiecle , écrivirent fur le femi-ton
qu'ils appellent faine du chant. On peut voir l'ouvrage de Raoul à la
bibliothèque de S. Victor , n° 758.
On faifait alors tant de cas de la mufique , que tous ceux qui fe
mêlaient de littérature , y donnaient une application particulière. Il femble
qu'il y eût autant de deshonneur à l'ignorer parmi les gens de lettres ,
qu'il y en aurait aujourd'hui parmi les perfonnes de quelque naiflance
à ne favoir ni lire, ni écrire. Le docte Gerbert la regardait comme la
féconde aîle du Mathématicien.
Les plus habiles de ce tems étaient Olbert , Abbé de Gemblours ; Bru-
non , Evêque de Toul, depuis Pape fous le nom de Léon IX; Gerbert ,
Abbé de S. Vandrille , mort en 1089 ; Ainard , Abbé de S. Pierre-fui-
Dive , mort en 1077^ Durand , Abbé de Troarn , mort en io88j Wit-
mond , Moine de Ste Catherine de Rouen , Sec.
Ce fut alors, que s'introduifit la nouvelle méthode de Gui d'Are^pi
en ioz6. Ce fameux Muficien inventa les lignes Se les clefs , Se il y
appliqua les notes déjà connues avant lui. Au moyen de cette méthode
un enfant apprenait en peu de mois ce qu'un homme pouvit à peine