Essai sur la Musique ancienne et moderne - National Library of ...

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ESSAI
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Pour rendre hommage à la Mufique, à
ce qu'il nous paraît, Greffer ravale
trop les autres fciences. Voici fes termes : « On évite un fophifte , on
» néglige un géomètre , on fuit un critique, on fifle un chimifte [a) , à
,5 peine remarque-t-on un grammairien ; on aime au contraire , on recher-
jj che un élève de l'harmonie , il eft le citoyen de toutes les contrées ,
>5 l'homme de toutes les heures , l'égal de tous les hommes de goût &c
j5 de fentiment, le monde entier eft fa patrie, &c. ». Apurement notre
penchant nous porte à prifer la Mufique , peut-être plus qu'elle ne le
mérite, mais nous ne croyons pas tout ce que vient de dire GrefTet.
Il paffe enfuite à l'utilité de cet art.
« Si les Légiflateurs ne l'avaient jugé néceftaire aux cleftins heureux
55 des Empires, l'auraient-ils fait marcher de front avec la Religion? ...
55 Licurgue , en voulant former une République de héros, aurait-il infcrit
55 l'harmonie dans le livre auftère des loix de Lacédémone ? Auroit-on
» lu cette infcription fur la façade de l'école de Pythagore ? ».
55 Loin d'ici prophanes , que perfonne ne porte ici fes pas , s'il ignore
» l'harmonie. Prophanes 3 loin d'ici.
« Platon en auroit-il admis l'étude dans fa république de fages? Ariftore ,
55 & tant d'autres Philofophes héros du Lycée , du Portique , du Prytannée,.
5) du Capitule, en auraient-ils recommandé l'ufage, comme d'une feience
„ également née pour le bien des meeurs, pour le progrès des vertus,
55 pour rembellifTement des arts , pour l'union des humains , pour la paix
» du monde ? &c. . . .
Il prétend que le but de la fublime harmonie eft , Se a toujours été
d'embellir les préceptes , par {us charmes inexprimables. Il y a apparence
que les Grecs voulaient trouver toutes ces propriétés dans la Mufique ;
mais nous ne fommes pas fi exigeans aujourd'hui y nous lui demandons
(a) Nous ne voyons pas pourquoi Greffer fait fifler les Chimiftes de préférence aur
Poètes & aux Muficiens. Au furplus les exceilens Chimiftes s'embarraffent fort peu d'être
applaudis ou (iflés. Leur laboratoire eft leur théâtre, leurs fourneaux font leurs aéteurs _
leurs procédés leurs pièces , & leurs réfultats leurs fuccès. Us n'ont befoin ni de parterre
pour battre des mains, ni de journaux pour les juger. Peu leur importe ce qu'on penfe
de leurs travaux, puifqu'on ne peut les empêcher d'eu jouir. Le Géomètre & le Chimifte
dilpenlènt le public de fonger à eus»