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Essai sur la Musique ancienne et moderne - National Library of ...

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SUR LA MUSIQUE. 63<br />

Greffer , fur <strong>la</strong> foi de Dom Calmer , prétend que <strong>la</strong> Mufique ne far peur-<br />

être jamais plus régulière que chez les premiers Peuples. « Alors, (dir-il)<br />

»i dans fou prinrems , telle encore qu'une jeune nymphe , belle fans fard<br />

» vive fans affectation , elle marchair à <strong>la</strong> fuite de l'aimable nature : depuis<br />

» ces précieux jours , fouvent déchue de l'état parfait , elle eft à préfent<br />

» plus occupée à recouvrer ce qu'elle a perdu de beautés , qu'à s'en chercher<br />

» de nouvelles ».<br />

A ce<strong>la</strong>, nous ne répondrons que ce qu'il dit lui-même dans un autre<br />

endroit. « La Mufique des Anciens était fans doute l'enfance de l'art<br />

» des chanrs fans délicareffe, des voix fans goûr, des airs fans mouvemens<br />

» des inftrumens fans ame, du bruit fans accords, &:c. Comparer <strong>la</strong><br />

» Mufique <strong>ancienne</strong> à <strong>la</strong> nôtre, c'eft comparer le premier crépufcule du<br />

» matin , l'éc<strong>la</strong>t douteux de l'aurore , au foleil dans fa courfe ».<br />

Greff<strong>et</strong> rapporre enfuite toutes les fables que nous connaifTons fur les<br />

eff<strong>et</strong>s de <strong>la</strong> Mufique des Anciens , données pour des vérités par plufieurs-<br />

Hiftoriens , qui favaient que pour être lus , il faut plus s'attacher à p<strong>la</strong>ire<br />

qu'à inftruire , & que ce qui eft incroyable fe fait croire plus facilement<br />

que ce qui n'eft que fimple.<br />

Après une longue énumération de tous ces contes abfurdes tant de fois<br />

répétés , pour prouver l'empire de l'harmonie , il affure que quand l'ame<br />

eft trifte , & ne peut être égayée par aucune dilfipation , par aucun des<br />

pompeux écrirs des Phil<strong>of</strong>ophes altieis, des Stoïciens orgueilleux « qu'une<br />

» voix rouchanre vienne frapper l'oreille, on fe rerrouve , on eft confolé j<br />

» qu'ainfi mille raifonnemens érudiés du pointilleux Sénéque , valent moins<br />

» pour diftraire nos peines, qu'une fymphonie gracieufe du fublime Lully ».<br />

Greff<strong>et</strong> ne s'apperçoit pas que dans tout fon difcours il dir rrès-fouvent ce<br />

qu'il ne veut pas dire, Se ne dit pas ce qu'il voudrair dire. Par-rout il<br />

confond l'harmonie avec <strong>la</strong> mélodie , ignore que les Grecs n'enrendaient<br />

par ce mot que Vidée des proportions , qu'ils ne connailfaient pas ce que<br />

nous appelions aujourd'hui harmonie, & ne l'auraienr pas aimée s'ils l'euffent<br />

connue , parce qu'ils ne faifaienr cas que de l'uniffon , & quelquefois de<br />

l'oétave.<br />

Lorfqu'il vanre le pouvoir de l'harmonie , c'eft celui de <strong>la</strong> mélodie qu'il<br />

veur vanter j lorfqu'il loue le chant des airs de violon de Lully, c'eft alors<br />

l'harmonie qu'il croit encenfer.<br />

Tome III. LUI

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